Revue de presse du 04/06/2023

                                         DÉMOCRATIE   

La justice commerciale à la pêche aux sources du Poulpe

« Pour entraver la liberté de la presse et pêcher ses sources, les industriels et leurs avocats font preuve de plus en plus d’inventivité. Dernier exemple en date, à Rouen, des huissiers ont été très officiellement missionnés par le tribunal du commerce pour pister les correspondances des journalistes du Poulpe et de Mediapart. Dans un passé encore récent, quand une éminence, entreprise ou un simple quidam s’estimait maltraité par un organe de presse trop intrusif, la riposte suivait une certaine progressivité. Elle débutait par un droit de réponse sollicité auprès de la hiérarchie du titre. Puis, si l’expression de ce mécontentement restait sans écho, par une assignation en justice pour diffamation. C’est ainsi que fonctionne le droit des médias selon les préceptes de la sacro-sainte loi de 1881 sur la liberté de la presse. Il possède même sa propre chambre spécialisée dans ces affaires : la 17ème, à Paris. Mais ça c’était le monde d’avant, tel qu’il était. Visiblement, les puissants ne s’en satisfont plus. »

Source : Blast

ENVIRONNEMENT

Traité contre la pollution plastique : timide victoire face aux pollueurs

« Le fiasco diplomatique a été évité de justesse. Du 29 mai au 2 juin, à Paris, près de 3 000 politiciens, lobbyistes, scientifiques et représentants de la société civile ont bataillé sur l’épineuse question de la pollution plastique. Lancées six mois plus tôt en Uruguay, ces négociations doivent aboutir à la signature d’un traité international juridiquement contraignant d’ici fin 2024. Déjà ambitieux, ce calendrier a bel et bien failli devenir utopique tant l’entame de ce deuxième round de discussions a été le théâtre de querelles et d’obstructions. À la clôture des débats, les organisations écologistes ont toutefois le sentiment du devoir accompli. »

Source : Reporterre

FRANCE

Krach symbolique

« Un pilier de l’ordre symbolique tombe et c’est un grand fracas. Le mot interdit, ou plutôt le mot réservé — réservé à « eux », les « autres », le Hongrois, le Turc, le Russe – vient d’être dit en France, à propos de la France : illibéralisme. Catégorie inepte, créée par des journalistes à l’usage des journalistes, « illibéralisme » sert de boussole intellectuelle à tout l’éditorialisme français depuis des années. On voit aisément pourquoi : même à 7/20 comme pour le recrutement dans la police, « illibéralisme », on arrive à comprendre. Nous, LaDémocratie : bien. Eux : pas bien. On notera la symétrie imparfaite et l’absence de terme intermédiaire, équivalent de LaDémocratie. C’est ce trou que devait remplir le signifiant flottant « illibéralisme » : on y mettait ce qu’on voulait, l’essentiel étant de produire de la différence — avec « nous ». »

Source : La Pompe à Phynance (Frédéric Lordon)

Affaire des écoutes : une peine inédite et une sale semaine judiciaire pour Nicolas Sarkozy

« Condamné par la cour d’appel de Paris à une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis – avec obligation de porter un bracelet électronique – dans l’affaire dite « Bismuth », l’ex-président de la République a annoncé se pourvoir en cassation. Son horizon judiciaire apparaît toutefois particulièrement chargé. La décision de la cour d’appel vient de tomber depuis de longues minutes déjà. Pourtant, Nicolas Sarkozy n’a pas encore quitté la salle d’audience. Scène étonnante : debout devant le banc des prévenus, entouré d’un essaim d’avocats – les siens et ceux des autres prévenus –, de conseillers mais aussi des deux autres protagonistes de l’affaire, Thierry Herzog et Gilbert Azibert, l’ancien président tient conciliabule. A sa façon : il est le seul à parler. Face à lui, son avocate Jacqueline Laffont écoute avec attention. Les autres également. Il s’agit de répliquer. Au plus vite. »

Source : L’Obs

Parcoursup détruit-il l’université publique ?

« Pour Johan Faerber, auteur de Parlez-vous le Parcoursup ?, l’algorithme d’affectation et de sélection des jeunes aspirant à aller à l’université est avant tout un outil de gestion du manque d’investissement dans l’enseignement supérieur. Le mouvement de destruction de l’université publique ne date pas de Parcoursup, mais Parcoursup l’accompagne et l’accélère. Parcoursup, c’est un logiciel, un algorithme, en fait un outil de gestion de l’austérité. Ce n’est pas présenté comme ça, mais plutôt sous couvert de choix, du mérite, de la possibilité… La réalité est que la question de la pression démographique sur l’université du baby-boom des années 2000 n’a pas été réglée, on parle d’environ un million de naissances chaque année alors. Avec la démocratisation de l’attribution du bac dans les années 1980, cela veut dire qu’il aurait fallu créer autant de places dans l’enseignement supérieur. Mais aucune n’a été créée, de même qu’aucune nouvelle université n’est sortie du sol. »

Source : Basta !

« Il faut faire des compromis » [Audio]

« En ce qui concerne le sujet énergétique, il ne faut pas se concentrer que sur l’énergie électrique. Ce n’est qu’une partie de l’énergie que l’on utilise. », estime ce mardi Jean-Marc Jancovici au micro de France Inter. « Quand on regarde la part des énergies décarbonées qu’on utilise globalement, elle n’augmente que très doucettement, car les énergies fossiles ont augmenté sur les vingt dernières années. » Le plan de réduction des gaz à effet de serre pour la France, présenté par Élisabeth Borne, vise à baisser de 50% les émissions d’ici à 2030, par rapport à 1990. « Ce qui manque, ce sont les mesures opérationnelles qui vont permettre de faire en sorte que les objectifs deviennent une réalité. Ce document précise qu’il faudrait mettre 200.000 personnes de plus dans la rénovation du bâtiment, il faut les trouver. Il ne suffit pas d’un claquement de doigts ».

Source : France Inter

LIBERTÉS

Le rapport complet des renseignements français qui fait l’éloge des Soulèvements de la Terre

« Si l’on s’en tient aux déclarations de M. Gérald Darmanin, la dissolution des Soulèvements de la Terre serait justifiée par les « événements inqualifiables » survenus à Sainte-Soline et « l’extrême violence de groupuscules fichés par les services de renseignement parfois depuis de très nombreuses années. » Pourtant, un rapport de son propre Service Central du Renseignement Territorial sur les Soulèvements de la Terre éclaire d’une toute autre lumière cette annonce. En effet, à la lecture de cette note confidentielle étonnamment élogieuse, on comprend qu’au-delà du prétexte affiché de la violence si le ministre cherche à dissoudre le mouvement, c’est parce qu’il réussit ! »

Source : Lundi.AM

MATIÈRES PREMIÈRES

Energies, Economie, Pétrole et Peak Oil : Revue Mondiale Mai 2023

« Le 1er de chaque mois, retrouvez un tour du monde des Énergies. Solaire : Les investissements dans le solaire dépasse ceux du pétrole ; USA : Le plafond de la dette américaine fait peur à l’économie mondiale ; Russie : Le gazoduc Power of Siberia 2 attend le ok de Pékin ; Chine : Le pays lance le premier avion civil et concurrence Boeing et Airbus ; Allemagne : Le pays est entré en récession ; Canada : Les feux de forêt paralysent les extractions des sables bitumineux ; France : Total Energies gère une assemblée générale sans surprise climatique. »

Source : 2000 Watts

Obsolescence programmée : Apple attaquée pour la « sérialisation » de ses pièces détachées

« Cette pratique consiste à dégrader le fonctionnement d’un téléphone lorsqu’une pièce officielle est remplacée par une générique. Le parquet de Paris a annoncé lundi 15 mai l’ouverture d’une enquête visant Apple pour pratiques commerciales trompeuses et obsolescence programmée. Cette procédure fait suite à la plainte déposée par l’association française Halte à l’obsolescence programmée (HOP), en décembre 2022, dénonçant principalement la pratique de la sérialisation. »

Source : Le Monde

RÉFLEXION

Sauver le genre humain, pas seulement la planète [2011-2023]

 » « Marchandisation de l’humain, dévaluation des valeurs, évanouissement du sens — osons le mot : est en cours une décivilisation sans rivage », écrivait Lucien Sève en 2011. Loin du sens que lui donne le président de la République, emprunté au Rassemblement National, pour qualifier tensions et violences, le philosophe dénonçait, par ce terme, « le fait nouveau de plus en plus ravageur (…) que rien d’humain n’échappe désormais au diktat de la finance ». Nos modes de consommation seraient-ils plus faciles à remettre en cause que nos modes de production ? Si nul n’ignore plus l’ampleur de la crise environnementale qu’affronte l’humanité, la crise de civilisation dont elle s’accompagne reste, elle, peu identifiée. On ne sortira pourtant de l’impuissance qu’à condition de la diagnostiquer clairement et d’en mesurer toute la gravité. »

