Algérie / De l’insurrection pacifique citoyenne à la révolution démocratique, patriotique et sociale

Contribution pour un débat socio-économique sur les fondements et perspectives du Mouvement
Par Hamid BOUZERAR

En cette période d’un historique mouvement populaire, le site « Socialgérie » présente le document socio-économique ci-dessous à l’attention, aux échanges et aux débats. Ce n’est pas un projet de programme socio-économique, mais un ensemble de réflexions d’un citoyen et acteur -socioéconomique dont l’expérience de terrain et la formation théorique gagnent à être partagées et discutées pour le moment présent et l’avenir. Le lecteur jugera de l’opportunité et de l’importance des thèmes qui y sont abordés. Il ne s’agit pas de considérations abstraites et doctrinales, mais de thèmes qui préoccupent toutes les opinions patriotiques qui poursuivent le combat de l’indépendance en cherchant à voir clair dans les péripéties et luttes qu’a vécues et vit l’Algérie. 
Après le 22 février 2019, nos compatriotes hommes et femmes de tous âges, ont témoigné d‘un degré de maturation exceptionnelle qui a surpris le monde entier, pour ce qui concerne les prises de conscience dans des domaines politiques et idéologiques où les Algériens comme un grand nombre d’autres peuples ont été longtemps terriblement piégés 
Ce niveau de conscience politique n’est pas encore suffisant, il est parfois dévoyé dans les domaines socio-économiques. Non pas que les Algériens honnêtes ne soient pas massivement et intensément habités par les aspirations viscérales à la justice sociale et à une réappropriation totale par le peuple, équitable et contrôlée, de toutes les richesses naturelles et du travail humain sur le territoire national. La nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 a été un grand moment d‘émotion patriotique et la source principale de toutes les réalisations qui ont bénéficié de façon inégale certes, à toutes les couches sociales du pays. Ce n’est pas pour rien que les Algériens ont enduré deux années supplémentaires de souffrances de guerre de libération, pour arracher cette richesse aux griffes du colonialisme gaulliste.
Mais le droit à la jouissance démocratique et sociale des ressources nationales après l’indépendance est toujours plus difficile et plus complexe que de les soustraire au colonialisme traditionnel. De nombreux mécanismes, nationaux et internationaux, matériels et idéologiques, le plus souvent insidieux, trompent l’information et la vigilance patriotiques et pérennisent le pillage et l’exploitation. 
Ce sont quelques-uns de ces mécanismes qu’expose ce texte de Socialgérie, comme l’ont fait et le feront de nombreux économistes sérieux et compétents, en complémentarité avec les militants syndicaux et politiques dans leurs efforts de mobilisation contre les menées antisociales de la haute finance mondialisée et ses valets parasitaires soi-disant nationaux.
SH

DE L’INSURRECTION PACIFIQUE CITOYENNE A LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE PATRIOTIQUE ET SOCIALE.
Par Hamid Bouzrar

De millions de poitrines algériennes, une même clameur est montée : « A bas la corruption ! Voleurs dégagez ! ».
Cette indignation est mille fois légitime.
Elle dit la douleur d’un peuple spolié.
Elle dit l’humiliation de tout un Peuple d’être « invité » à voter pour un portrait présenté dans un cadre en bois, faisant de lui la risée du monde entier.
Elle dit les pleurs des proches de ceux morts dans les hôpitaux faute de médicaments.
Elle dit l’ingéniosité des mères contraintes à des efforts d’imagination quotidiens pour assurer la pitance de la famille.
Elle dit la honte des parents qui ne peuvent pas offrir les vêtements et les chaussures pour la rentrée scolaire ou pour l’Aïd. 
Elle dit la détresse des jeunes chez lesquels ce Régime chantant par milliers dans les stades la Casa d’el Mouradia, dont le rêve ultime, après avoir expérimenté celui des paradis artificiels des « cachettes » et de la zatla » est de finir, au mieux parias en Europe, ou pire, de repas aux poissons en Méditerranée.
Elle dit la surpopulation des logements et la rage de constater que les logements dits sociaux, construits avec leur argent, attribués indûment aux copains et aux coquins leurs sont proposés en location à prix d’or. Elle dit les tracas quotidiens des transports et la longueur interminable des trajets domicile travail.
Elle dit les routes défoncées, les ordures non, ou mal, ramassées qui s’amoncellent et les villes congestionnées.
Elle dit les classes d’écoles publiques surchargées et sinistrées et celles, privées, dont le coût mensuel par élève est supérieur au SMIG.
Elle dit les lieux interdits de Club des Pins, Zéralda et d’ailleurs.
Elle dit les prises en charges à l’étranger pour soins pour la Nomenklatura pour des maladies graves comme pour les accouchements ou des « bobos » quand dans notre pays, même les cancéreux doivent faire face à des pénuries régulières de médicament ou d’insuffisance de matériel.
Elle dit l’ostentation des nouveaux riches dans les voitures rutilantes dont certaines valent 100 années de SMIG !
Elle dit les jets privés dont la valeur s’exprime en siècles de SMIG !
Elle dit les maisons démesurées édifiées ou accaparées à des prix symboliques qui valent elles des millénaires de SMIG.
Elle dit la centaine d’oligarques et la couche parasitaire créées de toutes pièces par le régime, à partir de rien, qui pèsent sur la vie et l’avenir des enfants d’Algérie !
Elle dit, elle dit………
Comment contenir sa colère ? Comment ne pas hurler et avoir envie de tout casser ?
Longtemps, cela a été la réaction de nos compatriotes, en particulier des jeunes. Ces attitudes étant souvent accompagnées de comportements autodestructeurs, voire suicidaires. Mais la pulsion de vie de notre peuple est désormais la plus forte. Il l’a prouvé hier, notamment lors des 10 années de la guerre civile, il le démontre magistralement depuis le 22 Février.

Comment considérer le phénomène de la corruption et de la prévarication, quelles sont ses racines ?

Sa condamnation morale est évidente, mais suffit-elle ? Doit-on se limiter à la sphère de l’éthique ou faut-il aller chercher ce qu’il y a derrière le phénomène, ce qui le sous-tend, l’entretient et le développe sur une grande échelle ? La manière dont nous répondrons à ces questions conditionne les contours de l’Algérie de demain.

Pour le comprendre, et interpréter la situation que vit notre pays, nous devons nous efforcer de poser les problématiques en des termes objectifs. Il nous faut dépasser le stade de l’indignation et du dégoût. Sentiments au demeurant absolument légitimes, pour tenter d’analyser les événements sur une longue durée et dans leur complexité profonde. Dans cette perspective, l’influence des événements politiques et économiques internationaux revêt une importance capitale.

