Réunion ministérielle des pays voisins : La question libyenne s’invite à Alger

      par R. N.

 Alger abrite aujourd’hui et demain une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins à la Libye pour faire le point sur la situation qui prévaut dans ce pays et tenter de trouver des solutions urgentes aux nombreux problèmes qui le rongent afin qu’il puisse tenir ses élections le 24 décembre prochain.


«La situation demande des efforts constants, persévérants, nous nous devons d’aider les parties libyennes à organiser les élections en décembre prochain, il y a à régler certaines difficultés techniques liées à la sécurité de la Libye avant, pendant et après, même si la situation est bien meilleure qu’il y a une année, il y a la sécurité des pays limitrophes, les pays voisins doivent se réunir pour examiner le départ des forces étrangères qui est une des exigences du processus de Berlin », a affirmé Ramtane Lamamra mardi dernier lors de sa conférence de presse au CICau sujet de ce rendez-vous. Pour le MAE «les pays limitrophes et le gouvernement libyen doivent en discuter, ils se doivent d’être des parties prenantes dans le règlement du problème aux côtés de la communauté internationale, oui mais avant c’est la responsabilité de la Libye et des pays voisins». Dans l’ordre du jour d’aujourd’hui, Lamamra cite « la réconciliation nationale entre les différentes parties libyennes, l’Algérie est bien placée pour en parler, son expérience en la matière est reconnue par tous comme étant un ciment pour le peuple ».Première ingérence étrangère destructrice de la Libye, faut-il le rappeler, a été en 2011 par les forces de l’OTAN sur de fortes pressions notamment de la France présidée alors par Nicolas Sarkozy qui voulait en découdre avec le colonel Maamar El Kadafi, leader de la djamaria libyenne. Depuis, la Libye ne s’est jamais remise. L’Algérie qui se démène depuis cette date pour aider à réaliser la stabilité d’un pays avec lequel elle partage près de 1000 km de frontières, reçoit aujourd’hui au centre International des Conférences Abdelatif Rahal, de Club des pins à Alger, les ministres des affaires étrangères de l’Egypte, la Tunisie, du Tchad, du Soudan et du Niger et peut-être celui du Mali.La réconciliation nationale et les élections à l’ordre du jourIl est évident que la réunion se tiendra en présence du MAE libyen, du chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, et en principe comme de coutume, des représentants de l’Union Africaine, de la Ligue des Etats arabes, ceux de l’Union Européenne et d’autres de pays puissants comme la Russie, les Etats-Unis, la France ou la Grande Bretagne.Après la première réunion du genre de 2024, celle du 8 mars 2017 et la toute dernière du 22 janvier 2020 qu’Alger a abritées, et sur la base des points cités mardi dernier par Lamamra, il s’agit pour les participants de dérouler aujourd’hui les différentes évolutions de toutes les démarches et actions qui ont été entreprises ces derniers temps. La réunion s’inscrit selon la formule consacrée «dans le cadre des efforts intenses algériens de concertation entre les pays voisins et les acteurs internationaux afin d’accompagner les Libyens dans la voie du règlement politique à travers un dialogue incluant toutes les parties, de les aider à régler leur crise loin de toute ingérence, qu’elle qu’en soit la nature ». Pour cette fois, le document de base sera celui conclu le 18 janvier 2020 par les soixante-quinze membres du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) qui a permis aux Libyens de mettre en place « un exécutif unifié temporaire » regroupant des représentants des différentes régions libyennes (la Tripolitaine à l’Est, la Cyrénaïque à l’Ouest, et du Fezzan au Sud » et dont la mission principale est de pouvoir organiser des élections en décembre prochain. Un Exécutif qui doit avoir en main les recommandations de la Conférence internationale pour la Libye qui s’est tenue le 19 janvier 2020 à Berlin dont la plus importante, comme souligné par le MAE, est le départ de la Libye de toutes les forces militaires étrangères ainsi que tous les mercenaires russes, soudanais, syriens, tchadiens mais aussi les troupes turques qu’Ordogan a déployé l’année dernière pour se positionner comme remparts contre l’offensive que le maréchal Haftar avait lancé en avril de la même année pour la prise de Tripoli. Des rapports onusiens affirment cependant que les forces étrangères sont toujours présentes en Libye et des armes sont livrées régulièrement à des mercenaires par des pays qui ont pourtant cautionné le processus de Berlin.De Kobler, au Forum, à Genève….En février 2020, les représentants du GNA libyen avaient d’ailleurs quitté la table des négociations à Genève de la commission militaire libyenne. «Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu’à ce que des positions fermes soient adoptées à l’encontre de l’agresseur et ses violations de la trêve », avait dit le GNA dans son communiqué. A la reprise des négociations à Genève quelques jours plus tard, les Libyens étaient parvenus à un accord complétant et précisant celui du forum, pour former «un gouvernement d’unité consensuelle» chargé de préparer la tenue d’élections le 24 décembre prochain. Mais durant toutes ces négociations politiques inter-libyennes, les ingérences étrangères ne se sont pas arrêtées. Nommé représentant spécial du SG de l’ONU le 16 janvier dernier, le slovaque Jan Kubis a été chargé de les mener à Genève parce que Washington a voulu que ce soit ainsi en demandant que son poste ait deux volets, le 2ème étant celui de chef de la mission onusienne à Tripoli qu’occupe le Zimbabwéen Raisedon Zenenga. Désigné en remplacement du Libanais Ghassam Salamé qui a jeté l’éponge le 2 mars 2020, Jan Kubis a depuis 2011 dirigé plusieurs missions onusiennes dans des pays qu’il a laissés embourbés dans le chaos. C’est le cas de l’Afghanistan, l’Irak et le Liban qu’il a quittés en janvier 2019. Kubis a pris le poste que détenait Stéphanie Williams par intérim depuis 2018 après la démission de Ghassan Salamé qui l’a gardé depuis le 24 juin 2017. «Durant presque trois ans, j’ai tenté de rassembler les Libyens, de restreindre les interventions étrangères et de sauvegarder l’unité du pays », avait-il tweeté pour regretter de n’avoir pas réussi.Mardi dernier, Ramtane Lamamra, n’avait pas dit moins. Interrogé à propos du rendez-vous d’aujourd’hui des MAE des pays voisins, il répond «la réunion est une étape importante dans l’assainissement de qui entrave la progression sereine du processus des élections, nous sommes conscients qu’il est plutôt difficile en l’espace de 4 mois de lever tous les obstacles mais nous devons poursuivre l’effort pour réunir un consensus des forces libyennes et des différentes parties et leurs donner les moyens pour régler leurs problèmes ».

