Le ministre italien des AE, Luigi Di Maïo, à Tripoli : Une préoccupation commune

25.06.2020

Annoncée par les agences de presse italiennes Agi et Ansa, la visite du ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio en Libye a beau se faire dans des conditions-éclair, elle n’en témoigne pas moins de la préoccupation grandissante, outre Méditerranée, face aux développements actuels de la crise dans un pays qui traverse une zone de turbulences, depuis l’intervention de l’Otan en 2011. Contrairement à d’autres pays occidentaux, l’Italie dialogue avec le gouvernement d’union (GNA) que préside Fayez al Serraj. Et c’est avec celui-ci que Di Maïo a eu des entretiens, ainsi qu’avec son homologue libyen Mohamed Tahar Siyala et le ministre de l’Intérieur. Ce n’est certes pas un secret que de constater que la crise libyenne est devenue une des priorités majeures de la diplomatie italienne, des sources diplomatiques indiquant au journal Il Messaggero que la Libye constitue «le dossier le plus important qui concerne notre sécurité nationale».

«Nous ne pouvons pas nous permettre une partition du pays. C’est pour cela que nous sommes allés d’abord à Ankara, un canal que nous avons toujours maintenu ouvert», ont également indiqué ces mêmes sources diplomatiques. Le 19 juin dernier, effectivement, le MAE italien s’était rendu à Ankara pour s’enquérir des nouveaux rebondissements de la crise, au lendemain de la déclaration du président égyptien al Sissi, affirmant qu’il n’hésitera pas à intervenir militairement au cas où les forces loyales du GNA tenteraient de s’emparer de Syrte et d’al Joufra. La dernière visite de Di Maïo à Tripoli remontant à janvier dernier, il fallait donc remettre les pendules à l’heure et revenir sur la mise en oeuvre du Mémorandum de coopération modifié entre les deux pays dont un des volets concerne, tout particulièrement, la question des migrants. Durant ce bref séjour, il a été aussi question d’une aide de l’Italie au GNA pour le déminage des quartiers sud de la capitale libyenne où les troupes de Haftar ont délibérément disséminé des montagnes d’explosifs de divers calibres.
Contrairement à d’autres pays occidentaux qui ont cherché à perpétuer le conflit pour des desseins particuliers, l’Italie appréhende la menace de son extension dont elle sait qu’elle aura de graves conséquences sur sa propre sécurité, ne serait-ce qu’en termes d’immigration clandestine. Aussi, s’efforce-t-elle d’agir en faveur d’un cessez-le-feu durable et d’une reprise des négociations militaires entre les deux camps belligérants, selon le format 6+6 initié par la Mission des Nations unies en Libye  (Manul) pour apaiser les tensions, faute de parvenir à imposer une véritable solution politique. C’était le but de la visite de Di Maïo à Ankara et ses efforts, dans le prolongement des discussions qui ont caractérisé la Conférence de Berlin, rejoignent, sur bien des plans, ceux des pays voisins que sont l’Algérie et la Tunisie, dont la démarche se situe à équidistance des parties prenantes de la crise et s’inscrit scrupuleusement dans le cadre de la feuille de route consacrée par l’ONU et l’Union africaine en faveur de la solution du dialogue inclusif et du respect absolu de l’intégrité territoriale, de la sécurité et de la souveraineté du peuple libyen./

Chaabane BENSACI

23.06.2020

>> Crise libyenne: «L’approche algérienne dispose des atouts de la réussite»

par R.N.

Le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA), Smaïl Chergui a affirmé, hier, que l’approche algérienne, basée sur le dialogue pour le règlement du conflit en Libye «dispose de tous les atouts de la réussite», indiquant que l’UA soutient et encourage toute initiative fondée sur le dialogue et la réconciliation nationale, susceptible de parvenir à une solution définitive de la crise. «Partant de la méthode de gestion des méditions à l’UA, basée sur le principe de subsidiarité qui consiste à soutenir les pays du voisinage dans la direction de la médiation, eu égard au rapprochement géographique et à la connaissance des acteurs locaux, l’Organisation encourage et soutient toute initiative de règlement susceptible de parvenir à une solution rapide et définitive de la crise libyenne, une initiative basée sur le dialogue et la réconciliation nationale», a précisé M. Chergui dans une déclaration l’APS.  A ce propos, le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, estime que l’initiative algérienne de règlement en Libye, compte tenu de sa qualité de membre dans le Comité de Haut Niveau ainsi que dans le Groupe de Contact de l’UA sur la Libye, «dispose de tous les atouts de la réussite». La réussite de l’approche algérienne s’explique, selon M. Chergui, par «l’adoption par l’Algérie de la solution politique pour la crise libyenne, une solution respectant la volonté du peuple libyen, son unité et sa souveraineté territoriale, c’est-à-dire à travers un dialogue inter-libyen mené par les Libyens eux-mêmes». Pour M. Chergui, la position «équilibrée» de l’Algérie, à l’égard de toutes les parties libyennes, depuis le début de la crise, lui a valu «la confiance de tous». En témoignent, a-t-il ajouté, la visite en Algérie, quelques jours auparavant, du président de la Chambre des représentants, M. Aguila Salah, suivie de la visite du président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’entente nationale, Fayez Al-Sarraj ainsi que la confiance placée par les notables et chefs des tribus.

Le chef de l’Africom rencontre le chef du GNA

Par ailleurs, le chef du Commandement américain pour L’Afrique (Africom) s’est rendu, lundi en Libye, pour rencontrer le Premier ministre du Gouvernement libyen d’Union nationale (GNA), avec qui il a évoqué l’arrêt des combats dans le pays en guerre, selon le GNA et l’ambassade américaine. «Dans le cadre des concertations sur l’évolution de la situation en Libye, Fayez al-Sarraj a rencontré lundi le général Stephen Townsend, chef de l’Africom, et l’ambassadeur des Etats-Unis, auprès de la Libye, Richard Norland», selon un communiqué du GNA. «Il est nécessaire de mettre fin aux actions militaires et de retourner aux négociations», a indiqué de son côté l’ambassade américaine sur Facebook. MM. Sarraj et Townsend se sont rencontrés à Zouara, ville côtière, à 120 km, à l’ouest de Tripoli, où ils ont évoqué ensemble, la «coordination conjointe entre le GNA et le commandement de l’Africom pour la lutte antiterroriste (…) dans le cadre d’une coopération stratégique « entre Tripoli et Washington», a précisé le communiqué du GNA. Le général Townsend a appelé, lundi, à l’instauration d’un cessez-le-feu et à revenir aux négociations politiques sous l’égide de l’ONU, selon le communiqué de l’ambassade des Etats-Unis.


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