FESTIVAL INTERNATIONAL DU CINÉMA D’ALGER : les écrans de la réconciliation

Les hôtes de la table ronde

Une table ronde avec différents directeurs de festivals a été organisée lundi matin pour voir comment ils peuvent collaborer ensemble.

S’organiser pour une meilleure distribution des films dans leurs évènements respectifs, mais aussi faire en sorte de promouvoir les cinéastes, les cinémas et les festivals peu connus dans leurs pays respectifs étaient les points débattus au Fica, lundi matin, à la salle Frantz Fanon. Les hôtes de cette table ronde étaient Jean Asselmeyer, cinéaste et responsable du festival Panorama des films algériens à Nîmes, Mohamed El-Keurti responsable du ciné-club de Mascara, Amar Tribèche nouveau directeur fraîchement installé par le ministre de la Culture à la tête du Festival du film amazigh, François coordinateur au Fespaco, Vicente Seva, directeur du Festival international du cinéma à Alicante et enfin George Dupont coresponsable du Festival du cinéma de Goa (Inde) et administrateur à l’Unesco. Après un tour de table où chacun s’est présenté, ces professionnels du cinéma ont tenté d’apporter des propositions et de relever ainsi en filigrane les difficultés qui entourent le monde du cinéma. Pour le responsable du ciné-club de Biskra qui a 31 ans d’existence, le problème c’est surtout les moyens. Néanmoins, il annoncera que la prochaine étape après la constitution des réseaux des ciné-clubs en septembre dernier à Béjaïa (au RCB) sera une nouvelle rencontre au mois de décembre à Mascara. «Nous comptons finaliser cette rencontre sous forme de festival. Si les festivals sont épisodiques dans l’année et les films peu distribués à cause du manque de salles, nous les ciné-clubs nous sommes en quelque sorte le relais afin de poursuivre ce travail de sensibilisation au cinéma auprès des jeunes», a-t-il indiqué. Pour le directeur du festival du cinéma à Goa en Inde, qui est aussi administrateur à l’Unesco et encadre le «prix CITC Gandhi» (Conseil international de l’audiovisuel et du cinéma) (qui sera remis le jour de clôture, Ndlr), «l’objectif est de faire valoir les jeunes cinéastes qu’on ramène dans notre festival qui est grand et invite des grandes stars de Bollyhwood.

l’impact du cinéma dans le monde
On tente de promouvoir les films de ces jeunes cinéastes qui n’arrivent pas être produits et distribués dans leurs pays. On anime aussi des master class. Nous allons voir en termes de partenariat comment renforcer les liens avec l’Algérie. Il faut une institution internationale peut-être pour renforcer ce lien entre les festivals. Goa est un festival où les gens vont en tout cas au cinéma». Évoquant la spécifité du festival du film amazigh qui est à sa 17ème édition, Amar Tribèche dira que le propre de ce festival est son caractère identitaire, à savoir l’amazighité et la programmation est issue souvent de jeunes cinéastes indépendants, mais amateurs d’où la difficulté de trouver de bons films faits dans des conditions professionnelles. Il relèvera aussi le problème du sponsoring qui fait défaut dans le domaine cinématographique en Algérie. Pour le responsable du Fespaco, ce qui serait intéressant «est de recenser les différents festivals qui existent, mais aussi faire en sorte que les films sélectionnés soient de qualité et diversifiés dans le genre. Il faut aussi que les jeunes aient un espace, notamment une section qui leur sera dédiée, notamment à l’université et organiser aussi des ateliers comme le laboratoire à Ouaga ou Takmil aux JCC qui permettent de soutenir les jeunes cinéastes». Et d’ajouter en parlant de la mise en réseau des festivals. «Il y a en Afrique déjà, beaucoup de festivals, mais certains ne se connaissent pas entre eux.

Amazon et Netflix
Il faut qu’ils collaborent en échangeant, notamment leur base de données. On est au Fica pour qu’on puisse partager aussi et échanger. Il faut que les festivals parviennent à établir des partenariats. Le Fespaco est partenaire d’une trentaine de festivals de par le monde.» Pour le directeur du Festival du cinéma à Alicante le fait de montrer des films du reste du continent de l’Europe et la Méditerranée et d’en parler dans la presse, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du festival, cela favorise déjà la promotion de ces films. Prenant la parole, Jean Asselmeyer dira qu’il y a «une grave offensive aux USA à l’encontre de la culture en citant les deux plates-formes de téléchargement légales sur le Net, à savoir Amazon et Netflix qui, selon lui, constituent un danger vis-à-vis du cinéma qui est par essence une culture collective, pour voir un film ensemble dans une salle de cinéma et pas seul devant son petit écran. Aussi, l’éducation filmique et la formation ont été les deux autres axes sur lesquels les intervenants ont insisté afin de sensibiliser la jeunesse sur l’impact du cinéma dans le monde et favoriser son extension tout en préservant l’identité de chaque pays. Pour George Dupond du festival de Goa «l’identité culturelle doit être protégée dans toute sa diversité». Parlant de ses projets à la tête du festival du film amazigh, Amar Tribèche confiera qu’il montera pour la prochaine édition des ateliers d’écriture de cinéma et de chercher pourquoi pas après, des financements pour accompagner les jeunes cinéastes. Pour le responsable du Fespaco, «qu’il y ait ou pas des salles de cinéma, il faut doter les infrastructures du DCP et aller là où il y a des jeunes et leur projeter des films». Aussi, a-t-il indiqué que «les financements étrangers c’est bien, mais si 60% du budget de votre film viennent de l’étranger ça va être un danger. Il faut un fonds national, que l’Etat soutienne ces films!» Parlant du Fespaco, il fera remarquer que le Fespaco bénéficie de la part d’un fonds de téléphonie mobile une aide à hauteur de 400 millions de francs CFA pour soutenir les projets culturels. «Il ne faut compter que sur nous-mêmes, sinon on verra la culture de l’Autre dominer chez vous…» Une conclusion pertinente à méditer.

L’expression 05.12.2018

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