 » Il est difficile de lever tous les obstacles » Lamamra a, comme l’a fait Salamé il y a plus d’un an, avoué qu’ «il est clair qu’il y a des ambitions et des situations de droits acquis dont il est difficile de s’en départir dans un Etat moderne mais très à l’aise de s’y accrocher dans un Etat de confusion, avec les pays voisins nous nous devons de ne pas baisser les bras, l’Algérie se trouve à égale distance de toutes les sensibilités libyennes, nous restons tout à fait engagés, sa contribution est encouragée, son intervention attendue ».

Interrogé en 2017 à propos de ce pourrait faire l’ONU devant la multitude d’agendas, d’interférences et d’intérêts étrangers, Martin Kobler le représentant onusien pour la Libye présent à Alger à la 11ème réunion ministérielle des pays voisins a déclaré que « notre rôle est d’organiser et d’assister le processus politique mais jamais de prendre des décisions à la place des Libyens, ce sont eux qui doivent décider par eux-mêmes de ce qu’ils doivent faire, ça dure un peu de temps, il faut avoir de la patience stratégique et laisser les Libyens discuter entre eux ». Le MAE libyen de l’époque, Tahar Siyala, avait dénoncé les interférences étrangères en notant «ce sont les Etats qui ont des intérêts et des visées sur la Libye qui interfèrent dans le processus politique, c’est pour ça qu’on a fait appel aux pays voisins ». Il a reconnu que « s’il n’y avait pas ces interférences étrangères dans le processus politique et le dialogue entre les Libyens, il y a longtemps que les Libyens auraient réglé leurs problèmes. »

L’ancien représentant onusien, Martin Klober, était venu à l’époque à Alger avec en main «une feuille de route pour la paix» dont il a dévoilé les 6 points aux pays voisins: «l’accord politique libyen (de 2015 dont la finalité est de parvenir à une réconciliation nationale et la mise en place d’institutions fortes, crédibles, stables et justes au service de tous les Libyens), préserver le cadre d’une solution politique, il faut revigorer le processus sécuritaire et la création d’un appareil de sécurité unifié, l’économie et la situation financière du pays doivent être stabilisées, la réconciliation nationale doit être intégrée de manière décisive à tous les niveaux, les services publics, la sécurité et la gouvernance commencent à s’améliorer au niveau local, je vous invite à continuer à travailler en collaboration et à faire des efforts concertés pour ramener les acteurs politiques et militaires à la table des négociations et parvenir à un règlement politique ».

Quatre ans après, Alger et ses invités se penchent aujourd’hui sur le même ordre du jour.


>> Réunion des pays voisins à Alger : L’urgence du retrait des mercenaires de Libye

par R. N.

  En plus d’une demande pressante de l’arrêt des ingérences étrangères et le départ des mercenaires, Alger s’est faite hier l’écho d’un appel insistant aux antagonistes libyens à unifier leurs rangs politiques et militaires et aux institutions transitoires à mettre en place des mécanismes constitutionnels et réglementaires en prévision de la tenue des élections le 24 décembre prochain.

