Le Mossad, un ministère des Affaires étrangères bis ?

    LE 26/11/2020

Le véritable artisan des accords de rapprochement de l’Etat hébreu avec les pays arabes, ce serait lui : le Mossad. Plus précisément, le chef des renseignements israéliens, Yossi Cohen. Entretien avec Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement.

A droite, le patron du Mossad Yossi Cohen aux côtés de Benyamin Netanyahou. Photo prise en 2015 au Ministère des affaires étrangères israélien  .                                                                                               • Crédits : GALI TIBBON – AFP

Le chef du Mossad Yossi Cohen est de toutes les visites et voyages de Benyamin Netanyahou – officiels et non officiels. Il était auprès de lui lors de la signature des accords de rapprochement avec les Emirats arabes unis et le petit archipel de Bahreïn en octobre. D’après les médias israéliens, il était aussi de la visite censée rester secrète, lundi, du Premier ministre israélien en Arabie saoudite pour rencontrer le prince héritier du royaume Mohammed Ben Salman, et le secrétaire d’Etat américain en tournée d’adieu, Mike Pompeo.

Si les autorités saoudiennes démentent cette visite, et ne semblent pas pour l’instant prêtes à reconnaître officiellement Israël, elles ne se sont pas opposées à ce que ses alliés arabes franchissent le pas… Le fruit d’un long travail diplomatique occulte mené non par les diplomates, mais par les services secrets israéliens.

Le Mossad, compte-tenu du statut tout à fait particulier de l’Etat d’Israël, a créé en son sein un département spécifique chargé de l’action politique et des liaisons internationales. Il est chargé notamment de gérer les relations officielles avec les pays qui ne reconnaissent pas l’État d’Israël, mais avec lesquels il est possible de faire du business – soit d’échanger des renseignements, soit de préparer une future reconnaissance diplomatique. Les Israéliens utilisent beaucoup cette division du Mossad et leur diaspora pour établir des liens durables avec un certain nombre de pays arabes, et ce qu’ils considèrent comme une menace iranienne sur leur sécurité a contribué à renforcer considérablement ces liens – qui ne sont pas officiels. Il faut rappeler qu’il y a quelques années, les Saoudiens avaient accordé aux Israéliens l’utilisation potentielle d’une de leurs bases aériennes ,au cas où ils se décideraient à frapper l’Iran.       Eric Denécé


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