Source : Le Monde Diplomatique

Quelques réflexions sur le pouvoir

« Longtemps celles et ceux qui s’intéressent à la politique se sont demandés pourquoi les gens obéissent-ils à d’autres gens. C’est cela le pouvoir : obéir ou se soumettre aux ordres autoritaires ou non d’un autre ou d’un groupe « d’autres ». Comme la « servitude volontaire » si bien décrite par Étienne de La Boétie, on obéit à des directives que nous n’avons pas produites nous-mêmes. Pour cela, il y a trois explications : la force et la contrainte, la manipulation idéologique, la justification « représentative. » »

Source : La Sociale

SOCIETÉ

Un slogan au rayon X : “L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage”

« C’est à Chico Mendes (1944-1988), syndicaliste brésilien, défenseur des seringueiros, les travailleurs des plantations d’hévéa, que l’on doit l’expression : « Ecologia sem luta de classes é jardinagem ». Darcy Alves Pereira, propriétaire terrien et éleveur de bétail, commandita son assassinat le 22/1/88. Combats écologiques et anticapitalistes ne peuvent aller l’un sans l’autre. Un passage du Manifeste du parti communiste (1848) y fait allusion : « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses ressources durables de fertilité. Si l’on se représente aisément une écologie qui s’en tiendrait au jardinage, reste à imaginer une écologie anticapitaliste. Cette écologie de rupture nous ferait basculer dans un tout autre monde, dont il est sans doute impossible d’anticiper complètement l’allure. »

Source : Philomag

Colère plébéienne contre l’écologie des classes supérieures : le cas hollandais

« La coalition libérale qui gouverne les Pays-Bas fait face à la progression fulgurante du parti « Agriculteurs-citoyens » (BBB), d’obédience populiste de droite. À l’origine : une tentative gouvernementale de réduire le cheptel hollandais, qui a mené à une révolte d’agriculteurs. En filigrane, c’est le refus d’une écologie des classes supérieures qui se dessine. Les couches populaires hollandaises, victimes d’une décennie de néolibéralisme à marche forcée, délaissées au profit des métropoles globalisées, ont cristallisé leur colère autour des dernières mesures écologistes (pourtant timides) du gouvernement. Selon Eurostat, la densité de bétail est particulièrement élevée au Danemark, en Flandre, au Piémont, en Galice, en Bretagne, en Irlande du Sud et en Catalogne. Bientôt, ces régions devront introduire des mesures similaires à celles qui sont actuellement en discussion aux Pays-Bas. L’exemple néerlandais tend à établir le caractère explosif d’une gestion technocratique du problème. »

Source : Le Vent Se Lève

« Ecoterrorisme », comment l’État réprime les écologistes

« Face à l’inaction de l’État, les militants écologistes se rassemblent et luttent avec détermination, n’hésitant pas, dans certaines circonstances, à utiliser le sabotage. En retour, le gouvernement n’a d’autre réponse que d’amplifier la répression dans le but de décourager et punir. Lors de la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline fin octobre 2022, la présence démesurée de 1700 gendarmes et policiers pour 7000 manifestants et la répression qui a suivi ont été justifiées par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin au nom de la lutte contre l’« écoterrorisme », suscitant une vive indignation. Qualifier des actes de terrorisme permet en effet à l’État de mettre en œuvre une procédure pénale d’exception : gardes à vue prolongées, perquisitions, techniques spéciales d’investigations, vidéosurveillance, infiltrations, etc.. »

Source : ATTAC

La responsabilité de l’État face à l’écoterrorisme

« S’il veut éviter la multiplication des Sainte-Soline, il faut que l’État cesse immédiatement cette attitude complice, démagogique et clientéliste qui consiste à endoctriner la jeunesse avec les thèses des écologistes. Ah le bon sauvage ! Ah le temps rêvé où coulait le miel ! Ah ce paradis perdu que l’Homme moderne a détruit avec ses machines, ses produits chimiques, ses industries et surtout avec l’argent, ce sale argent qui corrompt tout ! Ah ces riches, pleins d’argent et donc de corruption, d’envie et de dédain ! Tout le monde connaît cette histoire. Aucun petit Français n’est passé à travers. Cette histoire, c’est ce qu’on vous apprend à l’école, c’est ce que l’on lit dans les livres, c’est ce qu’on entend à la télé, à la radio. »

Source : Contrepoints


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