C’est le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger qui a donné le ton à ces demandes voire à ces exigences à l’adresse des différentes parties libyennes pour mettre en œuvre «la feuille de route» qui permettra aux autorités transitoires d’organiser les élections prévues le 24 décembre prochain(…), avec le soutien des pays voisins et de la Communauté internationale. Ramtane Lamamra a tenu en premier à saluer la présence de la ministre libyenne des affaires étrangères et de la coopération internationale à la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye dont les travaux ont commencé hier en début d’après-midi au CIC d’Alger. Aux côtés de la chef de la diplomatie libyenne, Najla Al Mangoush, il y avait les MAE de la Tunisie, de l’Egypte, du Tchad, du Soudan, du Niger et du Congo en plus du secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes, Ahmed Abou El Ghiet, du Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union Africaine, Bankole Adeoye et de l’envoyé spécial du SG de l’ONU pour la Libye, le Slovac Juan Kubis.Alger se veut pendant deux jours être un conclave arabe, africain et onusien duquel seront dégagées «des propositions concrètes pour «aider la Libye à parachever le processus de réconciliation nationale à travers notamment la tenue dans les délais des élections générales prévues le 24 décembre prochain ». Les invités d’Alger devaient se réunir hier à huis clos sous la présidence de Lamamra pour discuter de la feuille de route à mettre en œuvre pour transcender les profondes divergences qui divisent les parties libyennes. « Cette importante réunion entre dans le cadre des efforts soutenus que nos pays n’ont eu de cesse de déployer pour contribuer au règlement de la crise libyenne », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne dans son allocution d’ouverture.

«Nos Etats œuvrent collectivement et individuellement au règlement de la crise libyenne, convaincus du rôle vital que doivent jouer les pays voisins dans ce sens », a-t-il noté. Il a notamment affirmé que « le processus de réconciliation en Libye nécessite la poursuite des efforts pour le parachèvement de l’unification des institutions de l’Etat libyen, la réalisation de la réconciliation et le départ dans les plus brefs délais des mercenaires et des forces étrangères de tout le territoire libyen ». Lamamra a tenu à rappeler que « les pays voisins de la Libye sont les plus concernés par les conséquences directes des perturbations dans ce pays, ce qui a été prouvé malheureusement par les nombreux et tragiques événements qui ont secoué nos pays conséquemment à l’absence de stabilité en Libye ». Pour tout cela, il appelle les pays présents à Alger à définir une vision claire «qui prend en charge toutes les considérations qui préoccupent nos décideurs et faiseurs d’opinion respectifs à l’ombre des complots de certaines forces étrangères qui s’activent à renforcer leur présence en Libye pour en faire une tribune pour redessiner les équilibres mondiaux au détriment des intérêts stratégiques de la Libye et de ses voisins ». Cette réunion, a-t-il dit, «s’inscrit dans le cadre de la réactivation des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la crise libyenne et des recommandations de la conférence de Berlin » qui ont mis en avant l’importance du rôle des pays voisins. « Cette étape cruciale de l’histoire de la Libye exige de nous un soutien absolu et un travail concret qui lui permettent de préserver sa souveraineté, son intégrité territoriale, l’ensemble de ses capacités pour mettre un terme à toutes les ingérences étrangères dans ses affaires internes », a-t-il conclu.

Ce à propos de quoi, la MAE libyenne, Najat Al Mangoush, a affirmé que «nous œuvrons à la construction d’une partenariat stratégique avec les pays voisins ». Elle a déclaré notamment que « nous travaillons en permanence pour unifier notre armée(…), mais nous souffrons de ces ingérences étrangères destructrices qui enfoncent les pays dans les crises ». Al Mangoush lance que « nous avons besoins de sécurité pour tenir des élections démocratiques transparentes ».

La MAE libyenne à l’organisation d’un congrès consultatif

La cheffe de la diplomatie libyenne estime dans ce sens que « le processus sécuritaire et militaire est le plus important mais nécessite un soutien et une aide de la communauté internationale et des pays voisins pour qu’on puisse unifier notre armée sous un seul commandement ».

Elle appelle aussi à «l’application des résolutions onusiennes particulièrement la 2570 et la 2571 et des recommandations de la conférence de Berlin ». Elle veut que la communauté internationale et les pays voisins « aident la Libye à organiser un congrès consultatif » entre les différentes parties en conflit. Elle présente en substance une requête de 6 points pour revendiquer «l’unification des avis et positions des pays voisins, une coordination avec les pays voisins pour assurer la sécurité de nos frontières, un programme alimentaire avec l’aide des pays voisins(…), le règlement du phénomène migratoire(…), des programmes de formation, le soutien à l’initiative pour la stabilité de la Libye ». Lamamra lui a promis que ses propositions «importantes» allaient être discutées dans l’après midi d’hier.

