Corée du Nord : Kim Jong Un, élu secrétaire général du parti des travailleurs

     Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a été élu secrétaire général du Parti des travailleurs au pouvoir dont il était jusqu’à présent le président, un changement de dénomination symbolique qui vise à renforcer son pouvoir, selon des analystes.Le pays, durement frappé par les sanctions internationales et plus que jamais isolé en raison de la pandémie de coronavirus, est en proie à d’immenses difficultés économiques. Le dirigeant nord-coréen a été élu dimanche à «l’unanimité» secrétaire général du parti, a rapporté l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Il y a cinq ans, lors du dernier congrès du Parti des travailleurs de Corée (WPK), M. Kim avait été élu président du parti. Cela avait été analysé comme l’occasion d’asseoir la stature du leader, qui avait hérité du pouvoir au décès de son père en décembre 2011.

Le 8e congrès, qui s’est ouvert le 5 janvier à Pyongyang, a rétabli un secrétariat – abandonné en 2016 – et a modifié l’intitulé des postes en conséquence. «L’ensemble des délégués a exprimé son plein soutien avec une salve d’applaudissements», a indiqué KCNA. Ce changement d’intitulé intervient alors que M. Kim s’est engagé mercredi à renforcer les capacités de défense du pays, déjà puissance nucléaire. Dans une déclaration provocatrice, il a également affirmé que les Etats-Unis sont le «plus grand ennemi» de son pays.

Dans le même temps, ce congrès a été l’occasion pour lui de faire le constat de l’échec de sa politique économique, admettant que «presque tous les secteurs» n’avaient pas atteint leurs objectifs. Selon des experts, ces nouveaux titres et fonctions ont une portée largement symbolique. C’»est une autre façon indirecte d’admettre que les plans introduits en 2016 – dont le nouveau système de président – n’ont pas vraiment fonctionné», a commenté Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu chercheur à l’Institut mondial pour les études nord-coréennes, basé à Séoul. «M. Kim voulait se façonner une nouvelle image (…) différente de celle de son père – en devenant un ‘‘président » – mais il semble qu’il ressente le besoin de souligner son lien avec son père pour consolider son leadership en ces temps difficiles», a-t-il expliqué. Le père de M. Kim, Kim Jong Il, décédé en 2011, est resté secrétaire général éternel du parti, tandis que son grand-père, Kim Il Sung, fondateur de la Corée du Nord et mort en 1994, est le président éternel du pays.

Grand-messe du parti au pouvoir, le congrès est destiné à renforcer l’autorité du régime et à annoncer des changements au niveau des orientations politiques ou du choix des élites. Un nouveau bureau politique a par ailleurs été nommé, dans lequel ne figure pas Kim Yo Jong, soeur cadette et conseillère de M. Kim. Elle n’apparaît pas sur les listes des personnes nommées au sein du comité central du parti, dont elle était jusque-là membre suppléante, ce qui semble constituer un revers pour celle qui avait réussi à s’imposer comme une des personnalités les plus puissantes du régime reclus. Les analystes affirment que la Corée du Nord a mis à profit ce Congrès pour envoyer un message de défiance au futur président américain Joe Biden, tout en faisant preuve de prudence après une relation tumultueuse entre M. Kim et Donald Trump, le président sortant.

Ce congrès aurait également été l’occasion pour Pyongyang d’organiser un défilé militaire. L’armée sud-coréenne a affirmé avoir détecté des signes laissant présager qu’une telle parade a eu lieu dimanche soir. Elle n’était cependant pas en mesure de dire s’il s’agissait «de l’événement en lui-même ou d’une répétition». En octobre, un immense défilé avait été organisé à l’occasion du 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs au pouvoir. Un missile balistique intercontinental géant avait été dévoilé. Lundi, dans son discours du Nouvel An, le président sud-coréen Moon Jae-in, qui a joué un rôle crucial dans le processus de négociations entre M. Kim et M. Trump, a déclaré que Séoul mettrait à profit le changement d’administration à Washington pour réaliser «un grand revirement» dans les négociations intercoréennes et entre Washington et Pyongyang qui sont dans «l’impasse».


        «Plus grand ennemi» : Kim Jong-un appelle à «subvertir» les Etats-Unis

Kim Jong-un sur un cliché rendu public le 9 janvier 2021 par l’agence KCNA.

9 janv. 2021,- Avec AFP © KCNA Source: Reuters

Kim Jong-un a estimé que les Etats-Unis étaient «le plus grand ennemi» de la Corée du Nord et que son comportement vis-à-vis de celle-ci ne changerait pas avec Joe Biden. Il a également annoncé un nouveau plan pour se doter d’un sous-marin nucléaire.

Les Etats-Unis sont le «plus grand ennemi» de la Corée du Nord et le pays prévoit de se doter d’un sous-marin nucléaire, a déclaré son dirigeant Kim Jong-un, cité le 9 janvier 2021 par l’agence KCNA. Pyongyang «devrait se concentrer et se développer en vue de subvertir les Etats-Unis, le plus grand obstacle à notre révolution et notre plus grand ennemi», a-t-il déclaré lors du 8e congrès du parti au pouvoir, selon l’agence de presse.

La déclaration intervient moins de deux semaines avant la prise de fonctions de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis et alors que les relations entre Kim et le président américain sortant Donald Trump ont été tumultueuses. Entre insultes et poignées de mains, Kim Jong-un et Donald Trump ont eu leurs hauts et bas. Aucun progrès substantiel n’a été enregistré durant la période de rapprochement, et depuis février 2019, les relations Kim-Trump sont au point mort.

La «vraie nature» de la politique américaine ne changera pas, selon Kim Jong-un

Mais Donald Trump n’a jamais inspiré à la Corée du Nord la haine qu’elle voue à Joe Biden, un «chien enragé» qu’il faudrait «battre à mort». De son côté, le démocrate a qualifié le dernier de la «lignée du Paektu» (en référence au mont sacré éponyme, point culminant de la péninsule de Corée) de «voyou».

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«Quelle que soit la personne au pouvoir [aux Etats-Unis], la vraie nature de sa politique contre la Corée du Nord ne va jamais changer», a déclaré Kim Jong-un sans nommer Joe Biden, toujours selon KCNA. Lors de cette réunion du Parti des travailleurs, le dirigeant nord-coréen a également annoncé que son pays avait conduit un plan visant à se doter d’un sous-marin nucléaire. «De nouvelles recherches de planification pour un sous-marin nucléaire ont été menées à bien et sont sur le point d’entrer dans le processus d’examen final», a-t-il fait valoir.

Le pays devrait «développer davantage la technologie nucléaire» et produire des ogives nucléaires légères et de petite taille pour être utilisées «en fonction des cibles visées», a-t-il ajouté. Le dirigeant a tenu ces propos au parti lors d’une présentation de travail de neuf heures, étendue sur trois jours, et dont KCNA a rapporté le 9 janvier pour la première fois les détails.


 

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