Le Sahel : Une zone aux nombreux enjeux

Le problème du Sahel est qu’on fait semblant d’agir au nom des pays de la région alors qu’on ne le fait pas en réalité.

On imagine le Sahel comme une zone complètement désertique. Mais la réalité est toute autre.
La région du Sahel est loin d’être vide et inutile. Le Sahel est un grand enjeu stratégique pour plusieurs pays et forces étrangères. C’est une zone recelant de nombreuses ressources.

Le Sahel a des ressources. Il suscite les convoitises de ceux qui veulent les accaparer. Pour beaucoup, l’enjeu principal est de sécuriser sur le long terme l’accès aux multiples ressources naturelles que recèle la région. Une zone où transitent les djihadistes, les migrants et les trafics.
Une zone qui risque la déstabilisation à cause de la faiblesse de ses États et de l’activité terroriste. Avec 3,053 millions de km², le Sahel recense une population de plus de 83 millions d’habitants en 2019. Fini le commerce des caravanes et des caravansérails, place aux exportations de produits miniers. Il est essentiel de les contrôler, de les protéger et d’assurer leur maintien et leur maintenance.

À côté de ce commerce légal se développe un trafic de contrebande, d’autant plus étoffé que les espaces sont mal contrôlés. Trafics de drogue, de migrants, d’armes, le Sahel relie plus les hommes entre eux qu’il ne les sépare. L’or, l’uranium et le pétrole sont des ressources convoitées. Loin d’assurer le développement des pays du Sahel, ils sont une malédiction. Mal gérés, ils fragilisent l’économie d’un pays, ils favorisent la corruption, et deviennent la raison d’être de nombreuses dictatures et de convoitises, sous couvert de la lutte antiterroriste.

Le Sahel est devenu une zone au coeur des enjeux internationaux. La France y est présente depuis de nombreuses années, aidée par les Américains pour lutter contre la prolifération djihadiste. L’opération Barkhane n’a fait que confirmer la présence française dans cette zone. Pour certains, le retrait français aurait des conséquences stratégiques majeures, à commencer par le délitement des Etats sahéliens et la création d’un nouveau califat territorial au Liptako-Gourma. En quelque sorte, une protection de l’Occident contre la menace islamiste. Or, gagner la guerre contre le terrorisme dans le Sahel ne passera pas sans une reprise en main réelle des souverainetés touchées par le conflit. La réponse au terrorisme et aux autres crimes doit être davantage économique et sociale que militaire. Bien mieux, c’est aux populations locales de se saisir du problème.

En effet, la solution armée n’a jamais été la réponse au terrorisme. Lorsqu’on sait les velléités de spoliation des richesses des États en temps de guerre, la méfiance doit être de rigueur. Pour le partisan du chaos, il n’ y a que le chaos qui arrange son business. Aussi, le meilleur moyen est de trouver les moyens de contrer la source du problème de radicalisation. Pas de paix durable sans emplois, sans diversification économique et sans savoir. L’enjeu doit être la création d’une dynamique productive ancrée dans la transformation des ressources naturelles des pays de la région, par des investissements massifs dans les systèmes d’éducation et de formation, notamment professionnelle des jeunes.

«Au-delà de la seule réponse en matière de sécurité, le développement, l’Etat de droit et la bonne gouvernance sont les pierres angulaires de la stabilité dans la région. Les gouvernements doivent regagner la confiance de leurs citoyens, et les Nations unies sont déterminées à soutenir tous les efforts dans ce sens», a affirmé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un message vidéo pour le sommet du G5 Sahel organisé à N’Djamena, au Tchad.

Smaïl ROUHA

Elle met en garde et fixe ses limites au makhzen pro-sioniste

                           L’armée identifie sa cible

Les Forces algériennes prêtes à toute éventualité

L’ANP «n’a jamais été, et ne sera jamais soumise dans ses actions qu’à l’autorité de Monsieur le président de la République».

