Israël / Du concept de paix génocidaire

 

Par Mourad Benachenhou


«Faire disparaître» les Arabes se trouve au cœur de l’entreprise sioniste, et est une condition de sa réalisation. Au début des années 1930, les leaders sionistes ont fait les préparatifs pour un transfert de population, mettant en place une commission spéciale pour la tâche. À l’occasion, ils ont reconnu les souffrances que les Arabes auraient à endurer s’ils devaient quitter leurs maisons. Ils ont aussi débattu du caractère volontaire ou forcé du transfert. Mais même les «transferts volontaires» faisaient référence non à la volonté des individus, mais à un accord entre États. La notion d’un transfert de population est profondément enracinée dans l’idéologie sioniste, une excroissance logique du principe de ségrégation entre Juifs et Arabes.
(Tom Segel : Une Palestine, au complet, 2001, pp. 405-407)

La plus violente agression israélienne, datant de 2018, mais non la dernière évidemment, massive contre une population palestinienne, épuisée par cent ans de résistance et 21 années de siège, a duré 22 jours et nuits consécutifs. L’armée de l’État d’Israël n’a pas épargné, pour le moins que l’on puisse dire, ses moyens pour faire avancer la politique sioniste officielle et déclarée de génocide du peuple palestinien.
Il est utile de remettre en mémoire cette agression, qui continue d’ailleurs sans relâche, comme le prouvent les dépêches des agences de presse, pour en comparer la violence avec ce qui se passe actuellement en Europe, et qui soulève l’indignation comme la mise en œuvre d’une stratégie d’isolement international sans nuances contre une des parties au conflit et une mobilisation au nom des principes de «moralité» bafoués et de «défense de l’ordre légal international».

L’opération de Ghaza : une avancée dans le nettoyage ethnique de la Palestine
Elle a utilisé plus de 30 mille soldats, toute une armada d’équipements et de matériel militaire ultrasophistiqués, et un assortiment, divers et varié, de munitions prohibées par les accords internationaux, renforcées à l’uranium radioactif ou contenant du phosphore, etc. contre la population de Ghaza.
Le résultat obtenu par cet assaut par terre, air et mer a eu les résultats espérés d’Israël : tuer et handicaper à vie autant de Palestiniens que possible et rendre toute vie normale impossible à ceux qui ont échappé, temporairement, à l’opération de liquidation physique à multiples étapes menée depuis 1948 par les sionistes.
Cette opération a abouti au massacre de 1 324 personnes, dont 437 enfants âgés de moins de 16 ans, 110 femmes, 123 vieillards, 14 médecins et infirmiers et 4 journalistes. Le nombre de blessés a atteint le chiffre de 5 380, dont 1 890 enfants ; parmi eux, il y en a au moins 2 700 qui seront handicapés à vie.
À ajouter aux victimes de ce massacre, perpétué de manière planifiée, et en application de la politique sioniste génocidaire d’exploiter le moindre prétexte pour faire avancer son vieux dessein de vider la Palestine historique de sa population autochtone, les dégâts matériels : 5 mille maisons, 16 bâtiments administratifs et 25 mosquées détruites, plus de 25 mille maisons endommagées, sans compter, évidemment, l’infrastructure routière, les écoles, les hôpitaux, le matériel roulant de transport public ou privé, les unités de production industrielle, etc.
Ces statistiques donnent une idée de l’ampleur des moyens militaires déployés contre une population quasiment désarmée face à la puissance du feu d’une armée régulière, hautement entraînée, ne souffrant ni d’un manque d’hommes ni d’un manque de moyens, disposant d’un budget illimité, dont une partie lui vient d’une assistance internationale aux poches particulièrement profondes, comme d’une base logistique allant au-delà du territoire qu’Israël contrôle.

