L’arrestation par le KGB biélorusse de mercenaires russes du Groupe PMC Wagner relance la controverse sur l’appartenance réelle de cet acteur non étatique et ses liens avec l’Otan (Exclusif)

    Le KGB (non ce n’est pas une erreur, il existe encore à Minsk) biélorusse a arrêté 32 ressortissants russes liés à la société de sécurité privée connue sous le sigle de PMC Wagner. Pour les éléments du KGB bielorusse, les ressortissants arrêtés sur le territoire de la Biélorussie sont considérés comme mercenaires et sont traités en adéquation avec cette qualité.

Le chef du KGB biélorusse, Valery Valkoutchik a évoqué l’arrestation, le 29 juillet 2020, de 32 russes, membres de l’organisation paramilitaire Wagner. Un 33ème membre de ce groupe a été intercepté et arrêté un peu plus tard dans le sud du pays. D’après la liste nominative de ces mercenaires publiée par les médias biélorusses, ils sont âgés entre 24 et 55 ans. Ils disposent d’argent cash en dollar USD, des manuels militaires et de passeports russes.

Le président biélorusse, Alexandre Lukashenko, candidat à un sixième mandat et farouche opposant à ce qu’il désigne par la décadence européenne, est intervenu à la télévision à ce sujet. Les médias du pays accusent la Russie de vouloir sinon entraver les prochaines présidentielles en Biélorussie ou du moins y exercer une certaine influence. Ce que dément formellement Moscou et avec force.

La Russie et la Biélorussie sont des pays alliés qui ont signe un accord de partenariat stratégique qui est assimilé à un pacte de défense commune.

De plus, la Biélorussie est l’un des derniers pays d’Europe à avoir refusé dans le menu et dans le détail le joug US, de l’Otan ou encore les desiderata de l’Union européenne que Lukashenko méprise au plus haut point en raison de l’hostilité affichée de l’UE aux valeurs traditionnelles et au monde rural.

En théorie, la Russie n’a aucun intérêt à interférer de quelque manière que ce soit en Biélorussie sauf si le camp adverse y est déjà. La frontière que la Biélorussie partage avec l’Ukraine est après tout une source de tous les dangers. Cependant, Minsk dispose d’un appareil sécuritaire assez efficace qui a permis jusqu’ici de tenir à distance les néo-nazis ukrainiens soutenus – ultime paradoxe- par les les libéraux occidentaux et à garder une marge de manœuvre vis à vis de Moscou.

Cette affaire relance à nouveau la controverse sur PMC Wagner et plus exactement sur le commanditaire réel de cette armée privée, similaire à son homologue US qui était connue lors de la guerre d’Irak sous l’appellation de Blackwater (puis Academy et X), d’autant plus que les clients de PMC Wagner de recrutent parmi les pays appartenant à la sphère d’influence de Washington comme c’est le cas actuellement en Libye (PMC Wagner opère en Libye pour le compte des Emirats Arabes Unis) ou encore en Afrique.

Beaucoup de médias et d’analystes soupçonnent le groupe PMC Wagner d’être plus ou moins lié avec le Kremlin à travers l’oligarque russe Evgueni Prigojine ou encore à son commandant opérationnel, Dimitri Outkine, un ancien lieutenant-colonel des fameux Spetsnaz et un très fervent admirateur du IIIème Reich (C’est lui qui a choisi le nom de Wagner en hommage au compositeur allemand Richard Wagner). D’un point de vue légal, la Russie ne tolère aucune société militaire privée sur son territoire et sanctionne lourdement tout citoyen impliqué dans des activités de mercenariat à l’étranger.

PMC Wagner n’a donc aucune existence légale en Russie. Il est certainement infiltré par des éléments du FSB russe qui le considère comme une voie de dégagement des éléments les plus néo-nazis de la société comme le FBI US surveille cette nébuleuse sur son propre territoire en le considérant comme du terrorisme intérieur mais on ne sait rien et par dessus tout on ne dispose d’aucune preuve d’un quelconque lien entre le ministère russe de la Défense et le groupe PMC Wagner.

