L’Algérie à la croisée des chemins : Problématique du développement à l’aune de «L’Algérie Aléatoire»

     

par Kamel Hamroun

Soixante ans après son indépendance au prix d’une lutte héroïque, l’Algérie se trouve à la croisée des chemins. Si des progrès socio-économiques indéniables ont été accomplis, de nombreux défis structurels entravent toujours son plein développement. Dans son essai encyclopédique «L’Algérie Aléatoire»1, Farid Daoudi dresse un constat lucide mais non dénué d’espoir sur la situation du pays. Il soulève des questionnements fondamentaux : quels sont les principaux freins au développement algérien ? Pourquoi ce riche pays en ressources naturelles accuse-t-il un tel retard par rapport à d’autres nations émergentes ? Comment expliquer le paradoxe d’un peuple fier mais dont une partie de la jeunesse aspire à l’exil ? L’auteur avance une hypothèse centrale : le véritable enjeu ne réside-t-il pas dans la valorisation du capital humain, combinant compétences et éthique citoyenne, trop longtemps négligé voire méprisé ? En analysant les principaux aspects soulevés par Daoudi, cette étude tentera d’apporter des éléments de réponse et de réflexion.

Un départ antidémocratique

Dès les prémices de l’indépendance, Daoudi pointe un mauvais départ dans la construction nationale avec le coup d’État militaire de 1962. En s’emparant du pouvoir par la force sans consulter démocratiquement la volonté populaire, ce mode opératoire a semé les graines d’une nouvelle caste dominatrice, méprisant les capacités du peuple, pourtant démontrées lors du référendum d’autodétermination.

Ce déni de la souveraineté populaire détonna d’emblée avec l’idéal de liberté porté par le combat pour l’indépendance. Ce déni accoucha d’un système qui, sous des prétextes «révolutionnaires», privilégia une allégeance aveugle, plutôt que la compétence et l’éthique citoyenne. Une hydre bureaucratique avide de privilèges prit racine, perpétuant un déni de justice (hogra) illustré par le mépris des simples fonctionnaires envers la population.

La malédiction des hydrocarbures

Loin d’être un tremplin pour le développement national, Daoudi souligne que les hydrocarbures sont plutôt devenus «une malédiction» pour l’Algérie. La ressource naturelle mal gérée s’est manifesté de plusieurs manières :

– une économie de rente dopée à la manne pétrolière mais peu productrice, cantonnée à un rôle importateur passif dans de nombreux secteurs ;

– un terrain fertile propice à la corruption, la fainéantise et l’incompétence managériale, un dirigeant déclarant crûment : «Après les hydrocarbures, on retournera dans nos tentes».

– un manque criant d’investissement dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé ou l’émergence d’une véritable industrie nationale

Ce constat s’illustre par des chiffres éloquents.

En 2022, les hydrocarbures représentaient encore 94% des exportations algériennes et 60% des recettes budgétaires de l’État (OPEP). Hors secteur des hydrocarbures, l’industrie manufacturière ne pesait que 5% du PIB en 2021 (ONS). Dans le classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale, l’Algérie figurait, pour la facilité de créer une entreprise, à une piètre 157ème place sur 190 économies.

Daoudi met en parallèle l’échec algérien à transformer cette manne en levier de développement avec la réussite d’autres pays initialement aussi pauvres, mais qui ont su se diversifier, comme la Corée du Sud devenue un exportateur industriel majeur.

Le gaspillage du capital humain

C’est pourtant la piètre valorisation de ce que Daoudi nomme «le capital des capitaux», c’est-à-dire le capital humain, les compétences et l’éthique citoyenne, qui constituerait, selon lui, le principal frein au développement algérien. En témoignent de multiples signaux négatifs :

– la fuite permanente des cerveaux et compétences algériennes, contraints à l’exil faute d’opportunités dignes dans leur pays ;

– le rejet ou l’ostracisme des rares compétences revenues au pays, systématiquement évincées par une bureaucratie médiocre ;

– le douloureux phénomène des «harraga», ces jeunes prenant des risques mortels pour tenter de rallier l’Europe.