Une politique néo libérale(1) de destruction progressive de l’économie productive nationale dans un contexte marqué par la volonté d’hégémonie du capitalisme financier et le lancement de la Révolution Conservatrice.
Notre point de départ historique choisi est l’avènement de Chadli BENDJEDID. Lorsqu’il est désigné par le Régime à la tête de L’Etat, la situation internationale est caractérisée par un passage à l’offensive généralisée des tenants de l’oligarchie financière mondialisée sur le point d’asseoir son hégémonie sur presque toute l’économie de la planète. Le stade de développement auquel était parvenu le système capitaliste ne lui offrant plus que cette issue s’il voulait perdurer. Il devait passer à l’étape achevée du Capitalisme Financier.
Tout naturellement, c’est au pays de la CITY (2), la Grande Bretagne, une des toutes premières place fortes financières mondiale, que cette évolution connaîtra sa première traduction politique avec l’arrivée au pouvoir de Margaret THATCHER(3) au printemps 79. Les USA ne pouvant être en reste avec Wall Street(4), première place mondiale pour la capitalisation boursière, porterons pour leur part à leur présidence Ronald REAGAN (5) début 81. Ces deux personnages politiques seront les héros et les hérauts, les porte-voix, de ce que l’Histoire retient comme étant la « Révolution Conservatrice ».
En Grande Bretagne, THATCHER inaugure son règne par le recours à des méthodes d’une brutalité inouïe tant pour réprimer les mouvements sociaux, nous avons en mémoire la longue lutte héroïque des mineurs anglais, que les résistants politiques Irlandais.
Sur les plans politique et militaire, cela s’est traduit immédiatement par une intensification des menées impérialistes partout dans le monde. Les USA inaugurent cette phase par le renversement militaire du gouvernement patriote de la petite Grenade, la Grande Bretagne nous l’avons évoqué, par la répression sanglante des nationalistes irlandais et par la guerre des Malouines. Guerre colonialiste menées contre un pays dont les dirigeants étaient ouvertement pro-impérialistes et anti populaire, comme quoi il ne suffit pas de donner des gages aux impérialistes et leur complaire pour s’attirer leurs bonnes grâces (6). 
En Grande Bretagne, THATCHER inaugure son règne par le recours à des méthodes d’une brutalité inouïe tant pour réprimer les mouvements sociaux, nous avons en mémoire la longue lutte héroïque des mineurs anglais, que les résistants politiques Irlandais.
En France, la stratégie adoptée est différente. La tradition historique de résistance du peuple français a obligé l’oligarchie(7) d’user d’un stratagème, celui de faciliter l’accession au pouvoir de la social-démocratie (8) auquel elle a fait faire le « sale boulot ». Nous algériens, savions de quoi était capable Mitterrand arrivé au pouvoir en 1981 (9). La suite, nous la connaissons et nous, autant que d’autres peuples, la subissons. L’Impérialisme a redoublé d’agressivité et de bellicisme partout sur la planète. La mise à sac et la destruction de régions entières, y compris au cœur de l’Europe, avec le démembrement de la Yougoslavie. Il affiche de façon non dissimulée ses visées : la soumission totale jusqu’à la trahison, étalée désormais au grand jour, des régimes autocratiques et dictatoriaux du Moyen-Orient, du Nord de l’Afrique, de l’Afrique Sahélienne et de l’Ouest, en sont les preuves manifestes.
La feuille de route du courant idéologique néolibéral
Sur le plan économique et social, le tandem THATCHER-REAGAN, viscéralement anticommuniste et anti- étatique, relayé officiellement en France à partir de 1983 par Mitterrand et son « tournant de la rigueur »(10), s’évertue à porter haut les principes ultralibéraux concoctés par des théoriciens comme Milton FRIEDMAN leader de l’école dite de CHICAGO et Friedrich HAYEK. Les préconisations des partisans de ce courant idéologique (et non pas économique comme d’aucuns s’évertuent à l’affirmer) peuvent être résumées, sans les caricaturer par la feuille de route suivante :
 * Le désengagement total de l’Etat des sphères économique et réglementaire ;
 * L’abolition des contrôles sur la circulation des marchandises et des capitaux, notamment pour les pays du capitalisme dominé comme le notre,
*  La dérégulation économique et du marché du travail, par la suppression de tout instrument de planification et par la liquidation de toutes les conquêtes des travailleurs relatives à leurs droits. L’unique finalité de ces mesures étant l’accroissement de la surexploitation de ceux qui ne vivent que de leur travail. Ces lois de fer devant s’appliquer partout y compris sur les travailleurs des pays du capitalisme dominant ;
 * La suppression de l’ensemble des mesures à caractère social et des institutions qui les promeuvent, en ciblant prioritairement le recul de l’âge de départ à la retraite, la suppression des contrats de travail (en priorité ceux à durée indéterminée) et la privatisation des caisses de retraites partout où elles existent ;
 * La réduction, voire la suppression des impôts, en particulier ceux des plus riches, sur leurs capitaux et leurs revenus. Dans notre pays, cela est caractérisé par l’absence de mobilisation de moyens pour les recouvrer ; mais partout, c’est la facilitation de l’évasion fiscale et de devises pour alimenter les paradis fiscaux (voir les révélations sur la détention par les membres de la mafia politico- financière de comptes offshore) ;
 * La soumission organique (11) des économies des pays en leur imposant des traités commerciaux et financiers léonins (12) concoctés dans des cénacles créés par l’oligarchie financière internationale et portés par des organismes et structures tels que le FMI, la Banque Mondiale, la Communauté Européenne, la Banque Africaine de Développement etc. 
 * La création d’oligopoles (13) qui réduisent à néant les thèses promues pour tromper les peuples relatifs à l’existence d’un pseudo « marché ou régnerait une « loi de concurrence libre et non faussée ». Il n’est qu’à observer ce qu’il est advenu du secteur des entreprises dites du Web et du numérique- les GAFAM (14)- où des géants américains, qui se comptent littéralement sur les doigts d’une main, trustent quasiment 100% du marché ! La tendance à l’hyper concentration de la propriété capitalistique étant l’autre loi de fer du libéralisme. Il est à craindre que cette situation, si les peuples ne se révoltent pas, soit la préfiguration de l’ensemble des secteurs de l’économie mondiale de demain !
Ces rappels nous ont paru nécessaires car, rétrospectivement, nous pouvons constater que le scénario qu’a vécu l’Algérie obéissait au script ci-dessus. Du fait de son importance économique et géostratégique, notre pays ne pouvait pas être ignoré par les stratèges de l’Empire ! La probable élimination de Boumediene a facilité la mise en place des acteurs qui interpréteront le mauvais drame que vit notre pays à ce jour.
La politique économique d’Infitah de Chadli et de ses successeurs : une application zélée de la feuille de route néolibérale
