L’interview du siècle : Vladimir Poutine interviewé par Tucker Carlson

Vladimir Poutine interviewé par Tucker Carlson au Kremlin. D.R.

Ce 8 février 2024, à 18 h, heure de Washington, le journaliste américain Tucker Carlson a diffusé sur sa chaîne TCN (Tucker Carlson Network) l’interview que lui a accordée le président russe Vladimir Poutine. D’abord un mot sur Tucker Carlson. Il a été journaliste vedette de l’émission politique Tucker Carlson Tonight sur la chaîne Fox News qui était suivie par trois millions de téléspectateurs chaque soir, après avoir travaillé pour CNN et MSNBC. Partisan de Donald Trump, Carlson a été jugé trop critique par l’administration Biden et a été licencié en avril 2023, ce qui a immédiatement fait plonger l’audimat de Fox News. C’est un exemple parmi tant d’autres de la façon dont est appliquée la liberté d’expression en Occident. Depuis son licenciement, Carlson a créé sa propre chaîne TCN reprise sur X (ancien Twitter) où il draine plus de 12 millions d’abonnés, estimant que les médias mainstream n’étaient plus que des outils mensongers diffusant la propagande du pouvoir en place. Il a interviewé de nombreuses personnalités comme Donald Trump, Viktor Orban, et même l’hurluberlu Javier Milei, le nouveau président de l’Argentine. Cette fois, il a obtenu l’autorisation du Kremlin pour une entrevue avec Vladimir Vladimirovitch Poutine, président de la Fédération de Russie, ce qui a provoqué une crise d’hystérie générale dans les milieux politiques occidentaux et leurs relais médiatiques.

Cet entretien à l’heure où l’humanité risque d’être plongée dans la nuit noire de l’Apocalypse nucléaire par la volonté imbécile des politiciens occidentaux irresponsables et incompétents peut être considéré comme l’évènement médiatique du siècle. Tous les superlatifs peuvent être utilisés pour le définir : gigantissime, phénoménal, extraordinaire, brillantissime. Pourquoi ? Parce que la diffusion de cet entretien avec le président russe qui est constamment vilipendé, dénigré, conspué, subissant en Occident les outrages d’une propagande éhontée le dépeignant comme un dictateur sanguinaire, coupe court à toutes les calomnies déversées depuis des années par les médias occidentaux et donne enfin la parole à Vladimir Poutine au public occidental, et surtout américain, à une heure de grande écoute. La planète entière a pu prendre connaissance de la vision de Vladimir Poutine quant aux événements en cours. En cela, Carlson a réussi un coup de maître et son interview restera dans les annales de la presse libre car il ne l’a pas faite pour un organe médiatique mais pour l’humanité.

A minuit, heure européenne, nous avons assisté avec plus d’un milliard de téléspectateurs à cette émission hors du commun qui s’inscrit dans un contexte d’élections américaines et d’opération spéciale en Ukraine, où le concept de dénazification, l’un des objectifs de l’opération spéciale russe, a été expliqué d’une manière claire et approfondie. Il s’agit peut-être de l’interview la plus importante de l’ère moderne qui révolutionne tout et qui devrait être enseignée à toutes les jeunes générations de journalistes, car c’est le journalisme 2.0 qui nous prouve qu’il fait partie intégrante de la décision politique, mais dans son côté le plus objectif afin d’éclairer le public. Il s’agit d’une victoire magistrale sur un Occident déchaîné, pratiquant une hostilité à outrance à l’égard des pays qui refusent d’être asservis, dont la grande Russie. L’histoire de la Russie et de l’Ukraine, les rencontres de Poutine avec les présidents américains, les relations sino-russes, les accords de Minsk, la dédollarisation, l’attentat contre Nord Stream, la dénazification, Elon Musk, la génétique, bref tous les sujets ont été abordés sans langue de bois. Parmi les phrases phares de Vladimir Poutine, citons celle-ci : « Une des erreurs stratégiques les plus graves des dirigeants US a été d’utiliser le dollar en tant qu’instrument de lutte politique internationale. Le dollar est la base de la puissance des Etats-Unis ».

L’art de faire une interview est un sport de combat. En bonne ceinture noire de judo, Poutine a plusieurs fois renversé Carlson et l’a mis au plancher. Mais c’était fait avec élégance et cela n’avait rien de honteux pour le journaliste qui se relevait avec humour. Néanmoins, de judoka, Poutine se transformait parfois en boxeur qui distribue des uppercuts aux dirigeants américains et à leurs valets européens pour les mettre à terre en dévoilant leurs mensonges et leurs trahisons. Il est à peu près sûr que rares ont été ceux qui ont pu dormir après cette interview qui les a tous mis à nu, aucun d’entre eux n’ayant jamais respecté les accords et les traités signés avec la Russie.