Pour comprendre le mystère du groupe PMC Wagner, Il faut revenir à la Russie dévastée des années 90 et le règne des oligarques de la pègre et des ex-militaires réduits à travailler pour des petits caïds du milieu. La montée fulgurante des oligarques russes est un phénomène induit et encouragé par les services spéciaux occidentaux. La plupart était d’origine juive et tous venaient du milieu et avait un lien avec la mafia. La corruption qui régnait dans une Russie pauvre en plein démantèlement sauvage, subissant des représailles occidentales à la limite de l’hystérie, réduisirent un très grand nombre d’anciens officiers à travailler comme gardes du corps, chauffeurs, plongeurs, serveurs, etc. pour ces parvenus et nouveaux riches aux gestes brusques et à la gâchette facile. Les secteurs économiques et strategiques de l’ex-Union soviétique furent bradés au profit des nouveaux oligarques pro-occidentaux dont les plus influents purent s’accaparer de secteurs vitaux comme l’énergie et la puissance des oligarques dépassa celle de l’État fédéral russe. L’avènement de Vladimir Poutine, un ancien officier du défunt KGB fut favorisée par les oligarques mais une fois au pouvoir, il se retourna contre eux et entrepris l’une des plus grandes purges de l’histoire russe. Cette purge fit scandale en Occident et on cria bientôt au pogrom et à l’antisémitisme parce que la majorité des oligarques avaient réussi à obtenir la nationalité israélienne grâce à leurs origines juives réelles ou supposées (il y avait un juteux trafic assez bien connu pour obtenir une filiation juive et obtenir des avantages en Israël, beaucoup de russes ont prétendu être juifs pour pouvoir émigrer en Israël ou obtenir sa nationalité). Les sept plus grands oligarques furent soit emprisonnés ou exilés tandis que le reste rallia le nouvel homme fort comme ce fut toujours le cas en Russie. Poutine dut s’en accommoder tout en surveillant de très près ses arrières. De fait et comme dans la totalité des pays au monde, Poutine ne gouverne pas seul. Il doit composer avec des oligarques aux intérêts divergents et aux allégeances suspectes. L’appareil sécuritaire russe a réussi jusqu’ici de limiter l’influence pernicieuse de puissances extérieures sur la politique russe mais ne parvient toujours pas à enrayer l’évolution des groupes criminels et surtout néo-nazis parce qu’ils sont toujours liés à des intérêts puissants et souvent étrangers. Le conflit ukrainien a permis à la Russie d’éliminer des centaines de groupes extrémistes nazis mais ces derniers ont trouvé refuge dans un nouvelle matrice pan-européenne et cherchent des appuis financiers tous azimuts.

L’affaire biélorusse s’explique en conséquent par deux approches:

Soit Moscou trouve que Loukashenko est un électron libre et qu’il est temps de le remplacer par un autre de son opposition, soit il s’agit d’une réaction à une autre ingérence du camp d’en-face. Une troisième option est possible toutefois: le groupe PMC Wagner est avant tout une entreprise économique et travaille avec le plus offrant pour assurer son financement autonome, il se pourrait qu’il est reçu commande d’une partie dont les intérêts ne concordent pas, voire s’opposent à ceux de Moscou et de Minsk.

Cependant comme le groupe PMC Wagner est infiltré mais pas contrôlé par Moscou (on ne connaît pas la nature exacte liant Prigogine à la Russie ni si il a obtenu une autre nationalité vu ses origines), une telle opération n’aurait pu avoir lieu sans que les russes n’en soient informés. Et cela explique la démarche biélorusse vis à vis de Moscou.

Les prochains clients de PMC Wagner, un richissime royaume du Golfe et un Etat incrusté au Levant longtemps presenté comme un îlot de démocratie dans une mer de régimes autocratiques (image de propagande usée), nous éclairera un peu plus sur les orientations véritables du groupe PMC Wagner et s’il est réellement lié aux intérêts stratégiques de la Russie.

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