Dès Chadli désigné, il nomme un personnage formé en économie, durant 7 longues années aux USA où la doxa(15) néolibérale sévit partout, ministre de la « Planification et de l’aménagement du territoire », un comble ! Puis il le promeut premier ministre. Sa mission est précise, lancer la politique d’INFITAH économique sous le fallacieux et trompeur slogan « pour une vie meilleure ». (16)
L’unique but des « réformes » initiées était de tourner le dos à l’expérience de développement industriel autonome et autocentré de notre pays et de lier de façon organique le capital algérien naissant au capital oligarchique international. Les mesures capitalistes, d’abord libérales puis ultralibérales, adoptées par les gouvernements successifs n’avaient pour seul objectif que la liquidation de la propriété agricole d’Etat constituée dès 1963 et le démembrement de l’appareil productif industriel et économique que l’Algérie avait construit entre 1967 et 1978 aux prix d’énormes efforts et de grandes privations consentis par le peuple algérien. Durant cette décennie, jusqu’à 45 % du produit intérieur brut étaient consacrés aux investissements et 60% de ce montant étaient dévolus au secteur industriel.
Pire encore, la visée constante de la soumission de l’ensemble de l’économie nationale, et son assignation à la place que les « Maîtres du Monde » lui avaient dévolus, finira par être atteinte par les mille et un moyens utilisés. Lorsque les « compétences nationales » n’y suffisaient pas, les autorités recouraient aux « experts internationaux » qu’ils soient appelés par le Pouvoir ou imposés par le FMI, la Banque mondiale, la Communauté européenne ….Sur le plan idéologique, et afin de détourner les algériens de la défense de leurs intérêts véritables, la politique d’Infitah s’accompagne de l’importation des pires prédicateurs obscurantistes du Proche Orient payés à prix d’or. Mohamed SAQQA, dit El Ghazali, membre des Frères musulmans et auteur de la fetwa qui conduira à l’assassinat de l’écrivain égyptien Farag FOUDA en a été le plus emblématique.
Sur le plan sociologique, des pratiques quasi généralisées furent favorisées et des mesures fortes visant à créer à partir de rien une classe parasitaire de nantis improductifs furent très rapidement prises. Cela a commencé par ceux qui avaient une rente de situation dans l’administration ou les entreprises nationales et par l’extension de la corruption et de la prévarication. Tout le monde se souvient des trafics autour de l’attribution de logements, de « bons » de voitures, camions, tracteurs, réfrigérateurs, téléviseurs etc. Des manipulations de prix orchestrées avec les pénuries organisées et de l’engouement de certains pour les « missions à l’étranger » et les commissions occultes. Sans que l’Etat n’y trouve rien à redire ou si peu. De plus, le Pouvoir a été jusqu’à incarcérer sans raison des cadres de valeurs qui activaient dans l’économie nationale et à chasser les autres, afin de faire place nette pour les futurs maîtres du pays.
Le processus s’emballe avec la « cession » des biens de l’Etat et des entreprises nationales, l’octroi de « prêts » en réalité de dons- par centaine de millions de dinars
aux suppôts et rentiers du Régime et la distribution de milliers d’hectares aux affidés. La « libéralisation » du commerce extérieur a conduit à sa domination hégémonique par des barons du régime et des seigneurs de guerre qu’ils soient issus du sérail ou de l’ex FIS. Ils se partagent la quasi-totalité des milliards de dollars des importations, constituant de fait des oligopoles, alors que l’on nous avait rebattu les oreilles avec la nocivité des monopoles d’État. L’objectif recherché est de donner une base sociale large aux compradores(17) qui dirigent le pays. 
Extension du domaine de la corruption et triomphe de la grande bourgeoisie compradore sous Bouteflika
Cette « libéralisation » charrie de façon irrémédiable les tares qui lui sont inhérentes. Comme l’évasion massive de devises nationales par le truchement des surfacturations et la création d’un marché « officiel » informel de devises avec la bienveillance des autorités. Ces devises acquises au noir sont « blanchies » grâce aux comptes en devises ouverts le plus légalement du monde, elles peuvent être exportées en espèces, par virements ou cartes bancaires ! Comme aussi la médiocre qualité des produits , l’importation de produits périmés, la contrefaçon et bien sûr la corruption des agents qui interviennent à un titre ou un autre dans le processus … Comme l’octroi de subventions indues à des empaqueteurs et transformateurs, promus industriels, qui achètent le blé, le sucre, l’huile, l’énergie, l’eau aux même prix subventionné payés par l’ouvrier ou le paysan smicard, et qui revendent leurs produits avec une très faible valeur ajoutée en Algérie et à l’exportation. Ils réalisent ainsi des surprofits qui peuvent être pour certains colossaux au point qu’ils s’autorisent des dépenses somptuaires, comme un yacht à 20 millions d’euros pour l’un d’entre eux !
Cette politique a culminé avec Bouteflika par la création d’oligarques acquis au Régime et la généralisation quasi absolue de la corruption. Étant entendu qu’un oligarque est défini par sa proximité avec un pouvoir autoritaire, voire autocratique, et qu’il n’existe que par la distribution de commandes d’Etat et de prébendes. Pour l’essentiel, leur activité économique qui s’intercale comme un maillon dans la chaîne de valeur est parasitaire et non productive. Elle est faite de prédation et dans le cas précis de notre pays, dans un trop grand nombre de cas, de déprédation car pour se créer une niche économique, cette caste n’hésite pas à saboter ce qui existe encore de secteur d’Etat ou de privé productif. En effet, cette nouvelle catégorie d’affairistes n’hésite pas à tout détruire, saccager, dégrader, bloquer qu’il s’agisse du secteur d’État ou du privé ou à pousser à l’ouverture de chantiers ou à la consommation de biens et services inutiles pour le pays, le cas le plus criant étant la grande mosquée d’Alger.
Cette caste s’ingénie à créer des besoins factices et un modèle de consommation délirant pour un pays comme le notre, à empêcher l’émergence d’une réelle production nationale, fut elle privée, pourvu que cela lui profite. La caste mafieuse du pouvoir attend de ces oligarques qu’ils lui servent de paravent commode pour empocher discrètement ce qu’elle estime être son dû. Mais là ne s’arrête pas le rôle des oligarques. Ils servent de relais pour la constitution de clientèle politique et de groupes de nervis (les baltaguias) grâce à la « chakara » pour verrouiller le paysage politique et syndical et museler toute opposition. Nous comprenons ainsi pourquoi le Pouvoir a gangrené des administrations comme celles des Impôts ou des Douanes afin de stériliser leurs actions ! Et pour encore mieux torpiller l’économie, ils ont privatisé des ports en eau et se sont octroyés la gestion de ports secs.
La Nation algérienne, de laquelle ils se sont de fait mis en marge, sait par le menu le mal et les dégâts qu’ils lui ont causés. Le jour viendra ou ils devront lui rendre des comptes et lui restituer ce qu’ils lui ont volée. Il est prématuré d’aborder, au stade où le Peuple en est de sa lutte, les questions juridiques, mais la Loi future devra créer l’incrimination de Crime Économique Imprescriptible contre le Peuple afin de prémunir, à l’avenir, notre pays de la gabegie, de la concussion, de la prévarication et de la corruption.
Souveraineté nationale et justice sociale
La tradition historique, héritée du Mouvement National, de la Guerre de libération et de ses textes fondateurs, la Déclaration du 1er Novembre et La Plateforme de la Soummam, avait ancré dans l’inconscient collectif algérien un attachement indéfectible à l’idée de Souveraineté Nationale et à l’idéal de Justice Sociale.
Ce fut sur ces bases que les premières mesures économiques et sociales furent prises dès 1962. Elles visaient à donner au Peuple Algérien, constitué dans son immense majorité de couches populaires démunies, ce dont il avait été privé durant la nuit coloniale et au-delà, durant la période ottomane : la dignité, la justice sociale, l’accès au savoir et la maîtrise de ses richesses nationales. Quelques soient les erreurs, les manquements et, déjà, les détournements de fonds de cette époque, le Peuple a obtenu des acquis. La Nation Algérienne en perçoit les dividendes aujourd’hui. Ce sont ces millions de jeunes et les générations post Indépendance, éduqués, conscients et formés qui disent « y’en a marre de ce Pouvoir » et « partez tous » !
Riche de sa mémoire historique, des luttes démocratiques et sociales menées après 1962 et des avantages conquis lors de la période de construction de l’économie nationale, le Peuple n’a pas accepté le diktat des liquidateurs initié dès 1980.Malgré des mesures scélérates, comme l’article 120, pour diviser les travailleurs, le Code de la famille pour cliver les genres et la société, les mesures d’intimidation des cadres intègres voire leur emprisonnement arbitraire et de répression féroce, parfois sanglante, des luttes sociales et culturelles comme en 1988 ou celle des 128 jeunes kabyles tués par les gendarmes, et malgré la caporalisation de la société et des syndicats etc. Le Peuple Algérien opposa une résistance farouche contre les tentatives de liquidation de ses acquis, de dénégations de ses droits culturels et d’accaparement des richesses nationales .
Mais le point culminant a été atteint avec le déclanchement de la guerre civile. Les dirigeants compradores, relayés par les forces sociales qui avaient choisies de s’appuyer sur les obscurantistes de l’islamisme radical, le tout sous la férule de puissances étrangères impérialistes et de pétromonarchies arabes inféodées, fondamentalement traîtresses à l’islam et à l’arabité qu’elles professent, ont déchaîné une terreur et une violence sans précédent. Dans un pays de tradition musulmane à presque 100%, ces forces, en favorisant l’importation massive d’idées rétrogrades, de superstitions et de personnages troubles du Moyen-Orient, trabendistes de la religion, ont réussi à déchirer le tissu national. Dans une Algérie homogène sur le plan du culte, à savoir majoritairement sunnite et malékite, elles ont réussi à créer de toutes pièces des catégories de musulmans antagoniques, irréductibles et, à provoquer un bain de sang et la lutte de tous contre tous.
Les résultats, nous les connaissons. Environ 200000 morts, 19000 disparus, des milliers de familles endeuillées durant la « décennie noire », des destructions considérables d’équipements en tout genre, des milliards de dinars perdus un exode massif vers l’étranger de compétences indispensables pour le pays et donc une immense perte de savoir faire etc.
C’est sur ces décombres et sur ce profond traumatisme pour notre nation que la feuille de route ultralibérale verra son accomplissement final avec Bouteflika. Il fallait porter l’estocade, achever la Nation ! Le processus de vassalisation des individus corrompus, par les puissances occidentales capitalistes et certaines pétromonarchies, va se généraliser à tout le Pouvoir Bouteflikien. La caractéristique de ce dernier est d’avoir désormais perdu sa souveraineté après avoir organisé le bradage généralisé de nos richesses nationales au profit des multinationales des pays capitalistes dominants et des satrapes(18) qui « dirigent » le pays. Cette situation est aggravée par la médiocrité crasse de la clientèle du régime qui s’est trouvée propulsée aux postes de commandes, tant politiques qu’économiques. De sorte que les résultats auxquels sont parvenus leurs mandants étrangers ont pu même dépasser leurs attentes ! Il n’est qu’à analyser les accords passés avec l’Union Européenne pour en avoir une preuve manifeste.
L’enjeu est donc de bien appréhender le phénomène de la corruption dans toute sa complexité 
Il faut préalablement nous débarrasser de l’idée reçue qu’elle serait le fait d’individus indélicats isolés et sans moralité. Bien sûr qu’à la base le corrompu est amoral, 
mais cela ne suffit pas pour cerner le problème et le résoudre. Pour qu’il y ait corrompu, il faut un corrupteur. Pour ce qui nous concerne, celui qui nous fait courir le plus grand risque systémique en tant que Nation est le corrupteur étranger. Il appartient au monde du capitalisme développé ou périphérique vassalisé comme la Turquie ou les pétromonarchies(19).
Ce qui caractérise les pays capitalistes développés, c’est l’état de droit qui les régit en matière de gestion d’entreprises. Il est impossible pour un dirigeant d’entreprise de décaisser le moindre euro ou dollar ou sterling sans une contrepartie qui le justifie. Jusqu’à une époque récente pour prendre la France comme exemple, il y avait un service relevant du ministère des finances auprès duquel les responsables corrupteurs allaient obtenir un quitus justifiant le décaissement versé au corrompu. Pour l’obtenir, il fallait donner une information complète relative au montant versé, aux modalités de versement et à l’identité du ou des récipiendaires corrompus ! La crise mondiale du capitalisme financier de 2008, combinée à l’exacerbation de la concurrence inter-impérialiste, a eu pour conséquence l’interdiction officielle faite aux entreprises européennes et nord américaines de recourir à la corruption pour remporter des marchés. Cependant celle-ci continue d’exister car cette interdiction a été contournée par le recours à des pays tiers, en particuliers ceux du Golfe qui sous-traitent cet aspect de la transaction pour le compte de sociétés occidentales.
Autrement dit, les États des pays développés et de leurs sous traitants POSSÈDENT LES LISTES EXHAUSTIVES DES DIRIGEANTS CORROMPUS. Là nous comprenons mieux la mise en coupe réglée de notre pays. Car comment imaginer, pour ceux qui sont ainsi tenus, qu’ils disposent de la moindre marge de manœuvre quant il s’agit de défendre les intérêts supérieurs de la Nation ? Lorsque l’on rajoute les facilités qui leur sont faites d’installation administratives et d’acquisition de biens pour eux et leurs familles malgré TRACFIN(20), nous percevons mieux le haut degré de soumission aux puissances impérialistes de la couche usurpatrice compradore actuellement au pouvoir.

Existe-t-il une alternative à cette situation ?
Répondre à cette question, c’est en réalité revenir à s’interroger sur la place de l’Algérie dans la division internationale capitaliste. La corruption n’est donc pas un épiphénomène lié à de simples faiblesses humaines. Elle est consubstantielle à l’insertion actuelle de l’Algérie dans l’économie mondiale, telle que voulue par l’oligarchie financière capitaliste internationale et ses vassaux locaux !
L’observation des faits démontre à l’évidence que notre pays n’est perçu, avec la complicité active du Régime, que comme un exportateur de pétrole et de gaz et comme un importateur de tout le reste. L’entreprise de démolition systématique de l’appareil productif national, les blocages en tous genres des tentatives de lancement ou de relance de notre industrie, attestent si besoin est du bien fondé de notre point de vue. L’installation puis l’enracinement de la caste corrompue et compradore qui gouverne le pays depuis des décennies, avec la bénédiction et la protection des puissances occidentales en est la démonstration éclatante. Ceux, naïfs ou manipulateurs, qui appellent de leurs vœux l’avènement d’une économie encore plus libérale, plus ouverte en espérant que les fameux investissements directs « IDE » arriverons massivement en Algérie et feront d’elle la future Corée du Sud d’Afrique se trompent de période historique et de phase de développement du capitalisme mondial. Même des pays qui présentent au yeux de l’oligarchie financière internationale d’autres garanties de soumission que les nôtres, comme le Maroc, en sont réduits à des miettes – et ce n’est pas l’implantation de l’usine Renault à Tanger qui nous démentira, car concomitamment l’Etat français lui a imposé l’achat d’une ligne TGV ! Ou l’art d’appliquer par la puissance tutélaire française un adage bien de chez nous : « Que te manque t’il oh toi qui es nu ? Une bague répond le malheureux », et de reprendre de deux mains ce qu’elle a « donné » de l’une.
Il est illusoire de considérer que notre pays peux exister souverainement en se contentant de faire surveiller et défendre nos seules frontières aériennes, maritimes et terrestres. IL LUI FAUT SURVEILLER ET DEFENDRE NOS FRONTIERES ECONOMIQUES !
Les « Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » disait un homme politique dont les algériens avaient eu à subir la politique impitoyable à partir de 1958. Ils défendent farouchement leurs intérêts économiques. L’essentiel de l’activité de leurs appareils de sécurité et d’espionnage, de centres de recherches, de think tanks et officines divers, est orienté vers ce qu’ils appellent « l’intelligence économique ». Cette activité est pratiquée y compris entre « alliés » de l’OTAN par exemple. Notre pays ne doit pas être en reste.
Nous sommes fiers de ce que nos djounouds et officiers de terrain de l’ANP accomplissent pour défendre le territoire de notre Patrie (21).Nous devons, de la même, manière organiser efficacement la défense du front économique.
Défendre nos Frontières Economiques
L’Histoire du monde est remplie d’exemples de pays qui le font très efficacement quotidiennement. Dans cet exercice, les grands pays capitalistes excellent, eux qui nous font la leçon pour dégarnir nos défenses et supprimer toutes les barrières et protections de notre économie.
Il n’est point de salut pour notre Nation en dehors de la mobilisation de nos capacités pour bâtir une industrie et une agriculture et donc une économie digne de ce nom. La force et l’énergie fantastiques de la jeunesse, alliées à l’expérience des aînés patriotes dans et hors du pays et à la mobilisation des moyens financiers que les prédateurs n’ont pas pillés, peuvent augurer d’un avenir débarrassé de toute la fange actuelle et de la « bazarisation » de la société. Pour cela, la vigilance est plus que jamais indispensable. Vigilance afin de contrer les ultimes tentatives de prédation de la mafia actuelle, mais vigilance accrue aussi afin d’éviter que l’on emprunte, après le départ de cette caste prédatrice, des voies sans issues qui nous feraient retomber dans une situation pire que celle que vit notre pays actuellement.
Le Régime actuel nous laisse une situation économique très préoccupante. 
Voilà des années que les comptes sont maquillés ou dissimulés(22). Les lois des finances, que le Pouvoir fait adopter sans véritable débat par une assemblée nationale croupion, aux ordres, sont loin de refléter la détérioration des comptes nationaux, de la balance des paiements et l’impasse budgétaire dans laquelle il a précipité le pays. Ainsi, en l’état actuel des données disponibles et sous réserve d’un audit complet des comptes publics et de ceux des entreprises nationales, voici quelques uns des « trous noirs » identifiés :
* une masse monétaire dont le montant a crû de plus 40 % depuis le retour d’Ouyahia, soient environ 6500 milliards de dinars par rapport aux 15900 milliards crées depuis 1962 ! Pour l’instant, cela n’a pas eu trop d’effet sur l’inflation, mais le dinar est de fait dévalué. Dès que les stocks de produits déjà importés devront être renouvelés, notre économie court le risque d’une inflation galopante à 2 chiffres qui viendrait laminer encore plus le pouvoir d’achat de l’immense majorité des algériens.
* un déficit budgétaire avoué de 700 milliards de dinars, sachant qu’il a, par le passé, souvent atteint 1500 milliards
* une dette vis à vis de Sonatrach de 910 milliards de et de 630 milliards vis à vis de Sonelgaz. Ces chiffres sont ceux de l’année 2014, mais ils donnent déjà le tournis. Ces dettes sont dues à ces 2 entreprises car elles correspondent aux subventions sur les produits énergétiques. Le Pouvoir, plutôt que de mobiliser d’autres ressources comme l’impôt et donc organiser la traque de l’évasion fiscale, a choisi de faire prendre des risques inconsidérés à nos deux joyaux de notre économie. Au point que selon certaines sources, Sonatrach peine à financer ses propres projets d’investissements et se retrouve affaiblie !
* un déficit des entreprises publiques de 950 milliards de dinars toujours à 2014. La gabegie organisée, le népotisme et le régionalisme conduisent à cette prédation/déprédation. Souvenons nous juste des frères, fils, filles, cousins, obligés de toutes natures qui peuplent les agences d’Air Algérie et de Sonatrach à l’étranger, des marchés douteux etc._
Face à cette situation, des « experts » libéraux ou ultralibéraux nous proposent, de nouveaux, les thérapies de choc qui ont partout échouées. Le peuple a souffert de la prédation et de la déprédation capitaliste débridée, eh bien, nous disent les charlatans de l’économie, faisons les payer d’avantage ! 
Nous devons le préparer disent les « experts « à une cure d’austérité », autrement dit « réformer », en réalité réduire, les retraites, supprimer les subventions et liquider en les privatisant les dernières entreprises nationales.
Voilà donc que ressurgit la feuille de route des puissances occidentales
Les dégâts considérables causés à notre Nation depuis 40 que le Régime s’obstine dans cette voie n’auront donc pas suffit. Les apprentis sorciers veulent persister et garder le même cap en amplifiant les effets.
Nous affirmons solennellement que les malheurs de notre pays procèdent de ce que nous avons tourné le dos à l’édification d’une industrie et d’une économie nationale autonome. La guerre civile de la décennie noire n’aurait pas eu lieu si les entreprises de l’économie nationale n’avaient pas été auparavant sabordées et si la « purge » ultralibérale du FMI n’avait pas aggravé la situation.
Les politiques économiques menées dans les années 80/90 et le système inégalitaire de répartition des richesses nationales inauguré sous Chadli, tournant le dos aux promesses de l’Indépendance nationale, ont accentué le processus de paupérisation massive et ont contribué à jeter des centaines de milliers d’algérien dans les bras de la régression politique, l’intégrisme et du terrorisme.
A présent, après 40 années de ces politiques ultralibérales, nous sommes de nouveau au bord du gouffre. Les inégalités sociales ont été creusées, la production industrielle nationale réduite délibérément à néant- nous sommes passés de près de 20 % du produit intérieur brut à 4%. Les dettes de toutes natures ont explosées, des milliards de dollars dilapidés etc. .
Du point de vue de l’efficacité économique, la voie libérale suivie et encore préconisée a démontré qu’elle n’était en réalité qu’une impasse. Sur le plan sociologique, elle conduit, compte tenu du rapport de domination qu’elle induit, invariablement à la constitution d’une caste de kleptocrates(23) et de ploutocrates(24) antipatriotes dont l’activité unique est le pillage de nos richesses pour exporter les milliards détournés et les placer à l’étranger et non pas les réinvestir productivement en Algérie. Sur le plan politique, cette caste, tel que démontré plus haut, ne peut qu’être inféodée aux puissances étrangères.
Les exemples foisonnent de cette vassalisation. Cela devient extrêmement dangereux pour notre pays lorsque le mélange des genres devient la règle. La corruption et la prévarication au sommet des appareils de l’Etat, possibles depuis l’adoption de cette ligne économique dans les années 80 et amplifiées depuis la désignation de Bouteflika comme chef de l’Etat, ont conduit à la réduction de notre souveraineté nationale et à la formulation explicite ou implicite de menaces contre notre peuple par ceux la même dont la mission suprême et de le défendre. Comment expliquer, si ce n’est que comme une manifestation de cette soumission, autrement les tournées et les visites effectuées par des « responsables » de premier plan dans les capitales de certains pays, jusqu’aux Emirats arabes unis ? Malheureuse Algérie tombée bien bas !
Ceux qui préconisent de persister dans cette direction sont par ailleurs, de manière consciente ou non, des boutefeux, compte tenu des circonstances actuelles que traverse notre pays. Comment calmer notre formidable peuple qui s’est levé contre les inégalités, contre la paupérisation, pour la dignité, pour un véritable emploi, et pour la transparence si la solution qui lui est proposée consiste à amplifier la saignée qu’il subit depuis si longtemps ?
L’insurrection citoyenne traduit trois évidences majeures
La première, la plus importante, c’est le refus de toute délégation aveugle de sa décision. Il ne veut pas donner de chèque en blanc. Autrement dit, il n’appartient à personne de décider d’une politique, qu’elle quelle soit, avant que le peuple n’en a délibéré, sous des formes qu’il lui appartient de définir. Cette volonté de maîtrise du pouvoir de délibération est exprimé depuis le 22 février par le mot d’ordre « blad bladna oua ndrirou raïna ! ». 