Relativiser le nombre de morts et de blessés ?
Cependant, la sécheresse de ces chiffres, établis par des organisations internationales comme l’ONU, dont les bâtiments et le personnel n’ont d’ailleurs pas échappé à la folie meurtrière israélienne, comme l’Organisation mondiale de la santé ou Reporters sans frontières, risque de ne pas donner une idée suffisamment claire de la barbarie et de l’ampleur des pertes causées à une population largement civile, que ne protège pas une armée régulière, et subissant un siège aérien, terrestre et maritime, qui, officiellement, dure depuis janvier 2006, mais qui, en fait, date de décembre 2001, période à laquelle a été achevé le mur qui encercle toute la bande, mur renforcé par des équipements de surveillance ultrasophistiqués «gracieusement» mis à disposition des Palestiniens «pour leur propre bien» par le «gouvernement et le peuple d’Israël».
La population de Ghaza, suivant les résultats du recensement qui viennent d’être rendus publics, serait de 1 416 543 habitants. Ramené à sa population, le nombre de morts en représente approximativement un pour mille et le nombre des blessés à environ 4 pour mille. Suivant les propos d’une autorité supérieure d’un pays se targuant d’être la patrie des droits de l’Homme, il faut relativiser le nombre de victimes de cet assaut dont seraient fiers les SS, que tant rapproche des soldats israéliens, et plus particulièrement la haine raciale qui leur est inculquée de manière systématique, et qu’ils ont pris soin d’exprimer dans les graffitis laissés parmi les ruines de Ghaza. Rien ne vaut la comparaison pour la relativisation de ces massacres. Ramenés à la population de pays-témoins qui auraient subi une attaque d’une violence aussi intense, voici ce que ces pourcentages pour 3 semaines d’agression (à comparer avec les pertes humaines et matérielles d’un pays européen en plus de six mois) donneraient : pour l’Ukraine 46 200 morts et 189 000 blessés, Algérie : 33 850 morts et 135 400 blessés ; pour le Maroc : 31 344 morts et 125 376 blessés ; pour la Tunisie : 10 328 morts et 41 312 blessés ; pour la France : 65 074 morts et 260 293 blessés, pour les Etats-Unis d’Amérique : 30 5819 morts (à comparer aux 2 998 morts de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001) et 1 223 276 blessés, etc.
Si l’on poursuit la comparaison avec les évènements de l’Ukraine, ce pays aurait eu, en six mois d’opération, à connaître 270 000 morts et 1 500 000 blessés, rendant ces opérations particulièrement «modérées» face à la barbarie génocidaire de la colonie de peuplement d’Israël.

Une comparaison avec Kristallnacht et le ghetto de Varsovie ?
Tout un chacun peut, en s’aidant des statistiques de la population mondiale publiées sur l’encyclopédie «Wikipedia», compléter cette comparaison morbide, mais nécessaire, car elle donne la dimension exacte de la barbarie déployée. Ce n’est ni la première fois, et ce ne sera sans doute pas la dernière fois, contre le peuple palestinien par l’incarnation du sionisme qu’est l’État d’Israël, dont l’entreprise proclamée est, dans un terme qu’il espère proche, la liquidation physique programmée des Palestiniens.
À la lecture de ce bilan, la barbarie nazie contre les races considérées comme inférieures ne peut que revenir à l’esprit, tellement est proche la nature de l’idéologie qui justifie le génocide des Palestiniens et de celle qui a motivé l’Holocauste : toutes deux sont racistes, toutes deux sont motivées par le désir de prendre une revanche contre l’Histoire, toutes deux rêvent de donner à une seule race le plein contrôle d’un territoire qui leur appartient par la grâce des qualités de leurs races respectives. Paraphrasant la description de la guerre menée contre le peuple libanais au cours de l’été 2006, description donnée par James Petras, professeur dans une université newyorkaise, dans son livre intitulé : Le Pouvoir d’Israël (2007), on peut écrire : «Kristallnacht, l’assaut nazi contre les maisons et les magasins appartenant aux Juifs, comme contre les Juifs eux-mêmes, était une réception dans un parc en comparaison de la destruction actuelle de Ghaza.» (p.110). Et l’assaut contre Ghaza vise «une population ghettoïsée et soumise à la famine de masse préméditée, et dont, en plaisantant, un général israélien a dit ‘’qu’elle était en consultation chez un diététicien’’, remarque qui est la réplique exacte de la discussion interne aux autorités nazies sur la population du ghetto de Varsovie.» (p.144)
Cette comparaison en elle-même n’a rien d’original, tout en donnant la juste mesure des choses.

Le génocide du peuple palestinien : un génocide à objectifs pacifistes ?
Ce qui est stupéfiant et conduit à se poser des questions sur leur équilibre psychique, c’est que les esprits sophistiqués qui façonnent «l’opinion publique internationale», si prompts à dénoncer le moindre graffiti ou slogan promettant un sort funeste aux adeptes d’une certaine religion, si rapides à hurler au génocide dès que certains osent contester un fait historique, dont les coupables ont subi la punition qu’ils méritaient il y a déjà plus d’un demi-siècle de cela — et vont jusqu’à forcer le chef respecté d’une église universelle à s’humilier pour une erreur qu’il n’a pas commise — se retrouvent non à blâmer les concepteurs et les exécutants de ces massacres, mais la victime, et, comble du paradoxe, à se poser non la question qui saute aux yeux à la simple présentation des statistiques brutes des victimes et des dégâts matériels — si le peuple palestinien survivra —, mais si l’État criminel agresseur ne serait pas sous la menace imminente d’annihilation.
Si l’on comprend bien la logique sioniste et prosioniste, c’est dans l’intérêt de la paix dans le monde que le peuple palestinien doit être liquidé, et le plus vite sera le mieux. C’est probablement la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un génocide est perpétré par «amour pour l’humanité», et «à titre de service public au monde entier».
Bref, si on en croit les sionistes et leurs thuriféraires, en fait, ils massacrent le peuple palestinien pour faire avancer la paix dans le monde.
Étrange affirmation ! Mais plus étrange encore, c’est une affirmation qui fait foi parmi les grands de ce monde. Si l’on comprend bien, Hitler n’est pas l’incarnation du mal pour le mal qu’il a causé, mais parce qu’il a mal su présenter sa cause ; toute l’affaire nazie a échoué faute de bonne « publicité», de «choix du bon thème» pour faire adhérer tout un chacun à son idéal de fou et en assurer la victoire. Apparemment, les sionistes ont trouvé la bonne approche publicitaire à leur œuvre de solution finale au «problème palestinien».

Le génocide du peuple palestinien : un projet internationalement approuvé ?
Il faut reconnaître que les sionistes ont accompli un excellent travail de deshumanisation des Palestiniens, dont ils ont réussi à faire passer le génocide maintes fois annoncé et exécuté avec barbarie, mais de manière méthodique et graduelle, comme marquant un progrès de l’humanité, l’annonce d’une ère de paix et de tranquillité jamais connue dans le monde. Selon la version sioniste de la paix dans le monde, une fois le génocide des Palestiniens achevé, la paix régnera enfin, non pas seulement en Israël et parmi ses voisins malheureux, mais dans le monde entier.
Le génocide du peuple palestinien devient une sorte de projet international, auquel chacun doit participer en fonction de ses moyens : les uns en fournissant de l’argent et des armes à Israël, les autres en expliquant pourquoi ce génocide est politiquement souhaitable et moralement louable. L’objectif du génocide est, par définition, de changer la composition démographique d’un État. On constate, avec quelque inquiétude, que la minorisation de la population palestinienne en Israël, par la politique de ségrégation, d’expulsion et de liquidation physique, est non seulement applaudie des deux mains par tous les médias internationaux, toutes techniques incluses, mais même justifiée par la crainte de voir Israël anéantie.
Chez ces commentateurs, la myopie se transforme en aveuglement, la surdité devient une vertu et l’absurdité la forme suprême de la sagesse.
17 Israéliens perdent la vie contre 1 324 Palestiniens, et ce sont les premiers qui sont menacés de disparaître, concluent ces autorités de la pensée et de la plume. Apparemment, ces donneurs de leçons en analyses politiques n’ont pas les connaissances mathématiques élémentaires leur permettant de constater que le second chiffre est plus grand que le premier. Ce qui prouve, sans l’ombre d’un doute, que ce sont les Palestiniens qui sont menacés de disparaître à court terme pas les «citoyens juifs d’Israël» (terminologie israélienne officielle). Mais, comme dit le proverbe, «quand on aime, on ne compte pas».

Les policiers, l’assassin et sa victime
Pour bien comprendre l’étrangeté de cette réaction des «faiseurs d’opinions», hommes et femmes intelligents, s’il en est, brillants, cultivés et, par définition, «bien informés», il paraît utile de proposer un exemple terre à terre : des policiers sont appelés sur la scène d’un assassinat dont l’exécuteur prémédité n’a pas quitté les lieux ; la première action à accomplir par eux devrait être, suivant la logique de ces «présentateurs», de s’assurer que l’assassin est en bonne santé, de lui donner éventuellement les premiers soins, de le féliciter pour un crime bien accompli, et s’il n’a pas de voiture, de lui proposer de l’accompagner chez lui.
Puis, s’occupant alors de la victime, les policiers se chargent de l’achever, si elle est encore en vie, non sans lui reprocher, au préalable, d’avoir provoqué l’assassin qui aurait été poussé au crime par elle.
Pour compléter le tableau, il se trouve que l’assassin n’avait jamais caché son dessein de liquider physiquement sa victime ; et la police lui avait même fourni l’arme pour perpétrer son meurtre, car il avait un motif hautement «moral» et louable à tout point de vue : hériter des biens du mort.

Pour les sionistes : mort ou vif, le Palestinien n’existe pas
Faut-il souligner que la logique de ces commentateurs est contraire à la logique universellement acceptée ? Mais on doit en même temps reconnaître qu’elle est en cohérence totale avec la logique sioniste, dont l’idée fondamentale est rappelée par l’historien israélien Tom Segel cité plus haut.
Les sionistes, jusqu’à présent, et quoique cela apparaisse paradoxal, ne reconnaissent pas l’existence du peuple palestinien, bien que beaucoup de leurs leaders ont verbalement, certes, embrassé l’idée d’un État palestinien côte à côte avec Israël. Mais reconnaître un État n’est pas nécessairement reconnaître l’identité nationale de ses habitants.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n’est pas parce que les sionistes se déclarent disposés à un Etat qualifié de palestinien qu’ils sont prêts à endosser la nationalité palestinienne ; car, dans leur logique compliquée et parfois difficile à suivre si l’on perd de vue son fil conducteur, reconnaître cette nationalité, même a posteriori, serait, du même coup, avouer que la terre actuellement occupée par Israël a été confisquée à ses habitants originaux que sont les Palestiniens.
Dans le même ordre d’idées, il y a bien un État d’Israël, mais pas de nationalité israélienne, car cela signifierait l’établissement d’une Constitution qui serait tenue de garantir la citoyenneté pleine et totale à tous ses nationaux, ce qu’Israël, malgré ses proclamations «démocratiques», ne serait pas prêt à accepter actuellement.
L’idée sous-basant les deux refus est la même dans les deux cas. Ce serait pour les sionistes accepter la profonde illégitimité des revendications à fondements historico-religieux de leur idéologie, s’ils venaient à reconnaître que les Palestiniens existent soit comme citoyens d’un État unitaire, démocratique au sens normal du terme, non au sens sioniste, soit même comme citoyens d’un Etat mitoyen d’Israël.

Il y a une citoyenneté juive, mais pas de citoyenneté israélienne
Comme l’a si bien souligné Yitzhak Laor, un philosophe israélien dans le quotidien Haaretz du 9 novembre 2006 : «Une Constitution est impossible parce que l’État d’Israël ne veut pas introduire la Constitution avec une déclaration d’égalité complète pour tous ses citoyens, et en particulier en ce qui concerne les droits de propriété.»
En fait, Israël est encore bien en deçà de l’État d’apartheid, un progrès certain par rapport au statut accordé aux Palestiniens, car celui-ci, tel que pratiqué par l’Afrique du Sud jusqu’au mois de mai 1994, reconnaissait au moins l’existence des groupes raciaux jugés «inférieurs», et était basé sur le principe «séparés, mais égaux».
Les sionistes ne sont pas encore arrivés au stade de la reconnaissance du peuple palestinien.
Dire qu’Israël pratique l’apartheid ne constitue pas seulement un euphémisme ; c’est simplement cacher la réalité qu’il refuse même l’existence du Palestinien, alors que les partisans de l’apartheid reconnaissaient l’existence des «colored» ou «nie-blankie».
Une loi sur les droits de l’Homme qui rejette la notion de droits de l’Homme
Dans le registre général des habitants, tenu par le ministère de l’Intérieur de l’État d’Israël, les habitants sont répartis entre «nationalité juive» et «nationalité arabe».
Les principes de la loi fondamentale adoptée en 1992 par Israël et signée par Ishak Shamir, alors Premier ministre d’Israël, mais néanmoins ancien membre de l’organisation terroriste sioniste Irgun (assassinat, au Caire, le 17 septembre 1948, du comte Folke Bernadotte, médiateur nommé par l’ONU dans le conflit entre Palestiniens et sionistes, et qui, en sa qualité de président de la Croix-Rouge suédoise pendant la Seconde Guerre mondiale, avait sauvé 30 000 personnes, dont 11 000 Juifs des camps de la mort), précisent bien que la protection de la dignité humaine et de sa liberté constitue des valeurs d’un État à la fois juif et démocratique.
Le rapprochement entre la détermination de la nationalité et ce principe signifie clairement – et la pratique israélienne dans ce domaine est là pour le prouver – que tout non-Juif ne saurait bénéficier de la protection de la dignité humaine et de la liberté au même titre qu’un Juif.
L’article 8 de cette loi fondamentale, supposée aligner Israël sur les «Etats démocratiques modernes» par l’adoption d’une charte des droits de l’Homme proche de la charte universelle telle qu’établie par les Nations unies, utilise un langage plein de circonvolutions qui le rend quelque peu obscur.
Voici ce que dit ce texte :
«Violation des droits.(8) Il ne doit pas y avoir de violations des droits sous l’empire de cette loi fondamentale, sauf par un statut adopté aux valeurs de l’État d’Israël, statut promulgué pour un objectif ad hoc, et dont l’étendue n’est pas plus grande que nécessaire, ou par des règlements établis en vertu d’une autorisation expresse de cette loi.»
Les Juifs étant les seuls citoyens à part entière d’Israël, et ne pouvant, de ce fait, être l’objet de règlements spéciaux violant leurs droits, cet article légalise toutes les violations de droit passées, présentes et futures contre les Palestiniens, qui, officiellement, n’ont aucune existence statutaire, mais dont le traitement doit être intégré dans la loi fondamentale d’Israël. Comme on ne peut les exclure officiellement du bénéfice de cette loi, qui, pourtant, ne doit s’appliquer en plein qu’aux Juifs, on prévoit donc une porte de sortie légale permettant de les opprimer «en tout respect des droits humains», selon la conception spécifique aux sionistes. Il semblerait que l’on ne peut leur refuser le statut d’êtres humains, certes, mais ils ne sont pas des «hommes» au titre de la loi fondamentale, car leur statut est établi, modifié, appliqué au gré des intérêts et des lubies de la population à droits humains complets, c’est-à-dire la population juive.
Les Palestiniens sont séparés des Juifs israéliens, mais inégaux de par la loi sur les droits fondamentaux. Ils bénéficient également du «privilège légal» en complet respect de la loi sur les droits fondamentaux d’Israël, promulguée en 1990, d’être expropriables, expulsables, assassinables à merci en fonction des besoins d’avancement des droits des personnes enregistrées au ministère israélien de l’Intérieur comme «Juifs».

