Nguyen Than Vinh, ambassadeur du Vietnam en Algérie : Hisser l’économie à la hauteur du politique et du «potentiel des deux pays»

    En dépit de ses faiblesses structurelles en voie d’assainissement grâce aux réformes continues et l’ouverture de son marché à l’international, le Vietnam et son économie affichent, aujourd’hui, des performances indiscutables et des caractéristiques d’un futur «tigre» asiatique qu’on peut également percevoir à travers le front de lutte anticovid. Partageant avec l’Algérie des relations politiques historiques et sans nuages, les deux pays affichent un très modeste niveau d’échange économique et commercial. Une situation que l’ambassadeur du Vietnam souhaite changer avec une implication plus forte des investisseurs algériens et vietnamiens.

Propos recueillis par Nordine Azzouz


Reporters : En ces temps de crise sanitaire mondiale, la première question qui vient à l’esprit est comment le Vietnam gère-t-il cette crise et quelle incidence humaine et matérielle a-t-elle jusqu’à présent sur le pays ? A suivre l’actualité vietnamienne, le pays s’efforce de disposer d’un vaccin anti-COVID-19 fabriqué» dans le pays. Où en est la recherche et les essais vietnamiens à ce sujet ?

Son Excellence Nguyen Than Vinh : Comme vous le savez, le Vietnam a très bien contrôlé l’épidémie, le nombre de cas est très faible par rapport aux autres pays du monde. Cela est dû à notre expérience dans la lutte contre l’épidémie de SARS en 2003. Nous avons réagi très rapidement par des mesures concrètes. En tant que producteur de textile, le Vietnam a répondu à la demande intérieure de masques, même à l’exportation. Grâce à l’innovation technologique, le Vietnam a produit des kits de test dépistage. Nous avons tracé et isolé les personnes ayant contact avec le cas positif, cette mesure a été appréciée par la communauté internationale. En outre, nous avons lancé une application de traçage pour contrôler l’épidémie.
En ce qui concerne les vaccins, le Vietnam a produit quelques types de vaccin. Les essais cliniques des deux vaccins anti-COVID-19 recherchés et développés par le Vietnam, Nano Covax et COVIVAC, sont en train d’être effectués. Par exemple, en avril, les deuxièmes injections de la deuxième phase des tests du vaccin anti-COVID-19 Nano Covax ont été mises en œuvre sur 551 volontaires, tandis que 66 autres personnes ont reçu la première injection de la première phase. Les tests ont montré des résultats sûrs. Tous les volontaires qui ont reçu deux injections de la 2e phase ont un état de santé stable. Certaines personnes éprouvent des effets secondaires légers tels que gonflement du site d’injection, douleurs musculaires et articulaires, mais ces réactions disparaissent rapidement après le repos. La troisième phase des tests du vaccin anti-COVID-19 Nano Covax va être prochainement effectuée sur plus de 1000 volontaires.
Jusqu’au début de mai 2021, le bilan national de l’épidémie enregistre plus de 3.000 cas positifs et 35 décès.

Le Vietnam est une destination touristique et d’affaires importante. C’est un pays membre de l’ASEAN. Le sommet qui s’est déroulé le 24 avril dernier à Djakarta a été l’occasion d’aborder la question de l’ouverture ou non des frontières à la libre circulation des personnes. Certains Etats membres envisageraient déjà cette ouverture. Quelle est la position de Hanoï sur ce dossier ?
Lors du sommet susmentionné, les dirigeants de l’ASEAN ont affirmé que la haute priorité actuelle de l’ASEAN est d’intensifier la lutte contre la pandémie et de reprendre tous les secteurs. Les pays membres sont convenus de continuer à mettre en œuvre efficacement les initiatives contre l’épidémie de Covid-19 adoptées en 2020, de les achever prochainement et de mettre en œuvre le plan d’utilisation du Fonds de réponse de l’ASEAN au Covid-19 pour acheter des vaccins et aider les personnes, les entreprises à stabiliser leur vie, à restaurer la production. Les pays ont exprimé leur grand soutien à l’initiative visant à renforcer la synergie de l’ASEAN en réponse aux catastrophes naturelles (Initiative ASEAN SHIELD) proposée par le Président du Brunei. La position du Vietnam est que la navigation internationale ne pourrait être rouvert que si cela n’affecte pas la lutte contre la pandémie.

Le Président Nguyên Xuân Phuc préside actuellement le Conseil de sécurité des Nations unies. Le 19 avril, il a conduit un débat sur le « Renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales pour promouvoir l’instauration de la confiance et le dialogue dans la prévention et la résolution des conflits ». Cela nous amène à vous poser la question sur la politique étrangère du Vietnam depuis le dernier congrès du parti au début 2021, un évènement qu’on suit attentivement de l’extérieur depuis le congrès du Đổi Mới en 1986. Quelles sont selon vous les lignes de continuité et de changement de votre pays dans ses relations à l’international ?

Sur la politique étrangère du Vietnam, je voudrais réaffirmer que le Vietnam est ferme et persévérant dans sa politique étrangère d’indépendance, d’autonomie, de paix, de coopération et de développement, de multilatéralisation et diversification des relations extérieures, d’intégration internationale proactive et active. Le Vietnam est prêt à être un ami et un partenaire fiable des pays de la communauté internationale, dans un esprit de coopération avec tous les pays sur la base du droit international, de l’égalité et des avantages mutuels.
Se basant sur les résultats du XIIIe Congrès national du Parti Communiste du Vietnam, la politique étrangère du Vietnam mettra en pratique la Résolution de ce Congrès avec quatre priorités : premièrement, il est nécessaire de se concentrer sur l’approfondissement des relations avec tous les partenaires importants du Vietnam, en particulier les pays voisins, les partenaires stratégiques, les partenaires intégraux et les amis traditionnels. Lorsque nous aurons de bonnes relations avec ces pays, l’environnement pacifique, stable et les coopérations seront sûrement plus solides et durables.

Deuxièmement, dans les temps à venir, le secteur diplomatique concentrera tous ses efforts pour servir le développement national, la diplomatie politique, la diplomatie culturelle, le travail liés aux Vietnamiens d’outre-mer devant tous servir les objectifs de développement. En particulier, nous nous concentrerons sur la diplomatie économique, en cherchant à mettre à profit des ressources extrinsèques pour renforcer les facteurs intrinsèques. La coopération internationale aide le Vietnam à se développer, à réaliser ses objectifs.
Troisièmement, le statut du Vietnam sur la scène internationale a été amélioré ces dernières années. La diplomatie multilatérale est fermement mise en œuvre et nous nous concentrons sur une participation active et proactive aux forums et organisations multilatérales, pour pouvoir participer ainsi à façonner et développer des règles de jeu durant l’intégration internationale. Nous aurons également des initiatives pour continuer à relever le statut du pays en tant que membre responsable de la communauté internationale.
Quatrièmement, le Vietnam a une diaspora en pleine croissance d’environ 5,3 millions de personnes. Ces derniers temps, en raison de l’épidémie de COVID-19, de nombreuses activités ont été interrompues, mais la protection du citoyen a été renforcée.

Selon le programme de travail proposé par le Vietnam au Conseil de sécurité pour le mois d’avril, 15 réunions publiques et dix autres à huis-clos ont été programmées pour discuter des questions de la paix et de la sécurité en Syrie, en Libye, au Yémen, au Soudan, au Soudan du Sud, au Mali, de la Région des Grands Lacs, du Sahara occidental, de la Colombie et du Kosovo. Quelle est la position de Hanoï par rapport à ces dossiers et par rapport à celui du Sahara occidental en particulier? Qu’en est-il de la Birmanie ?

Je tiens à souligner que dans un esprit de primauté du droit international et de volonté de la paix, le Vietnam souhaite que tous les différends internationaux soient réglés par la voie pacifique basant sur les négociations entre les parties concernées, conformément au droit international et la Charte de l’ONU.
En ce qui concerne la situation au Myanmar, en tant que voisins dans la région et tous deux membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Vietnam a suivi de près la situation actuelle au Myanmar. Le Vietnam souhaite que le Myanmar stabilise bientôt sa situation pour construire et développer le pays pour la paix, la stabilité et la coopération dans la région, et poursuivre le processus de construction de la Communauté de l’ASEAN.
Hanoï et Alger entretiennent une relation politique forte, plutôt modeste sur les plans économique et commercial. Comment les échanges entre les deux pays ont-ils évolué durant ces cinq dernières années. Par quel biais est-il possible de les améliorer ?
Le Vietnam et l’Algérie partagent des relations liées étroitement par le passé qui leur a laissé un héritage commun servant de base à leur relation d’amitié qui se sont de plus en plus accentuées depuis plus d’un demi-siècle. Les deux pays se sont toujours solidarisés et soutenus mutuellement dans leurs luttes pour la préservation de l’indépendance ainsi que dans la construction et le développement de chaque pays.
Sur le plan économique, actuellement, l’Algérie, se classant quatrième importateur du Vietnam en Afrique, est devenue l’un des partenaires africains les plus importants du Vietnam. Les échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté, atteignant le volume de 190 millions de USD en 2019. Cependant, il est vrai que les relations économiques ne sont pas à la hauteur des relations politiques et du potentiel de nos deux pays.
Quant au futur, je souhaite que les deux pays continuent à renforcer les relations politiques, à renforcer les échanges des délégations, notamment de haut niveau. Ensuite, j’espère que les accords de coopération vont être mieux appliqués, de manière efficace. Dans la coopération économique, le fait que l’Algérie mette en œuvre la réforme afin de diversifier rapidement ses exportations hors-hydrocarbures, de booster le secteur minier et de développer l’agriculture au Sahara du sud algérien créera des opportunités de coopération entre les opérateurs algériens et ses partenaires vietnamiens, ayant beaucoup expériences dans l’exploitation des mines, la transformation des produits agricoles, la fabrication des produits de consommation. Pour sa part, le Vietnam appelle les entreprises algériennes à investir au Vietnam – la porte d’entrée aux marchés asiatiques, notamment ceux des pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) de 650 millions de consommateurs.
Du côté vietnamien, les domaines qui intéressent nos investisseurs sont l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz, des mines, la transformation agro-alimentaire, etc. J’espère qu’avec la réforme économique actuelle en Algérie, on peut voir à l’avenir des hommes d’affaires vietnamiens venir s’implanter et investir dans le pays en particulier, notre coopération multidimensionnelle s’épanouit.

Pham Minh Chinh a été élu Premier ministre du gouvernement vietnamien lors de la 11e session de la 14e législature de l’Assemblée nationale vietnamienne, le 5 avril dernier. Quelles sont les priorités qui s’imposent à lui ?

Lors de la cérémonie d’investiture en avril 2021, le Premier ministre Pham Minh Chinh a présenté 5 priorités du gouvernement : Premièrement, il s’agit de construire un plan d’action pour concrétiser la mise en œuvre de la Résolution du XIIIe Congrès du Parti ; continuer à perfectionner les institutions, les mécanismes et les politiques, en particulier les institutions de l’économie de marché à orientation socialiste ; renouveler vigoureusement le modèle de croissance, restructurer l’économie ; renforcer la décentralisation, en même temps définir clairement les responsabilités collectives et individuelles pour promouvoir la créativité de tous les secteurs de tous les niveaux.
Deuxièmement, il s’agit de continuer à promouvoir la construction d’un État de droit socialiste du peuple, par le peuple, pour le peuple; respecter la primauté du droit ; renforcer la discipline dans le système administratif de l’État et dans l’ensemble de la société ; réformer fermement l’administration nationale sur la base de la promotion de la maîtrise du peuple, s’appuyant sur le peuple pour superviser et contrôler le pouvoir ; prévenir de manière proactive, intensifier résolument et constamment la lutte contre la corruption, le gaspillage, la bureaucratie et la négativité avec des institutions, des mécanismes et des solutions solides, cohérents et efficaces. En même temps, des mécanismes sont établis pour encourager et protéger les innovateurs qui osent à penser, à faire, à assumer la responsabilité en faveur des intérêts communs.
Troisièmement, il s’agit de gérer, mobiliser et utiliser efficacement toutes les ressources pour le développement national ; promouvoir le développement d’infrastructures stratégiques ; attacher de l’importance à la transformation numérique nationale et au développement économique numérique sur la base du développement scientifique et technologique; concentrer sur l’élimination des difficultés et des obstacles à tous les secteurs de tous les niveaux, y compris les collectivités locales, les entreprises et les citoyens ; créer l’environnement et les conditions plus favorables pour la production et les affaires; prévenir de manière proactive et adopter des solutions efficaces pour surmonter les impacts négatifs des catastrophes naturelles, du changement climatique, de la pollution de l’environnement, des épidémies, en particulier de la pandémie Covid-19.
Quatrièmement, il s’agit de défendre fermement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale ; assurer la défense nationale, la sécurité et l’ordre et la sécurité sociale ; continuer à mettre en œuvre de manière cohérente la politique étrangère d’indépendance, d’autonomie, de multilatéralisation et de diversification pour la paix, la coopération et le développement ; s’intégrer activement, profondément et efficacement dans la communauté internationale; être un membre responsable et fiable de la communauté internationale.
Cinquièmement, il s’agit de mettre en place des mécanismes, des politiques et des conditions pour promouvoir les valeurs et la force humaines, la culture et la solidarité nationale qui sont une ressource importante et une moteur dans le développement du pays; adopter des solutions efficaces pour améliorer la qualité des soins médicaux, de l’éducation et de la formation ; accorder de l’importance au développement de ressources humaines de qualité, attirer et valoriser les talents ; développer un système de sécurité sociale complet en accordant plus d’attention aux minorités éloignées, frontalières, insulaires et aux vulnérables de la société; prendre soin de la vie matérielle et spirituelle du peuple afin que chacun ait une vie prospère, heureuse, civilisée et de sécurité.

Le 30 avril dernier, le Vietnam a célébré le 46e anniversaire de la libération du sud et la réunification du pays. Comment cet évènement a-t-il été commémoré cette année. Dans quelle situation sont les relations politiques et économiques actuellement entre Hanoï et Washington ?

Avec la Chine, autre partenaire économique et commercial important, le ministre vietnamien des Affaires étrangères Bùi Thanh Son a évoqué récemment la position favorable du Vietnam pour l’initiative «Deux corridors et un cercle économique» face à la «nouvelle route de la soie» de la Chine. Qu’en est-il exactement du bilatéral économique et commercial entre les deux pays ?
En ce qui concerne les États-Unis, je voudrais affirmer que les relations entre les deux pays s’approfondissent de plus en plus. Le Vietnam et les Etats-Unis ont établi le partenariat intégral et leur coopération s’est développée de manière forte et approfondie en tous domaines. En 26 ans de relations bilatérales et notamment depuis l’établissement de leur partenariat intégral, le Vietnam et les États-Unis ont connu des développements vigoureux dans des domaines, dont la coopération commerciale et économique et d’investissement. Le Vietnam prend en haute considération ses relations commerciales avec les États-Unis.
Le chiffre d’affaires du commerce entre le Vietnam et les États-Unis est passé de 450 millions USD en 1995 à plus de 90 milliards USD en 2020. Au premier trimestre 2021, les États-Unis étaient le plus grand marché d’exportation du Vietnam avec le volume de 21,2 milliards USD, soit une augmentation de 32,8% par rapport à la même période de l’année dernière.

Les investisseurs américains investissent également dans plus de 20 secteurs économiques, se classant au 11e rang des principaux investisseurs au Vietnam. La plupart des plus grandes entreprises américaines ont été présentes au Vietnam comme Exxon Mobil, Murphy Oil, Chevron, Boeing, Ford, Intel, Wal-Mart, Nike, Coca-Cola et P&G…

Avec la Chine, et sur la base du partenariat de coopération stratégique intégrale, les relations économiques et commerciales ces dernières années se sont développées très rapidement, contribuant à la croissance économique de chaque pays.
La Chine reste le premier partenaire commercial, le plus grand marché d’approvisionnement en matières premières et le deuxième marché d’exportation du Vietnam (après les États-Unis). Le principal moteur de croissance du commerce vietnamo-chinois en 2020 provient principalement des produits transformés et manufacturés (atteint 37,07 milliards USD, en hausse de 20,06%) et des matériaux de construction (atteint 3,12 milliards USD, en hausse de 104,09%)…
Selon les statistiques des douanes vietnamiennes, le chiffre d’affaires du commerce entre le Vietnam et la Chine en 2020 a atteint 133,09 milliards USD, en hausse de 13,8% par rapport à la même période en 2019. Les exportations du Vietnam vers la Chine ont atteint 48,9 milliards USD, en hausse de 17,9% ; les importations en provenance de Chine ont atteint 84,1 milliards USD, en hausse de 11,5% par rapport à la même période en 2019. Le déficit commercial avec la Chine s’élevait à 35,2 milliards de dollars, en hausse de 3,74% par rapport à 2019.
Selon les statistiques des douanes chinoises, le Vietnam est devenu le 6e partenaire commercial de la Chine en 2020, en hausse de 2 rangs par rapport à 2019.

Le Vietnam est également le 8e plus grand marché d’approvisionnement en matières premières et le 5e plus grand marché d’exportation de la Chine dans le monde.
En plus de bonnes relations économiques, les deux pays ont actuellement la différence sur la question de la Mer Orientale. À ce propos, le Vietnam et les pays membres de l’ASEAN préconisent de la régler par voie pacifique, sur la base du droit international, notamment la Charte des Nations Unies et la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer 1982 (CNUDM). En vue de maintenir la paix et de la stabilité et l’ordre juridique en mer basant sur des règles, les revendications des parties concernées doivent être clarifiées et conformes à la CNUDM ; ces dernières doivent respecter le principe de primauté du droit sur les mers et océans.

La santé économique du Vietnam est bonne. Elle est même performante, selon les observateurs. D’après le FMI, le PIB du Vietnam devrait s’établir à 6,5% cette année, un chiffre supérieur à la moyenne mondiale de 6%, avant de grimper à 7,2% en 2022. Selon Overseas Bank et HCBC, le taux de croissance économique du pays devrait atteindre 7,1% et 6,6%. Comment expliquez-vous cette évaluation positive des perspectives économiques futures du Vietnam ?

Malgré les évaluations compliquées de l’épidémie de Covid-19, le taux de croissance du PIB du Vietnam au premier trimestre de 2021 a atteint 4,5% (par rapport à la même période l’année dernière). Cette croissance devrait se poursuivre sur la base des activités d’importation et d’exportation positives, de la reprise des investissements du secteur privé et des investissements directs étrangers (IDE) maintenant la dynamique de croissance et de la reprise de la demande des consommateurs.
À moyen et long terme, les perspectives économiques du Vietnam sont positives pour les raisons suivantes :
(i) Le Vietnam participe aux nombreux accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux. L’intégration plus profonde avec la plus grande ouverture de l’économie aidera l’économie vietnamienne à se redresser rapidement après la pandémie.
(ii) Le Vietnam est l’un des pays les plus susceptibles de bénéficier du déplacement des chaînes d’approvisionnement vers des pays à faible coût de production.
(iii) La croissance des exportations du Vietnam est assez solide. Le chiffre d’affaires des exportations du Vietnam au cours des quatre premiers mois de l’année reflète la demande d’importations croissante de certains partenaires tels que les États-Unis, la Chine et l’UE. Les importations ont été plus élevées en raison de l’augmentation des achats de marchandises en provenance de Chine, de Corée du sud et des nations de l’Asie du sud-est.
(iv) Les investissements directs étrangers (IDE) enregistrés ont atteint une forte croissance pour le deuxième mois consécutif. Le Vietnam a attiré 4,6 milliards de dollars d’IDE en mars 2021, soit 34,0% de plus que le mois précédent. Cette augmentation est principalement due à un nouveau projet d’investissement de 3,1 milliards de dollars dans l’usine de gaz naturel liquéfié à Long An.
Le plus grand défi des mois restants de 2021 est la capacité de contrôler l’épidémie de Covid. La vaccination à grande échelle rendra les perspectives de reprise économique plus positives.

Le Vietnam reçoit près de 21,3 mds de dollars d’IDE des pays du CPTPP. Singapour et le Japon sont les plus grands investisseurs avec respectivement 13,5 milliards de dollars et 6,5 milliards. Comment expliquer cette attractivité ?

Le Vietnam est devenu une destination pour de nombreux investisseurs étrangers avec un grand capital d’investissement étranger direct qui augmente fortement à côté de nombreux projets à grande échelle et de haute technologie. Le total du capital enregistré pour la période 2011-2020 a atteint plus de 278 milliards USD, le total du capital réalisé a atteint 152,3 milliards USD, en augmentation de près de 6,9% / an, soit 22,8% du total du capital d’investissement social. Afin d’attirer les investisseurs étrangers, le Vietnam essaie toujours de maintenir :
(i) La stabilité sociopolitique au Vietnam a créé une forte confiance auprès des investisseurs nationaux et étrangers. Les capitaux d’investissement étrangers ont augmenté régulièrement ces dernières années, passant de 18,59 milliards USD en 2010 à 38,02 milliards USD en 2019.
(ii) L’environnement des investissements, des affaires et de la production au Vietnam s’améliore de plus en plus. Au cours de la décennie 2010-2019, la croissance économique a été en moyenne de 6,3%, soit le taux de croissance économique le plus élevé au monde. Le taux d’inflation a été à un niveau bas, la balance commerciale s’est évaluée dans le sens de l’excédent et le chiffre d’affaires annuel des importations et des exportations a fortement augmenté (en 2019, il a atteint 517 milliards USD). Les réserves nationales de devises augmentent, la dette publique diminue rapidement (soit 56,1% du PIB en 2019), la productivité du travail continue d’augmenter, la compétitivité du Vietnam s’améliore de plus en plus dans le classement du Forum économique mondial (en 2019 au 67e rang sur 141 pays et territoires). Par conséquent, ces dernières années, le Vietnam a fait des percées dans l’attraction des capitaux d’investissement étrangers.
(iii) Le système juridique du Vietnam est de plus en plus perfectionné. Le système juridique du Vietnam est constamment amélioré. Le système juridique et les politiques économiques ont été construits de manière relativement synchrone, conformément à l’économie de marché à orientation socialiste.
(iv) Système d’infrastructure technique: Système de zones industrielles, économiques et de lieux de commerce international. Selon les statistiques, en juin 2019, l’ensemble du pays compte actuellement plus de 326 zones industrielles et 17 zones économiques côtières. Le système de transport routier est modernisé, élargi et nouvellement construit pour faciliter les échanges entre les provinces, les villes et les régions économiques. La circulation des marchandises et des matériaux est également rapide et efficace.
(v) La qualité des ressources humaines est de plus en plus améliorée. Avec près de 100 millions d’habitants, la population du Vietnam est dans la période dorée, la population active représente une proportion élevée de la population totale (plus de 50%), le taux de croissance démographique moyen dans la période actuelle est d’environ 1,33%. Des ressources humaines jeunes ont des atouts tels que bonne santé, dynamisme, acquisition rapide des nouvelles technologies, mobilité aisée. La qualité des ressources humaines du Vietnam est de plus en plus améliorée grâce à l’intérêt du gouvernement sur l’investissement dans l’éducation publique. Les employés sont bien éduqués, ce qui a contribué à accroître la productivité du travail au Vietnam. Ainsi, on peut voir que les ressources humaines du Vietnam peuvent désormais apporter des avantages compétitifs dans l’attraction des investissements étrangers.

A regarder les rapports économiques sur votre pays, on relève que son infrastructure de transport reste en retard sur de nombreuses autres économies développées. Pourquoi ?

Au cours de ces derniers temps, l’infrastructure de transport du Vietnam a fait l’objet d’un grand intérêt et s’est progressivement améliorée dans le sens d’une synchronisation moderne au service du développement socio-économique. Cependant, le Vietnam est toujours confronté à de nombreux défis en matière de connectivité des transports: la qualité et le niveau de développement des infrastructures de transport ne sont pas uniformes au niveau national. Certains corridors commerciaux importants et passerelles internationales sont surchargés, tandis que d’autres ne profitent pas de la capacité. Les services logistiques sont sous-développés, en particulier au niveau national. Les embouteillages autour du port et des autoroutes nationales reliées au port entraînent des retards dans la circulation des marchandises.
On peut dire que le système d’infrastructure du Vietnam n’est toujours pas à la hauteur du rythme dynamique actuel du développement économique. Voici quelques-unes des principales raisons :
(i) La taille de l’économie n’est pas grande à côté d’une faible accumulation, ce qui entraîne une faible capacité d’investissement dans les infrastructures. Alors que le Vietnam est devenu un pays à revenu intermédiaire, cela signifie que les prêts étrangers pour le développement des infrastructures diminuent et nous devrons emprunter des prêts préférentiels avec des taux d’intérêt plus élevés.
(ii) Les politiques étatiques qui garantissent et partagent les risques avec les investisseurs dans les investissements d’infrastructures ne sont pas vraiment suffisamment attractives pour de nombreux investisseurs privés nationaux et étrangers.
(iii) En outre, le marché des capitaux au Vietnam est sous-développé, tandis que les banques commerciales sont limitées dans leur capacité à fournir des crédits pour l’investissement dans le développement des infrastructures.
(iv) Les caractéristiques d’un climat tropical, avec de nombreuses catastrophes naturelles et phénomènes climatiques extrêmes, augmentent également l’impact sur les infrastructures.
Actuellement, le Vietnam accélère la construction d’un cadre juridique lié à l’investissement en utilisant le modèle de partenariat public-privé (PPP) afin de pouvoir mobiliser davantage de ressources financières pour le développement des infrastructures au Vietnam des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque asiatique de développement, la Banque japonaise pour la coopération internationale, l’Agence Japonaise de Coopération Internationale… La résolution du 13e Congrès national du Parti communiste du Vietnam a choisi trois percées stratégiques, à savoir la percée en termes de réforme des institutions, celle de développement des ressources humaines et celle de développement des infrastructures.

Six Vietnamiens, cinq hommes et une femme, sont présents dans le dernier classement Forbes des plus riches du monde avec un patrimoine de 16,7 milliards de dollars US. Quel est la part du privé dans l’économie vietnamienne aujourd’hui et comment s’est faite cette synthèse entre l’économie du marché et les orientations du parti ?

L’économie privée a apporté une contribution importante à l’industrialisation et à la modernisation, changeant le visage du pays, marquant et renforçant la position et le prestige du Vietnam sur la scène internationale ; formant de nombreuses marques compétitives à l’échelle régionale et internationale. En effet, les noms de marques telles que Vinamilk, TH True milk, Thaco, Vinfast… ont affirmé la position des produits vietnamiens dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Si dans le passé, l’État était considéré comme une entité qui se tient au-dessus, gère et couvre le marché et la société, maintenant, le mode de gestion de l’État a radicalement changé. L’économie vietnamienne a déjà tous les éléments de l’économie de marché moderne selon des normes internationales: les entreprises doivent faire des concurrences pour survivre et se développer ; les prix des produits de base sont essentiellement fixés par le marché ; la production et la circulation devaient tenir compte du prix, de l’offre et de la demande du marché. Le marché joue le rôle direct dans la régulation de la production et de la circulation, la régulation des activités des entreprises, la mobilisation et l’allocation des ressources pour la production, etc. L’État n’a que la fonction de gestion générale, tout en rétrécissant progressivement le rôle de l’acteur économique. Cela limite et surmonte les effets négatifs du mécanisme de marché, afin de maintenir les grands équilibres de l’économie, de stabiliser l’économie, la société et d’articuler le développement économique avec le développement culturel, le progrès social et la protection d’environnement, etc.


 

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