Quelques données illustrent ce constat. En 2019, plus de 27 000 médecins algériens exerçaient à l’étranger selon l’Ordre national des médecins ; 89% des ingénieurs algériens diplômés à l’étranger entre 1980 et 2000 n’ont pas réintégré le pays (CREAD), plus de 24 000 harraga ont été interceptés en 2022 selon les gardes-côtes (HCR). Depuis 2019, au moins 1035 migrants algériens ont péri en mer en tentant la traversée vers l’Europe (OIM)

En contraste frappant avec l’Algérie, d’autres pays émergents comme la Chine ou l’Inde ont su attirer leurs talents de la diaspora grâce à des programmes incitatifs.

L’éternel retour des excuses ?

Face à ce constat amer d’un potentiel gâché, Daoudi récuse les éternelles excuses brandies, telles que les «séquelles du colonialisme». Il donne en contre-exemple des nations comme Cuba, l’Iran ou le Vietnam qui, malgré un contexte de blocus économique ou de sanctions, ont su mobiliser leurs forces vives pour se développer plutôt que se lamenter. Sans oublier l’exemple de la Corée du Nord : bien que pauvre en ressources naturelles, ce pays a développé la bombe atomique, échappant ainsi au sort subi par d’autres nations désarmées comme l’Irak ou la Libye. Une telle prouesse technologique démontre, selon Daoudi, que «le pouvoir est au bout du fusil, et d’abord de l’homme qui tient ce fusil», c’est-à-dire du capital humain résolu et déterminé.

Une authentique révolution culturelle

Au final, l’auteur appelle de ses vœux une «authentique révolution des mentalités» en Algérie, seule capable de briser le cercle vicieux du gaspillage des compétences et de l’exil forcé des élites. Car c’est bien une profonde remise en cause culturelle des valeurs et des priorités qui semble nécessaire.

Cela implique de rompre avec la logique d’allégeance et de déni de justice héritée du coup de force de 1962, pour mieux laisser s’exprimer et s’épanouir les énergies créatrices et l’esprit d’initiative plutôt que la sujétion. Plutôt que le clientélisme et la cooptation des médiocrités, la compétence et l’éthique citoyenne doivent être réévaluées à leur juste valeur dans tous les secteurs.

Une refonte en profondeur du système éducatif figure également au rang des priorités. Au-delà des simples connaissances académiques, celui-ci doit former les esprits critiques, créatifs et entreprenants dont le pays a tant besoin pour décoller. Parallèlement, un environnement propice à la liberté d’entreprendre et d’innover doit être instauré pour canaliser ces forces vives au service du progrès collectif.

Enfin, redonner aux femmes toute leur place dans cette dynamique de développement est indispensable, elles qui ont tant contribué au combat pour l’indépendance et qui demeurent une formidable réserve de talents et d’abnégation au service de la nation.

Conclusion

À l’heure où l’Algérie célébrera en 2062 son premier centenaire en tant qu’État indépendant et souverain, le cri «Tahia Al-Djazaïr» chanté par les chouhada pourra-t-il résonner avec une véritable fierté ? Répondre à cette question nécessite d’entendre le vibrant appel à la refondation contenu dans «L’Algérie Aléatoire» de Farid Daoudi.
En réalisant enfin une «révolution des mentalités» qui place au centre la promotion du capital humain dans toutes ses dimensions, l’Algérie pourra transcender les errements passés et les faux prétextes. Elle sera alors en mesure d’honorer pleinement la mémoire des martyrs en rayonnant à nouveau comme phare de liberté, d’égalité, de solidarité et de dignité retrouvées.