La deuxième est un corollaire, le Peuple algérien en dénonçant « tous les voleurs », réclame en réalité le retour de l’intervention de l’État dans la conduite des affaires économiques. Un État assaini, débarrassé de tous les parasites qui le gangrènent. C’est pour cela que les dernières mesures d’emprisonnement ne sont perçues que comme des règlements de comptes et non pas comme le résultat de l’action d’une justice indépendante digne d’un authentique Etat de droit. Cependant, il exige avec force la récupération de l’argent détourné et son investissement dans l’économie réelle.
La troisième est la dénonciation de toute ingérence extérieure, particulièrement celle de l’ancienne puissance coloniale mais pas seulement. En effet, les slogans sans équivoques contre toute ingérence et la présence du drapeau palestinien dans toutes les manifestations signifient clairement un profond rejet de l’impérialisme, de ses valets et de ceux qui seraient tentés de rechercher des accommodements avec ce dernier en même temps qu’un évident soutien à la cause palestinienne.
Les patriotes honnêtes qui s’interrogent sur l’origine du mouvement du 22 février doivent s’impliquer. Qu’importe qu’à l’origine de l’étincelle se trouve ou pas une manœuvre politicienne d’un des cercles du système. L’Histoire accouche souvent de docteurs Frankenstein dont la créature leur échappe. Par une ruse dont elle a le secret, c’est ce qui se passe actuellement en Algérie. Les prémisses annonciatrices, au travers des luttes sous toutes les formes menées et sur toute l’étendue du territoire, attestaient de la montée du mécontentement. Depuis trop longtemps, les algériens assistaient au banquet auxquels participaient sans vergogne, avec arrogance et sans retenu, tous les corrompus du système. Depuis le 22 février, déjouant tous les pronostics, il a décidé de renverser la table !
Vers la Révolution Démocratique, Patriotique et Sociale
Les patriotes de tous bords (idéologiques et politiques) peuvent se saisir de cette occasion historique pour faire évoluer cette Insurrection Pacifique Citoyenne en Révolution Démocratique, Patriotique et Sociale. Le point d’appui vers cette évolution est la mobilisation consciente du Peuple dans l’entreprise de récupération des milliards spoliés et de nos richesses naturelles. Cette action constitue une alternative aux politiques d’austérité et de privatisation, préconisées ici et là. La première mesure que devra prendre un gouvernement patriotique consistera en la mise sous séquestre des biens mobiliers et immobiliers des prédateurs et la nomination d’administrateurs publics au dessus de tout soupçon à la tête des entreprises récupérées. La liberté syndicale restaurée permettra de s’appuyer sur les collectifs de travailleurs de ces entreprises afin de préserver les outils de travail. Simultanément, les mesures judiciaires en direction de l’étranger devront être lancées. Les exemples existent dans le monde de pays ayant récupérés, par une action énergique, des biens détournés en s’appuyant sur l’action conjuguée de cabinets juridiques spécialisés et d’organisations qui luttent contre la corruption et les détournements. Dans tous les cas, le nouvel Etat devra exercer son droit régalien, dans le cadre d’une justice rétablie sur des fondements de droit, sans faillir car il s’agit ni plus ni moins que du devenir de notre Nation. 
Ces actions fortes permettront de redonner des moyens financiers à l’action de la nouvelle équipe dirigeante et seront un signal pédagogique et mobilisateur pour l’ensemble de la société algérienne.
L’Etat doit reprendre la main économique et doit redevenir un Etat stratège
La maîtrise du commerce extérieur par la mobilisation des administrations concernées et des douanes, combinée à une action résolue contre la fraude et l’évasion fiscales devront être une autre mesure prioritaire du futur gouvernement de patriotes. La page du laisser faire et du laisser aller doit être tournée. Les petits et 
moyens commerçants, comme les véritables entrepreneurs et les vrais agriculteurs ne doivent pas redouter cette action, car en réalité, elle les protégera de l’arbitraire et de la voracité des gros prédateurs qu’ils soient économiques ou insérés dans les administrations corrompues. L’État devra veiller à leur garantir un revenu juste et proportionnel à leur rôle économique. Un pays comme le Japon, si peu suspect d’antilibéralisme et d’inclination socialiste, s’est doté dès 1949, d’une structure d’encadrement de l’économie et du commerce extérieur : le MITI (dont la traduction est « ministère du commerce extérieur et de l’industrie) qui a fait la preuve de son efficacité. A partir d’un pays rasé par les américains, y compris par 2 bombardements atomiques, en 20 ans, non seulement tout le pays avait été reconstruit mais de plus il l’avait mis sur la rampe de lancement pour devenir pour longtemps la deuxième économie du monde ! (25)
Enfin, une réorientation décisive de l’activité économique vers la production de biens de toutes natures devra être conduite afin de nous détacher progressivement des aléas du marché international et de moins dépendre des hydrocarbures. Dans l’immédiat, le nouvel Etat n’aura pas à redouter de mesures de rétorsion car les règlements internationaux admettent les mesures protectionnistes de la part d’un pays lorsque sa balance des paiements est déficitaire. Il faudra mettre en place immédiatement un organisme de planification auquel seront adossés une banques de projets d’investissement et une banque de financement afin de créer et d’accompagner des structures économiques capables d’absorber les millions de jeunes diplômés ou non. La véritable richesse de notre pays ne réside pas seulement dans son sous sol, le fantastique réservoir d’énergie et d’intelligence des millions de jeunes femmes et jeunes hommes sont le vrai trésor de l’Algérie. Les futurs dirigeants, à la condition qu’ils sachent faire preuve d’imagination créatrice et novatrice, devront ouvrir toutes les voies pour l’épanouissement de cette jeunesse. En particulier il faudra associer la femme algérienne qui n’a cessée de prouver, hier dans l’Histoire nationale et aujourd’hui depuis le 22 février, ses formidables capacités. Et puis que serait cette formidable revendication à la liberté, la dignité et l’égalité dont serait exclue la moitié de notre peuple, sinon une nouvelle trahison ?
L’axe patriotique principal consiste en la mobilisation sous toutes les formes de cette énergie. Là réside la garantie d’un futur souverain et heureux pour notre pays. L’activité de ces structures économiques devra être la production de biens et services de toutes natures en vue de les substituer aux importations. Le développement d’organismes de recherches et d’application dans toutes les disciplines, y compris les plus innovantes sont prioritaires. Les fonds octroyés dans le cadre de l’ANSEJ auraient été infiniment mieux employés si l’État avait assumé son rôle de stratège. Mais là n’était pas le but de la caste dirigeante.
La signification d’une révolution est le changement radical, à la racine, des manières de faire et de s’organiser dans tous les domaines. Il serait absurde et vain de chasser la clique kleptocrate qui a dirigée notre pays pour finalement conserver certaines de ses méthodes ou à tous le moins reproduire les causes qui ont conduit à son émergence et lui permettre régner durant des décennies. La Révolution qui se déroule sous nos yeux serait inaccomplie si une réorientation radicalement patriotique n’était pas effectuée.
Face aux dangers néo-colonialistes, une armée forte pour défendre notre intégrité territoriale soudée au peuple organisé démocratiquement et qui adhère aux politiques économiques et sociales en faveur du plus grand nombre, dans un esprit souverain, affranchi de toute tutelle 
Les puissances impérialistes et leurs valets sous-traitants égyptiens, du nord de l’Afrique et de la péninsule arabiques redoublent de bellicisme et d’agressivité. Notre Nation détient le pouvoir de se rendre invincible : une armée forte pour défendre nos frontières et un peuple qui adhère pleinement, démocratiquement aux politiques économique et sociale menées en faveur de l’immense majorité dans un esprit souverain, affranchi de toute tutelle. Ainsi le front intérieur et celui extérieur – l’un ne pouvant exister indépendamment de l’autre-feront leur jonction et seront inexpugnables.
Notre Peuple renouera ainsi avec les plus glorieux moments de son Histoire. Déjà, les premiers moments de cette nouvelle révolution ont fait l’admiration du monde. Les peuples des pays qui nous entourent, avec lesquels, faut il le rappeler, le Peuple Algérien n’a aucun contentieux, observent avec intérêt et une profonde sympathie ce qui se passe chez nous. Cette expérience, si elle est menée à son terme ne manquera pas de susciter des émules dans le pourtour immédiat de notre pays et probablement au-delà, ce qui ne manquera d’avoir un effet positif sur l’étau hostile qui l’enserre actuellement. Il est des temps où l’Histoire accouche de moments particuliers qui servent de phares pour l’ensemble des peuples. Notre vieux peuple qui est présent depuis des millénaires sur sa terre a prouvé que son parcours était riche de ces moments. Aujourd’hui, il a décidé de nouveau de se prendre en mains et de tordre le cou aux politiques qui voulaient le conduire à sa perte.
L’élan populaire mérite l’accomplissement de la Révolution Démocratique, Patriotique et Sociale.
Démocratique car le peuple exige le recouvrement de son pouvoir de délibération, Patriotique car le peuple exige le recouvrement de sa souveraineté nationale et Sociale car le peuple exige une nouvelle répartition plus équitable du revenu national.
Il ne sert à rien à la caste dirigeante de mener des combats d’arrière-garde, telles que les misérables et ultime tentatives de division de la Nation auxquelles nous avons assisté ces derniers temps à Djelfa ou ailleurs. Pas plus que ne lui servent la justice spectacle et les mini coups d’état auxquels elle se livre dans une vaine tentative d’amadouer le peuple. S’ils ne veulent pas finir, comme tant d’autres, dans les poubelles de l’Histoire, les dirigeants actuels ont un impératif, celui de satisfaire aux exigences du peuple et de faciliter l’organisation d’une authentique transition et non de tenter d’organiser un simulacre. Le temps presse, leur responsabilité historique est engagée.

