Attaque des travailleurs humanitaires au Niger : Acted déplore la «contradiction» de la communauté internationale

    La communauté internationale (doit réaliser) la contradiction qu’il y a entre nous demander de soutenir ces populations qui vivent de façon dramatique et nous laisser seuls confrontés une violence où nous sommes devenus les cibles les plus faciles», a déclaré hier le cofondateur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Acted, Frédéric Roussel, lors d’une conférence de presse, relayé par l’AFP.

Quatre hommes et quatre femmes, âgés de 25 à 50 ans, sont morts dans l’attaque ayant visé dimanche des employés de l’ONG Acted

  Quatre hommes et quatre femmes, âgés de 25 à 50 ans, sont morts dans l’attaque ayant visé dimanche des employés de l’ONG. «Les victimes avaient entre 25 et 50 ans.

Ce sont quatre femmes et quatre hommes», a-t-il ajouté, refusant de révéler leur identité. Selon les autorités locales, six Français et deux Nigériens – leur chauffeur et un guide touristique – ont été tués dimanche par des hommes armés, à Kouré, à 60 km au sud-est de Niamey, lors d’une excursion touristique dans une région qui abrite les derniers troupeaux de girafes d’Afrique de l’ouest.

Le parquet national antiterroriste français a ouvert une enquête hier pour «assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroristes». L’avocat d’Acted, Joseph Breham, a indiqué qu’une plainte serait déposée à Paris «pour que les familles sachent ce qui s’est passé précisément, si c’est une attaque d’opportunité, si c’était planifié, si c’est quelque chose qui risque d’arriver de nouveau».

Les meurtres n’ont pas été revendiqués, mais ils surviennent dans un pays régulièrement frappé par les groupes djihadistes sahéliens, dont l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), quelques mois avant une présidentielle dont le premier tour est fixé au 27 décembre.

Hier, les forces armées nigériennes traquaient les auteurs de l’attaque, notamment avec l’appui aérien de l’armée française. Présente dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest depuis 2010 auprès des populations déplacées, Acted compte 200 salariés au Niger, selon Joseph Breham.

L’attaque de dimanche est la première ayant visé des Occidentaux dans cette zone, depuis qu’elle est devenue une attraction touristique il y a une vingtaine d’années, quand un petit troupeau de girafes peralta, une espèce qui a disparu du reste de la planète, fuyant braconniers et prédateurs s’y est installé. Elle intervient dans un pays où les tensions sont vives.

En dépit de «Barkhane» et du G5 Sahel

Boko Haram, Al Qaîda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, entre autres, sont autant d’organisations qui menacent le Niger. Le 4 octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens ont été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, un village près du Mali, dans le sud-ouest. Cette attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).

Les groupes islamistes armés étendent leur emprise au Sahel, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de la force «Barkhane».

Mais c’est dans une autre région, Tillabéri, au nord-ouest de Niamey, dans la zone dite des «trois frontières» entre le Niger, Burkina Faso et Mali, que les violences djihadistes sont les plus fréquentes. Cette région constitue un repaire de djihadistes sahéliens, dont l’EIGS. La circulation des motos y est interdite de jour et de nuit depuis janvier, pour tenter d’empêcher les déplacements des djihadistes. Entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans une série d’attaques particulièrement meurtrières, revendiquées par l’EIGS.

Le Niger a subi les pires attaques de son histoire récemment : 71 soldats assassinés en décembre 2019, 89 en janvier 2020. Les Nations unies déclarent que les actions terroristes ayant touché le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont fait plus de 4000 morts l’année dernière.

La France est déjà présente au Sahel : 5100 militaires sont déployés au Sahel dans le cadre l’opération «Barkhane». A ces troupes, s’ajoute la force multinationale du G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad).


Niger : Huit personnes dont six touristes français tuées dimanche par des hommes armés

Huit personnes dont six Français et deux Nigériens ont été tuées hier par des hommes armés venus à motos dans la  zone de Kouré au Niger qui abrite les derniers troupeaux de girafes d’Afrique de l’ouest, a-t-on appris de source officielle. «Il y a huit morts : deux Nigériens dont un guide (touristique) et un  chauffeur, les six autres sont des Français», a déclaré à l’AFP le gouverneur de Tillabéri, Tidjani Ibrahim Katiella. AFP


Les victimes françaises travaillaient pour l’ONG Acted (ici, son antenne à Niamey). | BOUREIMA HAMA/AFP

Attaque au Niger. Qui sont les huit victimes ?

Huit personnes ont été tuées lors d’une excursion touristique, dimanche 9 août, par des hommes armés dans la zone de Kouré, dans le sud-ouest du Niger. Les victimes, deux Nigériens et six Français dont des salariés de l’ONG Acted, étaient âgées de 25 à 50 ans. Voici ce que l’on sait d’elles.

Six humanitaires d’Acted, leur chauffeur et un guide touristique, tous deux Nigériens, ont été tués par des hommes armés lors d’une excursion touristique dans un parc à 60 km au sud-est de Niamey, dimanche 9 août.Parmi les victimes françaises figurent quatre femmes salariées de l’ONG et un volontaire international basé à Niamey, a précisé le cofondateur de l’association, Frédéric Roussel, lors d’une conférence de presse à Paris. Les victimes sont âgées de 25 à 50 ans.

Lire aussi : Français tués au Niger. La neutralité des humanitaires aux dépens de leur sécurité

Kadri Abdou Gamatche, 50 ans

C’est l’association des guides de girafes de Kouré qui a annoncé sur les réseaux sociaux la mort de l’un des leurs : Kadri Abdou. Il était le président de l’association.

L’homme âgé de 50 ans était de nationalité nigérienne. Il était le guide de l’excursion.

Boubacar Garba Soulay, 50 ans

Il était le chauffeur du 4×4 de l’excursion. Boubacar Garba Soulay, Nigérien, était père de 4 enfants, et devait en accueillir un 5e très prochainement, avec son épouse, explique le Parisien .

Charline Fouchet, 30 ans

Originaire de Seine-MaritimeCharline Fouchet avait obtenu un doctorat de gestion à l’université d’Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône) où elle donnait également des cours. L’université lui a rendu hommage sur Twitter.

En poste pendant deux ans à l’ambassade de France au Nigeria, elle venait d’être embauchée par Acted.

L’ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon lui a également rendu hommage via Twitter : « Charline Fouchet s’était engagée à mes côtés lors de l’élection présidentielle. Ses convictions l’avaient amenée à poursuivre son engagement dans l’action humanitaire au Niger. Elle a été assassinée par des terroristes sans foi ni loi. Mes pensées sincères vont aux siens. »

> Lire aussi : « Elle avait une volonté de fer » : Charline Fouchet, originaire de Normandie, a été tuée au Niger

Nadifa

Selon Le Parisien , Nadifa venait de rejoindre Acted et le Niger en juin. Cette trentenaire était diplômée de plusieurs masters, en droit et en gestion, et préparait une thèse sur le commerce des armes, à l’université d’Aix-Marseille.

Elle avait commencé sa carrière comme analyste financière et contrôleuse de gestion chez Axa, dans une banque marocaine puis chez Veolia. En 2015, elle avait rejoint le ministère des Armées, et avait notamment été en poste en République centrafricaine.

Elle s’était réorientée vers l’humanitaire après avoir suivi une formation notamment à l’Institut Bioforce, spécialisé dans la gestion de projet humanitaire.

Stella, 28 ans

Originaire de Montpellier, Stella avait suivi la formation Bioforce et trouvé sa voie dans l’humanitaire après des études de marketing. Elle avait effectué une première mission dans l’humanitaire pour l’ONG Oxfam, en République centrafricaine et venait de rejoindre l’ONG Acted.

Myriam

Elle travaillait depuis deux ans pour l’ONG Acted après des études à Toulouse, dont elle était originaire, et Paris. Elle était diplômée de l’université Dauphine, en Affaires internationales et en Peace studies, une formation centrée sur la construction des processus de paix et la compréhension des conflits. D’abord en poste à Paris, elle avait ensuite le cap à Tunis et au Tchad, au sein d’Acted.

Antonin, 26 ans

Originaire de Bretagne, Antonin était âgé de 26 ans. Il avait intégré l’École nationale supérieure de Cachan, puis était devenu assistant de recherche dans un centre rattaché à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae). Il avait fait une partie de ses études à Rennes. Il était spécialisé en économie environnementale et géographique, avec une prédilection pour les pays en voie de développement.

Léo, 25 ans

Il faisait ses études au sein d’une école de commerce à Rennes. Il aurait été diplômé en 2021. Benjamin du groupe, Léo était le seul à avoir un contrat de « volontaire », un statut à mi-chemin entre le bénévole et le salarié. Il occupait des fonctions de « chargé logistique » pour Acted à Niamey depuis avril, après avoir été stagiaire au siège de l’ONG à Paris pendant quatre mois.

Lire aussi : Attaque au Niger. L’école de commerce rennaise rend hommage à son élève Léo, tué dimanche


 

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