Algérie / «La situation socio-économique des artistes est déplorable»

2e Salon régional des arts plastiques de Biskra

Redorer le blason des poètes, peintres, sculpteurs, musiciens et chanteurs est devenu une nécessité

Equilibrant le constat peu reluisant développé sur la vie des artistes algériens, le conférencier, Nacereddine Haderbache, chercheur en histoire de l’art et d’architecture, n’a pas manqué d’émettre un éventail de propositions afin de redorer le blason des poètes, peintres, sculpteurs, musiciens et chanteurs.

A l’occasion du 2e Salon régional des arts plastiques de Biskra, organisé du 21 au 24 du mois en cours à la Maison de la culture Redha Houhou, Nacereddine Haderbache, chercheur en histoire de l’art et d’architecture, a animé ce vendredi une conférence intitulée «Penser l’art, questionner le vécu et les pratiques». Dans son intervention, il a brossé un tableau des plus sombres de la situation socio-économique «déplorable» des artistes algériens, qui manquent, à son sens, de reconnaissance et de considération à tous les niveaux.

«Aujourd’hui, être artiste-plasticien, c’est évoluer dans un contexte où la marginalité et la précarité représentent pour la majorité d’entre eux le lot quotidien. C’est souffrir d’un déficit de reconnaissance, d’évaluation et d’appréciation de la valeur artistique des œuvres produites et de l’absence d’un statut qui les préserverait de toute ingérence politique. Etre artiste, c’est pâtir de l’absence d’une commande publique incitative qui serait programmée et budgétisée annuellement. Etre artiste, c’est ne pas pouvoir vivre de son art et devoir s’adonner à une activité périphérique pour subvenir à ses besoins matérielles.

Etre artiste, c’est évoluer seul, s’autofinancer, contracter des dettes et se retrouver avec des toiles et des sculpteurs ne trouvant pas preneur faute d’accompagnement des collectionneurs, des mécènes et de galeristes professionnels», a-t-il assené devant un parterre d’artistes, d’intellectuels et d’hommes et de femmes de culture, venus assister à cette rencontre.

Equilibrant le constat peu reluisant développé sur la vie des artistes algériens, le conférencier n’a pas manqué d’émettre un éventail de propositions afin de redorer le blason des poètes, peintres, sculpteurs, musiciens et chanteurs.

«Dotez-vous d’une culture générale et artistique à toute épreuve. Continuez à travailler et persévérez pour avoir une place dans la constitution de notre identité nationale qui est une unicité prenant en charge notre diversité et nos spécificités régionales et locales, en faisant la richesse. Gardez-vous de l’impact desstéréotypes, des archétypes et des mimétismes culturels et artistiques et faites preuve de créativité et d’originalité, et ainsi la reconnaissance viendra au bout du chemin.

Nous avons des talents et il est dommage qu’ils soient poussés à l’exil pour exister. Envahissez les locaux et les infrastructures publiques car ils sont à vous. Même si nous tambourinons et jouons du pipeau sans être entendus, nous ne devons pas baisser les bras», a-t-il lancé en déplorant que la société algérienne vivote dans un contexte intellectuel et artistique ramené à une proportion incongrue, où les artistes peinent à s’inscrire dans une dynamique citoyenne et créative.

«Paisiblement, calmement et pacifiquement, réfléchissons ensemble à la manière de mettre l’art et les artistes sous les feux de la rampe, car il nous faut sauver les meubles avant qu’il ne soit trop tard», a conclu l’orateur, vivement applaudi pour sa prestation empreinte de lucidité, de sincérité et d’amour de l’art, des artistes et de l’Algérie.   / Hafedh MOUSSAOUI /

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *