Aux origines du terrorisme

 

par Khider Mesloub

Dans l’opinion publique, de nos jours il est de coutume d’associer spontanément terrorisme et islam. De considérer que le terrorisme est né dans le monde musulman. Or, rien n’est plus faux.

Certes le terrorisme est né au Proche-Orient. Mais plusieurs siècles avant l’avènement de l’islam. À une époque où le christianisme commençait à peine à pousser les vagissements de ses prêches encore inaudibles aux oreilles profanes des populations païennes.

Historiquement, le terrorisme surgit dans un Orient essentiellement judaïque. Il est l’œuvre de juifs extrémistes. En particulier d’une secte baptisée les Sicaires. Leur nom, donné par les Romains, vient de la sica, le poignard qu’ils utilisaient pour commettre leurs actions terroristes, notamment égorger leurs victimes au milieu de la foule, leurs actions punitives dans des lieux publics à tout moment de la journée pour susciter un climat de psychose, de vulnérabilité au sein de la population.

Les Sicaires apparaissent en Palestine, province depuis peu rattachée administrativement par Rome à la Syrie. Opposé à toute occupation, renoncement aux traditions hébraïques et, surtout, acquittement d’impôt exorbitant imposé par le gouverneur, un juif nommé Judas le Galiléen décide de soulever ses compatriotes contre le pouvoir romain. Il forme une société secrète extrémiste, baptisée plus tard les Sicaires, pour combattre à la fois les Romains et les juifs jugés trop accommodants avec les occupants, considérés comme des «Collaborateurs».

Persuadés que la fin justifie les moyens, les Sicaires prônent le recours aux pires méthodes terroristes pour éliminer les traîtres, les apostats, les relaps, les modérés et tous ceux qui n’adhèrent pas à leurs principes religieux et cause «nationaliste». Les Sicaires, fanatiques redoutables, privilégient la terreur pour faire plier leurs adversaires, la surprise pour exécuter sans scrupule leurs attentats meurtriers. Intimidation, assassinats et actes terroristes sont employés comme moyens normatifs, naturels. Durant plusieurs décennies, entre l’année 6 et 70 de notre ère, ces commandos juifs fanatisées sèment la terreur en Palestine sous domination romaine contre les complices, réels ou supposés, pour faire basculer les indécis dans leur camp.

Le mouvement juif des Sicaires est considéré comme l’inventeur du terrorisme politico-religieux. Les ancêtres de Daech et d’Al-Qaida (organisations terroristes islamistes créées par les puissances impérialistes occidentales). Dans son livre Vie de Jésus, Ernest Renan définit les Sicaires comme des «assassins pieux, qui s’imposaient pour tâche de tuer quiconque manquait devant eux à la Loi». Autrement dit, à leur doctrine fanatique.

Ainsi, les Sicaires organisent et perpètrent les premiers attentats terroristes de l’histoire. Dès sa constitution, le mouvement des Sicaires attire rapidement de nombreux jeunes juifs dissidents fanatisés animés par une violence meurtrière inouïe. D’abord, les Sicaires s’adonnent à une forme de guérilla rurale : ils incendient les habitations des Romains et des juifs «Collaborateurs» ou réfractaires, ils volent leurs troupeaux, pillent leurs réserves alimentaires, massacrent des habitants. Puis ils se lancent dans le terrorisme urbain en se livrant à des assassinats ciblés perpétrés au moyen de leur sica, leur arme favorite.

Cependant, selon les historiens, les Sicaires terrorisaient davantage leurs compatriotes juifs que les Romains. Ils ont développé un terrorisme particulièrement sanglant. «Propagande militante et intimidante», enlèvements, assassinats, prises d’otage, demandes de rançons, tels sont les premiers hauts faits d’arme terroristes des Sicaires, perpétrés dans les au Ier siècle de notre ère. Pour les Sicaires, il était naturel d’égorger leurs coreligionnaires qui ne soutenaient pas leurs principes religieux, leur cause «nationaliste». À plus forte raison les Romains, c’est-à-dire les goyim. Ces attentats terroristes juifs préfigurent les terrorismes de l’époque moderne.

