Crise libyenne : La proposition algérienne favorablement accueillie

30.05.2020

  La proposition de l’Algérie d’abriter le dialogue interlibyen à Alger, réitérée une nouvelle fois par le chef de la diplomatie dans son message, à l’occasion de la Journée de l’Afrique, est accueillie favorablement par les parties libyennes.

D.R.

Selon l’agence  de presse Lana,  le Conseil suprême  des tribus libyennes et les Conseils de réconciliation se sont félicités de la proposition des dirigeants algériens. Selon l’agence de presse qui rapporte l’information,  des réunions et des contacts continus ont lieu avec des représentants de la présidence algérienne pour régler la crise et pour arrêter  l’effusion de sang. Le chargé d’affaires par intérim du Conseil a même indiqué qu’ «une réunion interlibyenne devait avoir lieu au cours du mois de mars à Alger», mais  du fait des conditions  sanitaires et de la propagation du coronavirus, elle n’a pas pu se tenir. Il est à souligner que dans son message, M. Boukadoum a exprimé la «profonde préoccupation de l’Algérie face aux graves développements de la situation en Libye ces dernières semaines». Ces développements suscitent aussi la préoccupation de nombre de capitales. Pour le ministre français des Affaires étrangères, c’est tout simplement  « le scénario syrien (qui) se répète  en Libye».  Le ministre français avait certainement en tête l’accord russo-turc en Syrie et qui pourrait de l’avis de certains se reproduire en Libye. Les médias français parlent déjà de la menace d’une souveraineté turco-russe, ce qui traduit la crainte de Paris de se retrouver exclu du jeu libyen. Une crainte qui est partagée par tous les pays européens qui avaient pourtant cru qu’ils avaient repris la main après la tenue de la conférence de Berlin. Mais pour l’heure, la seule certitude est que la  situation est très préoccupante et que la crise s’aggrave très rapidement. D’où l’urgence de pousser à la reprise du dialogue interlibyen. Toutefois, cela risque de ne pas être facile.  Le souci selon certains  spécialistes est que le maréchal Haftar «n’a aucune volonté de régler politiquement le conflit». Pourtant, il ne fait aucun doute que sur le terrain, il est affaibli par les derniers revers enregistrés. De plus, est-il affirmé par le  co-directeur du programme Libye de Noria Research, «le maréchal Haftar est en train de se faire lâcher par l’Egypte et la Russie». Selon lui, ces deux puissances «sont en train de se  repositionner en montrant une plus grande volonté de dialoguer  avec le gouvernement d’union nationale». C’est dire que le lâchage de Haftar par ses alliés se précise chaque jour un peu  plus. Pour d’autres analystes, ce  sont les revers militaires de l’homme fort de l’est qui ont incité ses alliés à revoir leur soutien et leur position. Haftar  ne constituerait plus un investissement sûr pour leurs intérêts. Du reste, Alger, par la voix de son chef de la diplomatie, n’a pas manqué de souligner que les derniers développements enregistrés sur la scène libyenne   «confirment malheureusement l’opposition des agendas régionaux et internationaux qui ne semblent s’accorder que sur le maintien de la Libye en situation de chaos et en théâtre de guerres par procuration et de règlement de comptes au détriment du sang des enfants du peuple libyen». Contrairement à l’Algérie qui, indiquera une nouvelle fois M.Boukadoum, est animée par l’esprit de solidarité à l’égard du peuple libyen. De ce fait, est-il affirmé, elle «ne ménagera aucun effort pour rassembler les protagonistes  (libyens) et rapprocher leurs vues» et  dans le cadre de la coordination et de la concertation avec toutes les parties libyennes, les pays voisins, l’UA et l’ONU
N. Kerraz


   Politique extérieure de l’Algérie

>>> Boukadoum défend le consensus national

Le chef de l’Etat ne doit pas abuser de pareilles prérogatives et doit tenir compte des sensibilités politiques et idéologiques qui traversent la société.

Auditionné par la commission des affaires étrangères de l’APN, Sabri Boukadoum a défendu le principe du «consensus national» dans la conduite de la diplomatie algérienne. Bien que l’on eût déjà pu apprécier cet état de fait dans de nombreuses occasions passées, le ministre des Affaires étrangères a tout de même mis l’accent sur la nécessaire préservation dudit consensus. «Les secteurs de la politique extérieure et de la Défense nationale doivent faire l’objet d’un consensus national à l’intérieur du pays», a souligné Boukadoum devant des députés qui avaient sans doute en tête l’article du brouillon de la Constitution qui propose l’intervention, sous conditions, de l’Armée nationale populaire sur des théâtres d’opérations militaires en dehors des frontières nationales.
Le ministre des Affaires étrangères, qui n’ignore certainement pas que la question de l’ANP fera l’objet de débat dans un futur proche, a mis en exergue la nécessité d’éviter tout différend «sur ces deux secteurs(politique extérieure et Défense nationale) dont les prérogatives relèvent du président de la République, comme c’est le cas dans tous les pays du monde». Décodé, l’on comprend que le chef de l’Etat ne doit pas abuser de pareilles prérogatives et doit tenir compte des sensibilités politiques et idéologiques qui traversent la société dans une prise de décision engageant le pays à l’étranger. Et le ministre apporte un début d’explication en relevant que «la direction de la politique extérieure bénéficie d’un intérêt soutenu au sein du programme global du renouveau national et d’édification d’une Algérie nouvelle». Lequel programme ambitionne de rendre sa place à l’Algérie «dans le cadre des principes connus de la diplomatie algérienne», a affirmé Boukadoum. à cet effet, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé ces principes qui sont: «le respect de la souveraineté des pays, de leur indépendance et de leur intégrité territoriale, la non-ingérence dans les affaires internes des pays, le respect des règles de bon voisinage, le règlement pacifique des conflits et le soutien des causes justes». «L’action diplomatique est adaptée sur la base du tryptique: souveraineté, sécurité et développement» de façon à assurer «la défense des intérêts suprêmes de la Nation, la préservation de la Sécurité nationale et la réalisation d’une décision souveraine et indépendante avec une meilleure exploitation des opportunités du partenariat et de coopération au service du développement».

 

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