Ghaza : la Solution finale

   

par Mazouzi Mohamed*

«Nous savions. Le monde en avait entendu parler. Mais jusqu’à présent aucun d’entre nous n’avait vu. C’est comme si nous avions enfin pénétré à l’intérieur même des replis de ce cœur malfaisant.» Meyer Levin – Journaliste américain

Ce sont les propos du journaliste américain Meyer Levin, qui accompagnait les armées américaines dans leur marche en Allemagne nazie, et qui découvraient pour la première fois en avril 1945 ce qui s’était passé en pénétrant dans le camp de concentration d’Ohrdruf, un camp de concentration parmi tant d’autres où se déroulait depuis des années une innommable barbarie sans que personne n’ait jamais pu y ramener des preuves irréfragables. On saura ou on devinera par la suite ce qui s’était passé dans les autres camps de la mort. Néanmoins dès cet instant, dans ce camp d’Ohrdruf où il y avait des prisonniers et des cadavres de toutes nationalités, et face à la nature horrible de cette découverte ; le général Dwight D. Eisenhower commandant en chef des Forces Alliées en Europe présent sur les lieux quelques jours plus tard demanda que des membres du Congrès américain et des journalistes viennent voir les camps récemment libérés afin de montrer l’horreur des atrocités nazies. Les scènes du crime étaient là, photographiées, filmées, archivées, commentées à profusion. D’autres films, d’autres témoignages, d’autres procès, d’autres archives, des centaines de musés et mémoriaux matraqueront l’imaginaire collectif pendant des décennies pour crier vengeance, exiger des explications, dénoncer la passivité et l’indifférence du monde. Chacun était sommé de se sentir coupable de ne pas avoir cru, de ne pas avoir réagi. On présentait enfin à l’humanité l’image de ce que le journaliste américain Meyer Levin appelait « Le cœur malfaisant ».

La publicité savamment orchestrée autour de cette horreur et visant à susciter une émotion et une indignation mondiales paroxystiques accordera au peuple juif et particulièrement aux sionistes un blanc-seing qui fera son effet tant qu’Israël et les Etats-Unis étaient les seuls à avoir le droit de l’image, le droit de diffusion, le droit de la censure et le droit de la propagande et du mensonge.

Le politologue et historien américain Norman G. Finkelstein, auteur du livre «L’Industrie de l’Holocauste», dressera un réquisitoire contre cette terrible volonté d’asservissement des consciences. On ne peut taxer cet homme d’antisémitisme car il est lui-même Juif et dont les parents étaient des survivants du ghetto de Varsovie. Norman G. Finkelstein abondera dans le sens de certaines analyses abordées dans le livre de son confrère, l’historien américain Peter Novick, « The Holocaust in American Life », ils s’attelleront tous deux à dénoncer cette «mémoire de l’Holocauste» qui ne s’avérait qu’une construction idéologique d’intérêts particularistes convoités par certains Juifs aux USA et qui s’étaient constitués en «état victime» pour se transformer ensuite en un groupe ethnique le plus florissant des Etats-Unis ; un groupe qui engrangeait des bénéfices considérables de ce statut injustifié de victime, avec à la clé, une incroyable immunité face à la critique la plus justifiée. En parlant du CRIF (Conseil Représentatif des Instituions Juives de France), l’historienne juive française Esthere Benbassa, en 2010, sur les colonnes du journal français Libération, s’insurgera en déclarant : «Qu’est-ce que le Crif sinon un groupuscule endogamique qui se donne des airs de petit Etat indépendant, agissant à sa guise, faisant plier les uns et les autres, tant par le biais de l’autocensure, sensible chez bien des journalistes, craignant à juste titre d’être soupçonné d’antisémitisme dès qu’ils oseront critiquer la politique israélienne, que par l’instrumentalisation de la culpabilité de la Shoah intériorisée par la classe politique.»

Ce qui se passera en Palestine par apport à la Shoah n’est pas tellement différent, « Le cœur malfaisant » israélien était là dès 1948. Et même si l’image n’était pas là, tout le monde savait qu’à partir de 1948 toutes les cartes étaient truquées et que tous les coups étaient permis. Tant qu’on éliminait l’Arabe ou le Musulman, l’Occident ne se sentait pas concerné, pire encore, lorsqu’on ne soutenait pas Israël inconditionnellement, ouvertement ou secrètement, on se contentait toujours de balancer au reste du monde de piètres et sempiternelles arguties philosophiques, juridiques ou morales pour cautionner les monumentales et abjectes opérations criminelles menées par Israël en Palestine.

