Suivi de l’épidémie de Coronavirus (Mis à jour le 7 mars)

Nous vous proposons aujourd’hui ce billet consacré à l’épidémie de Coronavirus (« Covid-19 » pour être plus précis). Il sera remis à jour régulièrement.

I. Le Coranovirus Covid-19

Il convient de rappeler, pour diminuer certaines peurs irrationnelles, que ce nouveau virus entraîne, pour simplifier, une sorte grippe pouvant être très aiguë, ni plus, mais ni moins.

1.1 La grippe « simple »

La grippe saisonnière est une infection respiratoire aiguë, due à un virus Influenza.

Virus Influenza

Rappelons que chaque année, la grippe touche entre 2 millions et 6 millions de personnes en France. La grippe saisonnière se manifeste généralement par un début brutal avec une forte fièvre, une fatigue intense, des courbatures et des maux de tête. La plupart des personnes atteintes guérissent en une à deux semaines sans traitement médical. Il s’agit alors d’une grippe « simple ».

1.2 La grippe aiguë

Cependant, la grippe peut entraîner des complications graves chez les sujets à risque (personnes âgées ou sujets fragilisés par une maladie chronique, femmes enceintes ou encore nourrissons prématurés). La mortalité liée à la grippe saisonnière concerne essentiellement les sujets âgés. Ces complications sont dues aux virus eux-mêmes, mais également aux surinfections bactériennes (pneumonie) qu’ils peuvent engendrer ou à la décompensation d’une pathologie chronique sous-jacente (diabète, asthme, maladie cardiaque, insuffisance rénale, etc.).

La grippe est la seconde cause de mortalité par maladie infectieuse en France (derrière la pneumonie à pneumocoque). Entre 2016 et 2019, elle a entraîné le décès de 8 000 à 16 000 personnes selon les années, à 90 % chez des plus de 65 ans. Au niveau mondial, la grippe saisonnière est responsable de 290 000 à 650 000 décès par an selon l’Organisation mondiale de la santé (source).

La létalité (le nombre de morts par rapport à la population infectée) de la grippe saisonnière est de 0,2 à 0,5% selon Santé publique France.

Ainsi, la grippe, qui passe pour une maladie bénigne, est en fait un vrai problème de santé publique.

1.3 La grippe espagnole de 1918

En 1918-1919, la pandémie dite de la « grippe espagnole » a touché le monde entier. Les estimations de l’OMS indiquent qu’au moins 40 millions de personnes en seraient décédées, dont 400 000 en France (dont Guillaume Apollinaire ou Edmond Rostand ; source ici et ).

Cette grippe avait une forte létalité, de 2 % à 3 % ; de plus, la moitié des morts étaient des adultes de 20 à 40 ans, alors que la grippe classique décime presque uniquement les bébés et les personnes âgées. Elle se caractérisait aussi par une très forte contagiosité (le tiers de la population mondiale a été touché). La plupart des victimes mouraient de surinfection bactérienne, qui se déclarait au bout de 4-5 jours et conduisait au décès une dizaine de jours après les premiers symptômes grippaux, en l’absence, à l’époque, d’antibiotiques.

1.4 Le coronavirus Covid-19 ou SARS-CoV-2

Les coronavirus existent depuis des millions d’années et ont suscité une inquiétude particulière depuis 2002, année d’apparition du SRAS (SRAS-CoV).

Le nouveau virus Covid-19 (ou SARS-CoV-2) est une nouvelle forme de coronavirus : il est apparu en décembre 2019 en Chine, sur le marché aux animaux de Wuhan, où ont été contaminés tous les premiers patients. Il vient probablement de mutations du coronavirus des chauves souris, suite à un passage dans un autre hôte animal qui reste à définir.

Le génome du SARS-CoV se compose d’un seul ARN d’environ 30 000 nucléotides de long, qui comprend 13 gènes, qui codent pour au moins 14 protéines. L’organisation génomique globale du SARS-CoV est similaire à celle d’autres coronavirus. (source)

Quand une personne infectée par un coronavirus éternue, des gouttelettes de sécrétions nasales chargées de particules virales sont projetées autour d’elle. Si une personne saine est atteinte par les projections et respire des gouttelettes contenant des coronavirus, une nouvelle infection commence. Dans un premier temps, les virus pénètrent dans les cellules nasales grâce à une « clé » protéique : la protéine S (de l’anglais Spike, « pointe, épi »). Présente en de nombreux exemplaires à la surface du virus, elle lui confère l’aspect « en couronne » (au microscope) auquel il doit son nom, coronavirus.

La protéine S des coronavirus leur donne leur aspect si particulier en microscopie (ici le MERS-CoV)

Cette « clé » interagit avec une « serrure » située à la surface des cellules humaines, permettant ainsi au virus de s’y accrocher puis d’y entrer. Tous les coronavirus ne possèdent pas les mêmes types de clés, et ne reconnaissent donc pas les mêmes serrures. Une fois à l’intérieur d’une cellule, le coronavirus la pirate et la force à produire un grand nombre de copies de lui-même. Après un temps relativement court, 6 ou 8 heures plus tard, ces copies sortent de la cellule infectée (généralement en la détruisant) et partent à l’assaut de ses voisines.

Cette image de microscope électronique à balayage montre le SARS-CoV-2 (sphères bleues) émergeant de cellules cultivées en laboratoire (image colorisée). NIAID-RML

Comme pour le SRAS-CoV et le MERS-CoV, le SARS-CoV-2 peut entraîner des infections respiratoires dont les manifestations vont du simple rhume à un syndrome respiratoire sévère, pouvant nécessiter intubation et ventilation. En bref, comme communiqué par l’OMS et dans l’ordre, les symptômes de la Covid-19 sont la fièvre (88%), la toux sèche (68%), la fatigue (38%), la production d’expectorations (33%), le souffle court (19%), la gorge irritée (14%), les maux de tête (14%), les douleurs musculaires (15%), les frissons (11%), la nausée ou les vomissements (5%), la congestion nasale (5%) et la diarrhée (4%). Certains patients infectés n’ont aucun symptôme et déclarent se sentir bien (4, 5). Il ressort des études récemment publiées que 80 à 85% des sujets infectés par le SARS-CoV-2 n’ont pas ou peu de symptômes, alors que 15 à 20% développent une maladie plus sévère, souvent associée à un âge avancé ou à d’autres comorbidités. (source)

Enfin, et c’est là le point le plus inquiétant, environ 5% des sujets infectés entrent dans une phase critique de la maladie et sont admis dans les services de maladies infectieuses et de réanimation médicale, pour un taux de mortalité de l’ordre de 50% dans ce groupe. (source) En effet, dans leurs formes les plus graves, les pneumonies à SARS-CoV-2 sont responsables d’un tableau appelé syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Il s’agit d’une atteinte des 2 poumons avec une inflammation sévère entraînant la destruction des alvéoles pulmonaires ainsi qu’un œdème important. (source)

En résumé, dans ces cas extrêmes, contrairement à la grippe qui tue plutôt de manière indirecte en affaiblissant l’organisme, le virus Covid-19 va totalement détruire les cellules des poumons – mais il peut aussi s’attaquer à d’autres organes, comme les reins. Les médecins chinois viennent d’ailleurs de tenter la première double greffe de poumons sur un malade du Covid-19, qui avait placé sous assistance respiratoire, avait fini par éliminer le virus, mais avait subi des dommages pulmonaires irréversibles (source).

À ce jour, il n’existe pas encore ni vaccin ni médicament antiviral spécifique pour prévenir ou traiter la COVID-19. Toutefois, les personnes touchées doivent recevoir des soins pour soulager les symptômes.

D’éventuels vaccins et certains traitements spécifiques sont actuellement à l’étude et sont testés dans le cadre d’essais cliniques (plus de 200 !). L’OMS coordonne les efforts de mise au point de vaccins et de médicaments pour prévenir et traiter la COVID-19. (source)

Mais tant qu’un traitement efficace n’aura pas été reconnu par la communauté médicale, il ne faut ni croire ni encore moins diffuser les rumeurs et déclarations péremptoires isolées qui commencent à fleurir sur les réseaux sociaux. Cela peut être dangereux ou simplement gêner les soignants, déjà soumis à rude épreuve.

Coronavirus

1.5 Létalité du coronavirus Covid-19

Les premières études laissent à penser que ce Coronavirus aurait comme pour la grippe espagnole une létalité de 2 % à 3 %, et une assez forte contagiosité, supérieure à celle de la grippe saisonnière.

Voici les résultats d’une étude chinoise (dont la transposition en France n’est pas évidente) portant sur près de 45 000 cas (source) :

Létalité par âge (2,3 % en moyenne) :

La mortalité varie entre 0,2 % chez les moins de 40 ans et 15 % chez les plus de 80 ans.

Les 20-60 ans représentent quand même 67 % des cas et 19 % des morts.

Létalité par sexe :

On a apparemment une très nette différence par sexe : la mortalité des hommes était 60% supérieure.

Létalité par gravité :

Seuls 5% des malades finissent dans un état critique, mais leur mortalité est alors de 50 %.

Létalité par comorbidité :

La mortalité est bien plus forte en présence d’autres maladies, comme les maladies cardiovasculaires ou les affections respiratoires – mais ceci est aussi très probablement corrélé avec l’âge.

Coronavirus (source)
Différence entre le virus de la grippe et le coronavirus

Enfin, il est à noter qu’il semble exister désormais 2 souches de coronavirus Covid-19 (L et S) suite à mutation ; la forme plus sévère (L) représentent 70 % des cas, et sa fréquence semble en diminution (source).

1.6 Comment se protéger du coronavirus Covid-19 ?

Alors comment se protéger ? Le virus de la Covid-19 se transmettant principalement de personne à personne, une première et sage précaution consiste à se tenir à distance (de l’ordre de 2 mètres) de son interlocuteur, tout particulièrement en cas de toux et d’éternuements puisque le virus est contenu dans les gouttelettes respiratoires. Ainsi, les contacts physiques doivent être bannis, du moins temporairement…

Une autre possibilité est la contamination au contact de surfaces ou d’objets sur lesquels le virus est présent. La survie du SARS-CoV-2 sur surface inerte serait de l’ordre de 1 à 9 jours, en particulier en atmosphère humide et à basse température. Une bonne nouvelle tout de même : le SARS-CoV-2 est sensible aux désinfectants usuels tels que l’eau de Javel à 0,5%, l’eau oxygénée ou l’alcool à 70%.

Ensuite, le simple geste de se toucher la bouche, le nez ou les yeux peut constituer un mode de contamination. Le nettoyage des surfaces de façons répétées deviendra un réflexe, sachant que le virus peut rester sur une surface non nettoyée pendant 7 à 9 jours.

La durée d’incubation, évaluée en moyenne à 7 jours, s’échelonnerait entre 2 et 14 jours, avec des durées beaucoup plus longues récemment rapportées et pouvant aller jusqu’à 28 jours. Les précautions et consignes doivent donc s’inscrire dans la durée.

Une sage décision en cas d’épidémie de Covid-19 est de décider soi-même de rester à la maison, en limitant au maximum ses déplacements et contacts avec les autres, évitant ainsi toute contamination de personne à personne. Et ça fonctionne dans les deux sens ! Il convient alors de s’assurer que les éléments essentiels sont à disposition à la maison : produits en quantités suffisantes pour l’entretien des surfaces et le lavage des mains, stock de médicaments pour les personnes sous traitement, réserves raisonnables de nourriture pour éviter de courir au SuperMarché du quartier, utiliser des chambres et des salles de bain séparées quand disponibles, reporter les rendez-vous et les agapes en famille ou entre amis et interdire à Gros Toutou et Petit Minou de quitter la maison. Si nos animaux n’ont aucune chance d’être malades et de transmettre le SARS-CoV-2 des humains, ils demeurent très câlins et leur pelage peut alors constituer un hébergement et un véhicule idéal pour les gouttelettes contagieuses des personnes rencontrées à l’extérieur au cours de rendez-vous aussi tendres que secrets. A ne pas négliger : l’accès à l’eau de boisson. Disposer d’un appareil à osmose inverse pour purifier l’eau du réseau est un atout dans ce contexte. La panoplie et les préconisations du survivaliste en somme !

Il faut utiliser des mouchoirs jetables et observer une hygiène des mains irréprochable. Le gel hydroalcoolique est bien sûr une solution, mais de seconde intention. En effet, un lavage des mains au bon vieux savon de Marseille sous le robinet fait parfaitement l’affaire lorsqu’il est pratiqué pendant une vingtaine de seconde et ceci après chaque contact potentiellement contaminant. Le port de gants jetables constitue également un excellent réflexe, à condition de s’en débarrasser correctement. Outre l’hygiène du corps, l’entretien méticuleux des surfaces et des objets est un Must. (source : quotidien du médecin)

II. Situation dans les pays les plus touchés

Voici la situation des pays les plus touchés hors de Chine :

III. Réactions gouvernementales

Les réactions les plus fortes ont eu lieu en Chine : la province du Hubei et ses 56 millions d’habitants ont été entièrement confinés depuis le 23 janvier, tous ceux qui rentrent à Pékin – les 8 millions de travailleurs chinois migrants mais aussi les étrangers – ont été forcés de se placer en quarantaine pour une durée de quatorze jours, etc.

Mais venons en à la France.

Notons bien deux choses constantes dans la propagande de crise des gouvernements : 1/ chercher non pas à informer mais à « rassurer » les populations, quitte à mentir 2/ une fois la crise survenue, ne surtout pas demander de comptes au gouvernement sur son échec.

Rappelons les propos du directeur général de la santé en France ; le 25 janvier, eh bien « le coronavirus, ce n’est pas grave » :

D’ailleurs, le nombre de morts augmente moins vite que le nombre de cas – hmm ce qui est normal au début d’une flambée des cas, vu que les décès interviennent au bout d’un certain temps… Mais bon, le Coronavirus est moins mortel que le SRAS – et que la peste noire et l’ébola…

Bon, le 4 mars, désolé, l’épidémie est inéluctable – on n’a pas pu l’arrêter, il a totalement échoué :

Ce qui est finalement peu surprenant :

A « rien », sauf à empêcher l’entrée des personnes malades qui vont contaminer l’aéroport, le métro et/ou taxi etc. Il est vrai que cela n’arrête pas les personnes en incubation, mais c’est un début… Mais bon, parole d’experte :

D’où la « cohérence » observée au fil de semaines :

Il est intéressant de comparer les politiques d’autres pays :

Mais en Europe, cela ne se passe pas comme cela :

Bilan : moins de 10 cas en Russie (plus de 4000 km de frontières avec la Chine), 4 000 en Italie…

Bien sûr, la pandémie va se répandre partout maintenant – mais chaque jour de gagné sauve des vies.

Il est quand même surprenant, alors que la Chine mettait en quarantaine ses villes, que rien n’a été fait pour tenter de mettre la Chine en quarantaine – ce qui n’aurait pas été si difficile…

IV. Situation de l’épidémie

Voici la situation de l’épidémie en Chine, qui a connu 80 000 cas (dont 3 000 décès) :

On constate donc que l’épidémie semble, à ce jour, sur la voie d’être vaincue – si de nouveaux foyers n’apparaissent pas.

La situation est tout autre dans le reste du monde, avec 20 000 cas (dont 350 décès):

L’épidémie est donc en plein développement, comme en France, qui approche des 600 cas (et 9 décès) :

(N.B. : vu les écarts, représenter un graphique pour toute la planète serait trompeur à ce stade. Source : Université John Hopkins)

V. Prévisions pour la France

Nous allons tenter d’estimer (avec prudence) l’évolution de la situation dans les prochains jours.

Nous sommes aidés par le fait que l’Italie a hélas, de l’avance sur l’épidémie. On peut penser que le déroulé de l’épidémie devrait être assez proche entre pays occidentaux, au vu de la situation proche de la santé des populations et du système sanitaire. Cela semble être confirmé :

Comme on le voit, l’évolution de l’épidémie en France et en Allemagne est très proche, et très proche aussi de l’évolution en Italie il y a 8 jours.

Dès lors, on peut prudemment s’inspirer de l’évolution de l’Italie pour les prochains jours :

Si la situation se développe identiquement, nous devrions connaître environ 2 000 cas mercredi prochain.

De même, nous pouvons tenter une prospective un peu plus lointaine avec les autres pays :

Il semble ainsi raisonnable de s’attendre à au moins 5 000 cas dans 10 jours.

Il sera ainsi intéressant de refaire alors une estimation de la situation, pour voir si nous avons une bonne ou une mauvaise surprise dans le développement de cette épidémie.

VI. En conclusion

En conclusion, on peut donc dire ceci :

  • tout d’abord, il n’y a aucune raison de paniquer, mais il convient d’adopter des mesures de prudence face à un potentiel problème majeur de santé publique. En effet, entre sa contagiosité et sa létalité, ce virus pourrait en théorie avoir un impact équivalent à celui de la grippe espagnole de 1918 SI RIEN N’ÉTAIT FAIT – soir des dizaines voire centaines de milliers de morts ; c’est probablement le plus gros risque épidémique auquel nous sommes confrontés depuis un siècle. Fort heureusement, on constate que les autorité publiques se sont saisies du problème (certes, plus ou moins efficacement…) ; il faut donc prendre au sérieux ces mesures totalement légitimes, et la Chine montre qu »on peut contenir ce virus à des niveaux limités. Mais reste évidemment à connaitre ce niveau dans notre pays.
  • les personnes à risque (personnes de plus de 60 ans et/ou atteints de problèmes de santé et/ou fumeurs) doivent être protégées en priorité – les autres ne craignent pas grand chose. Il faut qu’elles évitent les contacts avec des personnes malades et des objets souillés ;
  • les efforts mis en place payent, et on ne constate pas à ce jour de flambée incontrôlée de l’épidémie laissant à penser que des millions de personnes seraient atteintes en France. L’enjeu est en effet de savoir s’il y aura 20 000 cas ou 2 millions, donc quelques dizaines/centaines de décès, ou des dizaines de milliers… Et s’il n’y a que 20 000 cas, il faudra nous féliciter de tous les efforts accomplis qui auront payé, et non pas s’en moquer en disant qu’on s’est affolé pour rien…

A suivre…

Olivier Berruyer

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