Notre pays, dont la trajectoire historique a trop été longtemps déviée, est entrain de rectifier le sens de son parcours. Il appartient à chacun d’entre nous, d’apporter sa contribution à cette entreprise nationale et patriotique et de demeurer ainsi fidèle et au respect du sang que nos mères, pères, sœurs et frères ont si généreusement versé et à leur serment afin que nous puissions vivre libres.
GLOIRE ÉTERNELLE A NOS MARTYRS.
VIVE L’ALGERIE DEMOCRATIQUE SOUVERAINE ET SOCIALE
HB


1-Le néolibéralisme ou ultralibéralisme est une doctrine économique et sociale dont les objectifs sont la suppression du rôle de l’Etat dans l’économie et l’organisation du travail, de la dérégulation des marchés économique et du travail, et de la primauté du secteur privé sur tout le reste. Le mot « libéral » n’a pas grand-chose à voir avec la notion de liberté chère à tous. En réalité, c’est la liberté des gros capitalistes d’écraser ceux qui vivent de leur travail.

2-Nom donné au quartier où se trouve la bourse de Londres et où sont concentrés les sièges sociaux des plus grandes banques mondiales et multinationales.

3-Nom de la 1ére femme élue 1er ministre de Grande Bretagne issue du parti conservateur connue pour ses positions ultra réactionnaires et ultra libérales.

