Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie

(…) Tout comme les pays arabes de la zone MENA « Middle East and North Africa » (littéralement, « Moyen-Orient et Afrique du Nord ») selon la classification de la NED, l’Algérie n’a pas été épargnée par la vague « printanisante » de 2011 car, il faut se le dire, ce pays est un des (si ce n’est le) plus convoités de la région. Les mêmes réseaux ont été activés et les officines citées auparavant s’attendaient à ce qu’elle tombe dans l’escarcelle de l’« exportation de la démocratie ».

Néanmoins, le « printemps » n’a pas eu prise sur la population algérienne à cause, probablement, de la mémoire douloureuse d’une certaine décennie noire et sanglante qui a endeuillé toute la nation.  Pourtant, les acteurs de la révolte ont été à l’œuvre.(…)

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01.12.2019
M.Bensaada révèle que des officines basées aux Etats-Unis et en Europe «financent et forment différents organismes et associations à travers le monde, notamment, des cyberactivistes pour déclencher des révoltes populaires dans ces pays».

Des organisations algériennes qui encadrent actuellement le Hirak sont toutes financées par des organismes américains, dont l’objectif assumé est de provoquer des changements de régime dans de nombreux pays dans le monde. RAJ, Laddh, SOS disparus et beaucoup d’ordres associations très actives sur la scène nationale, depuis des années, ont bel et bien reçu des fonds en provenance des Etats Unis pour monter des opérations politiques en Algérie. Cette information que tout un chacun peut vérifier sur le site Internet d’un des organismes US, le NED en l’occurrence, qui figure également dans le livre de Ahmed Bensaada, un chercheur qui a beaucoup travaillé sur le rôle de certaines ONG américaines dans la déstabilisation de pays de l’Europe de l’Est du monde arabe.
M.Bensaada qui s’est exprimé sur une émission de la chaîne 3 de la radio nationale a pointé du doigt le risque de manipulation du Hirak par ces ONG qui ont pignon sur rue et connues pour leur action dans le monde. Le Chercheur à l’Ecole Polytechnique de Montréal et enseignant à l’Université d’Oran, a souligné l’importance d’éviter toute ingérence étrangère dans le règlement des différends internes au pays. M. Bensaada a évoqué, à ce propos, le Hirak, en relevant la tentative de manipulation ourdie par des officines américaines. Il dira que l’Algérie n’est pas un cas unique, puisque nombre de pays arabes ont connu le même processus, avec les mêmes codes et le même mode opératoire.
A propos de l’application de ces « techniques », il relève celles observées en Algérie où l’« on a vu ce qu’on n’avait pas l’habitude de voir : des femmes « distribuant des fleurs aux agents de l’ordre ».
Pour ce chercheur à l’Ecole polytechnique de Montréal, cette « technique de non violence » permet de donner une image positive de la jeunesse. « On l’a vue, déclare-t-il, en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Algérie aussi ».
Citant un manipulateur d’opinion Serbe affirmant que si une personne sympathise avec les forces de l’ordre, « c’est que quelqu’un y a pensé », il en conclut que l’on ne peut, « du jour au lendemain, avoir des comportements sociaux différents d’un comportement normal ».
Pour cet intervenant, « normalement, on ne donne pas de fleurs à des policiers, on ne leur donne pas d’eau, on ne balaie pas les rues ». Tout cela, ajoute-t-il, fait partie de l’arsenal des 199 méthodes théorisées par les spécialistes de manipulation de foules.
Il reste, estime-t-il que les Algériens ont encore leur sort entre leurs mains et affirme «pour qu’une révolte aboutisse, il faut qu’elle soit absolument intrinsèque, c’est-à-dire nos problèmes doivent être réglés entre nous». C’est dire l’influence néfaste que peut avoir les intrusions étrangères, mais cela ne veut pas dire que les lobbies US ont gagné. «Le fait de parler de manipulation ne veut pas dire que je suis contre le Hirak», insiste le chercheur, mais n’omet par de mettre en évidence certaines similitudes entre le Hirak du 22 février avec les révoltes en Egypte et la Tunisie en 2011, et même les révolutions colorées survenues en Géorgie, l’Ukraine ou le Kirghizistan, visant à changer les régimes «pacifiquement», en utilisant la technique de la «non-violence». Si techniquement la chose est faisable, les Algériens doivent surtout garder en tête la finalité du mouvement. Il faut rester souverain quoi qu’il arrive. Mais peut-on le rester longtemps lorsqu’on apprend de la bouche même de M.Bensaada que des officines basées aux Etats-Unis et en Europe «financent et forment différents organismes et associations à travers, notamment, des cyberactivistes pour déclencher des révoltes populaires dans ces pays». La difficulté de la lutte consiste à résister aux influences négatives des organismes étrangers. «Il y’a une manipulation contre l’Algérie et notre pays est visé», souligne l’invité de la radio nationale, non sans rappeler qu’après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient décidé de provoquer des «changements radicaux» dans les pays arabes, et se sont alors donné les moyens pour le faire, à travers, entre autres, la formation de «cyberactivistes autochtones» pour la mise en œuvre de leur projet. Cette stratégie qui a près de 20 ans utilise les réseaux sociaux. A travers lesquels la stratégie en question est déployée, en planifiant les manifestations, en donnant des directives concernant les lieux de rassemblement, les idées sur les slogans, par exemple.
M. Bensaada a tenu à souligner également que les revendications du Hirak sont «justes», et ce mouvement populaire est «bénéfique» pour le pays. «Mais nous n’avons pas besoin de financement étranger qui va nous pousser à nous entretuer», et le peuple algérien «n’a pas besoin de revivre l’expérience de la décennie noire», a-t-il fait savoir. «Si nous suivons ce que nous dictent les agendas étrangers nous irons directement droit au mur», a-t-il mis en garde.
Cela pour ce qui concerne l’émergence du Hirak et sa gestion. Quant à la résolution de l’Union européenne, son initiateur, l’eurodéputé, Raphaël Glucksmann, «fait partie du Cercle de l’oratoire, un cercle de réflexion français néoconservateur, qui était pour l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan et la destruction de la Libye», informe le chercheur.
«Nous souhaitons un réel printemps en Algérie, régler nos problèmes entre nous, avoir un pays démocratique sans qu’il y’ait une ingérence étrangère», a-t-il insisté, mettant en avant le fait que «jamais notre pays ne reviendra à avant le Hirak». «Nous ne pouvons plus revenir en arrière, sauf que donnez-nous la chance d’avoir un pays qui est tenu par les Algériens et par des agendas purement algériens, et non pas des agendas étrangers», a souligné M. Bensaada.
L’auteur de «Arabesque américaine» a souligné que «l’arrogance, l’entêtement et l’obstination sont de très mauvais conseillers dans cette période», appelant à faire en sorte que ce soulèvement populaire «soit un vif succès pour une Algérie nouvelle, apaisée, pleine de promesse pour un peuple qui a tant espéré».

Yahia Bourit


Ahmed Bensaada, auteur de l’ouvrage Arabesques, a évoqué dans un entretien exclusif à l’APS le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes.

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