Le Maroc et Israël expriment leurs « inquiétudes » au sujet de l’Algérie

    L’ Algérie est pour la première fois évoquée publiquement par un très haut responsable israélien comme une source d’« inquiétude » pour son pays.

Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères israélien Yaïr Lapid (à droite) et le ministre marocain des Affaires africaines, Mohcine Jazouli (à gauche) inaugurent le nouveau bureau de liaison israélien de Rabat (Maroc) le 12 août 2021. – / AFP

Le premier ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, effectue une visite historique au Maroc huit mois après la signature des accords d’Abraham, prévoyant le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

 

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Les deux parties ont convenu à l’occasion de cette visite d’ouvrir des ambassades respectives. En attendant, un bureau de liaison israélien est inauguré à Rabat.

Survenant dans une conjoncture de tension entre l’Algérie et le Maroc et l’offensive de l’Algérie pour bloquer l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine, la visite a été l’occasion pour s’attaquer frontalement à l’Algérie.

Jeudi, au terme de sa visite au Maroc, Yaïr Lapid a confié à la presse avoir évoqué avec son homologue marocain leurs « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ».

Ces graves propos sont tenus sur le sol marocain deux semaines après « la main tendue » du roi du Maroc au président algérien pour le rapprochement de l’ouverture de la frontière entre les deux pays.

Dans son discours à l’occasion de la fête du trône, le 31 juillet, Mohamed VI a proposé d’« œuvrer de concert » avec l’Algérie et « sans conditions » à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage.

Tensions entre l’Algérie et le Maroc

La réponse de l’Algérie est venue par le biais de la revue officielle de l’ANP qui a rappelé les attaques répétées du Maroc à l’égard de l’Algérie, puis par la voix du président Abdelmadjid Tebboune qui a reproché au Maroc de n’avoir rien fait après un grave dérapage de sa diplomatie.

« Un diplomate marocain a fait des déclarations graves, suite à quoi nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat pour consultation, et avons avisé d’aller plus loin, mais aucune réaction n’a émané du Maroc », a répondu M. Tebboune le 8 août au cours d’une rencontre avec la presse.

Le 14 juillet, le représentant du Maroc aux Nations-Unies avait gravement attenté à l’intégrité du territoire algérien en distribuant une note aux représentants des pays membres du mouvement des Non-alignés, appelant à l’autodétermination du « vaillant peuple kabyle ».

Deux jours après, la presse mondiale a divulgué un retentissant scandale d’espionnage impliquant le Maroc. Les services de ce pays ont utilisé un logiciel israélien du nom de Pegasus pour espionner des milliers de téléphones d’opposants, de journalistes critiques et de responsables étrangers. Avec 6 000 téléphones ciblés dont certains appartenant à de haut responsables militaires et politiques, l’Algérie est le pays le plus touché par cette vaste opération d’espionnage.

Concernant l’admission d’Israël au sein de l’Union africaine comme membre observateur, l’ambassade d’Algérie à Addis-Abeba a signé le 3 août avec six autres représentations diplomatiques étrangères (Égypte, Tunisie, Iles Comores, Djibouti, Libye et Mauritanie) une note désapprouvant la décision du président de la Commission de l’UA, Moussa Fati.

Le 7 août, ce dernier a accédé à leur demande d’inscrire la question à l’ordre du jour de la prochaine session du Conseil exécutif de l’instance panafricaine.


 >>   Des commandos marocains s’entraînent avec l’armée israélienne  

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël va semble-t-il au-delà des aspects diplomatique et culturel pour toucher à la coopération militaire directe.

Après la normalisation de leurs relations, Israël et le Maroc s’emploient à renforcer leur coopération militaire. Un exercice militaire d’envergure s’est déroulé au pays de Naftali Bennett cette semaine, avec la participation des armées marocaine, israélienne et d’autres armées étrangères.      11 juillet 2021 – 22h00 – Monde – Par: S.A

Une unité des troupes spéciales marocaines vient de participer à un entraînement en Israël avec les commandos de ce pays.

 

C’est le journal marocain Le Desk qui le rapporte, citant des sources militaires. Il affirme que l’entraînement s’est étalé du 4 au 9 juillet, et a vu la participation d’unités « d’autres pays alliés » d’Israël.

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La participation de l’armée marocaine n’a pas été confirmée officiellement, ni par celle-ci ni par l’armée israélienne.

L’armée israélienne coopère avec « diverses armées étrangères, notamment en menant des exercices, des réunions de haut niveau, des recherches et des développements conjoints. Nous ne parlerons pas de la coopération avec un pays en particulier », a affirmé son porte-parole à propos de la présence d’un avion des troupes spéciales marocaines en Israël au moment où allaient commencer les entraînements qui ont porté sur des exercices de lutte anti-terroristes, selon la même source.

Mais selon des sources militaires que Le Desk.ma assure avoir consulté, « un contingent des forces spéciales marocaines a été engagé pendant quatre jours dans ces exercices inédits ». Les mêmes sources ajoutent que des éléments de la gendarmerie royale prévôtale ont accompagné l’unité des forces spéciales dans son déplacement en Israël.

Bourita invité à se rendre à Tel-Aviv

Le Maroc et Israël ont annoncé en novembre dernier le rétablissement de leurs relations dans le cadre d’un accord triangulaire incluant les États-Unis et prévoyant par ailleurs la reconnaissance par ces derniers de la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés.  L’accord a été signé le 10 décembre 2020. Il a été dénoncé par l’Algérie qui a vu une menace pour sa sécurité intérieure.

 

« L’Algérie est visée (…) Quand ont dit aux citoyens qu’il y a des opérations à l’étranger visant la stabilité du pays, voici les preuves, quand on voit que nous sommes entourés de dangers et de guerres. Il y a une volonté de ramener l’entité israélienne et sioniste à nos frontières », avait déclaré le Premier ministre Abdelaziz Djerad samedi 12 décembre.

Depuis cette normalisation, Israël et le Maroc ont franchi plusieurs pas dans leur coopération économique, touristique et culturelle.

Mercredi, le directeur général des Affaires politiques du ministère marocain des Affaires étrangères, Fouad Yazough a reçu à Rabat le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Alon Ushpiz.

Les deux responsables ont discuté du développement de la coopération économique entre les deux pays. M. Ushpiz a en outre transmis une invitation du ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, à son homologue marocain, Nasser Bourita, pour une éventuelle visite à Tel-Aviv.


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