L’Algérie n’a aucun soldat en opération à l’extérieur du territoire national. Le ministère de la Défense nationale qui a répondu, dans un communiqué, aux fake news colportées sur une supposée participation de l’ANP aux missions de la force G5 Sahel, qualifie justement la faune qui diffuse la rumeur d’ignare et accuse la meute d’être «à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes». Prononcé par une institution de la République, le propos est lourd de sens et met en perspective la menace réelle qui pèse sur l’Algérie.
La guerre de quatrième génération, identifiée par les spécialistes peut parfaitement s’appliquer à ce cas de figure, puisque la fausse information a bénéficié d’un très puissant relais dans les réseaux sociaux. L’allégation faisant état de la participation de l’ANP dans le G5 Sahel n’a pas connu le «traitement» habituel d’une quelconque rumeur balancée dans le cyberespace. Elle a fait l’objet d’un «conditionnement» spécial, mobilisant des dizaines de pages et de comptes, dont la paternité marocaine et sioniste ne fait pas de doute. Cette tentative d’instrumentalisation de l’opinion algérienne à des fins de déstabilisation n’est pas une première pour Rabat qui ne rate aucune occasion pour agir contre l’Algérie.
Narco-royaume, terrain de jeu immoral des puissants de la planète, le Maroc ajoute «une étoile à son palmarès», en s’associant à l’entité sioniste pour lui permettre d’accomplir son rêve de destruction du seul pays qui résiste à l’hégémonisme d’Israël.
Propagée comme une traînée de poudre, l’intox était prioritairement destinée à saper le moral des Algériens, attenter à la confiance entre l’armée et le citoyen et faire accroire à ce dernier que l’ANP agit dans l’irrespect de la Constitution et des lois de la République. Il faut savoir que des dizaines de comptes et de pages Facebook marocains sont totalement dédiés à distiller de fausses informations sur l’Algérie. Ce sont justement ces pages qui ont «pris en charge» l’intox de l’ANP et du G5 Sahel.
La réaction du ministère de la Défense nationale, est on ne peut plus claire, à savoir que l’Armée nationale populaire «n’a jamais été, et ne sera jamais soumise dans ses actions qu’à l’autorité de Monsieur le président de la République». En d’autres termes, il n’existe pas une armée de mercenaires en Algérie.
Les éléments de l’ANP ne guerroient pas pour l’argent ou pour satisfaire une quelconque ambition impérialiste.
L’engagement qu’ils prennent est pour l’honneur et la sécurité de leur pays. Et le commandement de l’ANP ne saurait prendre une quelconque décision en dehors de ce que lui autorise la Constitution et les lois de la République. L’ANP a toujours agi conformément «à ses missions constitutionnelles explicites et aux lois de la République, dans la défense de la souveraineté, de l’intégrité et de la Sécurité nationales». C’est entendu. Si la défense du territoire ou le maintien de la paix sous l’égide d’organisation internationales appelle les soldats et officiers de l’ANP à traverser la frontière, ils le feront sur la base «de la décision du peuple algérien, conformément aux dispositions de la Constitution de la République».
Cette mise au point est également un appel aux Algériens de demeurer vigilants et «conscients des conspirations et des complots qui se trament contre l’Algérie». Sachant que lesdits complots sont «désormais connus de tous», le ministère de la Défense nationale conseille les Algériens à faire très attention «aux fake-news colportées qui visent désespérément à nuire à la stabilité de la nation». Cet attentat a été désamorcé, mais la guerre est encore longue et l’ennemi maroco-sioniste travaille sûrement à construire des scénarios faux, mais paraissant très vraisemblables pour semer le doute dans les esprits des Algériens.

Saïd BOUCETTA

LIRE AUSSI : Rumeur sur une participation de l’ANP au G5 Sahel : Le MDN dément


    G5-Sahel : Dos au mur, la France veut une plus grande implication américaine au Sahel

Le G5 Sahel a été créé en 2014 à Nouakchott en Mauritanie par le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad pour œuvrer ensemble au développement et la sécurité. 
L’organisation régionale a lancé en 2017 une force conjointe pour lutter contre les groupes terroristes et les trafics de drogues et d’êtres humains. Le 7e Sommet du G5 Sahel, entamé lundi et qui s’est terminé mardi dernier, a réuni les chefs d’Etat des pays membres, ainsi que le Président ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Y ont pris également part, entre autres, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie Louise Mushikiwabo. La présidence tournante du G5 Sahel est exercée pendant un an par les chefs d’Etat des pays membres de l’organisation. C’est le Président tchadien, Idriss Déby Itno, qui a pris les rênes de l’organisation régionale au cours du sommet qui s’est tenu à N’Djamena, en remplacement de son homologue mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani. Dans le communiqué final, les présidents sortant et entrant du G5 Sahel appellent à un effort financier supplémentaire de la communauté internationale pour soutenir le G5 Sahel.
R. I.


        La force conjointe G5 Sahel et l’Alliance Sahel  

Les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) sont confrontés à de multiples défis : progression de la menace terroriste et du crime organisé, changement climatique, expansion démographique… autant de facteurs qui contribuent à fragiliser la région. Face à ces défis communs, la réponse doit être politique, militaire et en matière de développement. Pour coordonner leurs actions, les chefs d’État de la région ont créé en 2014 le G5 Sahel, cadre intergouvernemental de coopération, afin de proposer une réponse régionale aux différents défis.

L’une des structures lancées par le G5 est, en matière de sécurité, la Force conjointe du G5 Sahel, créée en 2017 par les 5 États de la région.

L’Alliance Sahel, lancée en 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne, et désormais composée de 25 partenaires techniques et financiers, a été créée pour améliorer l’efficacité de l’aide au développement dans la zone et être l’interlocuteur du G5 sur les questions de développement. Pour cela, elle coordonne l’action des grands partenaires du développement dans la région afin d’accélérer la mise en œuvre d’actions de développement qui correspondent directement aux besoins exprimés par les populations.

La France participe à la mobilisation internationale en faveur de ces deux initiatives exemplaires.

     Le G5 Sahel : une décision politique africaine

Le G5 Sahel, dont le siège est situé à Nouakchott, est un cadre de coopération intergouvernemental créé le 16 février 2014 sous l’impulsion de la présidence mauritanienne de l’Union africaine.

L’organisation du G5 Sahel entend à la fois lutter contre l’insécurité et mener des actions de développement pour désenclaver la zone.

Le 2 juillet 2017, les 5 chefs d’États du G5 Sahel ont officialisé à Bamako le lancement d’une force conjointe transfrontalière en vue de mutualiser leurs efforts dans la lutte contre les menaces sécuritaires au Sahel. Cette force militaire conjointe a été actée par la résolution 2359 du Conseil de sécurité de l’ONU (21 juin 2017), portée par la France.

Endossée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS/UA), la Force conjointe a pour mission de lutter contre le terrorisme, le crime organisé transfrontalier et le trafic d’êtres humains dans l’espace du G5 Sahel. Sa première opération a eu lieu en novembre 2017 avec les armées du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

La Force conjointe doit rassembler, en pleine capacité opérationnelle, 5 000 hommes (7 bataillons répartis sur trois fuseaux Ouest, Centre et Est). Elle intervient sur une bande de 50 km de part et d’autre des frontières communes. Dans un second temps, il est prévu qu’une brigade sahélienne contre-terroriste se déploie au nord du Mali.

L’impulsion politique de la Force est assurée par la présidence en exercice du G5 (le Burkina Faso depuis 2019) et son contrôle stratégique par la réunion des ministres de la Défense des pays du G5. Les opérations de la Force conjointe du G5 sont orientées sur les zones frontalières et s’étendent sur trois zones : le fuseau Ouest dont le poste de commandement (PC) est situé à Néma (Mauritanie), le fuseau Centre avec un PC à Niamey, et le fuseau Est commandé par N’Djamena (Tchad). Ces PC sont coordonnés par le QG de la Force, situé à Bamako. La Force a déjà réalisé avec succès plus d’une dizaine opérations conjointes et continue d’en planifier pour 2019.

La Force du G5 Sahel est un dispositif souple prévu pour s’adapter à l’évolution de la menace et être modulable selon les priorités d’intervention. Elle ne remplace pas mais complète l’action de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) dont le mandat est d’aider les autorités maliennes à stabiliser leur pays. L’articulation de la Force conjointe avec la MINUSMA est cadrée par la résolution 2391 (8 décembre 2017) qui prévoit un soutien opérationnel et logistique de la seconde à la première.