Un tel sursaut patriotique et citoyen, nourri de compétences et d’éthique, peut seul permettre de résorber les maux qui gangrènent encore le pays parachevant ainsi l’œuvre des vaillants combattants de la liberté. Tel est le plaidoyer lucide mais empreint d’espoir de Farid Daoudi./


  1. Ouvrage en 4 tomes achevé en 2018, paru aux Éditions Universitaires Européennes (Juin 2023)

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        La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance

                     par Oukaci Lounis*

La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance constitue un changement majeur dans le modèle économique et social d’un pays. Alors que les sociétés rentières reposent principalement sur l’exploitation des ressources naturelles ou d’autres rentes économiques, les sociétés basées sur la connaissance valorisent la création, la diffusion et l’utilisation des connaissances comme moteurs de développement et de croissance. Cette transition implique des transformations profondes dans les politiques, les pratiques et les mentalités, et soulève des enjeux cruciaux en termes d’innovation, d’éducation, de compétitivité et de durabilité. Dans cet article, nous explorerons les défis et les opportunités liés à la transition d’une société rentière à une société de la connaissance, en mettant en lumière les implications pour le développement économique, social et environnemental.

Définition :

Une société rentière

Un État rentier est un État dont les revenus proviennent principalement de ressources naturelles, telles que le pétrole, le gaz, les minéraux ou d’autres matières premières, plutôt que de la production de biens ou de services. En d’autres termes, la rente pétrolière ou gazière constitue la principale source de revenus de l’État.

Avantage :

• Les ressources naturelles abondantes peuvent générer des revenus importants pour l’État, ce qui peut être utilisé pour financer des programmes sociaux, des infrastructures et des services publics.

• L’État rentier peut bénéficier d’une certaine stabilité financière grâce aux revenus réguliers provenant des ressources naturelles.

• Les recettes provenant des ressources naturelles peuvent contribuer à la croissance économique et au développement du pays.

Inconvénients :

• La dépendance excessive aux ressources naturelles peut rendre l’État vulnérable aux fluctuations des prix sur les marchés mondiaux, ce qui peut entraîner une instabilité économique.

• La rente pétrolière ou gazière peut entraîner une mauvaise gestion des ressources et une corruption généralisée au sein de l’État.

• L’État rentier peut être confronté à des problèmes de diversification économique, car il peut négliger d’autres secteurs de l’économie qui pourraient être sources de croissance à long terme.

En résumé, un État rentier comme l’Algérie peut bénéficier de revenus importants provenant de ses ressources naturelles, mais il peut également faire face à des défis tels que la dépendance aux prix des matières premières, la corruption et la nécessité de diversifier son économie pour assurer une croissance économique durable. Il est donc essentiel pour un État rentier de gérer efficacement ses ressources et de mettre en place des politiques économiques diversifiées pour atténuer les risques associés à la dépendance aux ressources naturelles.

Définition : Une société

de la connaissance

Une société de la connaissance est une société où la création, la diffusion et l’utilisation des connaissances sont au cœur du développement économique, social et culturel. Dans une société de la connaissance, l’accent est mis sur l’éducation, la recherche, l’innovation et la valorisation des compétences et des savoirs pour favoriser la croissance et le progrès.

A l’échelle mondiale, le concept de société de la connaissance a pris de l’ampleur ces dernières années, avec des politiques visant à promouvoir l’éducation, la recherche et l’innovation comme leviers de développement économique et social.

Avantages d’une société de la connaissance:

• Stimule l’innovation et la compétitivité: en favorisant la recherche et le développement, la société peut renforcer sa capacité d’innovation et sa compétitivité sur le marché mondial.

• Améliore la qualité de l’éducation : en mettant l’accent sur l’éducation et la formation tout au long de la vie, la société peut améliorer la qualification de sa main-d’œuvre et favoriser l’employabilité des individus.

• Favorise le développement durable : en encourageant les pratiques durables et respectueuses de l’environnement, une société de la connaissance peut contribuer à un développement économique plus équilibré et respectueux de l’environnement.

Inconvénients d’une société de la connaissance:

• Risque de creuser les inégalités : si l’accès à l’éducation et à la formation n’est pas équitablement réparti, une société de la connaissance pourrait accentuer les inégalités sociales et économiques. • Besoin de ressources financières importantes : pour investir dans l’éducation, la recherche et l’innovation, la société doit mobiliser des ressources financières importantes, ce qui peut poser des défis en termes de financement public.

• Risque de fuite des cerveaux : si la société n’est pas en mesure de retenir ses talents et ses chercheurs, cela pourrait entraîner une fuite des cerveaux vers d’autres pays offrant de meilleures opportunités. En résumé, une société de la connaissance présente des avantages en termes d’innovation, de compétitivité et de développement durable, mais elle comporte également des inconvénients tels que le risque d’accentuation des inégalités, le besoin de ressources financières importantes et le risque de fuite des cerveaux. Il est donc crucial pour la France de mettre en place des politiques et des stratégies efficaces pour maximiser les avantages de la société de la connaissance tout en atténuant ses inconvénients potentiels.

Définition : Economie de la connaissance

L’économie de la connaissance est un concept économique qui met l’accent sur la création, la diffusion et l’utilisation de connaissances et d’informations comme principaux moteurs de la croissance économique. Dans une économie de la connaissance, la valeur ajoutée provient principalement de la production et de la manipulation de connaissances, de compétences et d’innovations plutôt que de la production de biens matériels.

Avantage :

• Stimule l’innovation et la créativité : en favorisant la recherche, le développement et la diffusion de connaissances, l’économie de la connaissance encourage l’innovation et la création de nouvelles idées et technologies.

• Favorise la croissance économique à long terme : en investissant dans l’éducation, la formation et la recherche, les pays peuvent développer des secteurs économiques basés sur la connaissance qui sont plus durables et compétitifs sur le marché mondial.

• Améliore la productivité : en valorisant les compétences et les connaissances des travailleurs, l’économie de la connaissance peut augmenter la productivité et l’efficacité des entreprises.

Inconvénients :

• Accentue les inégalités : l’économie de la connaissance peut favoriser les individus et les entreprises qui ont accès à des ressources et des compétences spécifiques, ce qui peut accentuer les inégalités économiques et sociales.

• Risque de monopolisation : les entreprises qui détiennent des connaissances et des technologies de pointe peuvent avoir un avantage concurrentiel important, ce qui peut entraîner une concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques acteurs.

• Besoin de régulation et de gouvernance : pour assurer une transition réussie vers une économie de la connaissance, il est nécessaire de mettre en place des politiques et des réglementations appropriées pour garantir que les avantages de cette économie profitent à l’ensemble de la société.

En résumé, l’économie de la connaissance offre de nombreux avantages en termes d’innovation, de croissance économique et d’amélioration de la productivité, mais elle comporte également des inconvénients tels que l’accentuation des inégalités, le risque de monopolisation et le besoin de régulation. Il est donc essentiel pour les gouvernements et les entreprises de mettre en place des politiques et des stratégies appropriées pour maximiser les avantages de l’économie de la connaissance tout en atténuant ses inconvénients potentiels.

Comment effectuer la transformation ?

Transformer une société rentière en une société de connaissance est un processus essentiel pour favoriser la croissance, l’innovation et le développement durable. Les défis inhérents à une société rentière, caractérisés par une dépendance excessive aux ressources naturelles et aux revenus qu’elles génèrent, soulignent la nécessité de transition vers une société de connaissance axée sur une nouvelle décision politique éducative courageuse, la recherche de pointe et l’innovation. Les avantages d’une telle transformation sont nombreux, notamment une économie plus diversifiée, une main-d’œuvre qualifiée et une capacité accumulée à s’adapter aux changements mondiaux. Les étapes pour effectuer cette transition impliquent des investissements colossaux dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, la recherche de pointe et le développement, ainsi que la promotion de la culture de l’innovation et de la créativité de l’école à l’université. En passant à une société de connaissance, l’économie peut bénéficier d’une augmentation de la productivité, d’une meilleure compétitivité sur le marché mondial et d’une plus grande capacité à relever les défis technologiques du 21e siècle. Cette évolution aura un impact positif sur l’économie et l’innovation, renforçant ainsi la position de la société dans un monde en constante évolution.

Dans l’article de DT Godih et M Lazreg (2019), les auteurs soulignent les défis persistants auxquels est confrontée une société rentière par opposition à une société de connaissance émergente. Une société rentière, basée sur des ressources naturelles ou des rentes financières, peut être limitée par sa dépendance à ces ressources finies et volatiles, ce qui rend son économie vulnérable aux fluctuations du marché mondial. En revanche, une société de connaissance repose sur l’innovation, l’éducation et la créativité, offrant des avantages durables et une plus grande résilience économique. En favorisant la recherche, le développement et la diffusion des connaissances, une société de connaissance peut stimuler la croissance économique, encourager l’entrepreneuriat et améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Ainsi, la transition vers une société de connaissance peut offrir des perspectives prometteuses pour surmonter les défis socio-économiques auxquels la société rentière est confrontée.

Pour transformer une société rentière en une société de connaissance, plusieurs étapes cruciales doivent être des entreprises. Selon Maingueneau (1993), l’une des premières étapes consiste à investir massivement dans la nouvelle politique éducative nationale, qu’on devrait mettre en place dans les plus brefs délais et la recherche de pointe. En développant un système éducatif de qualité et en encourageant la recherche et l’innovation, une société peut progressivement passer d’une économie basée sur la rente à une économie basée sur la connaissance. De plus, il est essentiel de promouvoir la culture de la créativité et de l’entrepreneuriat au sein de la population, afin de stimuler l’innovation et la création de nouvelles idées et technologies. Parallèlement, il est nécessaire de favoriser la collaboration entre les différents acteurs du secteur public, privé et académique pour créer un écosystème propice à l’échange de connaissances et à la croissance économique. Enfin, la mise en place de politiques incitatives et de structures de soutien adaptées est essentielle pour encourager l’investissement dans la recherche et le développement, ainsi que pour favoriser la diffusion des connaissances au sein de la société.

La transition vers une société de connaissance a un impact significatif et positif sur l’économie et l’innovation. Selon Khedache (2015), ce changement de paradigme favorise le développement économique en encourageant la création de nouveaux produits et services, basés sur la connaissance et l’innovation. En effet, en passant à une société de connaissance, les entreprises sont incitées à investir davantage dans la recherche et le développement, ce qui stimule la croissance économique et la compétitivité sur le marché mondial. De plus, cette transition permet de valoriser le capital intellectuel et de favoriser l’émergence de nouvelles idées et technologies, contribuant ainsi à renforcer la capacité d’innovation des entreprises et à créer de nouveaux emplois hautement qualifiés. En conclusion, passer à une société de connaissance offre des opportunités majeures pour dynamiser l’économie et favoriser l’innovation, ce qui en fait un moteur essentiel de progrès et de développement socio-économique. En mettant en œuvre des politiques éducatives à long terme et des initiatives visant à promouvoir la connaissance, la société algérienne peut évoluer vers un avenir plus durable et épanouissant pour tous.

La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance

Une Nouvelle Politique Educative : Ecole & Université

La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance est un processus crucial qui peut promouvoir de manière significative la croissance, l’innovation et le développement durable. Investir dans le système éducatif, y compris les écoles, collèges, lycées et les universités, joue un rôle central dans cette transformation. En comprenant pourquoi ce changement est essentiel et comment investir dans la nouvelle politique éducative peut générer un changement positif, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir plus prospère et plus durable. La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance revêt une immense importance dans le domaine du développement économique. Dans le contexte de pays comme l’Algérie, ce changement devient particulièrement crucial car il permet une diversification de l’économie au-delà de sa dépendance traditionnelle à l’égard de ressources limitées comme le pétrole et le gaz (Gremm, Barth, Fietkiewicz et Stock). Une société rentière, caractérisée par une forte dépendance aux rentes externes, peut conduire à des vulnérabilités dues aux fluctuations des marchés mondiaux et à une durabilité économique limitée. En adoptant un modèle fondé sur la connaissance, l’Algérie peut exploiter le pouvoir de l’innovation, de l’éducation et de la technologie pour stimuler la croissance économique et la compétitivité. Cette transition permet d’investir dans le capital humain, de favoriser l’entrepreneuriat et de cultiver une culture d’apprentissage et d’adaptation continus. En fin de compte, l’évolution vers une société fondée sur la connaissance améliore non seulement la résilience économique, mais ouvre également la voie à une prospérité et à un développement durable à long terme.

Investir dans un nouveau projet éducatif novateur et révolutionnaire est crucial pour favoriser la croissance, l’innovation et le développement durable au sein de notre société. Comme le souligne Morssy (2012), l’éducation joue un rôle central dans l’élaboration de l’avenir des nations en dotant les jeunes primaire à l’université des compétences et des connaissances nécessaires pour stimuler le progrès économique et les avancées technologiques. En investissant dans l’éducation, l’Algérie pays peut former une main-d’œuvre qualifiée capable de s’adapter aux demandes changeantes de l’économie mondiale. En outre, l’éducation agit comme un catalyseur de l’innovation, encourageant la créativité et la pensée critique parmi les individus, qui sont des éléments essentiels pour stimuler les progrès technologiques et favoriser une culture de l’innovation au sein d’une société. Le développement durable, objectif clé de notre pays, est également étroitement lié à l’éducation. Grâce à l’éducation, les générations futures peuvent acquérir une compréhension plus approfondie des problèmes environnementaux et développer l’expertise nécessaire pour mettre en œuvre des pratiques durables susceptibles d’atténuer l’impact du changement climatique et de promouvoir la conservation de l’environnement. Par conséquent, investir dans l’éducation n’est pas seulement un investissement dans le capital humain, mais aussi une démarche stratégique et géopolitique visant à parvenir à une croissance économique à long terme, à favoriser l’innovation et à garantir un développement durable.

Dans la quête de transformation des écoles, collèges, lycées et des universités pour nourrir efficacement une économie du savoir, plusieurs stratégies ont été proposées. Dimmock et Goh (2011) suggèrent qu’une stratégie clé consiste à favoriser une culture d’apprentissage continu et d’innovation au sein des établissements d’enseignement. Cela implique d’encourager les enseignants à s’engager dans un développement professionnel continu et de promouvoir un programme qui met l’accent sur la pensée critique, la résolution de problèmes et la créativité. En outre, l’établissement de partenariats solides entre les établissements d’enseignement et les acteurs de l’industrie est crucial pour aligner les programmes universitaires sur les exigences de l’économie du savoir. En intégrant des expériences du monde réel, des stages et des projets collaboratifs dans le programme, les écoles ,collèges , lycées et les universités peuvent mieux préparer les étudiants au paysage dynamique et compétitif de la main-d’œuvre moderne. De plus, il est essentiel d’investir dans des technologies et des infrastructures de pointe pour doter les étudiants des compétences numériques nécessaires pour prospérer dans une économie fondée sur la connaissance. En mettant en œuvre ces stratégies, les établissements d’enseignement peuvent jouer un rôle central dans la croissance économique et l’innovation au 21e siècle.

En conclusion, la transformation d’une société rentière en une société de connaissance est cruciale pour stimuler la croissance économique, encourager l’innovation et promouvoir un développement durable à long terme. Investir dans le système éducatif, à la fois à l’échelle de l’école et de l’université, est la clé pour réaliser cette transition. En offrant des opportunités éducatives de qualité, en encourageant la recherche et en développant les compétences des individus, nous pouvons créer une société plus éclairée, compétitive et résiliente. Ainsi, en mettant l’accent sur l’éducation, nous pouvons bâtir un avenir prospère et durable pour tous.

La transition d’une société rentière à une société fondée sur la connaissance représente un défi majeur mais également une opportunité pour les pays en quête de développement durable et de progrès. Cette évolution nécessite des efforts concertés pour investir dans l’éducation, la recherche et l’innovation, afin de valoriser les compétences et les savoirs comme moteurs de croissance économique et sociale. En opérant cette transition, l’Algérie peut diversifier son économie, renforcer sa compétitivité sur la scène internationale, et favoriser un développement plus équilibré et respectueux de l’environnement. Il est donc essentiel pour l’Etat, le gouvernement, les entreprises et la société civile de collaborer et de mettre en œuvre des politiques et des stratégies adaptées pour concrétiser cette transition vers une société de la connaissance, porteuse de progrès et d’avenir.


