Pourquoi la guerre russe en Ukraine est en train de sceller un nouvel ordre économique et géopolitique mondial

  par Medjdoub Hamed

  Qui pouvait s’imaginer que la Russie qui avait amassé 150 000 hommes à la frontière de l’Ukraine allait l’envahir, le 24 février 2022 ? Malgré l’annonce répétée du président américain d’une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie, personne n’y croyait vraiment que la Russie allait envahir l’Ukraine, aux motifs de buts de guerre qui l’opposaient à l’Ukraine.

Personne ne pouvait s’imaginer que l’Ukraine, un des grands pays d’Europe par la superficie, par la population plus de 40 millions d’habitants, allait être envahi surtout que la Crimée a été annexée unilatéralement par la Russie, sans l’aval et la reconnaissance de l’ONU, une annexion qui a entraîné immédiatement des sanctions occidentales. Aujourd’hui encore, la situation après 34 jours de guerre n’est toujours pas claire ; rien ne laisse apparaître un règlement diplomatique ou par les armes, l’occupation et un changement du régime politique préconisé pour l’Ukraine n’étant que des exigences que réclame la partie russe pour sa sécurité.Aussi le renversement du gouvernement ukrainien, la « dénazification », la « neutralité », la « reconnaissance » de l’annexion de la Crimée et l’indépendance des deux oblasts (régions) du Donbass que les séparatistes ukrainiens pro-russes n’en contrôlaient qu’une partie depuis 2014, ont certes été les objectifs de la guerre, mais au-delà, il y a une autre signification qui explique l’irruption de cette guerre que personne n’attendait et qui a surpris le monde.

Seule, à notre sens, une compréhension de l’état du monde comment il a évolué depuis 77 ans, i.e. depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, peut nous donner des lignes directrices qui ont mené à cette guerre. En fait d’emblée, peut-on dire que cette guerre russo-ukrainienne d’un nouveau genre n’est pas une guerre totale ou du moins les pertes civiles doivent être évitées au maximum contrairement à ce qui s’est produit durant la Deuxième Guerre mondiale. Les pertes civiles entre 1939 et 1945 comptent pour plus de 40 millions de morts civils sur les 50 à 70 millions de pertes humaines totales durant la 2ème Guerre mondiale.

La guerre civile en Syrie qui s’est internationalisée a été, en revanche, une guerre totale, des villes entières ont été détruites. La ville d’Alep a été pratiquement détruite. La guerre au Vietnam a été une guerre totale. Également dans le monde arabo-musulman, principalement au Proche et Moyen-Orient (Liban, Afghanistan, Irak, Syrie, Somalie, Soudan, Yémen…), l’enjeu étant la convoitise des puissances portée sur les plus grands gisements de pétrole du monde que recèlent ces régions centrales du monde. Aujourd’hui encore ces régions divisent les grandes puissances, l’Occident s’opposant à la Russie et à la Chine.

Et les pertes civiles engendrées par ces guerres sont monnaies courantes et n’offusquent pas les grandes puissances, contrairement à la formidable médiatisation occidentale sur les pertes civiles d’enfants, de femmes…, ce qui est très positif en soi amenant les belligérants en Ukraine à prendre en compte les civils dans les combats, ce qui se traduit par une diminution de l’intensité des combats voire même à un gel de position. Sauf dans des cas stratégiques et encore on cherche à y établir des couloirs humanitaires pour éviter de morts de civils.