L’appui financier et matériel au G5 Sahel progresse. La conférence de la Coalition Sahel organisée en décembre 2017 à l’initiative de la France à La Celle Saint-Cloud a permis de conforter le niveau des soutiens internationaux.
Elle a été suivie par une conférence de soutien en faveur du G5 Sahel, organisée en février 2018 à Bruxelles par l’Union européenne, l’Union africaine, l’ONU et le G5 Sahel. À la suite de ces 2 événements qui témoignent de l’engagement de la communauté internationale pour le Sahel, des contributions financières d’un montant total de 414 millions d’euros ont été entérinées. Ces sommes servent à équiper et former les armées du G5.

Dans le cadre de sa mission de développement et pour rendre durables les actions de sécurité dans la région, le G5 Sahel a élaboré en 2014 un Programme d’investissements prioritaires (PIP) composé de 40 projets régionaux, pour un coût de 2,4 milliards d’euros. Les projets du PIP concernent principalement les zones frontalières du Sahel et illustrent la solidarité et la coopération entre ces pays traversés par les mêmes crises et qui ont choisi d’y apporter une réponse régionale. Le PIP contient principalement des initiatives d’infrastructures en matière de désenclavement (routes, ponts, liaisons aériennes, extension de la couverture téléphonique), d’accès aux ressources (projets agro-hydrauliques, électrification) et de gouvernance (inclusion des femmes, appui à la justice). Il comprend également un programme de stabilisation d’urgence à déployer immédiatement dans les régions les plus vulnérables.

Le 6 décembre 2018, une conférence internationale des bailleurs s’est tenue à Nouakchott, afin de financer le PIP du G5 Sahel.
Sur un besoin initial estimé à 1,7 milliard d’euros, les promesses de dons se sont élevées à 2 milliards d’euros. Sur ce montant annoncé, la part des membres de l’Alliance Sahel se chiffre globalement à 1,8 milliard d’euros dont 266 millions d’euros sont destinés au financement du PDU, axé sur 3 secteurs prioritaires :

  • l’accès à l’eau ;
  • le renforcement de la résilience ;
  • l’appui à la cohésion sociale.

La France a annoncé à cette occasion son soutien à hauteur de 220M€ pour œuvrer au développement de la région, dont 90M€ au titre du programme de stabilisation d’urgence.

Une formation partagée pour les armées du G5 Sahel

En 2019, une première promotion d’officiers stagiaires sahéliens a été formée par le Collège de Défense du G5 Sahel de Nouakchott. 36 officiers supérieurs originaires de chacun des pays du G5 en ont bénéficié et partagent désormais une culture militaire commune, qui renforcera la cohésion et l’interopérabilité entre les différentes armées sahéliennes. Ce projet de Collège a été lancé en 2018 par les 5 pays du Sahel et soutenu par la France et d’autres partenaires internationaux dès sa création.

La formation repose sur 2 piliers : l’un opérationnel et l’autre académique. Les cours de géographie, d’histoire, de géopolitique et de sociologie, axés sur la Sahel, permettent aux officiers de mieux connaître et comprendre le Sahel et ainsi d’avoir une approche globale dans la résolution des crises sahéliennes. Enfin, plus de 16 semaines sont consacrées à l’apprentissage des méthodes opérationnelles (enseignements et exercices pratiques).
La seconde promotion verra sa formation opérationnelle portée à 19 semaines et pourra prétendre à un Master2 en défense et relations internationales.

Grâce à cette formation partagée, les armées du G5 disposent d’un nouvel atout pour travailler ensemble plus efficacement contre les menaces communes, notamment dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel.

  L’Alliance Sahel, un groupe de coordination des bailleurs qui agissent au quotidien en faveur du Sahel

L’effort consenti pour la sécurité de la région sera sans lendemain s’il n’est pas accompagné d’un effort durable en matière de développement.

Pour stabiliser la région et prévenir la radicalisation violente, il est indispensable de créer les conditions d’un développement économique créateur d’emplois, notamment pour une jeunesse en forte expansion.

Cela suppose des efforts de développement renforcés au bénéfice de cette région. L’Alliance Sahel lancée sous impulsion franco-allemande en juillet 2017 à Paris, en présence du président de la République, de la Chancelière et de la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, associe les principaux partenaires du développement multilatéraux et bilatéraux des États du Sahel. L’objectif est d’éviter le saupoudrage de l’aide, et d’en accélérer le déploiement, y compris dans les zones les plus vulnérables. L’Alliance compte aujourd’hui 25 membres : la France, l’Allemagne, l’Union européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Programme des Nations unies pour le développement, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, le Luxembourg, le Danemark, les Pays-Bas, la Banque européenne d’investissement et la Norvège. Les États-Unis, le Japon, le Canada, la Belgique, la Finlande, la Suisse, l’Irlande, la Société financière internationale, la Fondation Gates, le Tony Blair Institute et l’OIF sont des membres observateurs.

L’Alliance n’est pas une nouvelle structure ni une enceinte de plaidoyer financier, mais un mécanisme de renforcement de la coordination des partenaires pour une aide plus rapide, plus efficace et mieux ciblée en faveur des zones vulnérables. Six secteurs clefs sont ciblés : éducation et employabilité des jeunes ; agriculture, développement rural et sécurité alimentaire ; énergie et climat ; gouvernance ; décentralisation et appui au déploiement des services de base ; sécurité intérieure.

Les partenaires techniques et financiers regroupés au sein de l’Alliance Sahel financeront plus de 873 projets labellisés dans la zone, pour un montant total de 17 milliards d’euros. La France est au cœur de cet effort de développement au Sahel. Depuis 2012, l’AFD a engagé 5,3 Md€ au Sahel. Pour la seule année 2020, ce sont 471 Md€ qui ont été octroyés et 350 Md€ décaissés par l’AFD dont les interventions se concentrent dans les secteurs de l’agriculture, de l’eau et de l’assainissement, de l’éducation, de la gouvernance et de la santé.

Le G5 et l’Alliance Sahel ont signé en octobre 2018 un accord de partenariat afin d’accroître la coordination entre l’offre des partenaires techniques et financiers et les besoins exprimés par les pays du Sahel, améliorant ainsi l’efficacité de l’aide au développement dans la région.


   N’Djamena (Tchad): Communiqué final du Sommet du G5 Sahel (segment élargi du 16 février 2021)

                                >> Cliquez ici pour télécharger le communiqué


                  Algérie / Le MDN dément une participation de l’ANP à des missions du G5 Sahel

                            par R.N.

 Le ministère de la Défense nationale (MDN) a démenti, dimanche dans un communiqué, les allégations concernant la participation de l’Armée nationale populaire (ANP) à des missions militaires en dehors des frontières algériennes sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel.

«Certaines parties et porte-voix de la discorde ont relayé via leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux des allégations dénuées de tout fondement, proférant que les actions et les opérations menées par l’institution militaire, au niveau interne et externe, répondent à des agendas et des instructions émanant de parties étrangères, et que l’ANP s’apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de nos frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel, ce qui est faux et inadmissible. Des intox qui ne peuvent provenir que d’ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes», précise le communiqué.A cet effet, le MDN «dément catégoriquement toutes ces allégations tendancieuses et manœuvres sournoises, à travers lesquelles leurs auteurs croient pouvoir semer le trouble et déstabiliser le pays, et rassure l’opinion publique que l’ANP, digne héritière de l’Armée de libération nationale, n’a jamais été, et ne sera jamais soumise dans ses actions qu’à l’autorité de Monsieur le Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et conformément à ses missions constitutionnelles explicites et aux lois de la République, dans la défense de la souveraineté, de l’intégrité et de la sécurité nationales», souligne la même source.

Le MDN a rappelé, également, que «la participation de l’Armée nationale populaire en dehors des frontières du pays relève de la décision du peuple algérien, conformément aux dispositions de la Constitution de la République».

«Ainsi, nous saluons le discernement des citoyens, conscients des conspirations et des complots qui se trament contre l’Algérie, désormais connus de tous, et dans l’intérêt suprême de la Nation, nous les appelons à davantage de vigilance quant aux fake-news colportées qui visent désespérément à nuire à la stabilité de la Nation», ajoute le communiqué.


Voir aussi :

Macron – Conférence de presse à l’issue du Sommet du G5 Sahel (16.02.21)

    Intervention de l’armée algérienne au Sahel: le coup de sirocco de Macron

                    Par
 

Le Président Emmanuel Macron a récemment signalé «le réengagement de l’Algérie» au Sahel. Des propos qui ont été interprétés comme une annonce d’envoi de troupes algériennes dans la région. Le ministère algérien de la Défense nationale a démenti vigoureusement ce qu’il considère être des «allégations».

L’intervention du Président français lors de la réunion du G5 Sahel, qui s’est tenue à N’Djamena les 15 et 16 février, a donné lieu à une véritable polémique.

Prenant la parole par vidéoconférence, le Président Emmanuel Macron a annoncé de façon ambiguë «la confirmation d’un réengagement de l’Algérie».

Alger recalé au dernier rang

Le chef de l’État français a fait référence à ce réengagement juste après avoir évoqué la participation de nouveaux pays dans la task force européenne Takuba («sabre» en berbère tamashek, la langue des Touaregs), un groupement de soldats d’élite de plusieurs pays chargé d’appuyer la  force française Barkhane et l’armée malienne. Des propos ambigus qui ont donné lieu à diverses interprétations. Pour l’Algérie, évoquer un réengagement signifie, de fait, que ce pays s’est désengagé au Sahel. De plus, mettre l’Algérie et le Maroc dans le même contexte sécuritaire a certainement dû faire grincer des dents aux Tagarins, le quartier d’Alger où est situé le ministère de la Défense nationale (MDN).

Ce n’est pas tout: le Président Emmanuel Macron a également affirmé être intervenu pour poser les jalons d’une nouvelle coopération sécuritaire entre l’Algérie et le Mali. La collaboration entre l’Algérie et son voisin du sud ne s’est pas arrêtée, elle revêt d’ailleurs plusieurs aspects, notamment sur les plans du renseignement et de l’aide militaire.

«J’ai, avec le Président Tebboune, un dialogue de confiance. Nous avons entre nos équipes des dialogues de confiance sur ce sujet. Je pense qu’il faut ouvrir une nouvelle page de coopération sur le terrain, en particulier entre le Mali et l’Algérie puisque c’est cette zone frontière qui est tout particulièrement concernée. C’est mon souhait le plus cher et la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour être utile à ce dialogue et permettre des résultats opérationnels», a-t-il affirmé.

Samedi 20 février, les chefs d’État algérien et français se sont entretenus au téléphone. Lors de cette conversation, Emmanuel Macron a «salué l’amnistie décidée par le Président Abdelmadjid Tebboune, à la veille du deuxième anniversaire du début du Hirak», et il lui a fait part de son soutien «dans la mise œuvre des réformes en cours».

Sur les réseaux sociaux, les déclarations du Président français et la teneur de sa discussion avec son homologue algérien ont donné lieu à la conclusion suivante: l’armée algérienne se prépare à intervenir au Sahel en contrepartie d’un soutien de la France au régime.

«Faux et inadmissible»

Des interprétations qui ont provoqué la colère du commandement de l’armée algérienne. Dimanche 21 février, soit le lendemain de la conversation téléphonique présidentielle, le ministère de la Défense nationale a publié un communiqué au ton acerbe.

«Certaines parties et porte-voix de la discorde ont relayé via leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux des allégations dénuées de tout fondement, proférant que les actions et les opérations menées par l’institution militaire, aux niveaux interne et externe, répondent à des agendas et des instructions émanant de parties étrangères, et que l’Armée nationale populaire s’apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de nos frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel, ce qui est faux et inadmissible. Des intox qui ne peuvent provenir que d’ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes», indique ce communiqué.

Le texte ne cite pas le Président français, mais il est évident que ses propos ont été l’élément déclencheur de ce que le MDN considère être des «allégations tendancieuses et manœuvres sournoises, à travers lesquelles leurs auteurs croient pouvoir semer le trouble et déstabiliser le pays». Par ailleurs, la précision sur l’envoi de soldats algériens sous «le chapeau de puissances étrangères» que le communiqué qualifie de «faux et inadmissible» est un rappel de la position de principe d’Alger et pourrait sonner, à ce titre, comme un rappel au gouvernement français.

 

Le lieutenant-colonel à la retraite, Ahmed Kerrouche, ancien observateur de l’ONU en Erythrée et en Somalie, explique à Sputnik que ce communiqué «est adressé à toute personne qui colporte des informations sans fondement sur l’intervention de l’armée algérienne en dehors de ses frontières».

«Depuis que la possibilité de faire engager l’armée algérienne à l’étranger a été inscrite dans la Constitution, des voix ne cessent d’annoncer que nos militaires se préparent à intervenir au Mali. Bien entendu, ce ne sont que des rumeurs mais certaines parties s’accrochent à cette illusion», explique ce spécialiste en sécurité.

L’ancien militaire considère que les propos du Président Macron visent à minimiser l’engagement de l’Algérie dans la lutte antiterroriste au Sahel, notamment au nord du Mali.  «L’Algérie, à travers la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), est pleinement consciente des enjeux sécuritaires dans la sous-région du Sahel. Cette initiative a été lancée en avril 2010, soit bien avant le G5 Sahel et les opérations françaises Serval et Barkhane. L’objectif du Cemoc consiste à mettre en place de véritables liens en matière d’échange de renseignement, de surveillance des frontières et de formation pour lutter contre le terrorisme dans le strict respect de la souveraineté de chaque pays membre», ajoute-t-il.

«Replacer les propos dans leur contexte»

Emmanuel Dupuy, spécialiste des questions de sécurité européenne et de relations internationales et président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), fait une tout autre lecture des déclarations du chef de l’État français lors du sommet du G5 Sahel de N’Djamena. Interrogé par Sputnik, il a indiqué que la question du réengagement de l’Algérie faisait référence à trois facteurs: diplomatique, militaire et constitutionnel.

«Il faut remettre ces propos dans le contexte du réengagement du Cemoc qui avait été mis en sommeil. Le Président Tebboune avait appelé à la recomposition de cette coordination. Deuxième élément: le bruit circule que l’Algérie participe déjà, avec un certain nombre de forces armées, à des opérations dans l’espace sahélien. Des informations font état d’interventions dans le cadre de G5 Sahel, notamment conjointement avec le Mali. Troisièmement, le Président Macron devait avoir en tête les propos du ministre des Affaires étrangères lors de son déplacement à Alger sur la réforme constitutionnelle de novembre 2020 qui donne la possibilité à l’Algérie d’intervenir à l’extérieur», souligne Emmanuel Dupuy.

Selon lui, il n’a jamais été question que l’Algérie intègre le G5 Sahel ni même la task force Takuba. «Je vois mal un Président français annoncer un engagement militaire de l’Algérie», indique encore le président de l’IPSE.

Jean-Yves Le Drian lors d'une visite à Alger, le 21 janvier 2020© AFP 2021 RYAD KRAMDI

À Alger, ces derniers mois, c’est plutôt le rôle de la France dans le Sahel qui a fait l’objet de vives critiques. Paris a notamment été pointé du doigt dans l’affaire de la libération de quatre otages européens au mois d’octobre 2020 au Mali en contrepartie du versement d’une rançon de 30 millions d’euros au profit du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM)* et de la libération de 200 terroristes qui étaient détenus par le gouvernement malien. «Ces pratiques inadmissibles et contraires aux résolutions de l’Organisation des Nations unies incriminant le versement de rançons aux groupes terroristes entravent les efforts de lutte contre le terrorisme et du tarissement de ses sources de financement», avait alors dénoncé le ministère algérien de la Défense nationale.

La France, par la voix de son Premier ministre Jean Castex, avait démenti l’implication de son gouvernement dans le paiement d’une rançon. Selon lui, la libération des otages était «un geste humanitaire» du GSIM*. Le 21 novembre 2020, ce groupe terroriste avait annoncé dans un enregistrement vidéo avoir obtenu une rançon de 30 millions d’euros et la libération de 207 islamistes armés en contrepartie de la libération des quatre otages.

*Organisation terroriste interdite en Russie.


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