Algérie / Pour une charte fondatrice d’un renouveau

Le ciment de la résilience

Par Dr Mourad Betrouni


Cette modeste contribution est livrée, ici, en réaction à un article publié dans le journal Le Soir d’Algérie, du vendredi-samedi 23 mars 2019, en page 4, intitulé «Faut-il structurer le mouvement populaire ou bien le laisser mûrir ?». 
D’aucuns s’inquiètent de l’insuffisance ou du manque de structuration du «mouvement» citoyen du vendredi 22 février 2019 ainsi que de l’absence de figures éligibles à une représentation. Ce serait, de notre point de vue,  une erreur d’appréciation qui pourrait conduire à des choix stratégiques hasardeux, voire contre-productifs. Les mots «mouvement» ou «hirak» sont en soi une première déviation du sens de cet événement, en structurant le regard selon une perspective linéaire (hier – aujourd’hui – demain). Dans les faits, il s’agit d’une manifestation et d’une expression populaires, qui tirent leur substance d’un ciment — séculaire, voire millénaire — le ciment de la résilience, celui qui assure l’intégrité et génère  une force qui dépasse les capacités de rétention institutionnelle. 
Il ne s’agit pas d’une simple agrégation corporatiste, à l’image du mouvement des gilets jaunes en France, qui se décompose en groupes sociaux dûment identifiés, et dont les intérêts sont menacés par des réformes antisociales. Dans le cas algérien, ce n’est pas l’agrégation ou l’assemblage qui définissent  et délimitent  le phénomène mais sa résilience. C’est-à-dire ce ciment qui surgit des profondeurs, par capillarité et dont il faut, nécessairement,  contenir les caractéristiques pour parvenir à des significations. 
Dans sa forme «non cristalline», ce ciment s’appelle tout simplement le «peuple» et sa manifestation et son expression en sont les affleurements, des réactions, par «instinct de conservation» d’un corps solidaire contre des atteintes et agressions qui menacent son intégrité. Le sens festif et ritualisé (marches avec drapeaux dans un sens déambulatoire) de cette manifestation et de cette expression populaires est en soi révélateur de la nature du phénomène – cela nous renvoie au Sboû de Timimoun et à la Sbéiba de Djanet.
C’est donc dans le sens de la consolidation de cette résilience et non de sa fragmentation (structuration) qu’il faille orienter le regard et l’analyse, en puisant les substances essentielles des déclamations et multiples slogans qui sont, en fait, les minutes d’une véritable charte         fondatrice d’un renouveau, que d’aucuns ont appelé la deuxième République, ou plus correctement la nouvelle République.
Oui, il s’agit bien d’une révolution, dans le sens du «renversement brusque d’un régime politique par la force». La brutalité et la violence qui s’en dégagent sont exprimées dans la symbolique et la ritualisation. «Dégage» est le mot d’ordre et le mot clé qui exprime, non pas ce que sera demain, mais ce que ne sera plus demain. 
C’est là la signification que nous donnons à cet évènement historique de refondation, que les institutions légales de l’Etat — non pas du pouvoir — doivent traduire en mécanismes et instruments, pour réussir le passage à la nouvelle gouvernance. 
Constitué en festival national, cet évènement historique constituera, pour les générations futures, une station de commémoration, pour exorciser le mal, à l’image du 5 Juillet 1962.
M. B.

Lire aussi :
Faut-il structurer le mouvement populaire ou bien le laisser mûrir ?

One thought on “Algérie / Pour une charte fondatrice d’un renouveau

  1. La transition dans un paysage troublé
    Par une drôle de coïncidence- certains appelleront cela de la prémonition-, quelques mois avant les événements d’octobre 1988, j’avais lu les six volumes de l’histoire socialiste (1789-1900) de Jean Jaurès, que j’avais hérités de feu mon père (cheminot délégué syndicaliste C.G.T de 1925-1952 au niveau du territoire militaire colonial de la ville colombe-Bechar au sud-ouest jusqu’à la ville de Mascara au nord du pays, ainsi pour son militantisme syndical il fût expulser de son pays l’Algérie).
