À FORT POTENTIEL AGRICOLE, L’ALGÉRIE EN QUÊTE DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : Le désert agraire

    Comment concilier culture intensive avec ses risques environnementaux et enjeu de la sécurité alimentaire ? C’est l’équilibre que doit assurer l’Algérie qui mise sur l’agriculture saharienne.

A FORT POTENTIEL AGRICOLE, L’ALGÉRIE EN QUÊTE DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

    Le désert agraire

Les experts recommandent l’option d’un modèle agroécologique bâti sur des exploitations de petites et moyennes tailles et qui associe à la fois les défis économiques et les enjeux liés à l’économie d’eau.

Jeter les premiers jalons d’une base de réflexion pour repenser la stratégie de l’hydraulique agricole dans les régions sahariennes et présahariennes est plus qu’impératif de nos jours. “Le dérèglement climatique conjugué à une surexploitation des nappes favorisant le ruissellement de l’eau, son évaporation et son infiltration sur des sols pauvres, plutôt que son utilisation par la plante sur un substrat ou support de culture en bonne santé, conduit à une baisse ou rabattement du niveau des nappes”, estime le Dr Mohamed Bouchentouf, ingénieur-docteur en agronomie. Cet expert met l’accent sur un gaspillage d’une eau rare, coûteuse et non renouvelable.

D’autres problèmes viennent se greffer à cette épineuse problématique, dont la remontée des eaux des nappes phréatiques, l’accroissement de la salinité des sols, la dégradation de la qualité des eaux dans certains forages, la diminution de la pression, la réalisation des puits sans autorisation avec des fuites d’eau au niveau du tubage et l’affaissement du terrain, des forages qui se déversent dans la nature, la gestion anarchique de la ressource, le tarissement des foggaras, etc. Les experts recommandent l’option d’un modèle agroécologique bâti sur des exploitations de petites et moyennes tailles et qui associe à la fois les défis économiques et les enjeux liés à l’économie d’eau.

Et c’est la formule à laquelle s’intéresse le Dr Mohamed Bouchentouf qui travaille sur un modèle agroécologique et entrepreneurial dans le cadre d’une agriculture intelligente avec des solutions innovantes. Pour lui, l’agriculteur doit savoir gérer la demande en eau de son plan de culture. D’où la nécessité d’assurer un travail considérable d’information et de formation au profit des agriculteurs. L’introduction du système d’économie d’eau, ainsi que la révision de la gestion actuelle des doses d’eau appliquées aux cultures vont permettre, selon lui, de limiter le gaspillage des eaux d’irrigation qui, non consommées par les cultures, se retrouvent dans les réseaux de drainage.

Ce qui va réduire le risque de remontée de la nappe phréatique et des risques d’hydromorphie. “L’irrigation doit éviter autant une sous-alimentation qu’une suralimentation en eau des plantes. Il faut connaître, pour chaque espèce particulière, ses besoins en eau, l’époque la plus favorable de son irrigation, le nombre optimum des arrosages, leur durée, l’épaisseur de la nappe d’eau à appliquer à telle surface et finalement la profondeur à laquelle l’eau doit pénétrer”, explique le Dr Bouchentouf.

Diverses pratiques peuvent être mises en œuvre pour que l’agriculture utilise l’eau plus efficacement. Il s’agit notamment de modifier le calendrier d’irrigation pour suivre de près les besoins en eau des cultures, en adoptant des techniques plus efficaces, telles que l’utilisation de systèmes d’irrigation par l’aspersion et le goutte à goutte, et en mettant en pratique l’irrigation déficitaire. “La dégradation des ressources hydriques qu’entraîne une exploitation excessive de la nappe phréatique par le creusement de puits artésiens est désormais reconnue comme cause de désertification dans plusieurs pays.

L’eau est encore très mal valorisée puisque les rendements sont encore faibles par rapport à ce qui est obtenu dans d’autres pays”, constate l’expert agronome. Pour lui, d’importantes économies d’eau peuvent être réalisées à l’avenir tout en augmentant les productions. Les agriculteurs ne mesurent pas l’eau distribuée, mais ils comptent le nombre des irrigations qui se font beaucoup plus par submersion ou inondation.

Si l’agriculture saharienne veut se maintenir, elle devra tout faire pour économiser l’eau et son efficience. Cela revient à dire que l’avenir de l’hydraulique agricole n’est pas dans l’exploitation minière de l’eau, mais dans un aménagement des terroirs agricoles axé sur la pratique d’une irrigation raisonnée, sur l’économie et l’efficacité de l’eau.

Badreddine Khris


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