Faculté des sciences politiques et de l’information (Alger3 – Ben Aknoun)


Réflexions autour d’opportunités et de défis
La conjoncture nationale et internationale, faite d’incertitudes et d’interrogations, suscite un certain intérêt en Algérie auprès de nombreux chercheurs et doctorants en sciences humaines et sociales, conscients de l’urgence et de l’importance des enjeux économiques et sociaux actuels face aux politiques gouvernementales. Conjuguant leur réflexion à la faisabilité de projets de recherches à entreprendre en commun, une série de propositions mettant en synergie ces personnes-ressources dans un cadre dévolu à l’analyse des politiques publiques, vise à apporter, à leurs travaux, une meilleure lisibilité des réalités complexes et une plus grande visibilité de perspectives, induisant une reconnaissance de cette production au niveau international.
Cette démarche prend en compte des préoccupations essentielles :
La première évoque la nature et la délimitation de la prospective clarifiant l’objet ou le créneau de recherche circonscrit. En termes de rentabilité des problématiques de recherche conduites, la diversité des travaux réalisés aujourd’hui, en dépit de leur richesse et qualité, révèlent soit des approches sclérosées, monothématiques soit une certaine dilution des questions de recherche abordées, préjudiciable à la lisibilité de la production scientifique et ne favorisant guère la reconnaissance des travaux de recherche accomplis. D’où notre intention aujourd’hui d’inscrire des chantiers de recherche en adhésion aux réalités du terrain, requérant une approche interdisciplinaire et répondant aux besoins de la société.
Cela étant, notre questionnement s’est porté également sur la « manière de conduire » ces recherches. Remettant en cause certaines de nos attitudes, nous avons pris conscience de l’urgence à faire évoluer nos méthodes de travail, impliquant multidisciplinarité et transversalité des relations liant l’état de société au corpus scientifique dans l’acte de recherche.
Certaines autres préoccupations des acteurs de recherche regroupés misent sur l’association de partenaires et du préalable escompté d’identifier le bénéficiaire légitime de cette production de connaissances, résultante dialectiquement liée aux paramètres de l’évolution sociale observée.
Mobilisation des compétences
Les équipes de recherche se composent de chercheurs permanents (Faculté des sciences politiques et de l’Information) ainsi que de chercheurs associés venant d’autres universités algériennes ou d’enseignants et de chercheurs algériens à l’étranger. En se retrouvant réunies autour de ce projet ambitieux, les équipes impliquées dans cette vaste entreprise d’analyse des politiques publiques prennent conscience du potentiel de réflexion, de concertation et d’action qu’elles représentent dans le vaste champ des sciences humaines et sociales, en Algérie et dans le bassin méditerranéen. Elles perçoivent également les liens forts et les complémentarités qui les unissent et souhaitent que les synergies et les mises en commun qui naîtront de leurs rencontres dans les activités de recherche, de formation et de coopération, permettent une rationalisation de la politique publique, la montée en puissance d’une dynamique au service du développement local et d’ouverture à l’espace méditerranéen.
Six axes de recherche : « la reforme de l’Etat », « l’Etat et la question sociale »,« la politique de l’information et des technologies nouvelles», « la politique étrangère », « statistiques et économie appliquée », « études prospectives » ont pour mission de promouvoir les complémentarités, de fédérer les compétences, de créer les synergies autour de programmes pluridisciplinaires d’activités de recherche, de formation et de coopération. Organisées autour de ces six axes, les disciplines concernées par ce projet couvrent largement l’espace traditionnellement occupé par les sciences de l’Homme et de la société. Mais cette apparente diversité s’organise :
- à la fois dans l’espace, puisqu’il s’agit de privilégier l’analyse et la compréhension des « politiques publiques » et cerner la « Dynamique des interactions euro-méditerranéennes », en vue de mieux penser et construire de manière plus durable cet espace,
- et autour d’une thématique centrée sur le développement local durable et fortement ancrée sur les volontés (visant le citoyen) et les spécificités locales.
Une vocation aux effets structurants
La mission première confiée au laboratoire d’analyse des politiques publiques (*) est de réaliser des études et des recherches théoriques et appliquées se rapportant aux politiques publiques, tout en suscitant chez la communauté académique un débat public en vue de soutenir la rationalisation des politiques gouvernementales. C’est à ce titre qu’il œuvre et ambitionne à devenir un point d’appui aux institutions politiques en termes de veille, eu égard aux profondes transformations politiques, économiques et sociales que connaît l’Algérie. En un mot, ouvrir l’espace des possibles pour contribuer à éviter les conséquences négatives qui résultent de toute politique ne visant pas l’efficacité et la stabilité.
C’est à ce titre que le laboratoire privilégie dans ses activités un ensemble de questions sur lesquelles se penchent les différentes unités du laboratoire.
Il aura un autre rôle, à savoir celui d’agir au sein de la communauté scientifique du pays comme un espace de concertation et de création collective dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales.