En Ukraine, la situation est donc autre ; bien que ce n’est pas une guerre totale, il demeure que les pertes civiles sont inévitables ; cependant pour la Russie qui est une puissance mondiale et qui vise à le démontrer en occupant l’Ukraine et cherche à changer son régime politique, éviter au maximum des pertes civiles constitue un handicap majeur dans la guerre que la Russie mène ; médiatisées sans relâche par la partie occidentale, les pertes en vies humaines civiles freinent sa stratégie de puissance. Tous les pays occidentaux dont en premier les États-Unis qui sont aujourd’hui encore prédominant dans l’ordre géopolitique et économique mondial soutiennent Kiev, et les pertes civiles en Ukraine sont une carte maîtresse qu’ils jouent, une carte qui est en somme leur alliée, qui d’ailleurs est légitime pour la bonne raison que les civils n’ont rien à voir avec la guerre tout au plus qu’ils aspirent à leur indépendance et à un régime politique de leur choix.

Cependant, au-delà de la guerre elle-même, le problème qui oppose l’Ukraine à la Russie est éminemment géopolitique et aussi économique, qui sont intimement liés. La Russie, depuis la fin de l’existence de l’Union soviétique en 1991, cherche sa place dans le concert des grandes puissances, et son statut qui lui échoie dans l’ordre de puissance mondiale dominé par les États-Unis, la Chine et aussi par elle, n’est pas pour ainsi dire tranchant comme il l’a été avec l’ex-Union soviétique. Il existe des apories dans son statut de puissance mondiale avec ses pairs, les États-Unis t la Chine.

Bien que dotée du plus grand arsenal nucléaire dans le monde en terme de nombre de vecteurs et d’ogives nucléaires qu’elle détient, d’une superficie géographique, la plus grande du monde, comptant plus de 17 millions de km2, la Russie reste économiquement parlant faible. Dans le classement économique mondial, elle a, par son PIB nominal, en 2018, le rang de 11ème puissance, juste avant la Corée du Sud qui est classée 12ème ; par le PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA), elle a le rang de 6ème puissance, juste avant l’Indonésie qui est 7ème. Ce rang dans le classement économique mondial constitue un handicap considérable pour la Russie dans l’ordre de puissance mondial.

Lors d’un discours à Strasbourg, en 1959, le général de Gaulle, président de la France, avait évoqué la formule « l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural » pour briser le duopole de la Guerre froide entre Washington et Moscou, à l’époque. La Russie a agi de même. Elle lui a substitué, en 2010, « L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ». Il est évident d’un marché de libre-échange entre l’Union européenne et la Russie, qui à terme aboutira à « un marché continental commun » fera de l’Europe et de la Russie un troisième grand pôle de puissance face aux États-Unis et la Chine. Ce qu’a invoqué le général de Gaulle 63 ans auparavant est invoqué de nouveau par la Russie. Ce vœu énoncé deux fois viendra-t-il à être ?

Aujourd’hui, nous y sommes encore dans la Guerre froide. Mais cette recherche d’intégration entre la Russie et l’Union européenne ne peut être porteuse aujourd’hui tant les différences sur le plan des régimes politiques et des données historiques restent très éloignées entre les pays d’Europe et la Russie. Les instances internationales telles l’Otan, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale où l’Occident est majoritaire lient toujours l’Europe aux États-Unis. Il faut par conséquent des transformations majeures pour couper le cordon ombilical entre les États-Unis et l’Europe pour arriver à ce que prônait de Gaulle au milieu du XXe siècle et la Russie en ce début de XXIe siècle.

Cependant, en revenant à la situation de guerre aujourd’hui, force de dire que si la Russie a envahi l’Ukraine, c’est parce que cela relevait d’une nécessité existentielle, dans le sens que de ce conflit avec l’Ukraine jouait l’avenir même de la Russie de demain. Et c’est une vérité mal perçue pour le plus grand nombre ; le président russe Vladimir Poutine sur qui on met tout n’est en fait que le paravent, la couverture de ce conflit pour éviter de se prononcer sur les véritables enjeux que cache cette guerre. L’Occident fait tout pour faire retomber la responsabilité sur le président russe, omettant de dire les vrais enjeux qui se jouent dans le conflit en Ukraine. En somme, une tactique de tout remettre sur un homme pour ne pas dévoiler que, dans la guerre en Ukraine, se joue l’enjeu sur le leadership mondial qui est encore détenu par les États-Unis, la première puissance mondiale, auxquels sont arrimés, sur le double plan géopolitique et économique à l’échelle mondiale, les pays d’Europe.

