Algérie / Coronavirus : Appel à activer le Plan «ORSEC»

par Ghania Oukazi 

Des professeurs de médecine algériens exerçant aux Etats-Unis estiment que les mesures prises à ce jour pour prévenir et lutter contre le COVID 19, au plan national, ne suffisent pas à elles seules. Ils recommandent aux autorités nationales d’activer en urgence le Plan ORSEC national.

Ce sont des spécialistes algériens de renommé mondiale, chefs de services dans des établissements américains de santé, qui ont pris l’initiative d’attirer l’attention des plus hautes autorités algériennes sur ce qui pourrait consolider les mesures qu’elles ont prises, à ce jour, pour lutter contre le coronavirus et prévenir sa propagation. Leur note dans ce sens a été, nous dit-on, transmise « à qui de droit dont le ministre de la Santé, le Pr Abderrahmane Benbouzid ». Le texte qu’ils ont rédigé a été rendu public, samedi dernier (28 mars) par l’Institut algérien HABA sous la signature de son responsable, Dr Mohamed Damou. « A ce jour les autorités du pays ont mis en place un certain nombre de mesures dont des mesures de distanciation sociale allant jusqu’au confinement total dans certaines wilayas, la mise en place d’une Commission et d’un Comité scientifique national, l’adoption de la chloroquine comme traitement des cas sévères etc.», écrivent ces spécialistes en médecine. Ces mesures, font-ils savoir, trouvent leur ancrage dans un arsenal légal et réglementaire défini, entre autres, par la Loi n°04-20 du 25/12/2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes, le Décret exécutif n°19-59 du 2 février 2019, fixant les modalités d’élaboration et de gestion des plans d’organisation des secours, le Décret exécutif n°20-69 du 21 mars 2020 relatif aux mesures de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus COVID-19, le Décret exécutif n°20-70 fixant des mesures complémentaires de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus COVID-19, (et aussi) toute une série de textes d’applications, de notes et d’instructions émises depuis l’éclosion de l’épidémie». Mais soulignent les rédacteurs de la note, «de l’avis de nombreux experts algériens, vivant en Algérie ou à l’étranger, ces mesures ne peuvent pas suffire à elles seules à faire face à cette pandémie inédite dans l’histoire de l’Humanité, par la rapidité et l’étendue de sa propagation». Ils font remarquer qu’«en comparaison avec les pays développés, l’Algérie dispose de moyens relativement modestes qu’il s’agit de mobiliser de manière efficiente pour lutter efficacement contre un fléau d’une telle ampleur».

Les raisons de l’activation du Plan ORSEC national

Ces professeurs en médecine algériens vivant aux Etats-Unis pensent qu’«il est donc impératif de faire appel à l’intelligence collective des Algériens, sous toutes ses formes et mettre en œuvre toutes les ressources humaines, matérielles et organisationnelles disponibles ou mobilisables (cas de la Diaspora)». Ils font savoir aux responsables nationaux que «de nombreux spécialistes algériens, de très haut niveau et ayant une expérience internationale, sont disposés à apporter leur contribution dans cette bataille décisive». Ils avisent alors dans ce sens que «de l’avis des experts consultés y compris ceux de la Diaspora, il est fortement recommandé d’activer, dans les plus brefs délais, le Plan ORSEC national». Ils sous-tendent leur recommandation par les fondements juridiques du « Décret exécutif 19-69 (qui) définit dans son art.3 l’objet du Plan ORSEC national , fixe dans son art.14 la plate-forme numérique à mettre en place, précise dans son art.22 l’organisation et les modalités de son activation et liste dans son art.43 les modules d’intervention ». Ils affirment par conséquent que «ceci correspond globalement aux procédures universelles en la matière ».

Ils considèrent qu’«il s’agit d’un texte réglementaire tout à fait approprié au contexte particulier qui nous concerne, même si des améliorations seront apportées au cours de son application sur le terrain, compte tenu des retours d’expérience relevés au fur et à mesure». Ils indiquent dans cet ordre d’idées que «les orientations des organismes internationaux comme l’OMS et les études les plus récentes soulignent avec force le caractère pluridisciplinaire que doit prendre la riposte à la pandémie. L’équipe de santé, si important soit son rôle, n’est qu’une des 10 équipes à mettre en place en urgence au niveau du Centre des Opérations du Plan national ORSEC». Les rédacteurs de la note réitèrent leur conviction que «ceci plaide en faveur de l’activation d’un plan ORSEC national d’autant plus qu’une partie des ressources humaines nécessaires est déjà disponible et pourrait être opérationnelle dans les plus brefs délais. D’autres membres pourraient être formés très rapidement. Le Plan national ORSEC sera naturellement complété progressivement».

De l’avis unanime des experts consultés, écrivent-ils encore, «la décision d’activer le Plan ORSEC national constituera un tournant dans notre lutte contre la pandémie du COVID-19». Ils sont persuadés que «le déclenchement du Plan ORSEC national qui sera mis en place à une telle échelle, pour la 1re fois dans l’histoire de notre pays, fournira un cadre multidisciplinaire dans lequel s’exprimeront toutes les expertises et toutes les bonnes volontés, conformément aux dispositifs réglementaires existants et aux procédures universelles en vigueur».


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