Comment peut-on continuer à tergiverser avec Israël alors qu’il ne cessera depuis 1947 de fouler aux pieds toutes les Résolutions de l’ONU au point d’arriver aujourd’hui à entamer l’effacement pur et simple de ce qu’est la Palestine (Etat et peuple). Quant à toutes les autres résolutions proposées dans l’intérêt du peuple palestinien, celles-ci essuieront systématiquement un refus pour cause de veto des États-Unis. En 2022, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté plus de résolutions contre Israël que contre toutes les autres nations réunies, incitant certains observateurs à qualifier cela de «focalisation déséquilibrée, continue et disproportionnée sur l’État juif» au sein de l’organisme mondial. Il est à noter qu’Israël a battu tous les records en faisant cette même année l’objet de 15 résolutions de l’ONU, pendant que la Russie faisait l’objet de 6 résolutions, et ce, malgré la guerre entre cette dernière et l’Ukraine qui a débuté la même année.

Cette liste, très loin d’être exhaustive, de résolutions non respectées, laisse entrevoir à quel point les violations en matière de droits de l’homme auxquelles sont confrontés les Palestiniens, restent toujours les mêmes presque 70 ans plus tard. Les appels désespérés du peuple palestinien semblent malheureusement toujours inaudibles en Occident.

En 2009, le juge sud-africain Richard Goldstone, nommé par le Conseil des droits de l’homme à la tête d’une Mission pour enquêter sur les violations du droit international humanitaire commis dans le contexte des opérations militaires menées à Ghaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009, qualifiera les massacres perpétrés par Israël à Ghaza en 2009 de «représailles et de punitions collectives qui constituent des crimes de guerre, voire de «crimes contre l’humanité».

En 2013, dans le rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) intitulé Children in Israeli Military Detention Observations and Recommendations. L’UNICEF y dénonce les conditions de détention des mineurs en Israël. « Les mauvais traitements dans le système de détention militaire israélien restent «répandus, systématiques et institutionnalisés tout au long du processus », violant ainsi et comme toujours les normes internationales en matière de justice pour mineurs qu’Israël s’est engagé à mettre en œuvre en ratifiant la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant en 1991. Des centaines d’enfants palestiniens sont victimes chaque année de «mauvais traitements systématiques» dans le système de détention militaire israélien, affirmera l’UNICEF, dénonçant comme unique au monde le jugement généralisé de mineurs par des tribunaux militaires.

Traduits devant les tribunaux, ces enfants arrivent généralement à l’interrogatoire ligotés, les yeux bandés, effrayés et privés de sommeil. Ils font souvent des aveux après des insultes, des menaces, des violences physiques et psychologiques qui s’apparentent à de la torture, risquant de très lourdes peines pour des broutilles. Des centaines d’enfants seront assassinés, torturés, emprisonnés. Israël est le seul pays au monde qui poursuit automatiquement et systématiquement les enfants palestiniens devant des tribunaux militaires.

En 2022, Amnesty International, malgré les critiques anticipées du gouvernement israélien qui lui a demandé de ne pas le publier, a rendu public un rapport choc de 211 pages. Selon l’ONG de défense des droits de l’homme, l’Etat d’Israël mène une politique «d’apartheid» à destination des Palestiniens dans les Territoires occupés depuis 1967 que sont la Cisjordanie, Ghaza et Jérusalem-Est. Amnesty appelle l’ONU, les alliés proches d’Israël comme les Etats-Unis ou encore la France à dénoncer le système légal en place en Israël.

En 2019, Éric Bocquet (Sénateur du Nord -Hauts-de-France) questionnera par écrit le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur la situation des enfants palestiniens emprisonnés.

La situation qu’il décrira figurait déjà dans tous les rapports remis à l’Occident. « Chaque année, dira-t-il, en moyenne, 700 enfants sont arrêtés, interrogés, détenus par l’armée israélienne et jugés par les tribunaux militaires. Ils subissent trop souvent des violences physiques lors de leur arrestation, transfert ou interrogatoire ; des mauvais traitements. La plupart sont accusés d’avoir jeté des pierres, faits pour lesquels ils peuvent encourir jusqu’à 20 ans de prison. Ces dernières années, plusieurs mineurs ont été placés en détention administrative, pratique illégale mais malheureusement courante, qui permet une détention pour une durée indéterminée, sans inculpation ni procès… »

L’actrice américaine Angelina Jolie a déclaré récemment en ce mois de novembre 2023 dans un post sur son compte Instagram que la Bande de Ghaza s’est transformée rapidement «d’une prison à ciel ouvert pendant près de deux décennies» en «un charnier», accusant les dirigeants du monde de «complicité dans les crimes» commis contre les civils de l’enclave. Pour ma part, je dirais qu’Israël est l’un des pays les plus dangereux au monde, il franchira toutes les lignes rouges et violera toutes les résolutions de l’ONU depuis 1947. Aujourd’hui, acculé, condamné par toutes les instances internationales, à visage découvert, leurré par les soutiens qu’il pensait avoir à sa botte indéfiniment, Israël essaye de jouer la carte de la Solution finale en rasant Ghaza et en expulsant tous ses habitants.

A long terme toute la Palestine serait complètement vidée de l’élément arabe et musulman si les pays arabes (entité ectoplasmique et émasculée) ne s’engageaient pas sérieusement pour que la résistance palestinienne puisse employer d’autres moyens plus radicaux que des pierres et d’armes éculées. Je doute qu’avec autant de perfidie de la part d’Israël, il puisse y avoir une solution juste et pérenne entre les deux Etats hormis cette solution qu’Israël a déjà connue et qu’elle veut mettre en place en Palestine : une Solution finale.

Si Israël et l’Occident qualifient aujourd’hui le Hamas d’organisation terroriste, Hitler avait la même impression à propos des Juifs. Il ne commencera que tardivement à leur vouer une haine viscérale, après avoir pris conscience qu’ils tentaient délibérément d’avoir la mainmise sur les finances, la presse, les arts et la culture en projetant tôt ou tard d’influer sur le monde politique, sur le monde entier y compris le monde arabe. Hitler considérait que les Juifs constituaient une organisation hautement subversive, sournoise et dangereuse. Nul ne peut nier aujourd’hui ces évidences qui se confirmeront par la suite, notamment en France et aux Etats-Unis. L’éminent intellectuel et linguiste Noam Chomsky, très critique à l’égard de la politique étrangère des Etats-Unis, qualifie l’Amérique « d’Etat voyou et d’Etat terroriste ».

John Quincy Adams, président des États-Unis (1825/1829), dira que « l’Amérique sait fort bien qu’en s’engageant une seule fois sous d’autres bannières que la sienne, fussent-elles celles de l’indépendance étrangère, elle s’engagerait irrémédiablement dans toutes les guerres d’intérêt et d’intrigue, de cupidité, d’envie et d’ambition individuelles qui se parent des couleurs de la liberté et usurpent ses drapeaux ».

Israël est en train de perpétrer depuis des décennies le même génocide à huis clos que l’Allemagne lui fit subir. Israël aura vainement tenté d’empêcher par tous les moyens imaginables de museler toutes les voix et consciences, de bloquer toutes images qui desserviront ses intérêts et décrédibiliseront ses funestes projets en dévoilant au monde son « cœur malfaisant ». En effet, là où l’ONU faillira et en dépit de toutes les sympathies ou silences en faveur d’Israël, des centaines d’images providentielles, de témoignages et de rapports viendront servir la cause des Palestiniens, de la vérité et de la Justice. Cette technique du « Brouillard de guerre électronique » actuellement amplifié par des médias occidentaux vils et asservis rend les choses plus difficiles, leur soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël complique énormément les choses et dévoile une fois de plus après le conflit russo-ukrainien le parti pris méprisable, dangereux et insensé de l’Occident (Politique et presse confondus). Nous saluons vivement l’Etat et le peuple algériens fidèles à leurs principes et serments indéfectibles ainsi qu’à leur position intransigeante au sujet du génocide perpétré lâchement à l’égard de nos frères palestiniens à Ghaza. Merci à toutes les populations de toute nationalité et particulièrement à tous les peuples arabes et les musulmans éparpillés sur le globe pour leur indéfectible et inconditionnel soutien à leurs frères palestiniens. Merci à tous pour la vigilance et talentueuse contribution à faire connaître la vérité sur les réseaux sociaux. Les mystifications d’Israël ainsi que la sympathie des valets et chiens de garde qui lui étaient fidèles sont frappées d’obsolescence programmée.

*Universitaire

«C’est rendre un mauvais service aux victimes de l’holocauste que d’adopter la doctrine de leurs bourreaux.»Noam Chomsky « La Fabrication du consentement »


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