Mort de Georges Corm : il était un grand ami de l’Algérie

 

 

Georges Corm, écrivain, historien et homme politique libanais, est décédé mercredi 14 août à Beyrouth. Il avait 84 ans. S’il a marqué l’histoire et la vie politique de son pays, il a aussi laissé un souvenir impérissable auprès des Algériens qui l’ont connu.

L’auteur de l’ouvrage « Le Proche-Orient éclaté », est né à Alexandrie (Egypte) en 1940, dans une famille d’artistes. Il a fait des études en finances publiques à l’Institut d’études politiques de Paris entre 1958 et 1961, et obtenu un doctorat en droit constitutionnel en 1969, toujours à Paris, à la Faculté de droit et de sciences économiques.

Georges Corm a fait une longue carrière d’économiste qu’il a entamée en 1963 au ministère libanais du Plan. Entre 1998 et 2000, il a été ministre des Finances du Liban dans le gouvernement de Salim Homs.

« Il faisait partie de la génération subjuguée par la révolution algérienne »

Son activité de consultant l’a amené à travailler en Algérie pour le compte de la Banque d’Algérie du temps où Abderrahmane Hadj Nacer était gouverneur (1989 – 1992). Avant même d’être sollicité, Georges Corm était déjà un grand admirateur de l’Algérie. 

« Il fait partie de la génération subjuguée par la révolution algérienne. Il s’est toujours considéré comme algérien. Il a toujours gardé des liens avec l’Algérie et disait autour de lui que c’est l’Algérie qui l’a transformé », témoigne Abderrahmane Hadj Nacer, gouverneur de la Banque d’Algérie entre 1989 et 1992, dans une déclaration à TSA. 

C’est Hadj Nacer qui a engagé l’économiste libanais dans une conjoncture difficile pour l’économie algérienne, celle de la gestion de l’endettement et du reprofilage de la dette extérieure de l’Algérie. Les deux hommes s’étaient connus en 1986. 

Georges Corm était subjugué par la révolution algérienne  

Georges Corm a apporté non seulement son expertise technique mais aussi ses « réseaux ». « Il connaissait bien les institutions internationales, la Banque mondiale, le FMI. Il a fait de la diplomatie parallèle pour l’Algérie qui lui doit beaucoup », reconnaît l’ancien gouverneur. 

« Il connaissait bien les institutions internationales et cela m’a aidé », insiste-t-il. Au début des années 1990, Georges Corm a participé au reprofilage de la dette algérienne et à l’élaboration de la première Loi sur la monnaie et le crédit en Algérie après les réformes économiques qui ont suivi la révolte du 5 octobre 1988, ajoute Hadj Nacer.

Ce n’était toutefois pas la première expérience de l’économie libanais avec l’Algérie. En 1973, il a quitté le Crédit Lyonnais à Paris pour devenir le représentant de la Banque nationale d’Algérie pour le Moyen-Orient, basé à Beyrouth.

C’est Pierre Cholet qui a introduit Georges Corm en Algérie dans les années 1960. Il l’a mis en contact avec Abdelmalek Temmam qui a fondé la Banque nationale d’Algérie (BNA) en 1966, avant de diriger le ministère des Finances de février 1976 à avril 1977.

Abdelmalek Temmam voulait lancer un réseau international pour attirer des fonds, en créant des bureaux de la BNA un peu partout dans le monde.

Les trois apports de Georges Corm à l’Algérie

Georges Corm a contribué à ce projet en ouvrant une représentation de la banque publique algérienne à Beyrouth qui était la plus grande place financière de la région au début des années 1970.

« Georges Corm a mis à disposition de l’Algérie son expertise politique durant la guerre du Liban dans les années 1970. Il a mis à disposition de notre pays son expertise financière du temps du ministre Temmam et son expérience dans les organisations internationales comme la Banque mondiale et le FMI dans les années 1980 et 1990 », résume Abderrahmane Hadj Nacer.

Georges Corm était un fin économiste, mais sa réputation, il l’a doit surtout à ses nombreux ouvrages, traitant notamment de la géopolitique, du présent et du passé du Liban et du Moyen-Orient, du rapport à l’Occident et de l’ordre mondial.

Son livre-phare est « Le Moyen-Orient éclaté », mais il a écrit de nombreux autres livres, dont « L’Europe et le mythe de l’Occident : La construction d’une histoire », « Histoire du Moyen-Orient : de l’Antiquité à nos jours », ou « Le Nouveau Gouvernement du monde : idéologies, structures, contre-pouvoirs »…

Georges Corm laisse un riche héritage, une vingtaine d’ouvrages en langue française et de nombreux autres en arabe. Ses œuvres lui ont valu reconnaissance et admiration sur la scène internationale.


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