Il est certain, au vu des enjeux dans le monde, qu’un autre président russe serait passé par le même processus de guerre. C’est inévitable. Pour le profane même qui penserait que, puisque la Russie a déjà annexé la Crimée, il n’y avait pas de sens d’une invasion de l’Ukraine. Certes difficile à comprendre les motivations de la Russie dans cette guerre mis à part la région du Donbass dominée par les séparatistes ukrainiens pro-russes.

Précisément, de l’invasion de l’Ukraine et de ce qui en ressortira, et de ce qui en découlera se jouera aussi l’avenir de l’Occident ; en particulier l’avenir des États-Unis dans le sens resteront-ils les détenteurs de la puissance géopolitique et économique mondiale ? Si les États-Unis perdaient cette puissance géopolitique et économique mondiale, et l’Ukraine n’étant qu’un maillon supplémentaire dans ce déclin, et d’ailleurs le plus important puisqu’il se situe au flanc Est de l’Occident, i.e. directement à l’Europe qui est en contact avec la Russie, une puissance militaire mondiale, et donc si le revers en Ukraine est consommé, les États-Unis essuieront aussi un revers à l’échelle mondiale, l’Europe des 27 +1 (Royaume-Uni) inévitablement suivra la chute de la première puissance du monde. Au profit bien entendu des puissances adverses, i.e. la Russie et la Chine.

On comprend dès lors que lorsque la Russie parle de l’emploi d’armes nucléaires et elle avance sa « sécurité existentielle » n’est en fait non l’emploi d’armes nucléaires eux-mêmes qui eux n’assureront pas leur sécurité existentielle, ni aussi pour l’Occident d’ailleurs, ce sera un « suicide mutuel ». C’est simplement que, dans la guerre en Ukraine, elle veut compter vaille que vaille dans le nouveau duopole États-Unis-Chine. Ce qui explique la situation extrême qui l’a menée à envahir l’Ukraine.

La guerre en Ukraine menée par la Russie est une preuve de sa puissance mondiale qu’elle a montrée au monde, en particulier au duopole États-Unis-Chine et à l’Europe, montrant à celle-ci que l’Otan ne pourrait la protéger si demain, comme le président russe l’a déclaré ouvertement, qu’avec des preuves démontrées sur la cobelligérance d’un pays européen, membre de l’Otan, ce pays serait touché par une attaque russe. On voit mal, par exemple, les États-Unis, par le biais de l’Otan s’attaquer à la Russie – ce qui déclenchera une Troisième Guerre mondiale – si la Roumanie ou la Pologne ont fait l’objet de représailles menées par la Russie au motif qu’elles se sont engagées par l’acheminement d’armements lourds (chars et avions) au profit de l’Ukraine.

Il est certain qu’il y aurait des condamnations en cascades de la part de l’Occident, mais les États-Unis seraient obligés de reculer malgré tous les discours du président américain, Joe Biden, sur le caractère « sacré » de la défense collective otanienne des pays membres de l’Otan. Une Troisième Guerre mondiale ne sera en aucun cas une « défense sacrée collective des pays membres de l’Otan », ce sera plutôt le « suicide collectif de puissances à l’échelle mondiale ». Rien n’existera en Europe de l’Est, en Europe de l’Ouest, en Russie, aux États-Unis, et peut-être même la Chine, l’Inde, le Pakistan…. L’Australie, le Japon seront certainement touchés en tant qu’alliés des États-Unis.

N’échapperont d’une guerre nucléaire généralisée que les pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et les pays d’Asie non dotés d’armes nucléaires. C’est dire que les mots du président américain, Joe Biden, sur une riposte qu’il définit « sacrée » pour tout membre de l’Otan ne resteront que des mots ; toutes les puissances mondiales ou régionales savent ce qui en ressortira d’un affrontement direct entre les États-Unis et la Russie.

Le recours au « téléphone rouge » sera immédiat entre Joe Biden, nonobstant les mots tels que criminel de guerre, boucher qui sont plus à mettre sur l’état émotionnel du président américain vu la violence de la guerre en Ukraine, et les plus de 3,5 millions d’Ukrainiens, essentiellement les enfants, les femmes et les hommes de plus de 60 ans (compte tenu de la mobilisation générale décrétée en Ukraine) qui ont fui la guerre et se sont réfugiés dans les pays voisins. La guerre en Ukraine touche aussi de très près la Chine. Pourquoi ? Pour la simple raison que dans cette guerre en Ukraine, se joue aussi l’avenir de la Chine.

Comment le comprendre ? Surtout qu’elle est très éloignée géographiquement de ce conflit. En effet, si c’est la Russie qui essuie un revers en Ukraine, même si elle sort victorieuse de la guerre, qu’elle annexe en plus de la Crimée les régions du Donbass, i.e. les républiques Donetsk et Lougansk, le conflit avec l’Ukraine va, au vu des enjeux, perdurer longtemps.

Combien même l’Ukraine, comme l’exige la Russie, sera un « pays neutre », et restera en dehors des pays de l’Otan, et même si les pays occidentaux n’ont pas le choix que d’accepter cette exigence russe, la situation peut évoluer et entraîner demain au sein de l’Ukraine la mise en place d’un pouvoir libéral et démocratique. Le problème n’est pas dans la puissance militaire mais dans les frictions géopolitiques et surtout économiques entre les peuples.

Peu importe la « neutralité » de l’Ukraine qui lui sera même une protection contre la guerre, l’Ukraine deviendra forcément, compte tenu des enjeux qui divisent les grandes puissances, la « nouvelle Suisse » pour l’Europe centrale et orientale. L’Ukraine, une nation neutre comme elle est la Suisse, démocratique, et surtout renforcée sur tous les plans dans le domaine économique comme le Japon de naguère (après la guerre de Corée 1950-1953) ou la Corée du Sud, deviendra, par une économie florissante, un danger certain pour le régime politique biélorusse et le Kremlin. Une situation dans les années à venir qui fera certainement tâche d’huile auprès des peuples de Biélorussie et de Russie.

Une situation qui peut entraîner pour le monde de demain une Biélorussie et une Russie réellement démocratique. Dès lors l’étau libéral et démocratique qui va des États-Unis à l’Oural, i.e. d’ouest à l’est au Nord, et du Quad, au Sud, qui unit les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon, va alors se resserrer sur la Chine, qui sera inévitablement isolée dans le monde demain.    Une situation qui sera extrêmement difficile pour le régime politique chinois. On comprend donc l’extrême attention de Pékin vis-à-vis de Moscou, dans la guerre en Ukraine.

Telles sont les craintes de part et d’autre des puissances, tant pour la Russie et la Chine, aujourd’hui, que pour les États-Unis, l’Europe et le reste de l’Occident. Sauf qu’il demeure qu’un processus de fond se joue entre les trois pôles de puissance au sein duquel existe un pôle dominateur presque sur tous les plans. Ce pôle, quand il ne domine pas, substitue ou plutôt complète sa domination par la subversion en provoquant des guerres, ou quand ce n’est plus possible, il se lance lui-même dans les guerres.

C’est le cas des États-Unis et de ses alliés les pays d’Europe

On comprend aussi pourquoi cette volonté euro-américaine dont le credo est de perdurer à tout prix dans la domination sur le reste du monde. Cependant cette recherche suprématiste de l’Occident, de pérenniser la puissance militaire, économique, géopolitique sur le reste du monde, a cependant des limites ; en fait elle revient aux forces de l’histoire. Agiter le drapeau démocratique au-dessus des peuples du reste du monde tel un flambeau qui éclaire la route de la domination occidentale ne peut fonctionner à tous les coups. S’il a fonctionné pour les pays d’Europe centrale et orientale, c’est simplement que les PECO ont gagné doublement, une protection otanienne doublée d’une protection économique et financière auprès de l’Union européenne.