L’entretien a commencé par un cours d’histoire de Vladimir Poutine qui, sans aucune note ni pense-bête, a fait un brillant exposé pour démontrer par A + B que l’Ukraine est un Etat artificiel qui n’a aucune profondeur historique, et qu’il a toujours fait partie de la Russie. La maîtrise du dossier par Poutine est sidérante, surtout quand on compare l’intelligence et la clarté du discours du président russe avec la décrépitude pitoyable du vieillard dégénéré qui tient lieu de président américain, Joe Robinette Biden, lequel enchaîne les gaffes telles que ses affirmations récentes concernant ses entretiens avec le chancelier allemand Helmut Kohl en 2021 alors qu’il est mort en 2017, ou avec François Mitterrand mort encore plus tôt, ou quand il parachute Abdel Fattah al-Sissi président du Mexique.

Vladimir Poutine a dominé l’entretien du début jusqu’à la fin. Tout était calculé, millimétré, y compris le lieu où s’est tenu l’entretien. Une petite table séparait les deux sièges dans lesquels étaient assis les deux acteurs face à face, et l’on se souvient de l’entrevue entre Poutine et Macron chacun au bout d’une immense table, ou lorsque Merkel avait été reçue au Kremlin en présence d’un grand chien alors qu’elle a peur de la race canine. On ne peut qu’être fasciné par la réflexion du président russe qui a décortiqué tous les sujets avec lucidité et maestria. Il a notamment cité Dostoïevski, auteur majeur indispensable pour avoir les clés de la compréhension de l’âme russe. Face au charisme de Vladimir Poutine, nous voyons l’incompétence, l’ignorance, le népotisme des dirigeants occidentaux, et l’on comprend l’acharnement des Occidentaux à vouloir discréditer et condamner Tucker Carlson, alors que le journaliste a rempli une mission qui peut arrêter la machine de guerre folle enclenchée par les Etats-Unis.

Pour faire du bon journalisme, il ne faut pas seulement avoir une accréditation, un badge et une carte de presse. Comme le dit Tucker Carlson, c’est la fin des médias mainstream qui n’informent pas et qui mentent. C’est l’agonie des médias de masse dont Poutine lui-même a dit qu’ils étaient des instruments aux mains de quelques personnes. Cette interview marquera l’histoire. Nous ne serions pas surpris que Tucker Carlson qui est à son tour décrié et accusé par certains médias US d’être un traître et qui pourrait être visé par la loi d’espionnage aux Etats-Unis, et qui figure dès à présent sur la Kill List ukrainienne, subisse des actes d’hostilité de la part de ceux qui ont perdu la face devant cette interview. Sa vie est désormais en danger à cause d’une interview. C’est ça le vrai journalisme.

Ceux qui ne se sont pas intéressé à cette interview n’ont pas compris son importance et les journalistes qui n’ont pas jugé bon d’en faire le sujet d’un article peuvent se reconvertir dans la boulangerie ou la plomberie et oublier leur plume, ou bien se mettre à jour devant le monde multipolaire qui se construit sous nos yeux avec le journaliste Tucker Carlson d’un côté et le président Vladimir Vladimirovitch Poutine de l’autre.

Mohsen Abdelmoumen


                 Poutine répond à Tucker Carlson : l’interview tant attendue

Le journaliste vedette américain Tucker Carlson avait annoncé que l’entretien avec Poutine serait diffusé ce 8 février. Elle a été mise en ligne. Pendant deux heures, le dirigeant russe est revenu sur les causes du conflit en Ukraine, avant de dessiner les possibilités d’une sortie de crise et le basculement vers un monde multipolaire.

Malgré toutes les tentatives visant à empêcher un journaliste et présentateur de télévision américain de réaliser cette interview.
«Cette interview a été filmée le 6 février au Kremlin», a expliqué d’emblée Tucker Carlson face à la caméra, avant de lancer l’entretien tant attendu. Une introduction nécessaire aux yeux du journaliste, qui dit avoir interviewé le dirigeant russe sur le conflit en Ukraine, pour savoir «comment il a commencé, comment il se déroule et comment il pourrait prendre fin». Or, les choses ne se sont pas avérées si simples, a en croire Carlson, qui dit avoir été «choqué» par la réponse du Président russe : «Poutine a répondu pendant une demi-heure en revenant sur l’histoire de la Russie au XVIIIe siècle», en dépit de ses relances.  «Ce que vous allez voir nous a semblé sincère : Poutine pense que la Russie a une revendication historique sur l’ouest de l’Ukraine», résume Carlson.
Retour vers une histoire commune
Le dirigeant est ainsi revenu sur l’histoire de l’Ukraine, faisant remarquer notamment que l’«ukrainisation» des terres du sud de la Russie avait été activement promue par l’état-major autrichien avant la Première Guerre mondiale, pour «affaiblir un ennemi potentiel», et que le nom «Ukraine» avait été inventé par les Polonais, voyant les terres du sud de la Russie comme une «frontière» et non «comme appartenant à un groupe ethnique».
Poutine a ensuite souligné la communauté de culture de la Russie et de l’Ukraine, puis le choc de la chute de l’URSS, incompris en Occident.   Poutine : Nous n’étions jamais d’accord que l’Ukraine fasse partie de l’OTAN, qu’il y ait des bases de l’OTAN, sans aucune discussion avec nous «Vous nous avez trompés», a déclaré Poutine à Carlson : «les Etats-Unis ont promis qu’il n’y aurait pas d’extension de l’OTAN, elle a eu lieu à cinq reprises». Le président russe a ensuite rapporté avoir même demandé un jour à Bill Clinton si la Russie pourrait joindre l’OTAN. Le président américain lui a répondu que l’idée était intéressante, avant de revenir à lui le soir même pour lui faire savoir que c’était «impossible».
Ukraine : le choc du coup d’Etat en 2014
Evoquant le coup d’Etat du Maïdan en 2014 en Ukraine, Poutine a dénoncé la complicité de la CIA. Un coup intervenu après que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN ait été évoquée en 2008, et débouchant sur le bombardement de civils dans le Donbass. Une escalade dont Poutine juge les Etats-Unis responsables, et une escalade que l’Occident a échoué à rompre, en ne respectant pas les accords de Minsk. «Ce sont les Ukrainiens qui ont commencé la guerre en 2014, nous essayons de la finir», a déclaré Poutine avant que Carlson ne le relance pour savoir si les objectifs de la Russie étaient atteints. Ce à quoi le dirigeant russe a répondu par la négative, rappelant vouloir atteindre la «dénazification». «La cause de Hitler vit toujours», a poursuivi Poutine, évoquant l’ovation d’un vétéran SS au Parlement canadien.     Poutine : Notre objectif est de cesser cette guerre Pourtant, Vladimir Poutine a répété que la Russie «n’avait jamais refusé les négociations», rappelant qu’un accord avait presque été obtenu en avril 2022. L’Ukraine a décidé d’abandonner les négociations avec la Russie sur ordre de l’Occident, une erreur que les États-Unis doivent maintenant corriger selon lui. La Russie est devenue, l’année dernière, la première économie d’Europe, malgré les sanctions et les restrictions. Les outils américains ne fonctionnent pas, pense Poutine.
«Les outils américains ne fonctionnent pas»
«Certainement pas», a aussi insisté le président russe à la question de savoir si la Russie menaçait les Etats baltes ou la Pologne, expliquant que cela serait une guerre nucléaire. Regrettant que les Etats-Unis souhaitent se battre en Ukraine contre la Russie, Vladimir Poutine a aussi déclaré que Washington était responsable de l’explosion du Nord Stream. En imprimant autant de dollars, les dirigeants américains ont utilisé leur monnaie comme outil de puissance, a aussi relevé le chef de l’Etat russe, qualifiant cela d’«erreur». La Russie est devenue, l’année dernière, la première économie d’Europe, a fait valoir Poutine, en dépit des contraintes occidentales : «les outils américains ne fonctionnent pas», a-t-il lancé. Désormais, le poids des BRICS a dépassé celui des pays du G7 : une avancée inexorable selon Poutine, mais à laquelle les Etats-Unis tentent de s’opposer par la force. «Pour assurer l’avenir, il faut changer d’attitude face aux évolutions», a-t-il ajouté.
Revenant sur l’issue du conflit, Vladimir Poutine a soutenu qu’il était impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille. «Je vois que [les Occidentaux] veulent des négociations, mais ils ne savent pas comment faire», a observé le Président russe, avant d’ajouter : «ce serait ridicule si ce n’était pas si triste». «Il y a des éléments de guerre civile dans ce conflit», a-t-il par ailleurs regretté, rapportant des exemples de combats entre soldats russes et ukrainiens parlant la même langue.  Il s’agissait de la première interview accordée à un journaliste américain par le président russe depuis le début du conflit en Ukraine.

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