L’Union européenne, continent des droits de l’Homme et de la lutte contre toutes les formes d’exploitation et les génocides ?
Il est utile de se demander à quel point le rejet de la notion de droits de l’Homme par Israël a des implications pratiques sur ses rapports avec une Union européenne, qui se fait la championne des opprimés à travers le monde et l’avocate des causes des peuples soumis à dictature ou à l’exploitation d’une majorité.
Mais, là aussi, il semble que la conception de droit au génocide du peuple palestinien par les sionistes soit acceptée comme une idée qui ne soulève aucun problème de morale internationale, pourtant à la base des relations de coopération entre cette communauté de «vertueux» et le reste du monde. Voici une analyse de cette attitude faite par un expert irlandais dans le domaine :
«Un exemple de la sélectivité de l’Union européenne en matière de droits de l’Homme est les accords d’association entre l’Union européenne et Israël. Ces accords commerciaux bénéficient à Israël du fait de ses 20 milliards d’euros annuels de commerce avec l’Union européenne. En février 2007, Israël et la Commission européenne se sont mis d’accord pour la participation d’Israël au septième programme-cadre de recherche et de développement, en faisant le seul pays non européen à être membre de l’espace de recherche européen.»
«En dépit des décisions de la Cour de justice internationale disant que le mur immense construit par Israël sur la terre palestinienne viole les lois internationales, et en dépit du fait qu’Israël viole les clauses mêmes en matière de droits de l’Homme telles qu’établies dans les accords d’association de l’Union européenne, aucune restriction n’a été placée sur Israël. Il n’y a pas non plus de restrictions sur les ventes d’armes à Israël en provenance des pays de l’Union européenne.» (Source :http://www.caeuc.org/index.php?q=node/1)
La preuve que l’Union européenne est partie prenante dans la légitimation comme dans l’exécution du génocide du peuple palestinien par Israël, qui est la concrétisation de l’idéologie sioniste, dont les desseins ne sont ni secrets ni l’objet de honte de la part de ses tenants. Génocide qui viole les principes mêmes sur lesquelles cette Union tient à maintenir ses fondations et à gérer ses relations avec le reste du monde est dans cet accord d’association, auquel s’ajoute un privilège accordé seulement aux membres de cette Union.