Ce que la Russie qui détient la puissance nucléaire ne détient pas l’autre volet économique que seul l’Occident détient à travers les institutions internationales, le Fonds monétaire européen et la Banque mondiale ; sans oublier surtout les deux plus grandes institutions monétaires au monde, qui financiarise pour près de 85 % l’économie mondiale, et sont la Banque centrale américaine (Réserve fédérale ou Fed) et la Banque centrale européenne (BCE), émettrices des deux premières monnaies internationales, le dollar et l’euro. Donc l’élargissement aux PECO a un double sens d’intérêt « renforcer l’Occident en surface géographique en échange de gains que les PECO retirent de leurs nouveaux alliés européens et américains ». Dans ce processus, l’enjeu primordial est donc de renforcer l’Occident face aux grandes puissances adverses. Cependant, ce processus a des limites comme on le voit avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pourquoi des limites à cette politique d’élargissement ciblée par les États-Unis et l’Europe ?

En considérant le monde de demain, que la démocratie réelle selon les principes universels édictés dans les institutions onusiennes gagne la Russie, il sera alors plus facile d’intégrer la Russie dans le processus dit de « Lisbonne à Vladivostok ». Au final, le processus deviendra naturel d’intégrer dans un même pôle des nations démocratiques. La Russie démocratique, intégrée à l’Europe, sera gagnante, comme ce qui a été dit supra se réalisera et donc un marché de libre-échange s’instaurera entre l’Union européenne et la Russie, qui aboutira à « un marché continental commun » au grand dam de la première puissance mondiale, les États-Unis, qui ne seront plus la première puissance économique mondiale.

La Chine sera dans une décennie ou deux, par le PIB nominal, la 1ère puissance économique mondiale. L’Ukraine n’aura plus besoin d’être neutre puisque le grand frère est de retour dans le monde de demain, et très probablement allié à l’Europe, celle-ci deviendra la grande Europe qui, forgée par des siècles de guerre, étonnera par sa pacificité le monde.

La Chine gagnera certainement nonobstant son régime communiste lorsque le monde serait plus sûr avec moins de guerre et plus de rapports économiques entre les nations. Dans le monde de demain, une métamorphose touchera l’humanité entière. Point besoin de deux islamismes politiques comme il se passe aujourd’hui, l’Occident poussant l’islamisme radical contre leurs adversaires, la Russie qui a appris la leçon d’Afghanistan s’allie à l’Iran et à la Turquie comme d’ailleurs la Chine et son allié, le Pakistan, se ligue pour opposer un islamisme politique contre l’islamisme politique sponsorisé par l’Occident. Ce contrebalancement de subversions islamistes des deux camps a abouti à la débâcle vécue par la coalition occidentale (États-Unis et Otan), en août 2021, lors du retrait des dernières forces occidentales en Afghanistan. Combien est loin l’ère de Feu Houari Boumediene, aujourd’hui, l’idéologie n’est plus dans les mouvements de libération des peuples de la colonisation ni dans l’islamisme radical sponsorisé par l’Occident, l’idéologie est dans la recherche du bien-être dans l’existence ; les peuples ne veulent plus de guerre ; ils veulent la reconnaissance de leurs droits ; ils veulent simplement vivre et si possible heureux ; tel est leur credo qui est facilité par le progrès des sciences, de la technologie ; l’Internet qui relie les êtres humains est déjà un grand pas dans le progrès humain ; certainement d’autres progrès, d’autres découvertes attendent l’humanité de demain. Le monde a changé et continuera à changer. La guerre en Ukraine se terminera certainement avec cette « neutralité » exigée par la Russie. Que la région du Donbass soit annexée par la Russie après référendum par les autorités séparatistes et que ces annexions ne soient pas reconnues importent peu puisque la guerre russe en Ukraine a désormais a scellé un tournant dans l’architecture mondiale ; elle a ouvert un nouvel ordre économique et géopolitique mondiale. La « Nouvelle Guerre froide » va continuer, la situation en Ukraine restera toujours instable ; l’Occident cherchera à torpiller la paix en poussant le gouvernement de Kiev à remettre en question le statu quo ; il financera et renforcera certainement l’architecture économique de l’Ukraine puisqu’elle constitue une zone de tampon de sécurité avec la Russie. Mais sans qu’il le sache, cette « nouvelle Suisse » va inférer sur les autres peuples de l’Est, et le retour du levier va s’opérer et faire arriver comme on l’a énoncé le monde de demain.

