Rachad grillé, Ennahdha débarquée : Erdogan perd ses pions au Maghreb

   Par Kamel M. Rien ne va plus pour les affidés du parti islamiste turc AKP et son chef de file, Recep Tayyip Erdogan. Ses pions en Algérie et en Tunisie s’écroulent, tandis qu’en Jordanie les autorités ont carrément décidé de dissoudre la secte des Frères musulmans chapeautée par Ankara depuis la déchéance manu militari de Mohamed Morsi et la décapitation de l’organisation en Egypte.

Larbi Zitout déçoit son maître Recep Tayyip Erdogan. D. R.

En Algérie, le mouvement Rachad, instrument entre les mains du Qatar puis de la Turquie pour remettre en selle un FIS version soft, est démasqué de toute part et tente, vainement, de se refaire une virginité à travers son arme de prédilection : les réseaux sociaux qui lui servent d’outil de subversion à partir de Londres et Genève où sont installés la plupart de ses membres. Ces derniers mois, cette organisation a perdu énormément de terrain à la faveur d’une large prise de conscience quant aux desseins inavoués des cyber-agitateurs dont les appels à la reprise du Hirak dévoyé ont lamentablement échoué.

Erdogan a récidivé après son congrès de l’«Oumma», organisé à Istanbul en avril 2011, en pleine effervescence dans la région, qui allait faire tomber les régimes de Hosni Moubarak en Egypte, Ali Abdallah Salah au Yémen, Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie et Mouammar Kadhafi en Libye, et provoquer une guerre meurtrière en Syrie où le sultan d’Ankara s’est cassé les dents mais continue, néanmoins, de provoquer Moscou en bombardant une base pro-russe. L’Algérie, qui avait failli être entraînée dans le fleuve en furie du «Printemps arabe», a résisté et a été épargnée par le plan ourdi par Doha et Ankara.

Le mouvement Rachad faisait partie des dix organisations qui avaient été «convoquées» par l’AKP, à l’occasion d’un conciliabule qui avait été couronné par une déclaration qui légitimait la «révolution arabe populaire pacifique», appelait au «droit de tous les peuples arabes à la liberté, à la justice et au choix de leur gouvernement» et – comble de l’ironie – condamnait «toute ingérence étrangère». Neuf ans plus tard, les représentants de cette mouvance applaudissent à l’unisson la décision d’Ankara d’envoyer des troupes au sol en Libye et assurent à la démarche expansionniste flagrante d’Erdogan une propagande effrénée.

En Tunisie, les membres de l’Exécutif issus du parti islamiste Ennahdha ont tous été démissionnés en même temps que le chef du gouvernement, alors que le président du Parlement, Rached Ghannouchi, symbole par excellence des Frères musulmans non seulement dans son pays mais dans tout le Maghreb, est fustigé par les députés qui s’emploient à le pousser vers la porte de sortie.

Avec l’affaiblissement de Rachad, la chute annoncée d’Ennahdha chez nos voisins de l’Est et la dissolution des Frères musulmans en Jordanie, c’est toute l’architecture de cette mouvance qui est en train de vaciller et qui ne manquera pas d’entraîner dans sa chute l’immodeste Président turc qui renforce le camp de l’opposition par son attitude aventureuse. Sa fin semble, en tout cas, proche.

K. M.


 

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