Libye : Plus de 200 véhicules blindés du GNA font route vers Syrte

   La bataille de Syrte aura-t-elle lieu malgré les mises en garde de l’Egypte qui considère  que c’est un Rubicon qu’il ne faut pas franchir.

Selon des médias occidentaux qui s’appuient sur des témoignages des populations et des déclarations de responsables militaires du gouvernement libyen d’accord national, GNA, internationalement reconnu, une colonne d’environ 200 véhicules blindés faisaient route vers l’est de Misrata, le long de la côte méditerranéenne, vers la ville de Tawergha, pas loin de l’axe qui mène vers Syrte, porte d’entrée des principaux terminaux pétroliers du pays. Fort du soutien d’Ankara, le gouvernement
d’al Sarraj a annoncé qu’il reprendrait Syrte et une base aérienne sous contrôle des troupes du Maréchal Haftar à Jufra. Mais l’Égypte, qui soutient l’ANL aux côtés des Émirats arabes unis et de la Russie, a menacé d’envoyer des troupes en Libye si le GNA et les forces turques tentaient de s’emparer de Syrte. De son côté Washington a déclaré que Moscou avait envoyé des avions de combat à Jufra, via la Syrie, pour soutenir les mercenaires russes qui combattent aux côtés de l’ANL. Moscou et l’ANL ont démenti ces allégations. Alors que le risque d’un embrasement pèse lourd, la France, l’Allemagne et l’Italie ont déclaré être prêts à  prendre des sanctions contre les puissances étrangères violant l’embargo sur les armes en Libye, et ont appelé tous les acteurs étrangers « à cesser leurs interférences» dans ce pays en guerre civile depuis 2011. «Nous appelons tous les acteurs étrangers à cesser leurs interférences et respecter l’embargo sur les armes établi par le Conseil de sécurité des Nations unies», ont affirmé les dirigeants de ces trois pays dans une déclaration commune, publiée en marge des négociations sur un plan de relance post-coronavirus à Bruxelles. Les trois responsables européens se disent «prêts à considérer la possible utilisation de sanctions si les violations de l’embargo sur la mer, sur la terre et dans les airs se poursuivent». «Nous appelons toutes les parties en Libye, ainsi que leurs soutiens étrangers à une cessation immédiate des combats», ajoutent les dirigeants, qui expriment de «graves préoccupations» vis-à-vis de «l’augmentation des tensions militaires dans le pays ».
Les violations de l’embargo sur les armes, imposé en Libye depuis 2011, font l’objet d’inquiétudes grandissantes, alors que les interventions étrangères dans le conflit se multiplient. Début juillet, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé une «interférence étrangère ayant atteint des niveaux sans précédent» en Libye, avec «la livraison d’équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats».
M. T.


>>Crise libyenne : La représentante spéciale du SG de l’ONU salue les efforts de l’Algérie

La représentante spéciale par intérim du Secrétaire général des Nations unies en Libye, Stéphanie Williams

«Nous sommes en train de travailler, sous les auspices de l’accord de Berlin, dont l’Algérie fait partie, pour essayer de trouver une solution politique à la crise en Libye et agir aussi sur le volet économique. Nous sommes reconnaissants des efforts fournis par l’Algérie pour une solution politique à cette crise», a affirmé Mme Williams à l’issue de l’audience que lui a accordée le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. «J’ai eu aujourd’hui des garanties de la part de l’Algérie pour nous soutenir dans cette initiative qui permet d’arriver à un cessez-le-feu et mettre fin à ce conflit qui a tant duré», a indiqué la représentante du Secrétaire général onusien. Elle a fait part, à ce propos, de la «préoccupation» du SG de l’ONU, Antonio Guterres, concernant la situation qui prévaut en Libye et sa demande aux forces étrangères de cesser leurs ingérences dans ce pays.  Mettant en avant les souffrances endurées par le peuple libyen en raison de cette crise qui dure depuis 9 ans, Mme Williams a estimé qu’il était «grand temps» de trouver une solution à ce conflit et permettre ainsi aux Libyens de se lancer dans un processus politique par la voix du dialogue.
Elle a également insisté sur la nécessité de mettre fin à «l’impunité internationale» qui fait que certains pays «ne respectant pas l’embargo imposé par l’ONU sur les armes qui rentrent en Libye de manière illégale», de même que «l’impunité interne en Libye, suite aux violations des droits de l’Homme».


   Ingérences étrangères et violations de l’embargo en Libye : «De graves préoccupations»

Confrontée aux soubresauts de la politique intérieure, la Tunisie n’en garde pas moins un oeil vigilant en direction de sa frontière avec la Libye voisine où la situation est explosive. C’est ainsi que le ministre de la Défense tunisien, Imed Hazgui, a indiqué, samedi dernier, que des unités militaires ont été déployées au niveau des axes de passage, notamment Ben Guerdane où les tensions sont vives. Le ministre n’a pas caché son inquiétude quant à l’afflux massif d’armes et de mercenaires en Libye, de sorte que les menaces sur la sécurité de la Tunisie sont préoccupantes. Alors que des questions s’attardent sur la situation due au nouveau coronavirus, certains agitant le risque d’ «infiltrations de malades du Covid-19», Imed Hazgui a minimisé l’enjeu pour mettre l’accent sur le vrai danger que constitue la situation grave et exceptionnelle en Libye, où les armes et les mercenaires n’ont pas cessé d’affluer, ces derniers mois. «Face à cette situation, a-t-il déclaré à l’agence officielle TAP, la Tunisie a redoublé de vigilance en prenant des mesures telles le déploiement des unités de l’armée nationale, le long de la frontière.»
Par ailleurs, il a exclu tout engagement de l’armée face aux mouvements de protestation sociale qui agitent la région d’El Kamour, précisant que leur tâche «consiste à assurer la protection des installations pétrolières et les stations de pompage. Elle ne tolérera, de la part de quiconque, des actes de saccage», a-t-il, cependant, averti. A cet égard, il a mis l’accent sur le fait que les unités militaires «ont agi avec une retenue particulière face à cette situation exceptionnelle pour éviter toute dérive dangereuse ou perte humaine».
De leur côté, la France, l’Allemagne et l’Italie se sont déclarées, samedi dernier, disposées à prendre des sanctions contre les Etats étrangers qui violent l’embargo sur les armes en Libye, établi par le Conseil de sécurité de l’ONU, et elles ont invité «tous les acteurs étrangers à cesser leurs interférences» dans ce pays. Dans une déclaration commune, Angela Merkel, Emmanuel Macron et Giuseppe Conte affirment être «prêts à considérer la possible utilisation de sanctions si les violations de l’embargo sur la mer, sur la terre et dans les airs se poursuivent». La déclaration est intervenue en marge du sommet européen sur le plan de relance post-coronavirus, à Bruxelles. «Nous appelons toutes les parties en Libye, ainsi que leurs soutiens étrangers à une cessation immédiate des combats», ajoutent les trois dirigeants qui soulignent, en outre, leurs «graves préoccupations» face à «l’augmentation des tensions militaires» en Libye. Les observateurs auront noté qu’aucun pays, fauteur de ces troubles, n’a été mentionné.
Les violations de l’embargo ne sont pas nouvelles et les préoccupations qu’elles soulèvent n’ont pas cessé, depuis 2011, suscitant, ici et là, des «inquiétudes grandissantes». Au début du mois courant, le SG de l’ONU, Antonio Guterres, avait dénoncé une «interférence étrangère ayant atteint des niveaux sans précédent» dans la Libye en guerre, pointant, une nouvelle fois, «la livraison d’équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats». C’est dire si les prêches dans le désert libyen sont nombreux et sans écho. /   Chaabane BENSACI


                  Conflit en Libye: la France continue de se ridiculiser

La ligne rouge dessinée par l’Égypte contre la Turquie deviendrait-elle tricolore? Mercredi 15 juillet, Emmanuel Macron et son homologue égyptien al-Sissi ont convenu par téléphone «de la nécessité d’endiguer l’intervention étrangère illégale en Libye». La veille, c’était Florence Parly, ministre des Armées, qui critiquait les implications de puissances extérieures dans le conflit libyen. Si ce discours vise un adversaire particulier, en l’occurrence la Turquie, seule puissance étrangère à être officiellement présente sur le sol libyen, la France est-elle suffisamment neutre pour donner des leçons en la matière? N’est-elle pas elle-même impliquée dans ce conflit, notamment via ses partenaires et amis égyptiens et émiratis?


 

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