L’alliance Bolsonaro-Netanyahou à l’épreuve des faits et…du business de la viande

Hector Bernardo

Quelques jours avant d’assumer la présidence, le président élu du Brésil a reçu la visite officielle du Premier ministre israélien. L’intention de Bolsonaro de déplacer l’ambassade du Brésil de Tel Aviv à Jérusalem semble bloquée par les dommages que cette mesure pourrait causer aux secteurs exportateurs de viande. Le président de la COPLAC, Rafael Araya Masry, a assuré que « même s’ils l’envahissent, même s’ils expulsent le dernier de nos frères, Jérusalem restera un territoire palestinien ».

Quatre jours avant sa prise de fonction, le président élu brésilien Jair Bolsonaro a eu la visite officielle du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. La rencontre entre le leader brésilien d’extrême droite et le sioniste israélien s’est conclue sur la promesse d’accords sur la technologie, la défense et la sécurité. Tout comme la rencontre de Netanyahou avec le président argentin Mauricio Macri en 2017, le business de la répression a trouvé deux alliés stratégiques : Netanyahou, lobbyiste des entreprises israéliennes d’armement et de technologie pour l’espionnage, soucieux de vendre ses produits pour la répression, et Bolsonaro, leader autoritaire, soucieux de réprimer.

L’une des promesses de la campagne de Bolsonaro était de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et, à cette fin, d’y déplacer l’ambassade du Brésil de Tel Aviv. La décision du dirigeant d’extrême droite brésilien viole les normes internationales et les résolutions des Nations Unies.  Mais cela n’a pas l’air de le préoccuper. Le véritable inconvénient de sa promesse électorale est que le transfert de l’ambassade à Jérusalem serait désapprouvé par les pays arabes qui sont ceux qui achètent 40% de la viande exportée par le Brésil et qui pourraient sanctionner le géant sud-américain s’il prend cette mesure, ce qui serait un coup dur pour son économie et compliquerait le soutien du monde des affaires au nouveau président. 

Rafael Araya Masry

Dans un dialogue avec Contexto, Rafael Araya Masry, président de la Confédération palestinienne latino-américaine et caribéenne (COPLAC), explique : « La première chose à comprendre est que Bolsonaro est un évangéliste fanatique. Il appartient aux secteurs de l’extrême droite brésilienne qui est très alignée sur tous les critères évangéliques fondamentalistes qui ont servi les intérêts de l’État d’Israël dans son empressement à s’approprier les territoires sacrés de l’Etat palestinien ».

« Bolsonaro a reçu une espèce de baptême évangélique dans les eaux du Jourdain et, dans cet esprit, a juré allégeance à l’État d’Israël et à sa politique. Cela le met sur une trajectoire de collision avec ce qui a été l’attitude historique de la politique étrangère du Brésil, qui, jusqu’à présent, a maintenu une adhésion totale au droit international. Le Brésil a approuvé les dispositions de l’ONU sur la Palestine et, en 2010, a reconnu la Palestine comme un État indépendant et souverain », a-t-il dit.

Araya Masry a assuré que «  cette expérience d’extrême droite qui commence maintenant au Brésil (Bolsonaro), peut conduire à un alignement total sur l’État d’Israël mais il y a certains points qui seront très difficiles à mettre en œuvre. Les déclarations faites au cours de la campagne au cours de laquelle il a annoncé le transfert de l’ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem ne seront pas si faciles à réaliser pour lui, et la Ligue des États arabes a annoncé qu’elle enverrait son reponsable des relations extérieures pour lui demander de revoir cette position. Rappelons-nous que le Brésil exporte de la viande vers le monde arabe pour un montant équivalent à  9 milliards de dollars par an. Tout le courant de soutien que Bolsonaro a reçu du monde des affaires cessera d’être inconditionnel s’il voit qu’il lui fait perdre ainsi des opportunités de business. Je pense qu’il y a un grand écart entre ce que Bolsonaro peut vouloir et ce qu’il pourra vraiment faire ».

« Les fils de Bolsonaro se déguisent avec des T-shirts des services de renseignement israélien, des vêtements avec des logos du Mossad. Comme leur père, ils affichent attachement à tout le militarisme israélien. Mais dans la pratique, lorsque les intérêts des grandes entreprises brésiliennes commenceront à être affectés, nous verrons jusqu’où ira cette attitude vraiment démagogique », a-t-il dit.

Enfin, Araya Masry a fait remarquer que « la résolution 2334 de décembre 2016, qui a été adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, avec l’abstention des USA, déclare clairement qu’ «  aucun acte ne changera de fait légalement le statut de la ville de Jérusalem « . C’est-à-dire que même s’ils l’envahissent, même s’ils en expulsent le dernier de nos frères, Jérusalem restera un territoire palestinien ».

Traduit par  Fausto Giudice


Merci à Tlaxcala
Source: https://www.diariocontexto.com.ar/2018/12/29/ante-la-alianza-de-bolsonaro-y-netanyahu-el-repudio-se-hizo-carne/
Date de parution de l’article original: 29/12/2018
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=25012


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