En conclusion
1. Les agressions violentes et continues contre les Palestiniens de Ghaza par Israël constituent la continuation logique de la politique de génocide du peuple palestinien, politique qui est au cœur de l’idéologie sioniste, comme le rappelle l’écrivain israélien Tom Segel.
2. L’ampleur du plus grand massacre perpétré en 22 jours par Israël contre les Palestiniens de Ghaza est largement prouvée par les statistiques des morts et blessés, comme des destructions et dégâts matériels causés par l’armada israélienne déchaînée contre un peuple quasiment désarmé. On reproche à ce peuple d’avoir des pétards mouillés ; faute de mieux, que peut-il faire pour assurer son droit à l’autodéfense reconnu par la charte des Nations unies ?
3. La relativisation des pertes à travers leur application à des pays à population plus importante donne une idée plus précise des pertes subies par le peuple palestinien, assiégé par terre, mer et air depuis 21 années, entouré d’une barrière sur ses frontières terrestres, et soumis à des agressions constantes et délibérées de la part d’Israël, un Etat dont les ressources financières et les moyens militaires en personnel et en équipement sont infinis et proviennent du monde entier.
4. Israël présente son projet de génocide contre le peuple palestinien comme une contribution à l’avancement de la paix dans le monde. C’est là une façon originale de présenter une entreprise criminelle conçue bien avant la création d’Israël et effectuée avec système, méthode et constance depuis plus de 70 années.
5. Au vu des appuis à cette entreprise de génocide, il semblerait que ce soit une entreprise acceptée par la «communauté internationale» et approuvée par les «faiseurs d’opinions».
6. Au lieu de se demander si le peuple palestinien peut survivre aux assauts répétés contre lui, ces penseurs de toutes disciplines se posent la question de la survie d’Israël, alors que les chiffres des victimes montrent sans conteste que c’est le peuple palestinien qui est menacé d’annihilation.
7. Israël, vis-à-vis des Palestiniens, n’en est pas encore arrivé au stade de l’apartheid à la sud-africaine, car celui-ci reconnaissait l’existence des non-Blancs, alors que les sionistes ne reconnaissent pas l’existence du peuple palestinien.
8. Israël a adopté une charte des droits de l’Homme, en 1992, signée par personne d’autre qu’Ishak Shamir, comble du paradoxe. Cette charte confirme la position sioniste de l’inexistence du peuple palestinien et du refus de la qualité d’hommes, telle que définie par la Convention des droits de l’Homme, aux Palestiniens.
9. La nationalité israélienne n’existe pas, parce que cela impliquerait la disparition de la nationalité juive, qui seule donne droit à la citoyenneté pleine et entière en Israël.
10. La notion de droits de l’Homme, telle que définie par la charte des droits de l’Homme en Israël, contredit les clauses sur les droits de l’Homme de l’Union européenne. Et pourtant, celle-ci a signé un accord d’association avec Israël.
11. De plus, Israël viole tous les accords internationaux en matière de droits de l’Homme, de droits de la guerre, de gestion des territoires occupés ; cela n’empêche pas les pays de l’Union européenne de lui vendre des armes et de l’intégrer dans son espace de recherche, réservé statutairement aux seuls membres de l’Union.
12. L’Union européenne ne peut, à la fois, se proclamer continent des droits de l’Homme, monter sur les créneaux à tout cas de génocide, et se faire complice du génocide perpétré contre le peuple palestinien par Israël.
13. Ce génocide peut-il continuer sans l’aide et l’encouragement de la «communauté internationale» (et tout un chacun sait combien de pays cette «communauté» représente) ? Absolument pas ? Avance-t-il la paix dans le monde ? Certainement pas ? Constitue-t-il un pas vers un monde plus humain ? Rien n’est plus loin de cet objectif que la poursuite impitoyable du génocide palestinien par Israël. Les célèbres «Accords d’Abraham» ne constituent nullement un pas vers une paix que la colonie de peuplement d’Israël refuse, mais un encouragement à l’accélération du génocide du peuple palestinien sous les applaudissements internationaux. Le seul dividende que ce peuple martyr, tout comme d’ailleurs toute la région, récoltera est celui de sa disparition et de nouvelles guerres encore plus féroces.
14. Finalement, Israël a inventé le concept de paix génocidaire, une paix dont la finalité est la liquidation physique du peuple palestinien au nom d’un décret divin. Et, apparemment, la «communauté internationale» dans sa composante la plus moderne, la plus civilisée et la plus humaine accepte ce concept et en aide la réussite.
M. B.


 

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