4- Equivalent américain de la City situé à New York aux USA.

5- Ancien médiocre acteur américain de westerns, devenu Gouverneur de Californie puis président des USA. Membre du parti Républicain, il s’était particulièrement illustré, en tant qu’acteur, dans la chasse aux progressistes après 1947. Durant ses mandats présidentiels, l’impérialisme américain a redoublé de férocité envers les peuples, notamment au Nicaragua. Il est aussi celui qui a influencé GORBATCHEV dans son entreprise de liquidation de L’URSS.

6-Cela vaut pour ceux qui ont cru devoir prendre la responsabilité d’engager, le 18 février dernier, l’ANP dans des manœuvres dirigées par des Généraux américains de l’Africom hors du territoire nationale en Mauritanie et au Burkina Faso, au mépris de la doctrine algérienne.
Leur allié israélien quant à lui est chargé de la liquidation de la Résistance Palestinienne et de ses soutiens régionaux, en particulier au Liban, et du retournement et du ralliement des régimes arabes nationaux.

7-Oligarchie : forme de gouvernement d’un petit groupe, lié par des intérêts étroits, sur un pays ou un ensemble de pays.

8- Social-démocratie : courant du socialisme non révolutionnaire. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la social-démocratie française en particulier, s’est fortement compromise dans les sales guerres coloniales, particulièrement en Algérie. Sur le plan économique et social, son passage au pouvoir est caractérisé par une succession de compromissions avec et d’abandons de la défense des intérêts des travailleurs et ceux de la France au profit de l’oligarchie financière internationale.

9-Mitterrand, ancien président de la république française durant 14 ans est tristement connu des algériens pour la répression terrible qu’il a promu et assumé durant notre Guerre de Libération. En tant que ministre de l’intérieur depuis1954 à février 1956 puis comme ministre de la justice qui a fait voter une loi permettant de condamner et d’exécuter toute personne prise les armes à la main sans procéder à une instruction judiciaire ! Sous son ministère, des dizaines de patriotes furent exécutés et leur demande de grâce rejetée. Plus tard, les médias français aux ordres lui façonnèrent un portrait de parfait humaniste et de champion des droits de l’homme !

10- Appellation donnée à la décision de renier les engagements pris, sous la pression des communistes et des autres forces progressistes par le candidat Mitterrand durant la campagne présidentielle française, pour appliquer la feuille de route ultralibérale.

11- Soumission organique : qui vise à établir un lien structurel de soumission impossible à défaire.

12- Contrats léonins : qui donnent la plus grosse part au plus fort. En ce qui nous concerne à nos partenaires étrangers.

13-Oligopole : entreprise géante en position ultra dominante.

14-GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.

15-Doxa : opinion dominante non prouvée.

16- Le peuple égyptien avait déjà expérimenté cette politique initié par Sadate avec des résultats économiques et sociaux catastrophiques .Comme l’Histoire l’a retenu, Sadate achèvera sa carrière par le corollaire de cette capitulation économique : la trahison politique de Camp David.

17- Compradores : n’existent que dans les pays colonisés ou dominés, bourgeois soumis au capital étranger.

18-Satrapes : mot d’origine perse, homme puissant, sans scrupule, tyrannique et enrichi du fait de sa position de pouvoir.

19-S’agissant de la Turquie, les marchés conclus depuis l’ère bouteflikienne ont connu un développement impétueux. Il faudra pourtant un jour se remémorer le rôle funeste qu’elle a jouée dans notre histoire, avant, pendant et après la colonisation. En tant que pilier de l’OTAN, elle fut l’alliée indéfectible de la puissance coloniale durant notre guerre de Libération, au point d’avoir voté contre le principe d’émancipation de l’Algérie à l’ONU. Tout comme le rôle non moins funeste qu’elle continue de jouer, malgré les rodomontades de son dirigeant actuel, au Moyen Orient en tant qu’allié d’Israël.

20-L’organisme TRACFIN en France est chargé pourtant de la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent entre autre. Pourquoi ne sévit il pas quand il s’agit de transactions immobilières à partir d’argent sale réalisées par les compradores.

21-Sous réserve de ne pas être entraînés par des inconscients dans des aventures extraterritoriales, sous commandement américains, car ils n’ont rien à y faire. Ceux qui les y ont conduits contribuent à l’implantation d’une force fondamentalement hostile à notre Nation, comme aux autres peuples de la région, celle de l’Impérialisme américain. Ce faisant, elles affaiblissent par là même nos propres défenses armées

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22- Dont l’un des protagonistes vient d’être promu ministre des finances.
 un déficit de la Caisse Nationale des Retraites estimé à 500 milliards de dinars en 2108. Le fait pour le pouvoir d’avoir laissé proliférer les emplois informels et d’avoir cassé les protections des travailleurs a pour conséquence le non recouvrement des cotisations sociales.

23-Kleptocrate : dirigeant qui pratique la corruption à grande échelle (en tant que corrompu).

24- Ploutocrate : riche qui achète de l’influence politique et économique avec son argent.

25-Le Régime s’évertue hypocritement, tous les 24 février, à célébrer la nationalisation des hydrocarbures alors qu’il n’a eu de cesse de la vider de son contenu. Il faut en particulier expurger la nouvelle loi sur les hydrocarbures concoctée par des officines américaines de toute visée antinationale ! Dans tous les cas c’est au peuple souverain qu’il revient de délibérer et de trancher.

SocialAlgerie.net / 20.05.2019

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