Juan Kudis, le représentant du SG de l’ONU a fait savoir à l’assistance qu’il a été récemment en Libye pour « discuter avec des autorités de l’avancement du processus politique qui doit mener à la tenue d’élections transparentes, à instaurer la sécurité et à préserver les droits de l’Homme ». Il va droit au but en exigeant pour cela des responsables libyens de mettre en place « dans les prochains jours –je le souhaite- un cadre constitutionnel et juridique pour pouvoir tenir les élections le 24 décembre prochain ». Il recommande au parlement libyen de finaliser la loi électorale, « il ne nous reste plus de temps », a-t-il relevé. « Les députés doivent prendre leurs responsabilité pour finaliser ces textes dans les délais requis », a-t-il demandé. Il a fait savoir que « la commission électorale a recensé 2,86 millions d’électeurs dont 43% sont des femmes » mais réclame l’inscription de Libyens à l’étranger (…), la commission doit œuvrer pour assurer la transparence du processus électoral ». Kudis demande en outre aux organisations régionales et internationales d’envoyer des observateurs en Libye «au moment opportun».

Les exigences du représentant du SG de l’ONU

Le responsable onusien veut que « certaines actions doivent être entreprises par le gouverneur de la Banque centrale libyenne pour centraliser les finances du pays» en affirmant que «le gouvernement consensuel et le conseil présidentiel ont affirmé leur soutien à ce processus». Il pointe du doigt -comme tous les participants- la présence des mercenaires et des forces étrangères et recommande « leur départ ainsi que l’application de la résolution onusienne 2570 et le respect du cessez le feu décrété le 23 octobre 2020». Il fait part dans ce sens, du lancement prochain d’un plan de travail par les 5+5. Il appelle à soutenir la Libye pour le désarmement de toutes les parties en faction et ce, pour «réussir la réconciliation nationale» en citant l’expérience algérienne à cet effet. Il demande à la communauté régionale et internationale d’ «élever le niveau de leur implication dans le contrôle des flux humains et ce pour que la Méditerranée ne soit pas une route meurtrière». Il appelle en outre les pays voisins à «surveiller et gérer les frontières dans le cadre des conventions et des lois régissant les droits de l’Homme». Il indique que «l’ONU veut réactiver les conventions multilatérales dans ce sens»notamment pour «la Libye, le Tchad et le Soudan afin de faire face aux groupes terroristes et à la contrebande». Le SG de la Ligue des Etats arabes a déclaré pour sa part que la réunion d’Alger est « une occasion pour examiner les entraves qui empêchent de mettre en œuvre la feuille de route du processus politique». Pour lui «toute hésitation dans ce sens déprimera davantage le peuple libyen». Il appelle à «mettre un terme à la concurrence pour aboutir à un consensus notamment durant ces derniers mois de l’année, pour lever les entraves qui risquent de retarder les élections». Il estime comme tous que « le retrait des mercenaires et des forces étrangères est une exigence pour la stabilité de la Libye, il faut en finir avec les ingérences étrangères dans les affaires internes de la Libye, il faut unifier les institutions libyennes» et considère que «celles militaires et sécuritaires sont prioritaires». Pour le commissaire de l’UA des affaires politiques, pour la paix et la sécurité, «cette réunion est un effort africain pour régler des problèmes africains, la réunion des pays voisins est une plateforme et un canal important pour la concertation entre les pays africains». Il a appelé « le gouvernement libyen à travailler avec les pays voisins» en les assurant que « l’UA apportera pour cela les moyens nécessaires».


     Crise libyenne: La réunion d’Alger, une «étape positive»

                             par R. N.

    Pour le professeur Mohand Berkouk, politologue, la réunion d’Alger des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye « est une étape positive pour résoudre de la crise libyenne ».

Invité hier à la radio nationale «Chaine 1», Pr. Berkouk a cependant estimé que la résolution de la crise libyenne est d’abord liée « à l’arrêt de l’ingérence étrangère dans ce pays frère ». L’intervenant a noté « trois aspects » de la réunion d’Alger sur la Libye. La première concerne le « mécanisme de voisinage » mis en place en 2014, assurant que « cette démarche, qui était sur initiative de l’Algérie, visait à faire participer les pays voisins de la Libye, étant donné qu’ils sont les premiers concernés par les conséquences sécuritaires et humanitaires de cette crise ».

Autre aspect évoqué, hier, par Mohand Berkouk, la possibilité pour la Ligue Arabe « d’assumer ses responsabilités ». « Cette réunion a permis, pour la première fois, la présence de sept pays voisins de la Libye, et a donné à la Ligue Arabe la possibilité d’assumer ses responsabilités, étant donné que c’est elle qui a transféré, le 12 mars 2011, le dossier de la crise libyenne à l’Organisation des Nations unies ».

Quant au 3e aspect, il s’agit de « la nouvelle perception (qui) fait partie d’une nouvelle stratégie appelée « ceinture de sécurité ». « Nous avons constaté, ces dernières semaines, une nouvelle dynamique de la diplomatie algérienne dans ses relations avec les pays voisins », a-t-il ajouté, notant les « trois visites du ministre des Affaires étrangères algérien en Tunisie » et un déplacement au Mali « pour relancer l’Accord d’Alger ».

Revenant sur la rencontre d’Alger sur la crise libyenne, M. Berkouk estime que cette réunion peut être analysée sous deux aspects. « Le premier concerne l’accompagnement des frères libyens pour parvenir à l’organisation d’un processus électoral en décembre prochain. Le second, concerne les conséquences sur les pays voisins et les calculs géopolitiques de certaines grandes puissances qui cherchent à remodeler la carte de la région, et auxquels a fait référence, dans son discours, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra». « Au final, c’est une volonté de sortir de la crise libyenne, d’autant plus que la piste genevoise a tracé les contours d’un plan de sortie de crise », a-t-il ajouté.

Le plus important, selon Pr. Berkouk, c’est que « toute solution en Libye dépend de l’arrêt des ingérences étrangères, qui sont toujours présentes en raison de l’existence de calculs pour l’après élections, et le pari sur le partage des opportunités ». L’intervenant a également estimé que l’enjeu « renvoie à deux logiques ». L’une « ancienne » fondé sur la conception que les « institutions législatives représentent toute la solution », alors qu’elles « n’étaient pas constructives du fait de leur penchant pour une partie régionale contre une autre ». La seconde « logique » qui est « nouvelle » veut que « l’accès aux élections selon les critères proposés nécessite deux choses, à savoir : une déclaration constitutionnelle et une loi électorale qui doivent passer par le Parlement ». Pr. Berkouk ajoute que « la troisième piste est purement sécuritaire » et « est contrôlée par six acteurs influents » : « les milices, l’armée désunie, les groupes terroristes, les mercenaires, la présence étrangère et l’intervention étrangère », qui « ont tous un impact négatif » dans cette crise.


   Libye: Les élections générales auront-elles lieu le 24 décembre ?

                              par R.N.

  La complexité de la situation en Libye et les nombreux problèmes qui minent ce pays, risquent d’hypothéquer la tenue des élections générales prévues pour le 24 décembre prochain.

Plus que 4 mois avant un rendez-vous que les invités d’Alger qualifient de crucial pour le retour de la paix et de la sécurité en Libye.
Toutes leurs interventions se sont axées, cependant, sur ce qui doit être fait, au préalable, pour qu’il puisse se tenir dans les délais requis.Et ce n’est pas une mince affaire quand tous s’accordent à mettre en avant la nécessité, voire l’obligation pour les Libyens d’élaborer et de mettre en place un cadre constitutionnel, unifier leurs institutions militaires et sécuritaires sous un seul commandement, réussir la réconciliation nationale et faire sortir les forces étrangères et les mercenaires du sol libyen.

En conclave à Alger pendant deux jours, les ministres des Affaires étrangères des pays voisins ainsi que les représentants des organisations régionales et internationales ont tous insisté sur ce qu’ils estiment être des priorités en vue de régler la crise libyenne. Il s’agit pour la Communauté internationale et les pays voisins d’identifier les moyens et les mécanismes qui doivent être mis incessamment en place pour aider les Libyens dans leurs rudes tâches. « Cette réunion vient à la faveur des démarches inlassables et continues que notre pays n’a eu de cesse de consentir, tant collectivement qu’individuellement à l’effet de contribuer au règlement de la crise libyenne, car cela émane de sa conviction quant à l’importance du rôle vital et axial que les pays voisins doivent jouer pour soutenir les autorités libyennes de transition dans l’exécution de toutes les échéances stipulées dans la feuille de route et l’organisation des élections prévues », a déclaré, lundi, à l’ouverture des travaux, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Les efforts sont donc «inlassables et continus» depuis longtemps. Mais ce que Ramtane Lamamra n’a pas rappelé c’est que tous ces efforts ont été parasités par l’éparpillement des séquences du dialogue et des rounds de négociations entre les différentes parties libyennes en conflit à travers plusieurs capitales du monde, arabes et occidentales. Alger a été pionnière dans le lancement d’un dialogue inter-libyen en y conviant toutes les parties en conflit en vue de les réconcilier et les aider à trouver des solutions à leurs divergences.