Il faut donc concevoir ce projet et imaginer les actions et les financements qui lui sont liés comme un outil structurant dans le domaine des sciences sociales et humaines. Cette stratégie mise en commun et de création collective concerne différents aspects de la vie des équipes scientifiques concernées :
- Le premier domaine concerné est, bien entendu, celui de la recherche. En fédérant les Unités de recherches et les équipes qui assureront l’animation scientifique dans les différents axes, le laboratoire de recherche est appelé à faciliter le rassemblement d’une partie de la communauté scientifique autour de problématiques communes. Mais, au-delà de l’émergence de thèmes de recherche transversaux, les effets de cet effort de regroupement des forces se feront sentir au niveau de la mise en commun d’outils de recherche. Enfin, par le jeu des projets transdisciplinaires, ces approches beaucoup plus ouvertes et plus collectives, contribueront au développement d’outils d’analyse plus puissants et conduiront à la construction de regards croisés plus féconds sur la dynamique et le fonctionnement de notre société.
- Le second est celui des formations doctorales. Il est en effet bien difficile d’imaginer une recherche dynamique et vivante, sans une étroite association des doctorants aux projets qui seront conduits au sein de ce laboratoire. Il est, en ce sens, indispensable que la formation par la recherche mette à profit les synergies entre des écoles doctorales en vue d’améliorer la qualité des enseignements, d’envisager des blocs de formation communs (initiation à la recherche, aux techniques d’écriture d’article, aux nouvelles technologies, etc.), et de faciliter des passerelles dans les contenus d’enseignement et surtout dans le développement de séminaires transversaux communs à ces diverses formations. Enfin, tel qu’il sera conçu, l’espace de travail du laboratoire sera un lieu de rencontre entre les enseignants-chercheurs et les doctorants, entre la communauté scientifique de la région et ses partenaires étrangers et entre la communauté scientifique et la société civile. Il facilitera aux doctorants l’accès aux toutes dernières technologies de l’information dans les champs retenus par le laboratoire de recherches. Cet espace largement ouvert et moderne sera mis à profit par différentes « sections » doctorales et contribuera, à sa manière, à l’émergence d’une offre de formation plus claire, plus adaptée à la demande sociale et mieux coordonnée. Il contribuera au développement de pratiques pédagogiques encore plus interdisciplinaires et encore plus ouvertes sur le monde.
Le troisième volet concerne la valorisation des travaux de recherche et la diffusion de culture scientifique. Cet aspect particulièrement important lié aux activités de recherche devra faire l’objet d’un soutien financier. Dans ce contexte, il est plus important que jamais que la communauté scientifique se donne les moyens d’assurer dans les meilleures conditions possibles la diffusion des résultats de ses recherches. Cette volonté ne peut se réaliser que dans le cadre d’actions, faisant appel à des outils communs de valorisation et par une contribution de chacun à une politique de diffusion collective. Ces efforts concernent bien entendu les publications.
Le responsable et les membres de l’équipe de recherche préparent les axes de recherche pour une période étalée sur trois années.
Les travaux réalisés sont publiés chaque année (Cahiers ou Papiers de la Recherche), après avis du conseil Scientifique du Laboratoire.
*Publication d’un rapport annuel : Rapport sur la politique publique en Algérie.
Ce document se fonde sur les ressources statistiques et les documents
gouvernementaux. Il traite de dossiers et questions qui font l’objet d’un débat au plan politique, économique, social et culturel au cours de l’année.
Le laboratoire prendra en charge enfin, la réalisation d’enquêtes d’opinion sur des questions d’actualité en publiant leurs résultats.
Mais cet effort d’ensemble doit également concerner les publications électroniques en s’appuyant sur les ressources en personnes et en matériels pouvant être disponibles, en renforçant ces moyens et au besoin en les réorientant vers de nouveaux médias et de nouveaux supports, et en faisant participer les doctorants dans le cadre de leur formation et de leur apprentissage – une réflexion est à programmer dans ce domaine.
- Le quatrième concerne directement les liens qu’entretien la communauté scientifique avec ses homologues étrangers : européens et méditerranéens. Dans ce domaine encore le laboratoire de recherches est appelé à jouer un rôle fédérateur et à renforcer de manière significative cette politique d’ouverture au monde. Les politiques proposées ici viseront à donner une meilleure visibilité aux actions en cours, à faciliter les coopérations entre les différentes équipes autour d’actions internationales significatives, à proposer des moyens financiers spécifiques et à mettre à la disposition des équipes concernées des moyens matériels facilitant cette ouverture et améliorant la qualité de l’accueil des collègues étrangers.
- Le dernier enfin est plus spécifiquement lié aux actions que l’on regroupera ici sous le vocable de service au milieu et d’ouverture à la société civile. De ce point de vue, le laboratoire de recherches est appelé à servir d’intermédiaire entre la société civile et la communauté scientifique en sciences humaines et sociales. Cet interface est appelé à intervenir :
- En amont, dans l’identification d’activités de recherche, davantage en adéquation avec les besoins de la société.
– Dans la gestion de la recherche au quotidien avec un souci plus grand d’application aux problématiques de notre société et d’une plus grande participation des acteurs aux travaux de recherche.
