Interdit d’interdire – Que se passe-t-il en Russie ?

Frédéric Taddeï reçoit Jean Radvanyi, professeur émérite de géographie de la Russie à l’INALCO, Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, et Frédéric Pons, journaliste. 


          Qui est Alexei Navalny ?


     3 voies pour la Russie de demain

par Boris Karpov.

L’opposition non-parlementaire est de retour en Russie après quelques mois d’accalmie, avec force manifestations. Le prétexte « officiel » est l’incarcération de Navalny, après sa prétendue tentative d’empoisonnement par Vladimir Poutine lui-même (selon Navalny). Navalny ne représente quasiment personne, crédité de 2% d’opinions favorables en Russie. Mais expert dans l’art de la manipulation, il fait descendre dans la rue quelques milliers de personnes, avec l’aide bienveillante des réseaux sociaux. Twitter par exemple hier, jour de manifestation, envoyait à ses abonnés russes des avis de « Message important » venant des « comités Navalny » ! Le site de l’Ambassade américaine en Russie de son côté indiquait avec complaisance les lieux de rendez-vous des manifestants. Traditionnelle ingérence des états étrangers (États-Unis en l’occurrence) et de leurs courroies de transmission (Twitter, Facebook etc) dans la politique intérieure de la Russie.

Mais même si Navalny ne représente que lui-même et quelques milliers de personnes, la situation économique, sociale et politique en Russie fait qu’il existe d’autres mécontents, bien plus nombreux. Vladimir Poutine est crédité d’environ 60% d’opinions favorables, il reste donc 40% de russes insatisfaits de sa politique. Et il est vrai que la situation n’est pas facile et de nombreux sujets de mécontentements sont justifiés.

Si sur le plan de la politique internationale Vladimir Poutine fait quasiment l’unanimité, le fait est que depuis plusieurs années Vladimir Poutine ne s’est quasiment pas intéressé aux affaires intérieures Russes, laissant la direction du pays à une clique d’aparatchiks préférant s’aligner sur les politiques économiques occidentales communément appelées « mondialistes », plutôt que de chercher à développer la Russie dans une autre voie.

Et pourtant, il est facile de voir que les politiques économiques occidentales sont un échec: Déficit budgétaire colossal aux États-Unis, moindre en Europe mais tout de même très élevé. Très fort taux de chômage et nombre de « sans abris ». Le « modèle occidental » bat de l’aile mais c’est malgré tout ce modèle que certains ministres, appuyés par de puissants hommes d’affaires, tentent d’instaurer en Russie. Il est pourtant évident de comprendre que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, si ce modèle était appliqué en Russie, les résultats dans le pays seraient très négatifs tout comme ils le sont en Europe.

Vladimir Poutine semble tout de même avoir réagi début 2020 en se séparant du Premier Ministre Medvedeev, vu par beaucoup comme un partisan des « mondialistes », pour le remplacer par un technicien spécialiste des réformes « de choc ». Puis, alors que la paranoïa autour du coronavirus entrainait le pays dans une chute vertigineuse, le Président Poutine a clairement repris les commandes sur le plan intérieur, par exemple en ordonnant de lever quasiment toutes les restrictions en Russie alors-même qu’Europe et États-Unis sont en train d’enfermer leurs peuples et de couler leurs économies.

Alors quel est l’avenir de la Russie ? Il y a 3 voies possibles

Option 1- Reddition de la Russie

La Russie abandonne sa politique de souveraineté, ce sont les néo-conservateurs américains qui décident du successeur de Vladimir Poutine. Le pays est vendu aux hommes d’affaires étrangers, le peuple Russe rejoint « le meilleur des mondes » du Nouvel Ordre Mondial, les gayprides envahissent nos rues et leurs acteurs exigent et reçoivent des priorités comme en Europe et aux États-Unis, etc etc.

Cette option demande de la préparation, et les manifestations actuelles en sont une partie. Quelques snipers pour fabriquer quelques martyres pourront alors provoquer un « coup d’État de Palais » et Poutine subira le sort de Caucescu ou Saddam Hussein. Ceci ne se fera assurément pas en quelques jours, mais si les occidentaux poussent, cela réussira après de très nombreuses victimes. Cette option est défendue – dans sa version pacifique bien entendu, n’effrayons pas les gens ! – par, par exemple Anatoly Chubais.

Option 2- Décomposition de la Russie

Le rêve de, entre autres, Gref, patron de « Sber » (ex-Sberbank). Tout reste quasiment tel qu’aujourd’hui : Les oligarques et officiels continuent de battre des records pour la longueur de leurs yachts, pour la valeur de leurs clubs de football, pour les photos de leurs palais et domaines. Ils mangent du caviar, boivent du champagne français, leurs enfants peuplent la jeunesse dorée d’Instagram. Gref crée son camp de concentration numérique et transforme les gens en marchandise. La moitié du pays végète, la moitié du pays protège, nous importons des migrants, le peuple russe s’éteint et la civilisation s’éteint. On retrouve dans cette option le maire de Moscou, Sergey Sobyanin.

Option 3- Renaissance de la civilisation orthodoxe Russe et de l’empire Russe

Nous annonçons la renaissance de la société chrétienne. Une nouvelle voie est déterminée, où l’homme est le frère et l’ami de l’homme et non un ennemi et un concurrent, et où il est dommage d’avoir des milliards alors que vos compatriotes sont dans la pauvreté.

La Russie rompt les relations avec les pays occidentaux voyant la Russie comme une proie à prendre, sort de tous les projets mondiaux visant à détruire les États-nations, comme le projet Développement durable 2030 des Nations unies avec l’égalité des sexes pour 58 sexes, sort des institutions internationales contrôlées par néoconservateurs et autres structures mondiales.

La Russie arrête la circulation transfrontalière des capitaux et ferme le marché financier et spéculatif, abandonne le dollar, relance l’enseignement classique, interdit à jamais les défilés de la « fierté » (?) gay et introduit des sanctions pénales pour la propagande LGBTxxx, interdit la construction de maisons de plus de 5 étages dans les villes, et les familles nombreuses reçoivent immeubles terrains et infrastructures.

La Russie envoie le message suivant « Allez dire à tout le monde dans les pays étrangers que la Russie est vivante. Laissez-les nous rendre visite sans crainte. Mais si quelqu’un entre en nous avec une épée, il mourra par l’épée ».

Les deux premières options mènent à la mort, nous le voyons aujourd’hui en Ukraine, en Europe et aux États-Unis. Et pourtant la Russie est aujourd’hui engagée dans l’option 2, mais les déclarations de Vladimir Poutine à Davos la semaine dernière ont donné quelques indications optimistes, son discours peut être vu comme une peur d’abandonner la deuxième option, mais comme une volonté d’aller vers la troisième.

À Davos, le président Poutine a clairement exposé ses revendications et ses lignes rouges aux globalistes sur le sujet de la Russie dans leur projet global, dans le même sens que ses déclarations de 2018 « nous irons au paradis mais eux mourront » et « qui a besoin d’un tel monde s’il n’y a pas de Russie dedans ? ». À Davos il s’est tourné vers l’Europe. Non pas vers l’Union européenne qui fait partie du projet mondialiste, mais vers les anciennes élites européennes pour lesquelles il est important de préserver les États, les cultures et les traditions nationales, en développant les concepts suivants :

  • Le but du développement est l’Homme et non le profit ;
  • Importance de la démographie et préservation des personnes ;
  • Préservation de la culture et des traditions.

Trois concepts allant aux antipodes des thèses mondialistes, rejetant donc les options « 1 » et « 2 » ci-dessus, mais rien de concret ne permet de penser que Vladimir Poutine se dirige vers l’option « 3 ». Et pourtant, à l’heure où le monde sombre dans un puits sans fin suite aux politiques des options « 1 » et « 2 », ce serait la seule chance de survie pour la Russie et son peuple. Ceci exigerait bien entendu que Vladimir Poutine et son successeur entament une purge au niveau politique et remettent les hommes d’affaires à leur place. C’est en fait un peu ce qu’il avait réalisé en 1999 lorsqu’il a pris la suite de Boris Eltsine. Toutefois à l’époque, la Russie avait été lancée dans la voie du capitalisme. Il convient aujourd’hui, avec les mêmes méthodes, de la diriger vers une autre voie.

Ceci ne se fera pas sans mal et verra l’opposition des occidentaux et de leurs courroies de transmission Russes. Mais la Russie a les moyens humains, financiers et militaires, de tracer sa voie quelles que soient les réactions des globalistes. Utilisons donc tous les moyens à notre disposition pour tracer notre voie, une voie indépendante où l’économie est au service de l’Homme et non pas l’inverse.

source : https://rusreinfo.ru  via https://boriskarpov.tvs24.ru/


 

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