Quand la Communauté internationale divise les rangs libyens

Curieusement, dès que les choses ont commencé à se clarifier dans ce sens, la Communauté internationale a décidé de tenir ce dialogue dans d’autres pays et à en tirer un accord qu’elle a fait conclure en 2015 à Skhiret au Maroc. Le dialogue inter-libyen a continué à voyager de région en région jusqu’à ce qu’il retourne à Genève pour que la Communauté internationale donne, l’année dernière, son quitus pour une feuille de route dans laquelle la tenue d’élections générales en Libye le 24 décembre prochain, figure en pôle position. Peu avant, un document de base a été rédigé, à Tunis, le 18 janvier 2020 par les soixante-quinze membres du Forum du dialogue politique libyen (FDPL). La ministre libyenne a déclaré dans ce sens à Alger que « le peuple libyen était parvenu, sous supervision internationale, à organiser la première échéance nationale à travers un Gouvernement national uni après une grande divergence de vues » en soulignant que « ce Gouvernement avait permis à la Libye de retrouver sa place à l’extérieur et a contribué au soutien des conditions de la stabilité et la coexistence internationale en interagissant avec différents Etats, mais aussi avec les pays voisins ».

Si le dialogue inter-libyen a été fragmenté en plusieurs morceaux depuis son initiation par l’Algérie, c’est en évidence en raison d’intérêts géostratégiques colossaux en Libye desquels des Etats ne sont toujours pas prêts à s’en départir. Dès l’assassinat du Colonel Maamar El Kadafi, en 2011, les forces étrangères ont divisé le pays en plusieurs régions où l’hostilité règne en maître. Les pouvoirs libyens rivaux, un à l’Est et l’autre à l’Ouest, en sont une forte démonstration. Lamamra a dénoncé lundi « des plans par lesquels certaines puissances étrangères cherchent à accroître leur influence en Libye et à faire de ce pays une plate-forme pour redessiner les équilibres internationaux au détriment des intérêts stratégiques de la Libye et de ses voisins ». La menace de l’insécurité et du danger pèse lourdement sur tous ces pays limitrophes particulièrement l’Algérie qui en partage des frontières longues de près de 1.000 km.

Ses homologues de la Libye, la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Tchad, le Niger et le Congo tout autant que l’envoyé spécial du SG de l’ONU, Jan Kudis, du SG de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Abou El Gheit et du Commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, Bankole Adeoye ont tous dénoncé ces menaces.

Les exigences de l’ONU

« Le processus en appelle à la poursuite des efforts pour parachever l’unification des institutions de l’Etat libyen, réaliser la réconciliation nationale et chasser les mercenaires et les forces étrangères dans les plus brefs délais », a affirmé Lamamra. Ce sont les exigences de l’ONU portées à Alger par Jan Kudis. Il a énoncé de nombreux points à régler « très rapidement » pour que les élections libyennes puissent se tenir en décembre. « Le gouvernement libyen a pris les dispositions nécessaires pour la tenue des élections, mais nous avons besoin d’un cadre juridique. Les députés sont actuellement en train de finaliser la loi électorale et il nous reste encore très peu de temps. Je les ai invités à prendre leurs responsabilités et à ne pas perdre de temps », a-t-il dit, à l’ouverture des travaux de la réunion des pays du voisinage libyen. Le représentant de l’ONU a appelé à l’envoi par les pays voisins d’observateurs en Libye « au moment opportun ».

La ministre libyenne des Affaires étrangère et de la Coopération internationale, Najla Al Mangouche a placé l’unification de l’institution militaire de son pays en premier, tout en considérant que le retrait des mercenaires étrangers du territoire libyen comme un préalable à la tenue d’élections « honnêtes et libres » et que la présence de mercenaires étrangers sur le sol libyen représente, non seulement, une menace pour ce pays mais aussi pour toute la région.

Le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), Bankole Adeoye a précisé que « toute intervention étrangère devait cesser et ce dans l’intérêt du peuple libyen ». Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit a tenu les mêmes propos en mettant en avant « l’unification des institutions libyennes, essentiellement militaire et sécuritaire », ainsi que « la nécessaire mise en place d’un cadre constitutionnel en prévision des élections de décembre prochain, tout autant que « la sortie des forces étrangères du territoire libyen » qu’il considère comme une « nécessité pour garantir l’indépendance de la Libye ».

En plus de les convier à adhérer à l’idée de « l’organisation d’une conférence participative, au niveau ministériel, sur invitation du ministère des Affaires étrangères libyen et avec la participation de l’ONU et de tous les pays voisins et amis de la Libye pour débattre du dossier libyen», Najla Al Mangouche leur a fait part d’une volonté libyenne de construire avec eux « un partenariat stratégique, sous-tendu par la complémentarité et l’échange positif pour réaliser la paix et la sécurité en Libye et dans son voisinage immédiat».

