Algérie / Abderrahmane Hadj Nacer : «C’est à l’institution militaire de proposer une personnalité consensuelle»

juin 2019

L’ancien gouverneur de la banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, estime que le Hirak ne doit rien proposer ni négocier, «c’est l’institution militaire qui doit prendre ses responsabilités et proposer une personnalité ou un groupe de personnes, en qui elle peut faire confiance, pour défendre sa position dans le futur».
Fortement interpellée et beaucoup sollicitée, l’institution militaire est sommée de marcher au même rythme que le peuple du vendredi, et dans la même direction. Il n’appartient pas à la population qui manifeste de proposer des solutions. Elle exprime « des exigences », réclamant notamment un « pouvoir et une économie formels » des institutions qui soient à son service et une armée dont le rôle est reconnu par la Constitution. Pour trouver une solution à la situation de crise actuelle, l’institution militaire, et dans une première étape, est appelée à désigner une personnalité qui jouira de l’unanimité ou du moins d’un consensus auprès du peuple pour trouver un nouvel équilibre, selon Abderrahmane Hadj Nacer qui s’est exprimé hier à l’émission «invité de la chaîne 3» de la radio nationale. «Cela constituerait un début», a-t-il précisé insistant sur «la seule monnaie qui compte aujourd’hui, est celle de la confiance», ajoutant que le slogan «Khawa khawa» «peuple et armée fraternisent» d’apparence simple, se révélant d’une réalité profonde. «Ce mot d’ordre est une reconnaissance de ce que l’armée a accompli pour la préservation du pays. Pour l’orateur «le Mouvement de contestation populaire né le 22 février a constitué un ras-le-bol face à la situation humiliante que représentait la tentative de reconduite de l’ancien président Bouteflika à un 5e mandat».
Ce «ras-le-bol», explique-t-il, l’a également été en réaction à la présence «insupportable» du gouvernement algérien au Val-de-Grâce, entraîné par son chef de l’Etat à une réunion conduite «par le président français» d’où la nécessité apparue chez les Algériens de réclamer un changement qui puisse s’opérer «sans destructions» et sans «représentation formelle», afin d’éviter, dit-il, que le mouvement ne soit récupéré et détourné de ses objectifs. Dans son commentaire, l’expert a noté les multiples tentatives qui veulent parasiter le mouvement dans le seul objectif est d’avoir des troubles en Algérie pour pouvoir justifier une «remise en ordre». «Dès les premiers jours du mouvement, ajoute-t-il, il y a eu des tentatives «sournoises» de division qui ont en réaction, provoqué un «instinct de survie intelligent».
Pour l’histoire, M. Hadj Nacer a rappelé qu’au lendemain de la lutte de libération nationale, il s’est imposé en Algérie un système qui donnait l’illusion de l’indépendance, «tout en maintenant la prévarication, le vol et les prélèvements indus».
Ilhem Tir


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