Les intrigues du parti islamiste Ennahda en Tunisie et leur impact sur l’Algérie

     

Noureddine Bhiri, vice-président d’Ennahda et ancien ministre de la Justice sous la présidence de Moncef Marzouki auquel j’ai consacré un récent article, a été arrêté en Tunisie le 31 décembre dernier et placé en résidence surveillée pour, entre autres, suspicion de terrorisme. Il s’agit de la chute de la boîte noire des Frères musulmans en Tunisie et du chef de l’organisation secrète du parti Ennahda de Ghannouchi impliquée dans les assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Lors de son passage au ministère de la Justice, Bhiri a accordé la nationalité tunisienne à plusieurs Frères musulmans dont Youssef Nada, l’un des fondateurs et pièce maîtresse de la confrérie des Frères musulmans. Son fils vendait le pétrole de Saïd Bouteflika rétrocédé par Ould Kaddour lorsqu’il était à la tête de la Sonatrach avec la complicité de Chakib Khelil, ce qui prouve que Saïd est lié à la nébuleuse des Frères musulmans, et c’est la raison pour laquelle il a pactisé avec Makri.

Intéressons-nous donc à Youssef Nada. Il est le financier des Frères musulmans avec sa banque Al-Taqwa Bank, dite « la banque des Frères musulmans », qu’il a fondée en 1988 avec son ami l’homme d’affaires Ali Ghaleb Himmat, frère musulman, et le banquier suisse nazi François Genoud. Ce n’est pas la première fois que l’on constate l’alliance entre les Frères musulmans et les nazis, le livre dont j’ai déjà parlé « Une mosquée à Munich » du journaliste Jan Johnson décrit la genèse de cette proximité. Al Qaradawi et des hauts dirigeants fréristes comme Al-Shater avaient des comptes bien garnis à la banque Taqwa qui a été par ailleurs accusée par les Etats-Unis de financer le GIA et Al-Qaïda. Youssef Nada est aussi très proche du boucher du FIDA, Mourad Dhina, le dirigeant de l’organisation terroriste Rachad installée en Suisse. Dhina est impliqué dans l’attentat qui a coûté la vie à de jeunes scouts algériens, assassinés par le Semtex qu’il a acheminé en Algérie depuis la Slovaquie via le Maroc. En bons terroristes, Dhina et Nada s’entendent comme larrons en foire et sont en contact permanent. Ennahda, Rachad, le MAK, toutes ces organisations terroristes sont liées et l’on assiste pour le moment en Algérie à des pénuries, notamment d’huile de table, provoquées par Rachad et le MAK pour brûler l’Algérie. Ces méthodes « à la vénézuélienne » visent à provoquer la colère au sein de la population et mener à des émeutes.

Il est intéressant de savoir que Rached Ghannouchi est milliardaire en euros et en dinars tunisiens : un va-nu-pieds devenu milliardaire. Il a des sociétés en Suisse et en France et ses sociétés en Suisse sont liées à la banque Al-Taqwa de Nada. Dans l’enquête gigantesque qui a cours en Tunisie et qui a conduit à l’arrestation de Bhiri, les enquêteurs ont trouvé que Ghannouchi a reçu de l’argent de plusieurs personnes décédées depuis longtemps. Cela s’appelle des virements d’outre-tombe et ce n’est rien d’autre que du blanchiment d’argent. L’utilisation de fausses identités et des personnes décédées est une technique bien connue des Frères musulmans. Les policiers ont aussi trouvé que des comptes bancaires appartenant à Ghannouchi servaient à financer le terrorisme en Tunisie et en Lybie. On attend la fin de l’enquête pour savoir s’il y a des ramifications en Algérie.

Pour en revenir à Noureddine Bhiri, alors qu’il était ministre de la Justice, il a installé des proches à tous les niveaux du ministère et limogé 82 juges qu’il trouvait gênants. Les juges qu’il a ensuite nommés étaient chargés de paralyser les affaires mettant en cause Ennahda et de réduire au silence les opposants. Nombreux sont ceux qui ont été les victimes de la chasse aux sorcières mise en place lors de l’accession au pouvoir de ces criminels d’Ennahda. Bhiri a également à son actif l’envoi de nombreux djihadistes tunisiens en Syrie ainsi que d’avoir favorisé le « djihad nikah » des femmes tunisiennes encouragées par son épouse qui s’occupait de la branche féminine des Frères musulmans.

Une autre arrestation a également eu lieu dans la foulée, celle de Fathi Baldi, membre lui aussi d’Ennahda, « cadre sécuritaire » et ancien conseiller de l’ex-ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, autre ministre islamiste sous la présidence du susnommé pantin de Carthage Marzouki, puisqu’Ennahda avait fait main basse sur tous les ministères régaliens. Ce Baldi est loin d’être un enfant de chœur et on retrouve ses traces dans toutes les affaires d’atteinte à la sûreté nationale. Tous les rouages de l’Etat tunisien sont gangrenés par Ennahda et l’on sait que des membres de l’organisation secrète des Frères musulmans ont infiltré la garde du Palais présidentiel à Carthage. Ces deux arrestations interviennent au moment où le président Kaïs Saïed a été averti que des attentats terroristes se préparaient visant à l’assassiner. J’ai traité de ce sujet lors d’un précédent article où j’évoquais aussi une information selon laquelle la branche armée d’Ennahda récoltait des renseignements sur la société algérienne Sonelgaz. Dans quel but et pour qui ? Il faut absolument ouvrir le dossier de la corruption des Frères musulmans algériens et leurs connexions internationales. Quel est le rôle réel des frères musulmans algériens dans tout cela ? Pourquoi Makri reste-t-il silencieux alors qu’il est très proche de Ghannouchi ?

Depuis l’arrestation de ses membres, Ennahda multiplie les déclarations à la presse, réclamant la libération immédiate de Bhiri et Baldi et dénonçant la « dérive autoritaire » de Kaïs Saïed. Comme les Frères musulmans sont des champions en matière de victimisation, Bhiri s’est fait hospitaliser et a entamé une grève de la faim. Il est clair que Ghannouchi et son parti ont tout intérêt à ce que Bhiri meure car il risque de faire des révélations compromettantes. En effet, Ennahda a détourné de l’argent et Bhiri se chargeait d’effacer les traces en muselant la justice. Il a dissimulé les dossiers liés à la corruption de Ghannouchi et de Marzouki, lequel ne cesse d’attaquer l’Algérie sur ordre du Makhzen marocain. La disparition de Bhiri permettrait en outre d’utiliser sa mort pour en faire un « martyr » et victimiser les islamistes.

Les dégâts qu’ont occasionné les islamistes d’Ennahda en Tunisie sont incommensurables : corruption, notamment avec le recours à l’ikramiyat qui est la couverture religieuse donnée par les islamistes à la corruption et qui a été utilisée dans le projet de l’autoroute Est-Ouest en Algérie. Ennahda n’a pas seulement pratiqué la corruption « halal », mais le blanchiment d’argent, le terrorisme, la trahison, la liquidation physique des opposants, et j’en passe, provoquant la pauvreté et le désespoir de la population. Partout où ils s’implantent, les Frères musulmans font les mêmes ravages. Antinationaux et corrompus, ils rêvent du grand califat et ne se préoccupent pas des peuples qu’ils soumettent à leurs diktats. La nébuleuse des Frères musulmans déploie ses tentacules dans le monde entier et sert de cheval de Troie à l’empire dont ils ont toujours été les idiots utiles. Ils sont un véritable poison qu’il serait temps d’éradiquer une bonne fois pour toutes. D’ailleurs, ils tombent tous les uns après les autres et c’est une bonne nouvelle.

Car la sécurité et la stabilité de la Tunisie sont très importantes pour l’Algérie dont les frontières sont toutes en feu. La Tunisie est notre profondeur géopolitique et son instabilité représente une menace pour notre pays.

Mohsen Abdelmoumen

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