La Libye avance ses demandes

La cheffe de la diplomatie libyenne a notamment exprimé des demandes claires, à cet effet, « l’unification des vues des pays voisins vis-à-vis des positions politiques en faveur des questions d’ordre politique et économique ». Elle a appelé à «la garantie de la sécurité nationale et de la coordination sécuritaire entre les pays voisins afin de contrôler les frontières, l’élaboration d’un programme de sécurité alimentaire homogène moyennant des outils économiques tout en œuvrant à la sécurisation des ressources en eau, le traitement du phénomène de la migration clandestine, l’adoption de programmes d’enseignement développés et l’échange d’expériences, le soutien à l’initiative du Gouvernement libyen visant la stabilité de la Libye ».

Si cette requête libyenne pourrait être un programme de coopération à moyen et long termes, la résolution de toutes les questions posées durant ces deux derniers jours à Alger est conditionnée par la fin des ingérences des forces étrangères et le départ des mercenaires de la Libye. Al Mangouche a noté que «la chose la plus grave est l’ingérence destructrice de certains pays, qui sont contraires aux us internationaux et qui oeuvrent à créer les différends et à attiser les tensions ». Pour tenir ses élections générales en décembre, la Libye a besoin, demande sa ministre, d’« un soutien de ses partenaires et de ses alliés pour œuvrer à unifier son armée sous une direction unique pour défendre la souveraineté libyenne, intégrer les groupes armés et chasser les mercenaires et les forces étrangères qui constituent une menace à tous les pays de la région », en plus de «la sécurisation des frontières libyennes pour interdire la complicité destructrice des trafiquants d’êtres humains avec ceux qui versent dans le crime organisé ». En l’absence de mécanismes clairs et d’une volonté internationale réelle capable d’obliger les étrangers à quitter la Libye, quatre mois risquent de ne pas suffire pour que ce pays puisse tenir ses élections.


      Libye: «Le tribalisme a encore triomphé dans le pays»

Par 

Dans un entretien à Sputnik, le docteur Riadh Sidaoui analyse le contexte et les enjeux qui entourent la réunion, qui se tient les 30 et 31 août à Alger, entre les sept pays voisins de la Libye, également présente, visant à aider à la tenue des élections législatives et présidentielle de décembre. Pour lui, il est difficile d’assurer leur tenue.

Depuis lundi 30 août, une conférence de deux jours se tient à Alger sur la crise politique en Libye, réunissant les ministres des Affaires étrangères des sept États voisins de ce pays nord-africain. La réunion organisée à l’initiative de l’Algérie verra la participation des ministres de la Libye, de la Tunisie, de l’Égypte, du Soudan, du Niger, du Tchad et de la République du Congo. Le but est de dégager une feuille de route en soutien au processus électoral dont les dates ont été fixées à la Conférence de Berlin II, tenue en juin 2021 sous les auspices de l’Onu. Si tout se déroule comme prévu, les élections présidentielle et législatives libres devraient se tenir le 24 décembre 2021.

Le secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, le commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA), Bankole Adeoye, et l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Libye, Jan Kubis, prennent également part à cette réunion.

Suite à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue depuis 2014 le théâtre d’une guerre fratricide pour le pouvoir entre le gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez el-Sarraj, à Tripoli, dans l’ouest du pays et reconnu par la communauté internationale, et l’Armée nationale libyenne (ANL), commandée par le maréchal Khalifa Haftar qui contrôle la majeure partie de l’est du pays. Cette situation a créé une insécurité dans les pays du Sahel, notamment le Mali et le Tchad, mais aussi au Maghreb, aux frontières de l’Algérie et de la Tunisie. L’Égypte est également gravement impactée, suite à la prolifération du trafic d’armes et de drogues dans toute la région, aggravé par l’arrivée de milliers de mercenaires et de djihadistes en provenance de Syrie.

Ainsi, les élections de décembre qui sont cruciales pour la Libye, son voisinage immédiat et l’Europe, ont-elles une chance de se tenir à la date prévue et dans de bonnes conditions, à même de légitimer le pouvoir qui en sortira? Ce sommet d’Alger réussira-t-il à aplanir les derniers obstacles entre les différentes parties libyennes? Y a-t-il possibilité de mettre fin aux tentations séparatistes des différentes tribus et mettre ainsi fin à l’ingérence étrangère? À cet effet, quel est l’obstacle majeur qui bloque le dialogue et qu’il faudrait surmonter?

Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le politologue tunisien Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociologiques (CARAPS) de Genève. Pour lui, «il est encore difficile d’affirmer que ces élections vont avoir lieu, et ce pour plusieurs raisons. La sociologie tribale du pays, l’ingérence étrangère et la lutte pour le contrôle et la redistribution de la rente pétrolière sont autant de facteurs qui pèsent lourd sur l’évolution de la situation dans ce pays».

«Le tribalisme, le terrain fertile du sécessionnisme»

«La Libye n’a jamais été un État au sens propre du mot. Elle a toujours été constituée de trois grandes régions, à savoir la Tripolitaine, la Cyrénaïque ou Benghazi actuellement et le Fezzan», affirme le docteur Sidaoui, soulignant que «l’intervention de l’Otan en 2011, sous instigation franco-britannique et avec la participation active de la Turquie et du Qatar, a provoqué la division du pays à nouveau en ces trois régions».

