L’Algérie suffisamment armée en chloroquine pour lutter contre le Covid-19 (+podcasts)

Par Tarek Hafid

Les autorités sanitaires algériennes ont validé l’hydroxychloroquine comme traitement des patients atteints du Covid-19. CPCM Pharma, seul laboratoire pharmaceutique algérien à produire cet antipaludique, a mis la totalité de sa production à la disposition de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH).

© AFP 2020 RYAD KRAMDI

Les recherches du professeur français Didier Raoult sur l’usage de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19 ont eu un effet direct sur un petit laboratoire algérien, CPCM Pharma.

Situé dans la région de Bouira (100 km à l’est d’Alger), l’usine produit la molécule la plus recherchée au monde. Hakim Bouzid, PDG de ce laboratoire, explique à Sputnik que la production a débuté depuis deux ans sous une forme générique.

«L’hydroxychloroquine est une molécule qui a été découverte il y a une quarantaine d’années. Elle est indiquée dans le traitement du paludisme, la polyarthrite rhumatoïde et le lupus. Nous fabriquons ce médicament sous une forme générique depuis mars 2017. Un autre laboratoire européen l’importe en Algérie, mais il est actuellement en rupture de stock. Donc nous sommes le seul fabricant local de ce produit. Dans le contexte actuel, nous pouvons dire que l’Algérie a la chance d’avoir une production locale de cette molécule», indique Hakim Bouzid.

Stocks suffisants

Lundi 23 mars, le ministre de la Santé annonçait que la commission scientifique chargée du suivi de l’épidémie de coronavirus avait décidé de mettre en œuvre un nouveau protocole de traitement «basé sur un médicament produit localement et importé» qui ne sera prescrit «qu’aux cas confirmés». «Les cas bénins seront effectivement hospitalisés, surveillés mais pas traités puisqu’ils guérissent naturellement. Dans le cas où certains d’entre eux développeraient des formes graves, à ce moment-là, le traitement serait prescrit», a souligné pour sa part le professeur Mesbah, président de la Société algérienne d’infectiologie.

Le nombre de malades s’élevait mercredi 25 mars à 302, d’après le Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus. Véritable lueur d’espoir, la nouvelle de la mise en œuvre de cette molécule dans le traitement du Covid-19 a été bien accueillie par les Algériens. 

Selon Hakim Bouzid, la totalité du stock de son usine a été réquisitionnée par les autorités sanitaires du pays au profit de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). «Nous continuons actuellement à fabriquer des lots de ce médicament pour cette institution qui est chargée d’alimenter l’ensemble des structures de santé publiques», assure-t-il.

Le laboratoire CPCM Pharma a-t-il les moyens de faire face à une forte demande en cas de large propagation du Covid-19? Le chef d’entreprise se montre rassurant, à condition, dit-il, «que chaque Algérien ne cache une boîte chez lui, sinon il nous faudrait plus de quarante millions de boîtes». Hakim Bouzid a refusé de donner des précisions sur les quantités en stock dans son laboratoire. Selon lui, cette molécule est devenue un «enjeu stratégique d’envergure internationale». Il a également refusé de donner le nom de son médicament pour éviter que la population ne prenne d’assaut les pharmacies pour en acquérir. «Toute tentative d’automédication est à proscrire», insiste-t-il.

«Nous avons les quantités nécessaires pour faire face à l’épidémie en Algérie, notre stock répond largement à la demande nationale. Mais il ne faut pas oublier que ce médicament est réservé exclusivement à un usage en milieu hospitalier. Il doit être utilisé par le personnel de santé qui sait comment l’administrer à des patients atteints du coronavirus. Nous sommes assaillis de demandes de particuliers qui veulent acheter des boîtes de ce traitement. Je demande à toutes les personnes qui ont des boîtes chez elles de les remettre à leur pharmacien. C’est un devoir citoyen car nous devons penser à toutes les personnes qui sont malades et qui en auront besoin», soutient Hakim Bouzid.

Le patron de CPCM Pharma estime que la pandémie conforte le choix stratégique de l’Algérie de se doter d’une industrie pharmaceutique. Ce tissu de production compte actuellement 80 usines. Le Maroc et la Tunisie ont également décidé d’adopter l’hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints du coronavirus.

En France, patrie du professeur Didier Raoult, la situation est plus complexe. Les autorités sanitaires françaises se montrent réticentes au sujet de l’utilisation de cette molécule. Le Haut conseil de santé publique, saisi par le ministre de la Santé Olivier Véran, a recommandé «de ne pas utiliser ce traitement en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte».


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