    Ce n’est sans doute pas, tant s’en faut, le meilleur ouvrage qui ait été écrit sur le sujet. D’autres plus qualifiés que moi pourraient même y relever un certain nombre d’erreurs historiques, et le style de Jaurès n’a pas la subtilité de celui de Michelet. Ce qui me séduisit néanmoins dans ces livres, c’est d’une part l’évolution de l’élan révolutionnaire, que Jaurès, en socialiste, sait particulièrement bien rendre, et d’autre part, la description des différentes phases de la révolution, avec les personnalités que chacune d’entre elles a mises en relief. Cette analyse demeure sans doute par trop marxiste, en ce qu’elle sous-estime l’importance du hasard et le rôle des grandes individualités dans l’histoire. Cependant, elle possède bien quelque pertinence. Car dans tous ces processus d’accouchement d’un ordre nouveau à partir d’un ancien que sont les révolutions, il y a le temps de la rupture violente, qui est celui des rebelles et des « romantiques », puis celui du détachement progressif de l’ordre ancien et de l’émergence de personnalités un peu doubles, à mi-chemin des deux régimes ; enfin, l’instauration confuse du nouvel ordre, avec toutes les tensions contradictoire que cela suppose- réformatrices d’un coté, restauratrices de l’autre-, et la formation d’une classe politique. Je n’aurais pas le ridicule de chercher à tracer des parallèles avec la situation Algérienne. Les situations sont incomparables, mais il me semble tout de même que tous processus de passage d’un ordre ancien à un ordre nouveau partagent des mécanismes et des problèmes communs. A la base, la question est ailleurs, dans tous les cas, identique, et pourrait se résumer ainsi : comment faire surgir une nouvelle organisation à partir d’une ancienne. Ce problème, connu sous le nom de « transition » n’est plus aujourd’hui le simple sujet de motions théoriques et absconses pour congrès politiques. Il est devenu l’un des plus concrets et réel qui soient depuis que le globe terrestre c’est transformé en un petit village par la fantastique révolution technologique numérique, dans le cadre d’action progressiste démocratique et sociale. Le premier grand problème auquel, dés les premiers instants, ce processus s’est heurté en Algérie tient à la question de la représentativité de l’organisme chargé de préparer la première transition, en l’occurrence le régime en place, il fallait instauré l’assemblée constituante, celle qui aurait dressée une constitution sur les bases et les données de la plate forme du congrès de Soummam avec un gouvernement provisoire d’unité nationale dans lequel seraient entrées toutes les forces politiques Algériennes. Notre nation Algérienne subi les plus atroces difficultés par l’inconscience des gens au pouvoir ; mais je regrette encore que nous ne soyons pas arrivés à les surmonter. Car par là nous eussions sans doute gagné au moins deux décennies, ou plus, de processus démocratique, et épargné pas mal de déséquilibres et de convulsions à notre pays, telles ces quatre mandats présidentielles qui ont fait tant de mal à l’image de l’Algérie et à son économie. Ce n’étaient pas là, bien entendu, les meilleurs conditions pour attirer ces capitaux étrangers dont nous avons tant besoin. On peut bien sûr accuser tel ou tel leader politique de cette situation, se livrer au jeu coutumier de savoir à qui incombe la faute de ces incidents regrettables. L’exercice me semble, là aussi, assez vain. Je voudrais prendre plus de hauteur. Je crois en effet que ce qui se passe en Algérie n’est que la conséquence de cet héritage très lourd laissé par plus d’une cinquantaine d’années de dictature négative de la pensée unique. La paranoïa répressive du système de la pensée unique tel que le parti « Baath Irakien » avait installé une espèce de vide politique absolu au sein de la société Algérienne. Depuis longtemps, les anciens partis n’existaient plus que dans la mémoire de leurs loaders vieillis ou bannis. Les syndicats et les organisations professionnelles et la société civile sont totalement embrigadés réprimés muselés, le personnel de l’Etat et du parti de plus en plus médiocre et corrompu, Il n’y a pas de dissidence organisée, seulement quelques sursauts d’honneur individuels et ponctuels de-ci de-là, et aucune grande conscience nationale morale incontestable comme notre regretté feu Hocine Aït Ahmed. Tout le monde, en Algérie, faisait et il fait le gros dos en attendant des jours meilleurs, se défendant avec la seule arme que lui avait laissée le système et qui est toujours la revanche de l’impuissance et du désespoir : l’humour… Je qualifié ce système de « pervers ». L’épithète est faible : la dictature de la pensée unique est un système profondément destructeur, qui a anéanti en nous toute volonté et même tout repère. Nous nous trouvions en permanence plongée dans une sorte d’irréalité politique, sociale et culturelle. C’en était au point que nous avons même perdu la signification des mots les plus simples, tels que « jeu démocratique » « accord », « le droit de savoir et le devoir d’informer », « le respect de l’échelle des valeurs civique et spirituelle », « le débat contradictoire avec le respect d’autrui ». Nous étions- et nous sommes encore partiellement- perclus de préjugé remontant à des temps révolus, qui n’ont même vraisemblablement jamais existé ailleurs que dans l’imagination de nos idéologues…. Un adversaire politique n’est pas forcément un ennemi, mais quelqu’un qui entretien tout simplement une autre vision de l’avenir du pays que la mienne, vision qui peut s’avérer tout aussi possible et légitime, et donc on peut donc discuter. Il ne pouvait y avoir au fond qu’une seule et indivisible « vérité », puisqu’elle est « scientifique ». Penser que cette vérité pût être chose relative ou, du moins, sur pas mal d’aspects, non définitive, donc sujette à négociations, ne fait pas partie de nos réflexes naturels. Dans le climat de paranoïa et d’autarcie dans lequel nous évoluions, c’est tout le contraire.
    Le consensus à tout prix mène à une vision de la lutte politique en termes d’affrontements, en fin de compte il y aura soit le blanc ou le noir. L’idéologie de la pensée unique, qui, même si nous la refusons consciemment, nous a profondément contaminés, en procédant sans cesse à une sorte de
    « militarisation » de nos comportements et de nos affects. C’est en aval, dans nos âmes, qu’elle a
    voulu régner. Et elle y est parvenue. Ce n’était pas la meilleure préparation pour la démocratie….
    Toute l’histoire perturbée de la première transition Algérienne, avec ses nombreux dérapages, apparaît au fond comme la résultante de cette situation culturelle. Dans ce système sans plus de référents fixes, il n’a que la force, et les manœuvres politiciennes. Chacun pouvant prétendre dans ce cas détenir à lui seul la vérité. Bref c’est non seulement le vocabulaire, mais aussi le terrain même. Certains ont même pu dire cyniquement qu’il faudrait sans doute plus d’une génération pour que les choses redeviennent normales chez nous, tant nous avons oublié la différence entre le « normal » et l’ « anormal ». La société que le parti unique et sa pensée nous a laissée en partage évoque une sorte de théâtre d’ombres, sur la scène duquel nous nous affrontions à coups d’images passées et tellement « idéologisées » qu’elles en devenaient totalement irréelles et fausses. Ce qui nous manque actuellement, c’est l’essentiel, l’indispensable, et presque le plus simple : un terrain sur lequel puisse se déployer un débat qui ne soit pas seulement imaginaire. L’objectif, est tout simplement de faire naître un espace des idées et débats constructives pour en finir avec ces querelles vaines et dépassées, entre l’ancien et le nouveau, pour affronter enfin les vrais problèmes qui posaient à l’Algérie : comment restaurer la compétitivité si basse, presque inexistante, de l’économie Algérienne sur le marché international ? Comment assurer notre développement Agricole, industriel et financier en assurant l’autosuffisance alimentaire du peuple ? Comment rejoindre le club des pays émergents ? Et ainsi de suite, il s’agit d’assainir, de déblayer le terrain des vestiges idéologiques qui l’encombrant et le fasse de toutes part, de le concrétiser, de remplacer, comme on dit parfois, notre société entièrement politique par une véritable société civile, avec un Etat dirigé par des forces politiques soumises au suffrage universel (sans triche, ni fraude électorale, ni bourrage des urnes, ni jonction administrative)- autrement dit, tout ce que l’on appelle la « démocratie réelle ».
    Impérativement, en somme d’initier une espèce de « mécanisme autoproduit » qui, de proche en proche, devrez « désidéologisé » de fond en comble notre société pour la ramener à la réalité et l’urgence des vrais problèmes. Donc, il faudrait en effet casser à tout prix cette structure d’ensemble paranoïaque et schizophrène qui ne cessait de se cacher à elle-même les vrais enjeux pour sombrer dans des combats idéologiques mensongers et superflus. Pareille en stratégie économique s’appuie sur un mécanisme neutre et incontestable, celui du marché, d’ailleurs le couple démocratie/économie du marché est inséparable. Le marché parce qu’il traduit un strict mécanisme rationnel d’allocation de ressources, n’a pas en soi de couleur politique (Maurice Allais prix Nobel d’économie), l’économie du marché elle n’est, par nature, ni de droite ni de gauche, alors que le dirigisme économique, lui, suscite toujours la constitution ou, du moins le renforcement des régimes autoritaires. Lorsque les critères d’allocation de ressources dans un pays sont politiques et non strictement économiques, cela fait forcément naître, ou ne peut que la renforcer si elle existe déjà, une caste bureaucratique qui cherchera à « verrouiller » son pouvoir au niveau politique, à traduire en termes de hiérarchie ses prérogatives décisionnelle dans l’économie. Ainsi se met progressivement en place cette confusion, qu’ont connue tous les régimes totalitaires.
    Bien sûr, le recours au marché entraîne parfois, en des moments déterminés, des injustices et des déséquilibres passagers qui peuvent néanmoins s’avérer fort douloureux et dangereux. Il appartient à l’Etat d’en réduire, autant que faire se peut, les conséquences concrètes. Il doit ajouter aux lois du marché ce qui s’appelle une « composante sociale », intervenant quand ces lois menacent par trop le bien national ou les conditions d’existence de telle ou telle partie de la population. Mais, pour le reste, en temps normal, il doit se contenter de faire en sorte que le marché puisse fonctionner au mieux de sa rationalité naturelle.
    En l’Algérie, il s’agit certainement de son « libéralisme », « néo », ou « ultra » et aussi « sauvage », qui avalise les enrichissements rapides et sans travail, par pure spéculation ou système « D ». Ceux-ci en produit des phénomènes de la petite mafia urbaine des changeurs d’argent au noir et de la grande, dont on parle moins parce qu’elle est moins voyante, mais dont le poids économique est infiniment plus important. Si l’on veut s’attaquer sérieusement à ces problèmes et pas seulement de façon démagogique-populiste, qu’on ne le fera pas au moyen d’une limitation des lois du marché mais, au contraire, par leur libre exercice généralisé. L’affairisme profite toujours du climat de clair-obscur qui existe entre deux ordres sociaux, quand, du neuf n’ayant pas encore pris totalement la place de l’ancien, les règles de fonctionnement demeurent floues, instables, contradictoires, voir doubles. En d’autres termes, plus rapides nous serons à imposer un jeu clair des lois du marché, plus vite nous ferons disparaître ces situations abusives. La chose est particulièrement évidente en ce qui concerne le problème des changes monétaires. Car c’est tout de même la non convertibilité du Dinar et l’existence de deux marchés l’un intérieur, l’autre extérieur, aux taux profondément divergents, qui avaient fait naître le marché noir. Pour toute notre économie, il n’y a pas mille alternatives en la matière : soit nous restons de façon autoritaire, donc politique, l’économie, et nous assumons l’autarcie, les doubles marchés, la bureaucratie, le renforcement de l’Etat et, l’absence de liberté, c’est-à-dire le cautionnement de la mafia politico financière ; soit nous sommes capables d’instaurer les réelles lois du marché, et alors nous pourrons conquérir la démocratie. Reste, bien sûr, l’épineux problème des structures en place du régime actuel, qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, totalement démantelé. C’est tout le problème, gigantesque, de l’épuration de la société Algérienne de la pensée unique et de l’idée d’un Etat providentiel. Mais nous acceptons le pardon, mais non pour l’oubli ; pour la punition, mais contre toute revanche et tout lynchage. Felipe Gonzalez, en chef de gouvernement donc, donc, dans sa province natale d’Andalousie pour une visite officielle, il avait été accueil à sa descente d’avion par l’ancien commissaire qui sous le régime franquiste, alors qu’il n’était encore qu’un jeune avocat progressiste démocrate dans l’opposition, l’avait arrêté et interrogé à plusieurs reprises. Celui-ci n’en menait pas large, comme on peut le comprendre. « Ne t’inquiète pas, lui dit alors Gonzalez, tout cela est une époque révolue…. J’espère seulement que tu mettras autant de loyauté, sinon plus, à servir la démocratie que tu en mettais jadis à exécuter les ordres du pouvoir franquiste…. » Ainsi qu’il faut se comporter de même en Algérie ; laisser leur chance, aux fonctionnaires de l’ancien régime qui n’ont fait qu’accomplir leurs charges administratives, de se racheter en mettant leurs compétences au service du nouveau régime démocratique – tout en poursuivant bien sûr, impitoyablement mais justement, ceux qui auraient profité de leurs pouvoirs à des fins personnelles. Et la polémique, à propos de la responsabilité de certains hauts membres publics au service de ce régime en place ; est là pour le rappeler – que le partage n’est pas toujours facile à effectuer dans la réalité. Où finit la responsabilité collective ? Où commence l’individuelle ? Est-il normal et juste de bénéficier encore de l’impunité de l’exécutant quand on a appliqué des ordres infâmes ? Un fonctionnaire n’a-t-il pas, en tant que citoyen, un devoir à la conscience ? Long et douloureux débat. C’est à la justice d’en décider en son âme et conscience.
    Il faut de toute façon éviter ces procès d’intentions et ces soupçons où l’Algérie a tout à perdre, et d’abord sa cohésion si fragile encore. L’urgence aujourd’hui, est de redonner confiance en elle-même à l’Algérie, de lui faire retrouver ses marques. La replonger de nouveau dans un climat de suspicion généralisé où elle n’a que trop macéré par le passé n’en saurait constituer le meilleur moyen. C’est pourquoi qu’il est rationnel d’être en faveur d’une épuration circonstanciée et légale, soumise à la justice ; et non généralisée et sauvage, au nom d’un introuvable « peuple ». Car la tâche qui nous attend est des plus exaltantes, mais aussi des plus périlleuses : elle consiste tout simplement à réintroduire l’Algérie dans le monde moderne. Ce processus ne pourra être que long, lent et difficile sûr tout dans le domaine économique. Et s’ouvre devant nous un véritable « désert » à traverser, qui est l’exact situé entre les deux régimes. Cela représente un défi et une épreuve redoutables ; et pour la surmonter tous deux, il nous faut partir armés d’un consensus profond et de longue haleine, qui demande une mobilisation de toutes les forces de progrès de la société Algérienne. Pour ce faire, nous devons avoir en Algérie des partis forts et représentatifs de la population. Car il faut à tout prix remplir le vide politique instauré cyniquement par la pensée unique du régime en place, sous peine qu’il ne devienne la proie de toutes les tentatives populistes et démagogiques.
    Au contraire aujourd’hui, c’est que le jeu politique est collectif, qu’il est, pour reprendre un terme de mathématique, un jeu à somme non nulle, productif, où tous les partenaires peuvent accroître leur gain ; bref, que plus nous aurons des partis puissants et solidement ancrés dans la population, mieux nous serons à même de bâtir une démocratie forte et d’éloigner le danger hélas ! Toujours présent dans notre pays et d’un prolongement autoritaire. A ce danger, toujours possible, il faut que les hommes politiques Algériens, sachions opposer la force d’une idée collective, qui représente le meilleur antidote à la résurgence de toutes dictatures, et à la réalisation de laquelle tout notre pays doit participer, car elle concerne non seulement son avenir lointain, mais aussi son présent. Bref, la question du qui gouvernera doit s’effacer devant celle du pourquoi, que les partis politiques Algériens abandonnera leurs positions purement vindicatives et idéologiques pour se doter, en véritable opposition, d’un programme de transformation de la société. Telle est la responsabilité qui incombe aujourd’hui, tous les hommes politiques Algériens. Elle est grande, écrasante même. Et il faut savoir que si, pour une raison ou pour une autre, vous vous dérobiez, nos descendants ne le comprendront pas et vous renverrez dans les oubliettes de l’histoire. Le consensus « arcboute » sur le mot clé de « réforme ». Il s’agit là en effet d’une des rares notions – peut-être même la seule – à n’avoir pas été accaparée dans le passé par l’un des deux systèmes concurrents, pensée unique et capitaliste. Ce n’est pas pour autant une notion neutre, incolore et indolore. Elle signifie seulement la volonté de traiter, les vrais problèmes sans a priori, sans solutions toutes faites, mais, au contraire, grâce à un examen lucide et raisonné des enjeux entre des forces responsables prêtes à travailler ensemble, sans oublier pour autant ce qui les sépare. Bref, la réforme équivaut à la démocratie vivante, en acte, en marche, et l’exact inverse de cette utopie désastreuse qui a pris pendant soixante ans le nom trompeur de « pensée unique avec une vision totalitaire ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *