Algérie / Mustapha Haddam à la radio Chaine III : « nous sommes dans un contexte de changement de la gouvernance »

  •     « Nous sommes dans un contexte de changement de la gouvernance », indique Mustapha Haddam, Directeur du Centre national d`études et d`analyses de la population et du développement (CENEAP), qui était reçu, ce lundi matin, dans l’Invité de la Rédaction de la Chaîne 3 de la Radio Algérienne.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Pour Mustapha Haddam il faut passer d’une gestion administrative vers une gestion économique du pays et cela passe, précise-t-il,  par un certain nombre d’instruments qui sont très importants pour atteindre les objectifs tracés. D’ailleurs, rappelle t-il, le président de la république et le Premier ministre ont insisté sur le retour aux instruments de l’aménagement du territoire, à l’image du Schéma National d’Aménagement du Territoire(SNAT), Schéma régional du développent du territoire (SRAT) et du Plan d’Aménagement de la Wilaya (PAW).

Vous savez il faut une approche cohérente de chaque territoire, ajoute t-il, « un wali doit connaitre les potentialisé que renferme le territoire de sa wilaya pour pouvoir attirer les investissements », enchaîne t-il.

L’invité explique, par la même occasion, que ce nouveau mode de gestion, passe d’une gestion administrative à une gestion du territoire « avec beaucoup plus de prérogatives et de latitudes fondées sur une planification par objectif ». Pour lui, il faut dire que nous sommes maintenant dans une gouvernance économique, en rappelant au passage que le président de la république a déclaré le l’année 2022/2023 comme année économique par excellence.

Directeur du Centre National d`Etudes et d`Analyses de la Population et du Développement (CENEAP)


        Mustapha Oumrane, socio-démographe et chercheur au CREAD : «les objectifs démographiques peuvent changer en fonction de la situation globale»

      Propos recueillis par AMIROUCHE YAZID

Reporters : Le 6e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) a commencé hier. Cela devrait constituer une bonne nouvelle dans la mesure où les institutions de l’Etat vont se doter d’un instrument essentiel dans la gestion des affaires publiques. Etes-vous de cet avis ?
Mustapha Oumrane : 
après presque quatre années d’attente, le lancement officiel de la phase finale du 6ème recensement de l’Algérie indépendante est une excellente nouvelle. Il faut rappeler que la population est le principal bénéficiaire des actions de développement, encore faut-il connaître cette population : ses caractéristiques, son évolution, ses besoins, etc.
Le RGPH est l’unique source qui peut fournir des informations exhaustives sur la population. L’Algérie est l’un des rares pays en développement qui a cette tradition d’organiser un recensement de sa population, et surtout qu’elle le fait avec ses propres fonds et en comptant sur sa propre ressource humaine sur le plan technique.
Car le recensement est une opération très lourde qui exige une préparation et une organisation rigoureuses. L’exploitation des informations collectées est également une opération très lourde qui demande une grande expertise en la matière.

Peut-on parler aujourd’hui du défi démographique ?
La question démographique a toujours été d’actualité et elle demeurera ainsi tant que l’humanité existe. C’est le niveau de conscience de son importance au sein des élites qui change d’une époque à une autre et d’un pays à un autre, mais il n’en demeure pas moins que cette dimension est essentielle. De ce fait, tous les pays du monde vivent un défi démographique, quel que soit le niveau de développement. Toutefois, la nature de ce défi diffère d’un pays à un autre, car la situation démographique, socio-économique et même politique change. Dans un même pays, les objectifs démographiques peuvent changer en fonction de la situation globale.
Le recensement concerne aussi les décès survenus dans le ménage au cours des 12 derniers mois, ainsi que le départ à l’étranger (émigration) au cours des 5 dernières années. A quoi obéit cette nouveauté en matière de recensement ?
S’agissant des décès, cela est une bonne initiative. Il faut d’abord savoir qu’un recensement répond à des besoins d’information. Et pour ce cas précis des décès, cette information est cruciale car elle permet de mieux mesurer la croissance de la population, surtout par rapport à l’évolution de la population comme par exemple en ce qui concerne le vieillissement et l’espérance de vie. Il est donc primordial de recenser tous les décès à un temps «t».

Au mois de février 2020, le Président Tebboune avait demandé au ministre concerné de préparer immédiatement un recensement général de la population afin que la politique de la planification nationale soit fondée sur des bases solides. Pour avoir accusé un tel retard pour la réalisation de recensement ?
Concernant le retard dans la réalisation du recensement, on pourrait l’expliquer par la conjoncture du Covid-19 des deux dernières années. Il est en effet très difficile d’organiser une opération d’une telle envergure dans ce contexte, car l’Etat avait une priorité sanitaire. En sus de cela, d’autres facteurs pourraient expliquer ce retard, on peut citer le contexte politique du pays suite au Hirak puisque l’agenda politique a été marquée par des élections successives ont été organisées et de nombreuses institutions de l’Etat ont connu des changements parfois majeurs. Un autre facteur est sans doute relatif aux préparatifs de ce 6ème RGPH car pour la première fois dans l’histoire du pays, la collecte des données sera numérisée par le biais de tablettes. Cette innovation nécessite une préparation particulière et cela mérite d’être encouragé.
La migration est une dimension essentielle en démographie. La mobilité interne des populations, migrer d’une wilaya à une autre par exemple peut être appréhendée à travers les lieux de naissance et de résidence, et cela était faisable dans les recensements précédents. Mais on n’avait pas d’informations sur la migration internationale. Les données qui circulent sur le sujet sont des approximations car c’est un phénomène difficile à quantifier. Mais le RGPH offre une opportunité de grande importance pour avoir des données sur le sujet. C’est donc une très grande avancée dans la compréhension de la migration internationale.


 

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