Des voix s’élèvent en faveur de l’autonomie stratégique de l’Europe

 

 

BEIJING — Il y a un soutien de plus en plus large pour l' »autonomie stratégique européenne » prônée par le président français Emmanuel Macron, tandis que les liens très étroits entre l’Europe et les Etats-Unis ne veulent pas dire qu’ils ont « systématiquement » les mêmes intérêts, a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel dans un entretien diffusé mercredi sur la chaîne France Info.

« Cette alliance avec les Etats-Unis supposerait que l’on suive aveuglément et systématiquement la position des Etats-Unis sur tous les sujets? Non! », a-t-il dit, interrogé sur les propos de M. Macron selon lesquels les Européens ne devraient pas être suivistes derrières les Américains.

Dans un entretien au journal Les Echos publié le 9 avril, le président français a évoqué le concept d’autonomie stratégique, estimant que ce serait « un piège » pour l’Europe de se trouver « prise dans un dérèglement du monde et des crises qui ne seraient pas les nôtres ».

« Pourquoi devrions-nous aller au rythme choisi par les autres? A un moment donné, nous devons nous poser la question de notre intérêt (…) Notre priorité n’est pas de nous adapter à l’agenda des autres dans toutes les régions du monde », a-t-il averti, soulignant que « l’autonomie stratégique doit être le combat de l’Europe. Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques ».

La position de M. Macron, qui a également relevé le « risque » pour les Etats européens de devenir « les vassaux des Etats-Unis », n’est pas « isolée » parmi les dirigeants européens. Ses opinions reflètent une tendance croissante à la transformation des dirigeants européens, a estimé M. Michel, indiquant qu’il y a un bond en avant en Europe par rapport à il y a quelques années concernant l’autonomie stratégique.

« Il est certain qu’il peut y avoir des nuances et des sensibilités à la table du Conseil européen. Il est certain qu’il y a des leaders européens qui ne diraient pas les choses à la même manière qu’Emmanuel Macron (…) Sur l’autonomie stratégique, il y a un soutien de plus en plus large à cette idée que l’on doit être moins dépendant, avoir plus d’influence » sur la question énergétique, la défense et la sécurité, et l’innovation, a-t-il dit.

Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a pour sa part indiqué mardi sur la radio Europe 1 que l’indépendance européenne en matière économique, militaire et financière conduit à « quelque chose d’encore plus précieux : l’indépendance de pensée ». « Il faut que nous apprenions nous aussi à penser par nous-mêmes », a-t-il noté.

Au cours d’un déplacement aux Pays-Bas à l’invitation du roi Willem-Alexander, M. Macron a souligné mardi l’importance de la souveraineté européenne lors d’un discours à La Haye.

« Si vous acceptez de perdre votre souveraineté, si vous acceptez de dépendre d’autres puissances, vous vous mettez dans une situation où vous ne décidez pas par vous-même », a-t-il averti, ajoutant que cela signifie « que nous devons être capables de choisir nos propres partenaires et de façonner notre propre destin ».

Opinion qui semble partagée par la monarchie néerlandaise, laquelle a signalé dans un communiqué que les deux pays « travaillent ensemble à l’autonomie stratégique de l’Europe tout en préservant une économie ouverte, ce qui renforcera la sécurité de l’Union européenne et la rendra moins dépendante ».

« Aujourd’hui, nous sommes dans une situation très dangereuse parce que nos amis américains veulent créer les conditions artificielles d’une confrontation avec la Chine (…) L’Union européenne doit atteindre l’autonomie stratégique et nous l’atteindrons en équilibrant nos relations avec les Etats-Unis, avec la Chine, ainsi qu’avec l’Inde et les pays non alignés », a estimé le parlementaire européen Herve Juvin.

« L’Europe s’est laissée diriger par les Etats-Unis, mais nous commençons maintenant à exprimer notre propre voix et à prendre nos distances avec les Etats-Unis », a confié jeudi à Xinhua Joaquin Beltran, professeur d’études sur l’Asie de l’Est à l’Université autonome de Barcelone. /

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