Algérie / Médias : Le journal Tighremt interdit d’impression après seulement 4 numéros

Après seulement quatre numéros, le journal Tighremt, paraissant en tamazight, a été interdit d’impression, à la surprise de l’équipe rédactionnelle.

La décision, selon le collectif de la rédaction du quotidien, a été apprise, mardi à 22h, au moment de l’envoi du journal à l’imprimerie. Raison invoquée : le caractère latin utilisé par la rédaction.

«Au quatrième numéro de Tighremt, l’unique quotidien national d’information en tamazight, voit son aventure stoppée net pour, selon toute vraisemblance, le caractère latin de sa réalisation», explique le collectif dans un communiqué.

Contacté hier, le directeur de publication des deux quotidiens, La Cité (francophone) et Tighremt (en tamazight), Fodil Mezali, raconte l’histoire de cette grave censure. «Durant la matinée de mardi, j’ai reçu un appel du ministère de la Communication pour me dire pourquoi je n’ai pas opté pour le caractère arabe au lieu du latin.

En réponse, j’ai dit que je n’ai aucun problème sur ce plan, mais il faut juste trouver des journalistes qui écrivent tamazight en caractère arabe.

On m’a dit alors que le journal ne sortira pas. Nous avons continué à travailler le plus normalement du monde, et au moment de l’envoi du journal à l’imprimerie, on a appris qu’il est interdit», explique-t-il.

Selon lui, le ministre de la Communication, Amar Belheimer, lui avait donné pourtant des assurances pour régler les problèmes auxquels il fait face. «Nous vivons sans publicité et nous n’avons pas de siège», rappelle-t-il.

La décision d’interdire Tighremt, explique-t-il, «est venue sur un ordre dépassant le ministre». Qui est cette force occulte qui s’érige au-dessus des lois ? On n’en sait rien pour l’instant. S’agit-il d’une nouvelle provocation ? Pour Fodil Mezali, cette décision est inexplicable.

«L’enseignement à l’université et à l’école se fait en latin. La question de la graphie devait être résolue par l’Académie de la langue amazighe. Qu’on ferme alors les départements et les écoles qui utilisent le latin», déclare-t-il, en rappelant «tous les efforts consentis pour lancer ce journal».

«Nous nous sommes endettés pour louer un local et nous allons aussi le faire pour payer les salaires de ceux qui se sont engagés avec nous», précise-t-il, affirmant qu’il demandera audience au ministre au cours de la semaine prochaine.

Notre interlocuteur rappelle aussi «l’initiative prise par le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, qui avait envoyé un courrier à l’ancien ministre de la Communication, Hamid Grine, pour lui demander d’aider notre journal qui était hebdomadaire à l’époque»«Ce dernier n’a donné aucune suite à la lettre», souligne-t-il.

Pour lui, à travers cette censure de Tighremt «ce n’est pas Fodil Mezali qui est visé, mais la langue amazighe».



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