L’Ukraine cherche à justifier sa future offensive contre le Donbass à coup de « plan de paix » bidon et d’ultimatum

par Christelle Néant.

Alors que les préparatifs de l’Ukraine pour une offensive contre le Donbass sont de plus en plus évidents, Kiev essaye désormais de justifier sa future violation flagrante et majeure des accords de Minsk, en la présentant comme la réponse nécessaire en cas de refus de son nouveau « plan de paix » par la Russie, en mode chantage et ultimatum (en gros soit vous acceptez nos conditions, soit on sort les canons).

Le « plan de paix » de l’Ukraine pour le Donbass

Le premier à avoir sorti le « plan de paix » de l’Ukraine pour le Donbass de son chapeau, fut Andreï Yermak, le chef de cabinet du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Yermak a en effet déclaré lors d’une discussion en ligne concernant le conflit dans le Donbass, que l’Ukraine a finalisé un plan de règlement pacifique du conflit dans le Donbass, proposé par la France et l’Allemagne, et attend son approbation par la Russie (sauf qu’encore une fois ce n’est pas avec Moscou que Kiev doit négocier mais avec la RPD et la RPL, mais bon, passons).

« Aujourd’hui, il y a sur la table un plan concret de règlement pacifique, proposé par l’Allemagne et la France, finalisé par l’Ukraine, qui, à notre avis, répond à l’esprit des accords de Minsk, et est conforme aux normes du droit international… », a déclaré Yermak.

Selon lui, il s’agit d’une « mesure très forte » proposée par l’Allemagne et la France. Il a exprimé l’espoir que le plan devienne « le sujet d’une discussion forte dans une semaine ou deux » lors d’une vidéoconférence au Format Normandie.

Le premier problème c’est que l’évaluation par l’Ukraine de ce qui correspond ou non aux accords de Minsk, est le plus souvent très loin de la réalité. Pour rappel, Kiev soutient que son plan de feuille de route, qui viole les accords de Minsk à 75%, est conforme à ces derniers ! Et le contenu du plan n’ayant pas été communiqué, il est impossible de vérifier les dires d’Yermak.

C’est d’ailleurs là que se situe le deuxième et plus gros problème : personne n’est au courant de ce fameux « plan de paix » pour le Donbass proposé par l’Ukraine, et personne n’a vu un tel plan être proposé par la France ou l’Allemagne !

De Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, au représentant de la RPL (République Populaire de Lougansk) au sein du groupe de contact trilatéral, Rodion Mirochnik, en passant par le politologue Vladimir Jarikhine, personne n’est au courant de ce « plan de paix », ni n’en a vu la moindre ligne !

Rodion Mirochnik a ainsi déclaré qu’« aucun nouveau document n’a été présenté au groupe de contact [trilatéral] ». Pour lui la seule possibilité serait qu’un tel document ait été discuté au niveau des conseillers politiques du Format Normandie, mais puisque les six dernières réunions du groupe de contact trilatéral n’ont rien donné « il est peu probable qu’il ait sérieusement attiré l’attention ».

« Si de nouvelles options convenues sont trouvées au Format Normandie, ces recommandations devraient être envoyées au groupe de contact pour parvenir à des accords finaux entre les parties au conflit – Donbass et Kiev. Jusqu’à présent, hélas, il n’y a pas de projets convenus ou d’accords conclus », a déclaré le représentant de la RPL.

Sauf que Peskov ayant annoncé qu’il n’est au courant d’aucun « plan de paix » pour le Donbass de la part de l’Ukraine, la probabilité qu’un accord ait été conclu au niveau des conseillers politiques du Format Normandie est proche de zéro. Si un tel accord avait été trouvé, la Russie serait au courant !

Sans parler de la France et de l’Allemagne qui auraient dû annoncer publiquement l’élaboration d’un tel plan. Or, de ce côté là aussi il n’y a rien, comme l’a souligné Vladimir Jarikhine, le chef adjoint de l’Institut des pays de la CEI.

« Je n’ai pas entendu parler d’un quelconque plan proposé par l’Allemagne et la France. Ils n’ont pas annoncé publiquement ce plan. Zelensky mène manifestement une campagne de politique intérieure destinée à une audience nationale, mais dans le même temps, il embarrasse les dirigeants d’autres pays qui ne sont pas au courant de ce plan. En d’autres termes, il s’agit d’un nouvel épisode de « Serviteur du peuple », et non de la vraie politique. C’est son fantasme », a déclaré Jarikhine.

« Où est ce plan de l’Allemagne et de la France ? Est-il publié ? Non. Est-il annoncé par les dirigeants allemands et français ? Non. Est-ce qu’il existe au moins ? Et qu’est-ce que Zelensky a finalisé, en fait ? S’il n’a pas été publié ni annoncé, a-t-il été élaboré secrètement ? Et surtout, sans l’un des principaux membres du Format Normandie – la Russie ? À mon avis, il s’agit d’un fantasme de Zelensky et d’un jeu destiné à un public interne », a noté l’expert.

Jarikhine a rappelé que la cote de Zelensky est en baisse à cause du fait qu’il n’a pas appliqué sa promesse de mettre fin à la guerre dans le Donbass : « Ce sont des tentatives convulsives de dépeindre quelque chose qui, très probablement, n’existe pas réellement. » Dans le même temps, il a exprimé l’espoir que Paris et Berlin n’élaborent pas un plan en secret pour l’imposer à la Russie.

L’ultimatum de Kiev

Si Jarikhine craint une tentative d’imposer à la Russie un plan par la force, c’est que les propos des officiels ukrainiens tiennent plus de l’ultimatum que de la négociation.

En effet, après la déclaration d’Yermak, c’est Léonid Kravtchouk qui a amené le « plan de paix » de l’Ukraine pour le Donbass sur la table, mais cette fois il est annoncé que Kiev proposera ce plan pour examen au groupe de contact trilatéral, et que s’il n’est pas accepté, une résistance plus active commencera. Mais Kravtchouk précise qu’il s’agira de défense et non d’une attaque.

« Nous savons que des troupes sont envoyées en masse [côté RPD et RPL – NDLR], que des entraînements et des exercices ont lieu. Mais l’armée ukrainienne n’est plus la même qu’il y a cinq ans – nous sommes prêts à défendre notre terre », a-t-il déclaré.

Bon déjà on part mal dès le début rayon mensonges, parce qu’en fait c’est du côté ukrainien qu’on voit une accumulation claire de troupes et de pièces d’armement lourd sur la ligne de front. Kiev ne s’en cache même pas puisque les vidéos de trains chargés d’équipement militaire circulent partout sur internet ! Il n’y a en revanche rien de tel côté RPD et RPL, comme le montrent les données de l’OSCE.

Kravtchouk a ensuite ajouté que l’Ukraine « n’attaquera jamais en premier », mais que « si l’autre camp refuse [le plan de paix – NDLR], il ne nous restera qu’une seule chose à faire : nous défendre »

Il a souligné que le pays ne peut pas ignorer les menaces, et qu’il y répondra « de manière miroir », « mais sans provoquer d’actions dangereuses pour la vie des gens ».

Là au rayon hypocrisie on touche le fond. Car il faut avoir la mauvaise foi chevillée au corps pour prétendre que l’Ukraine n’attaquera jamais en premier et qu’elle ne provoquera pas d’action dangereuses pour la vie des gens, alors que c’est l’armée ukrainienne qui viole massivement le cessez-le-feu depuis des mois, et qui tire délibérément sur les habitations civiles de la RPD !!!

En fait la déclaration de Kravtchouk est une tentative lamentable de l’Ukraine de justifier par avance sa future offensive en la présentant comme une « défense » motivée par le fait que la Russie refusera son « plan de paix » pour le Donbass, qui n’est en réalité certainement rien d’autre que la somme des fantasmes de Kiev déjà exprimés, et qui sont tous contraires aux accords de Minsk.

Une telle méthode n’est ni plus ni moins qu’un ultimatum de la part de l’Ukraine et une tentative d’imposer sa version du règlement du conflit du Donbass par le chantage, comme l’a déclaré la ministre des Affaires étrangères de la RPD, Natalia Nikonorova.

« Au lieu de commencer enfin à travailler de manière substantielle et consciencieuse dans le processus de paix pour résoudre le conflit dans le Donbass, les représentants ukrainiens ont décidé de faire directement du chantage aux Républiques. Le chef de la délégation ukrainienne à Minsk affirme que Kiev va proposer une sorte de « plan de paix » au sein du groupe de contact trilatéral. Un plan de paix dont nous entendons parler pour la première fois. En même temps, il est très révélateur que M. Kravtchouk déclare ouvertement : si le Donbass n’accepte pas ce « plan de paix », on nous proposera un scénario militaire – en d’autres termes, la délégation ukrainienne dit directement qu’il est plus intéressant au sein du groupe de contact de ne pas négocier mais de lancer des ultimatums », a déclaré la ministre.

Natalia Nikonorova a rappelé que ce n’est pas le premier « plan de paix » mentionné par les autorités ukrainiennes, et qu’en six ans d’existence des accords de Minsk, tous les délires possibles et imaginables ont déjà été proposés par les officiels ukrainiens, y compris la fameuse « feuille de route » qui viole les accords de Minsk à 75%, en exigeant que la RPD et la RPL se désarment, laissent entrer l’armée ukrainienne, et « seulement ensuite Kiev examinera si elle mettra en œuvre ses engagements au titre du paquet de mesures ».

« Nous ne doutons donc pas que le « scénario de paix » annoncé par M. Kravtchouk soit une nouvelle tentative de l’Ukraine pour éviter de mettre en œuvre les accords de Minsk. Mais c’est précisément dans ceux-ci que se trouve le seul chemin possible vers la paix. Et si Kiev veut vraiment renouer avec cette paix, il n’est pas nécessaire d’inventer une façon de « moderniser » les accords de Minsk, d’essayer de les remplacer par de nouveaux « scénarios » ou de remplacer le statut spécial du Donbass clairement défini dans le paquet de mesures par des lois sur l’internement, la justice transitionnelle, le collaborationnisme et d’autres termes détachés de la réalité », a ajouté la ministre.

Mme Nikonorova a aussi souligné les incohérences qui existent entre les paroles des officiels ukrainiens et la réalité, et a appelé l’Ukraine à enfin définir le mécanisme de coordination prévu dans les mesures additionnelles de contrôle du cessez-le-feu.

« L’Ukraine doit simplement entamer un travail à part entière et coordonné avec nous pour mettre en œuvre les accords conclus. Et avant tout, de convenir d’un nouveau paquet de mesures pour renforcer le régime de cessez-le-feu et aussi d’établir une coopération directe entre le CCCC [Centre Conjoint de Contrôle et de Coordination du cessez-le-feu – NDLR] de l’Ukraine, le CCCC de la RPD et le CCCC de la RPL. Sinon, nous nous retrouvons dans une situation paradoxale : Kravtchouk parle, dans ses longues déclarations dans les médias, de la volonté de paix de l’Ukraine, alors qu’en réalité les forces armées de ce pays continuent de bombarder des zones résidentielles du Donbass, y compris avec des armes interdites par les accords de Minsk, continuent d’avancer leurs fortifications vers nous et continuent de placer leurs armes dans des zones habitées, sachant pertinemment que nous ne tirons pas sur des civils. Dans le même temps, toutes nos propositions visant à clarifier et à actualiser les mesures destinées à renforcer le régime de cessez-le-feu, en particulier le mécanisme de coordination, sont ignorées par Kiev sans le moindre argument intelligible », a déclaré la ministre et représentante de la RPD au sein du groupe de contact trilatéral.

Natalia Nikonorova a conclu en dénonçant le chantage de l’Ukraine envers la RPD et la RPL, et en rappelant à Léonid Kravtchouk que son rôle est de négocier et non de relancer la guerre.

« Les représentants ukrainiens se livrent à un véritable chantage en public, annonçant leurs initiatives prétendument pacifiques mais menaçant en réalité de faire la guerre. Néanmoins, nous rappelons à M. Kravtchouk que sa tâche consiste à assurer la mise en œuvre effective des accords de Minsk convenus avec les représentants du Donbass et non à provoquer une reprise de la phase « chaude » du conflit », a-t-elle conclu.

Si l’Ukraine espérait faire plier tant la Russie, que la RPD et la RPL avec ses menaces et ses tentatives de chantage, c’est raté. Quant aux tentatives lamentables de Kiev de justifier une future offensive dans le Donbass via cet ultimatum au « plan de paix », la manœuvre est tellement grossière et pitoyable qu’il n’est nul besoin de s’appesantir dessus plus avant.

Christelle Néant


source : https://www.donbass-insider.com/fr/


>> OFFENSIVE MÉDIATIQUE DE L’UKRAINE CONTRE LE DONBASS ET LA RUSSIE – L’ATTAQUE DES CLONES


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *