Libye / Paris, Rome et Berlin appellent à la fin de «toutes les ingérences»

27.06.2020

  Paris, Rome et Berlin appellent à la fin de «toutes les ingérences» d’acteurs étrangers en Libye et exhortent les parties libyennes à «cesser immédiatement et sans condition les combats», dans un communiqué commun, jeudi soir. «Face au risque croissant de dégradation de la situation en Libye et d’escalade régionale, la France, l’Allemagne et l’Italie appellent toutes les parties libyennes à cesser immédiatement et sans condition les combats et à suspendre le renforcement en cours des moyens militaires à travers le pays», soulignent ces trois pays européens. Ils «exhortent également les acteurs étrangers à mettre un terme à toutes les ingérences et à respecter pleinement l’embargo sur les armes établi par le Conseil de sécurité des Nations unies», d’après le communiqué. Mercredi, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio, en visite à Tripoli, et le chef du GNA, avaient déjà appelé à la fin des interventions étrangères.


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Les Libyens rejettent les ingérences étrangères dans leurs affaires intérieures et s’opposent à toute solution qui privilégie l’option de la fragmentation de leur pays. C’est ce qu’a affirmé jeudi le chercheur libyen Mohamed Eljarh, lors d’une rencontre-débat sur la Libye. Néanmoins, a-t-il regretté, «leur voix n’est pas écoutée». Elle est étouffée par celles plus assourdissantes des puissances régionales et mondiales qui se disputent les richesses du pays. C’est pourquoi, souligne-t-on, le sort de ces Libyens sera décidé ailleurs. Et le plus dramatique pour eux, selon l’analyse de Mohamed Eljarh, est que sur les trois scénarios envisagés pour la Libye, celui qui semble, au regard des derniers développements, le plus probable, est celui qui préconise comme solution au conflit la fragmentation du pays. En effet, la Libye court le risque d’être divisée en deux entités politiques et géographiques. Un risque qu’elle n’est même plus sûre d’éviter, tant l’éventualité d’un accord entre les deux protagonistes a peu de chances d’être obtenu au terme des efforts diplomatiques déployés depuis plusieurs semaines. L’internationalisation du conflit et les profondes divergences entre les acteurs extérieurs font peser sur le pays le spectre du pire scénario que la Libye aurait pu envisager, d’autant que même l’engagement des Américains dans le conflit n’est pas, selon le chercheur, un gage suffisant de préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays. Mohamed Eljarh en veut pour preuve le fait que si les Américains cherchaient vraiment, à travers leurs efforts, à trouver une solution politique et éviter l’escalade, ils seraient intervenus depuis belle lurette. «Ils auraient pu le faire avant», estime Mohamed Eljarh. En fait, il soupçonne Washington de n’être mue que par un seul objectif : celui de contrer l’influence russe en Libye et dans la région. Est-ce à dire que les dés sont jetés et que le sort de la Libye est scellé ? Pour le chercheur Tarek Megerisi, le salut de la Libye réside dans un accord négocié sous l’égide des Nations unies et soutenu par les Etats non alignés. C’est le meilleur moyen de parvenir à une désescalade durable qui lui permettra de retrouver sa souveraineté.  Mais est-ce vraiment  ce que veulent les acteurs étrangers ?
Nadia K.


 

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