Comme s’accorde à énoncer le FMI dans les projections du monde de demain rapportées par un quotidien financier français, on lit :

« À plus long terme, selon le rapport du FMI, « la guerre pourrait modifier fondamentalement l’ordre économique et géopolitique mondial, si le commerce de l’énergie se modifie, si les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises ».

Le FMI a prédit de profondes récessions en Ukraine et en Russie.

Le PIB ukrainien va se contracter « a minima » d’environ 10% en 2022 en prenant l’hypothèse d’une « résolution rapide » du conflit et grâce à l’aide internationale « substantielle », selon une première estimation de l’institution, qui fait cependant état d’une « énorme » incertitude entourant ces projections. Si le conflit s’enlisait, sur la base de l’historique des guerres au Liban, en Irak, en Syrie ou au Yémen, il pourrait plonger de 25% à 35%. L’an passé, la croissance ukrainienne s’était pourtant élevée à 3,2%, portée par la demande domestique et les exportations. » (1)

Il est clair que le conflit va s’enliser même dans la paix retrouvée. La solution de la fin des hostilités n’est que transitoire, et la méfiance entre les nations engagées dans ce conflit durera ce qu’elle durera une décennie, deux décennies ou plus. Le retour final à la paix ne se trouvera que lorsque la mutation du monde s’opèrera et tournera pour de bon cette phase de domination occidentale sur le monde.

Comme le fut avant la phase de colonisation du monde. Et c’est ce que redoute le FMI dans la « modification fondamentale de l’ordre économique et géopolitique mondial » qui, en fait, relève des forces de l’histoire.

Aucune nation n’est restée à l’apogée de sa puissance sans qu’il y ait un retour de flamme qui met un terme à sa puissance. Et ce retour de flamme concerne aujourd’hui, l’Europe et les États-Unis, et ce au nom même de la démocratie et des valeurs qu’ils prétendent incarner alors qu’ils sont impliqués dans une multitude de guerre depuis plus de soixante-dix ans. Depuis les guerres de libération des peuples colonisés aux aventures militaires extérieures qui ont fait une hécatombe en vies humaines auprès des peuples envahis.

Mais on n’y peut rien, c’est le destin du monde qui est ainsi. Cependant il y a toujours une lumière au fur et à mesure que l’histoire avance ; il faut croire à cette lumière ; sinon une grande partie de l’humanité ne serait pas arrivée à s’être libéré de l’oppression des siècles passés ; en clair, il y a de l’espoir pour les peuples dans la marche du monde.

Medjdoub Hamed

Note

1. « La guerre russe en Ukraine risque de « modifier fondamentalement l’ordre économique et géopolitique mondial » (FMI) », par le quotidien français La tribune. Le 16 mars 2022

https://www.latribune.fr/economie/international/la-guerre-russe-en-ukraine-risque-de-modifier-fondamentalement-l-ordre-economique-et-geopolitique-mondial-fmi-906246.html

*Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective

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