Dans la foulée de la conférence de Palerme, l’émissaire onusien pour la Libye fait le point sur sa mission. Entre avancées sécuritaires et flou institutionnel, Ghassan Salamé veut croire en de réels progrès.
Jeune Afrique : Vous êtes chargé du dossier libyen à l’ONU depuis un an et demi. Quel bilan tirez-vous ?
Ghassan Salamé : Première avancée : nous avons ramené la mission de l’ONU à Tripoli ! Et j’espère que nous ouvrirons bientôt une section à Benghazi. Vous n’imaginez pas les complications que cela a causées, mais c’était important de le faire. Sans cela, notre impact sur le terrain aurait été extrêmement limité. Nous avons ensuite commencé à mettre en place le plan d’action que le Conseil de sécurité de l’ONU a accepté à l’automne 2017. Chaque élément a connu un début d’exécution. Tous n’en sont pas au même stade : certains sont à 20 %, d’autres à 40 %.
La sécurité par exemple ?
À Tripoli, la situation a récemment connu des développements positifs. Non seulement nous avons négocié avec succès le cessez-le-feu, mais nous avons également réussi à convaincre les autorités de mettre en place un vrai plan de sécurité, conçu pour la première fois par des officiers de police professionnels. Nous avons aussi contribué à la mise en place d’un centre d’opérations chargé de surveiller le respect de ce cessez-le-feu.
Enfin, le nouveau ministre de l’Intérieur, Fathi Bashagha [qui a remplacé Abdessalam Achour], s’est engagé à appliquer le plan de sécurité pour le grand Tripoli. Nous sortons de cette phase où les trêves étaient constamment rompues par les groupes armés. Nous sommes passés à une logique d’État. Aurons-nous des résultats en deux jours ? Certainement pas. Mais la nouvelle voie est bien tracée.
Jihad Gillon /JeuneAfrique / 27.11.2018