Venezuela : gouvernement et opposition vont entamer des négociations au Mexique

   

 

Le président vénézuélien Nicolas Maduro s’entretient avec deux athlètes qui ont remporté les médailles d’argent aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, au palais de Miraflores à Caracas, Venezuela, le 10 août 2021. (illustration)

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Le gouvernement vénézuélien et l’opposition s’apprêtent à entamer un dialogue au Mexique, dans le cadre de négociations sous l’égide de la Norvège, pour tenter de débloquer la crise politique et économique sans précédent que traverse le pays.

De nouvelles négociations vont réunir pouvoir et opposition vénézuéliens au Mexique dans le cadre de pourparlers sous la médiation de la Norvège, qui a lancé sa première initiative dans ce sens en 2019, sans succès. «Ce processus est plus élaboré et mieux construit que les précédents», a déclaré à l’AFP une source proche des négociations, en référence à l’échec de celles menées en 2018 en République dominicaine sous les auspices de l’ancien Premier ministre espagnol José Luis Zapatero. Une réunion pré-organisationnelle se tient ce 13 août, à Mexico, avant le début officiel du dialogue le 30 août. Elle devrait permettre de définir la méthodologie de travail et le calendrier des prochaines réunions. Ce dialogue se tiendra quelques mois avant les élections régionales prévues le 21 novembre.

Levée des sanctions contre élections «libres»

«Nous avons formulé un ensemble de demandes, d’exigences que nous maintenons fermement» avec «tout d’abord la levée immédiate de toutes les sanctions», a prévenu le président Nicolas Maduro, en référence à la batterie de mesures coercitives contre le pays, dont un embargo pétrolier américain, renforcé sous Donald Trump et poursuivi depuis l’accession au pouvoir de Joe Biden. Le gouvernement vénézuélien exige également la «reconnaissance des autorités légitimes et constitutionnelles» du pays et que l’opposition «renonce à la violence».

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L’opposition, menée en partie par Juan Guaido, exige pour sa part un nouveau calendrier électoral, incluant le scrutin présidentiel prévu en 2024, avec des garanties sur la légitimité du vote, ainsi que la libération des «prisonniers politiques». Mais l’opposition est très divisée et ne semble plus être en mesure de revendiquer un départ immédiat du président Maduro. Juan Guaido, ancien président de l’Assemblée reconnu en janvier 2019 comme président par intérim par près d’une soixantaine de pays, dont les Etats-Unis et l’Union européenne, a perdu de son poids et de sa crédibilité au sein de l’opposition qui le juge trop radical et «vendu» à Washington.  «Le tout ou rien n’est pas bon», a commenté l’opposant et ancien candidat à la présidence Henrique Capriles en référence à l’ultimatum qu’avait tenté  sans succès d’imposer Juan Guaido avec l’appui de Washington depuis 2019, en posant comme préalable à tout dialogue le départ du président Maduro du pouvoir. Le processus actuel de dialogue fait suite à une négociation interne dirigée par Henrique Capriles, et a abouti à la libération de certains prisonniers d’opposition et à la mise en place de nouvelles autorités électorales. Sous l’impulsion de Capriles, l’opposition a montré des signes de bonne volonté en laissant entrevoir la possibilité d’une participation aux élections de novembre, mais n’a pas annoncé si elle se présenterait en tant que bloc unitaire.

Les Etats-Unis omniprésents

Si les Etats-Unis ne seront pas officiellement à la table de ces négociations, nombre d’observateurs s’accordent à dire qu’ils y seront omniprésents.

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«Les Etats-Unis sont ceux qui ont la vraie force à cette table», estime l’universitaire vénézuélien Félix Seijas, directeur du cabinet d’études statistiques Delphos, cité par le journal vénézuélien El Universal. Etant donné que les sanctions de Washington seront le sujet central du débat, les seuls qui ont le pouvoir «de déplacer le bouton» sur cette question sont les Etats-Unis eux-mêmes, a-t-il expliqué.

Nous sommes disposés à revoir les politiques de sanctions sur la base de progrès significatifs dans les négociations globales

Selon le quotidien vénézuélien, Washington a accepté le mois dernier de lever l’une des sanctions pour permettre aux entreprises non américaines d’exporter du gaz de pétrole liquéfié utilisé pour la cuisine au Venezuela. Cette décision a été considérée comme un «geste de bonne foi» pour promouvoir le dialogue. A la question de savoir si Washington prévoyait d’assouplir le régime de sanctions contre le Venezuela, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a déclaré le 12 août que cela «exige[ait] que le régime de Maduro participe à des discussions sincères avec l’opposition».

«Nous sommes disposés à revoir les politiques de sanctions sur la base de progrès significatifs dans les négociations globales», a-t-il ajouté. Si la Norvège a joué le premier rôle dans la mise en place de ce processus de dialogue, la Russie et l’Union européenne y sont également activement impliquées. Le ministère russe des Affaires étrangères a dit souhaiter que les négociations bénéficieraient d’une «assistance internationale efficace», tout en affirmant que les Vénézuéliens devaient résoudre leurs problèmes par eux-mêmes. Le Venezuela traverse une crise économique sans précédent avec huit années consécutives de récession et une chute du PIB de 80% depuis 2014. En juin, les Etats-Unis, le Canada et l’Union européenne ont exprimé leur volonté de «revoir» les sanctions contre le pays s’ils constatent «des progrès significatifs dans une négociation globale» en vue d’élections «crédibles, inclusives et transparentes». Meriem Laribi


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