C’est à cette époque dominée essentiellement par le judaïsme que le terrorisme apparait. Assassinats en plein jour, au cœur de la ville, pendant les fêtes. Mêlés à la foule et portant, dissimulé sous leur vêtement, leur poignard, les Sicaires sévissaient en tout temps et tous lieux. Sans scrupule ni remords.

À leur évocation, les populations de Palestine étaient terrifiées. La terreur régnait dans tous les foyers juifs pacifistes. Chaque habitant s’attendait à être égorgé d’un moment à l’autre par ces terroristes juifs sans foi ni loi. À cette époque de terrorisme «sicaire», la méfiance et la suspicion empoisonnaient les relations des habitants de Palestine. Il régnait un climat de terreur. Une atmosphère de psychose. Ainsi, les premiers attentats suicides de l’histoire ont été perpétrés par des fanatiques juifs qui semaient la terreur parmi les Romains et les juifs après l’occupation romaine de Jérusalem.

À la même époque, une seconde secte terroriste concurrente voit le jour, celle les Zélotes, adeptes d’une pratique religieuse rigoriste. Pareillement, cette secte nait de l’hostilité à l’occupant romain. Elle pratique l’action directe, c’est-à-dire le terrorisme. Les assassinats ciblés de personnalités juives qui collaborent avec les Romains.

Les Zélotes mènent également une guerre psychologique, des opérations d’intimidation contre les populations juives défavorables au terrorisme dans le but de les contraindre à soutenir leurs actions terroristes, à rejoindre leur mouvement. Grâce à leur agilité et discrétion, et à l’appui d’une partie de la population acquise par contrainte à leur cause, par effet de surprise, les Zélotes pouvaient commettre leurs crimes n’importe quand et n’importe où. Ils agissaient dans des lieux publics, des marchés par exemple.

À partir des années 50, les Zélotes mettent en place des actions beaucoup plus violentes à l’égard des juifs «Collaborateurs» et des Romains. Les Zélotes utilisent l’assassinat politique et religieux, la terreur. Dans les années 60, en association avec les Sicaires, les Zélotes commettront quantité d’atrocités terroristes en les attribuant aux Romains, afin d’acculer la population juive réfractaire à entrer en guerre.

Ces actions terroristes se poursuivront pendant soixante ans, jusqu’à la destruction de Jérusalem en l’an 70. En 70, ces deux sectes juives terroristes préféreront détruire les réserves de vivres de la ville pour obliger la population à combattre l’assiégeant romain plutôt que de négocier la paix. La révolte juive de 66 aboutit, au final, à la destruction du second Temple en 70 par les Romains. Quant aux Sicaires, ils se suicideront collectivement en 74 à Massada.

Ironie de l’histoire, le terrorisme est né en Palestine, mais il est l’œuvre de juifs dissidents extrémistes, Sicaires et Zélotes, qui mettent au point les premières actions terroristes de l’histoire. Du point de vue doctrinal, les Sicaires, contrairement à leurs coreligionnaires fanatiques les Zélotes, avaient une «religion laïque». Un point commun avec les sionistes de Palestine occupée (Israël) composés de laïcs et d’ultrareligieux, les «Romains» colonialistes contemporains. Cependant, les Sicaires tout comme les Zélotes, à l’exemple du sionisme, étaient des mouvements politico-religieux. La combinaison religion-politique est inhérente à la révolte des Zélotes, à leurs actions terroristes, à l’instar du sionisme, mouvement politico-religieux fondé sur le terrorisme d’État.