Et de préciser que la société libyenne «est formée de différents clans tribaux dont les plus importants sont les Qadhadhfa, les Megarha et les Ouarfalla. Ces derniers sont très actifs politiquement, diplomatiquement et militairement dans la crise. Ce facteur clanique est primordial dans l’approche de la crise libyenne et doit être pris en considération, car les équilibres entre les différents clans sont importants dans la démarche à suivre pour la résolution de la crise».

Ainsi, selon lui, «étant donné que ces facteurs sociologiques et ethniques n’ont malheureusement pas été intégrés suffisamment dans l’approche diplomatique pour la résolution de la crise libyenne, le tribalisme a encore triomphé dans le pays, créant un terrain fertile pour le sécessionnisme. Actuellement, même si ce n’est pas reconnu officiellement, le pays est pratiquement scindé en ces trois principales régions».

Quid de l’ingérence étrangère?

Selon les rapports de l’Onu, il y a entre 20.000 et 30.000 combattants et mercenaires dans les rangs des différentes milices actives en Libye, qui échappent encore au contrôle du gouvernement d’union nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah.

«Depuis 2014, les hostilités entre le GNA et l’ANL ont ouvert la porte ces dernières années à l’arrivée de plusieurs acteurs internationaux», indique l’expert, soulignant que «le premier est soutenu par la Turquie, également membre de l’Otan, et le Qatar. Alors que le second est appuyé par l’Égypte, les Émirats arabes unis, la France et la société de sécurité privée russe Wagner, dont le Kremlin nie toute relation. Le non-respect de l’embargo sur les armes en direction de la Libye imposé par l’Onu, même actuellement, a envenimé gravement la situation».

Ainsi, alors que les armes continuent d’affluer vers le pays, «il est très difficile pour les pays participant au sommet d’Alger de pouvoir trouver un compromis salvateur entre toutes les parties libyennes, mais aussi leurs soutiens extérieurs qui ont des intérêts vitaux à défendre dans le pays, notamment l’accès à ses ressources pétrolières et gazières. Un tel compromis est nécessaire, afin de pouvoir mettre en place un plan et un échéancier de retrait de toutes les forces étrangères et des dizaines de milliers de combattants et de mercenaires», soutient-il.

Dans cette optique, «les deux pays de la région pouvant peser de tout leur poids pour aller dans ce sens, pour aider à faire réussir le dialogue afin de faire cesser le bruit des armes, préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye, en dehors de toute ingérence néfaste, sont l’Algérie et l’Égypte», estime-t-il. À ce titre, il rappelle qu’«en juillet 2020, les députés égyptiens ont adopté un projet de loi autorisant le Président Abdel Fattah Al-Sissi à engager les Forces armées du pays sur le territoire libyen, si les milices du GNA, soutenues par la Turquie, continuent leur avancée vers l’est de la Libye. En décembre 2020, les Algériens ont également adopté une nouvelle Constitution permettant l’engament de l’armée dans des opérations de maintien de la paix, sous les auspices de l’Onu, de l’Union africaine ou de la Ligue des États arabes. Le Président Tebboune avait averti dernièrement que l’Algérie n’acceptera jamais que la capitale Tripoli soit prise par des milices formées de mercenaires étrangers».

Dans ce sens, «une entente algéro-égyptienne est souhaitable, d’autant plus que les deux pays coopèrent sur l’épineux dossier du barrage de la Renaissance en Éthiopie, après l’initiative algérienne pour la résolution de ce problème qui touche l’Égypte et le Soudan». Il y a lieu également de rassurer les autorités tchadiennes et soudanaises, «quant à la question du retour de milliers de mercenaires au pays, chose qu’elles refusent actuellement, y voyant un danger mortel à leur sécurité nationale».

«Le pétrole complique la tâche»

Enfin, le docteur Sidaoui affirme que «la question du contrôle des ressources pétrolières et gazières dans le pays, ainsi que la redistribution de la rente d’une manière juste et équitable entre les différentes parties et tribus libyennes, est importante et centrale dans toute solution politique négociée à même de mettre un terme au conflit».

«Si cette question n’est pas réglée, il très peu probable qu’il puisse y avoir un compromis pour aller vers les élections législatives et présidentielle», conclut-il, soulignant que «quels que soient les arguments qui seront avancés par les uns ou par les autres pour ne pas participer à ces échéances électorales, la redistribution de la rente des hydrocarbures reste la principale pierre d’achoppement qui sous-tend les positions de tous les acteurs nationaux et internationaux. Ceci, en plus du problème de l’immigration clandestine, notamment vers l’Europe, et du terrorisme au Maghreb et dans toute la région du Sahel».


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *