Le Coronavirus annonce le début de la déglobalisation

Par Olivier Renault

Marc Friedrich et Matthias Weik, experts  en économie et analystes financiers, auteurs de livres à succès Der größte Crash aller Zeiten (Le plus gros crash de l’histoire, 2019), annoncent, à cause de cette crise liée au  coronavirus, le début de la déglobalisation et l’arrivée d’une méga-crise financière.

Déjà, bien avant l’épidémie du COVID-19, les deux auteurs présentaient le dangereux dysfonctionnement de nos économies (les taux d’intérêts négatifs en UE) et annonçaient déjà une crise financière à venir en Europe plus importante que celle de 2008.  Avec ce virus, qui s’empare psychologiquement des esprits des gens et des marchés, ils annoncent la fin de la mondialisation. D’ailleurs, le G7 se réunit en urgence aujourd’hui.

Les deux auteurs font un rapide bilan dans un article paru le 27 février dernier sur le site Finanzmarkwelt de la situation actuelle depuis le début de la crise du coronavirus. Ils écrivaient: «Le soi-disant virus corona (COVID-19) continue de se propager. Dans le monde, plus de 82 000 personnes sont déjà infectées et plus de 2 800 en sont mortes». Certes, les auteurs ne parlent pas des 40 000 guérisons recensés pour 87 000 contaminés en date du 2 mars ou de la barre dépassée des 3000 morts  mais ils touchent l’aspect psychologique et structurelle de cette crise qui infecte l’économie mondiale: «Un dixième de la population mondiale en Chine soit 760 millions de personnes sont mises en quarantaine. Depuis janvier, 200 000 vols ont été annulés dans le monde et des centaines de porte-conteneurs sont au mouillage. Au Japon (deuxième économie d’Asie), les écoles sont fermées jusqu’à fin mars ! En Corée (troisième économie d’Asie), les activités de nombreuses entreprises sont au point mort et le nombre de personnes infectées augmente rapidement (1596)». «Pour la première fois, il existe un couvre-feu en Europe et en Italie pour 50 000 personnes!». Marc Friedrich et Matthias Weik estiment que «le danger d’une pandémie mondiale aux conséquences fatales pour l’économie mondiale mondialisée est encore complètement sous-estimé» car «les marchés boursiers baissent depuis une semaine et le fond n’est pas encore en vue».

Les deux experts expliquent que «la situation en Chine est catastrophique pour les constructeurs automobiles allemands parce que le marché chinois est responsable de 40% des ventes des voitures produites en Allemagne. Au cours des deux premières semaines de février, les ventes de voitures en Chine ont chuté de 92%. Seulement 4 962 voitures ont été vendues en Chine qui représente désormais à elle seule 18% de la production économique mondiale et près de 50% de la croissance mondiale ces dernières années. L’Allemagne compte pour plus de 30% du total des échanges commerciaux sino-européens.  Presque toutes les entreprises européennes faisant des affaires en Chine sont désormais touchées par les conséquences de la crise du coronavirus. Selon une enquête publiée jeudi 27 février dernier par la Chambre de commerce européenne et les chambres de commerce allemandes en Chine, près de 60% voient des conséquences «graves» et 30% «modérées» pour leur activité en Chine».

Les deux analystes financiers expliquent qu’ «avec cette crise liée au virus, la chaîne d’approvisionnement est perturbée et les premiers goulets d’étranglement deviennent clairs». Qu’ avec cette crise qui continue, «les Chinois ne vont pas travailler, les ports sont fermés et les vols sont annulés» et  qu’en conséquence «les effets sur notre économie mondiale mondialisée augmentent et que  «de nombreuses entreprises à travers le monde reconnaîtront qu’elles sont devenues dangereusement dépendantes de la Chine». Déjà en France le ministre de la Santé a reconnu que la France est trop dépendante de la Chine pour la production de médicaments. Cela signifie que les pays européens doivent «ramener les emplois et les productions à la maison, créer des alternatives pour réduire la dépendance» et que  «cela coûtera de la croissance à la Chine et fera perdre du pouvoir au Parti communiste». «Nous assistons actuellement au début de la déglobalisation», déclarent les deux analystes.

D’ailleurs, le  Trésor américain a déclaré que les ministres de l’Economie et les banquiers centraux des pays membres du G7 se parleront ce mardi 3 mars  pour coordonner leur action face à l’épidémie de nouveau coronavirus qui se répand dans le monde et menace l’économie mondiale.  Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor  et le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell doivent diriger une réunion téléphonique avec leurs homologues du G7 mardi matin.  L’épidémie de coronavirus a fait plonger la semaine dernière les marchés financiers, inquiets de ses répercussions sur l’économie. Les inquiétudes du G7 rejoignent l’expertise de nos deux auteurs Friedrich et Weik.

Olivier Renault

Image en vedette : pixabay

La source originale de cet article est Observateur continental


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