Ce terrorisme à caractère religieux vient d’être réactivé officiellement par le gouvernement fasciste de Netanyahou. Le Premier ministre israélien, à la tête d’un gouvernement ultrareligieux, s’est fendu d’un discours martial aux accents messianiques. Recourant à une rhétorique religieuse, il a déclaré que la guerre lancée contre le Hamas et la population palestinienne relevait d’une opposition entre un «peuple de la Lumière» et «un peuple des Ténèbres». Lors de son allocution martiale, Netanyahou a menacé le peuple palestinien de destruction. «Je suis responsable de garantir l’avenir de ce pays et maintenant mon rôle est de conduire Israël à une victoire écrasante» a-t-il déclaré, ajoutant «nous réaliserons la prophétie d’Isaïe». Une rhétorique ultrareligieuse visant à préparer de nouveaux crimes contre les civils palestiniens, à exécuter le plan d’invasion militaire sanglante annoncé depuis plus de 15 jours. «Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence», avait déjà prévenu le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, le 9 octobre dernier, pour qualifier l’offensive de terrorisme étatique sioniste menée contre les Palestiniens.

À la date du 27 octobre 2023, près de 3000 enfants ont été assassinés par les bombes démocrates israéliennes lancées par l’État terroriste hébreu. Rapportés à la population française, cela représente plus 80 000 enfants tués (à la population algérienne : 140 000 enfants tués). Et 4000 adultes palestiniens assassinés. Au total, c’est comme si près de 200 000 habitants français (ou 360 000 habitants algériens) avaient été assassinés en quelques jours.

Ainsi, les juifs de l’Antiquité sont les inventeurs du terrorisme. Un terrorisme que le monde redécouvrira au XXe siècle. Notamment au sein du mouvement sioniste qui crée trois organisations terroristes sanguinaires, la Haganah, l’Irgun et le Groupe Stern. Bien avant les terrorismes de l’extrême gauche (Brigades rouges, Fraction armée rouge, Action directe) et islamistes, le terrorisme juif sioniste s’invite de nouveau dans la société moderne pour commettre le plus grand hold-up de l’histoire, l’usurpation du territoire palestinien au moyen d’opérations terroristes, méthodes longtemps employées par les ancêtres des sionistes, les Sicaires et les Zélotes, 2000 ans plus tôt, au début de notre ère. À l’instar du capitalisme, né suant le sang et la boue par tous ses pores, le sionisme, lui, vient au monde (et vit dans notre monde) dégoulinant terrorisme et génocide par toutes ses conduites quotidiennes, ses activités ordinaires.

Certes, il y eut à la fin du XIXe siècle le terrorisme sporadique russe, un terrorisme populiste qui visait à arracher par les attentats le peuple russe à l’apathie, à la résignation et à la peur. Celui des anarchistes français, les attentats de Ravachol.

Mais ils n’ont pas eu le même impact traumatique que le terrorisme systémique sioniste qui a abouti à l’expulsion de la population palestinienne de sa terre, à la dépossession de sa souveraineté. Ce terrorisme systémique et systématique sioniste, expropriateur et exterminateur, revenu en force aujourd’hui à Gaza avec des moyens technologiques génocidaires inégalés et la complicité criminelle des pays occidentaux (ces pays pourvus d’une longue tradition de massacres de masse, responsables de deux boucheries mondiales : 1914-1918 et 1939-1945), fera l’objet de notre prochain article. Un terrorisme sioniste organisationnel («irgounien», «sternien») transformé depuis 1948 en terrorisme d’État sacrificateur et ritualisé commis contre les Palestiniens par les descendants des Sicaires et des Zélotes, les occupants de la Palestine, les sionistes. Un terrorisme d’État commis au nom de la Thora et du projet du «Grand Israël», c’est-à-dire la colonisation et l’annexion de tous les territoires palestiniens, Cisjordanie, Gaza (voire les territoires de Jordanie, Liban, Syrie, tout le Moyen-Orient ?).


source : Les 7 du Québec


 

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