– En aval, enfin, avec une meilleure restitution et une meilleure valorisation des résultats de ces recherches. Cette volonté de rendre accessible les résultats de la recherche concerne, en particulier, la diffusion de la culture scientifique en direction du grand public et interpelle les actions qui pourraient être conduites en Algérie ou en partenariat à l’étranger.
Pour fonctionner, le laboratoire aura à entretenir une densité de relations : Conventions avec des ministères, conventions avec des organismes privés en relation avec le MESRS. Ses relations incluent les réseaux régionaux et internationaux des laboratoires et des centres de recherche. Il aura à participer aux manifestations scientifiques nationales et internationales ainsi qu’aux expositions. Il s’attellera à l’obtention de la certification ISO relatif à l’homologation de ses structures. Il se devra, en outre de participer au rapport sur le développement humain produit par le CNES. Il disposera d’une bibliothèque spécialisée (abonnement aux revues scientifiques internationales). Le bénéfice incontournable des technologies nouvelles seront d’un précieux appoint pour couvrir les activités du laboratoire. Enfin, au niveau audiovisuel, celui-ci aura à entretenir des liens contractuels (projet) avec le « canal de la connaissance ».
Les équipes chargées de l’animation du laboratoire de recherches
Au sein du laboratoire de recherches « analyses des politiques publiques » de l’université de Dély-Ibrahim, d’autres universités algériennes et l’agence nationale de la recherche scientifique sont invités à s’associer à ce pôle scientifique en vue de mobiliser les équipes reconnues, les plus à même de prendre en charge l’animation dans les cinq ou six axes validés en y adjoignant éventuellement celui lié aux études prospectives.
Chargées d’assurer l’animation scientifique dans chacun des quatre axes, ces équipes resteront ouvertes à toutes formes de collaboration avec d’autres groupes de chercheurs en émergence, voire avec des chercheurs plus isolés dans la mesure où les thématiques de recherche seront convergentes et / ou la qualité scientifique de ces collaborations sera garantie. Cette ouverture à des partenariats scientifiques impliquant des équipes de la région, d’autres régions d’Algérie et de l’étranger, demeure une priorité. Elle sera placée sous le contrôle du Comité Scientifique du laboratoire de recherches « analyses des politiques publiques ».
Dans l’immédiat, les équipes « pivot » identifiées sont les suivantes :
– Unité 1 : « Ia réforme de l’Etat »
– Unité 2 : « la politique de l’information et des technologies nouvelles»
– Unité 3 : « l’Etat et la question sociale »
– Unité 4 : «statistiques et économie appliquée »
– Unité 5 : « la politique étrangère »
– Unité 6 : « études prospectives »
– Supervision d’une spécialité ayant trait aux « études politiques comparées ».
À la recherche de convergences identitaires méditerranéennes
La richesse de l’espace euro méditerranéen qui procède à la fois de la grande diversité des héritages laissés par son histoire et du choc des cultures qui ne se sont guère affaiblis aujourd’hui, constitue à la fois un potentiel et une contrainte à son développement. Une bonne connaissance de ces héritages et une compréhension approfondie de ces dynamiques constitue donc la base toute construction future.
De la préhistoire à nos jours, l’espace méditerranéen reste profondément marqué par son histoire. Les équipes de recherche, regroupées au sein du laboratoire de recherches, peuvent se proposer d’approfondir ces connaissances dans différents domaines à déterminer. En retenant éventuellement « la dynamique des interactions Euro-Méditerranéennes » comme thème central et fédérateur de leurs réflexions, les équipes de recherche du laboratoire de recherches entendront sans doute valoriser des efforts de recherche qu’elles auraient à investir dans ce domaine.
Mais elles souhaitent surtout approfondir ce moteur formidable pour le développement local qu’a été pour l’espace méditerranéen le métissage des cultures, des langues et des religions et démontrer qu’une mondialisation qui respecte et construit son avenir sur la base de cette diversité est un gage de durabilité pour nos sociétés en profonde transformation. Mettre en pratique les préceptes de l’ontopsychologie dans la diversité de ces relations transméditerranéennes serait d’un précieux capital pour le bien-être, la paix et la stabilité.
Ce souci de répondre aux besoins exprimés par les acteurs du terrain et d’appuyer leurs stratégies de développement local se traduit à la fois par une bonne connaissance des espaces physiques sur lesquels ils opèrent, une bonne identification des transformations auxquelles ils sont soumis et des potentialités diverses qui peuvent être à la base de leur renouveau ou tout le moins d’un développement qui leur soit spécifique.
Enfin, et pour permettre à des travaux de recherche de déboucher sur l’action et accompagner les efforts déployés par les acteurs d’un développement local durable sur leurs territoires, il est essentiel de repérer les travaux de recherche plus « appliqués » au service des stratégies locales de développement et cela dans différents domaines.
Professeur Mohamed Réda MEZOUI

(*) Ce laboratoire est une structure de recherche gouvernementale instituée en date du 5 juin 2007 et agréée par le MESRS par décision N° 222 du 13 juillet 2009.