*Pr : Université de Constantine2


Référence ::

D Maingueneau.»Le contexte de l’œuvre littéraire: énonciation, écrivain, société.»http://perso.numericable.fr/d.maingueneau/pdf/Le-contexte-de-l’OL-1993.pdf

«Evaluation pré-COVID pour l’expérience tunisienne du développement basée sur l’économie du savoir : Leçons tirées pour l’économie algérienne.»https://www.asjp.cerist.dz/en/downArticle/462/6/1 /187783

«Contribution à une réflexion pour une émergence de la culture du management stratégique au sein de l’entreprise.»https://www.ajol.info/index.php/cread/article/view/200723

KJ Fietkiewicz., WG Stock. « Transition vers une société du savoir. » https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/978-3-319-71195-9.pdf

C Dimmock., JWP Goh. «Pédagogie transformatrice, leadership et organisation scolaire pour l’économie basée sur la connaissance du XXIe siècle : le cas de Singapour.» https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13632434.2010 .546106

«Croissance verte, innovation et développement durable.»https://scholar.archive.org/work/n3cepyadvbalxd576lgfqis7qa/access/wayback/https://www.sciencetarget.com/Journal/index.php/IJES/article/download/ 94/22


                    Le pétrole à vie

par Abdelkrim Zerzouri

Le pétrole a de beaux jours devant lui. Il continuera encore à jouer un rôle prépondérant dans les marchés énergétiques non pas seulement jusqu’en 2025 ou 2030 mais pour des décennies, voire pour toujours, affirme le secrétaire général de l’Opep, Haithem El Gheith. Ce dernier est souvent engagé dans une guerre de prédictions avec l’Agence internationale de l’énergie (AIE) par rapport à la demande mondiale de pétrole dans les années à venir. L’AIE estime que la demande de pétrole doit baisser à 77 Mb/j pour 2030, et à 24 Mb/j pour 2050 afin d’atteindre l’objectif de net zéro, alors que les prévisions de l’Opep font état d’une demande qui peut atteindre 120 Mb/j à l’horizon 2045, et qu’il faut dans ce sens garantir des investissements conséquents pour continuer à assurer une production à des niveaux aussi immenses de la demande de pétrole.

De toute évidence, les arguments avancés par l’un ou l’autre obéissent à des facteurs différents, qui s’inscrivent parfois dans une simple manipulation spéculative des marchés, sans exclure la stratégie de l’orientation des investissements vers les énergies renouvelables, comme le souhaite l’AIE, ou vers la prospection et l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole, selon ce que recommande l’Opep pour éviter une crise qui n’a pas son égal dans l’histoire de l’humanité dans le cas d’une raréfaction du pétrole sur les marchés.

Le souci climatique reste partagé par les deux parties, car si l’AIE défend le recours aux énergies propres dans le cadre de la réduction des effets carbone, l’Opep ne manque pas également de faire part de son souci d’investir dans les nouvelles technologies afin de réduire les effets carbone.

Et, le secrétaire général a mis en évidence une autre vision qui devrait maintenir la demande de pétrole à des niveaux toujours plus importants, en l’occurrence le rôle et le besoin des dérivés de pétrole ou les produits pétroliers dans des secteurs autres que le transport, plaidant ainsi la prudence afin « de ne pas mettre le présent en danger sous prétexte de sauver le futur ».

Tout simplement, le SG de l’Opep retourne contre l’AIE ses propres arguments qui voient la disparition du pétrole dans le futur proche. « Si le pétrole disparaissait demain, l’industrie des énergies renouvelables serait elle-même impactée. La fibre de verre, la résine ou le plastique nécessaires à la construction de la plupart des éoliennes disparaîtraient » avec la disparition du pétrole. Ainsi que l’éthylène, les emballages nécessaires au stockage et à la conservation des aliments et les engrais synthétiques, tous dépendants des produits pétroliers, qui ne seraient plus disponibles dans le cas de la disparition du pétrole. Et, au-delà du transport, il y a lieu de se rendre compte que « le pétrole constitue une matière première incontournable pour les produits pharmaceutiques, les plastiques et les fournitures médicales ». On ne peut imaginer un monde sans le pétrole et ses dérivés, avance l’Opep. Quelle réplique de l’AIE face à cette argumentaire qui contourne les prédictions usuelles controversées ?


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