Dos au mur, le Maroc boycotte la réunion de l’UA et renoue avec la politique de la chaise vide.
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«Le dossier est clos», clamait feu le roi Hassan II au point fort de l’affrontement avec le Front Polisario, tandis que le Président français Giscard d’Estaing lançait ses bombardiers «Jaguar» contre les combattants sahraouis utilisant les terribles bombes au phosphore. C’était sans compter sur la détermination du peuple sahraoui et ses nombreux soutiens et sympathisants.
À l’OUA (actuelle UA), le Maroc s’est retrouvé désavoué dans son aventure coloniale, politiquement isolé, ce qui a poussé le monarque marocain à recourir à l’insulte envers ses pairs africains, à se livrer à la danse de Saint-Guy, parlant de leurs délibérations au sein de l’organisation panafricaine. Un scandale, le Maroc n’a plus qu’à quitter les lieux ! C’était le 12 novembre 1984. C’est la politique de la chaise vide qui durera jusqu’en 2017. Les délégations marocaine et sahraouie venaient pourtant de prendre part ensemble aux travaux du 20e sommet de l’OUA à Addis Abeba, présidés alors par le Président tanzanien Julius Nyerere. Le chantage n’aura aucun effet sur la position de principe de l’OUA sur la question de la décolonisation. Mal en prit au royaume alaouite puisque sa démarche sera improductive, il se résoudra à rejoindre l’organisation continentale africaine dans sa nouvelle appellation, l’Union africaine (UE), espérant peser de l’intérieur pour faire accepter son annexion du Sahara Occidental.
Pour parvenir à ses buts, le Makhzen n’hésitera pas à recourir à tous les marchandages et à dépenser des sommes colossales en lobbying et en corruption de personnalités et de journalistes (français en particulier) de tous les horizons. Avec l’accord reconnaisance d’Israël contre la marocanité du Sahara Occidental, sous le parrainage de Donald Trump, il aura franchi le Rubicon. En vain.
Le Parti communiste français, qui soutient la cause sahraouie, vient de démasquer les menées marocaines en France (que soutient l’annexion). En effet, le Maroc mène «un lobbying de luxe» auprès des élus français dans l’objectif de faire la promotion de sa vision expansionniste au Sahara Occidental, a déclaré le député français et membre du Parti communiste français (PCF) Jean-Paul Lecoq qui souligne l’impératif pour l’ONU de faire respecter les accords de cessez-le-feu pour en finir avec le conflit qui envenime toute la région. Ces mêmes manœuvres de coulisses ont été éventées récemment pas un journal allemand dans le contexte de la crise diplomatique avec l’Allemagne provoquée par le Maroc qui tentait une opération de charme dans les pays de l’Europe centrale dans le but d’influencer Berlin sur la question du Sahara Occidental.
Le ministre des Affaires étrangères de sa majesté Mohammed VI n’a plus qu’à constater l’échec patent de la politique d’occupation du territoire sahraoui qui met au demeurant son amateurisme et sa politique bâtie sur le mensonge et les reniements. Ce constat sans appel vient une fois de plus s’imposer à l’opinion aussi bien africaine que mondiale. Une fois de plus, le Maroc veut fuir la réalité en rééditant le coup de la chaise vide. Il vient ainsi de décliner l’invitation de l’Union africaine (UA) à prendre part à la réunion tenue mardi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) sur le Sahara Occidental. Malgré toutes les tentatives du Maroc visant à duper les Etats membres pour éviter que la question sahraouie ne soit soulevée et ses manœuvres pour que le quorum ne soit pas atteint, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a tenu, mardi dernier par visioconférence, une réunion au niveau des chefs d’État et de gouvernement consacrée à l’examen du conflit au Sahara Occidental.
Selon les observateurs, en boycottant une réunion cruciale d’une des structures de l’Union africaine, quatre ans après l’adhésion du Maroc à l’organisation panafricaine (2017) et la signature et la ratification de son acte constitutif, après une absence de 33 ans, la diplomatie marocaine a une nouvelle fois échoué à prouver son sérieux s’agissant de la «rupture avec la politique de la chaise vide».
Il faut rappeler que le fait que le Maroc ait réintégré l’UA sans condition ni réserve et signé son acte constitutif ainsi que la ratification du document, à l’unanimité, par le Parlement lui impose, en sa qualité d’État membre, de «se soumettre aux exigences, dispositions, principes et objectifs de la charte». La rupture du cessez-le-feu en novembre dernier, signé en 1991, se veut un coup de force afin d’imposer le fait accompli. Les combattants sahraouis continuent leurs bombardements et harcèlements des garnisons marocaines retranchées derrière le mur de sable. Le bruit des armes provoque de larges échos en dépit du black-out total imposé aux médias internationaux. Dernier en date, l’Iran vient de réitérer son soutien à la résolution du conflit du Sahara Occidental conformément au droit des Sahraouis à l’autodétermination.
Dans son intervention, le Président Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’urgence d’une solution entre les deux parties en conflit à travers des négociations directes bilatérales. Une position saluée par les responsables sahraouis. L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a salué l’allocution du chef de l’Etat devant le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), dans laquelle il a affirmé que le conflit au Sahara Occidental «ne saurait avoir de délais de prescription».
La désignation d’un émissaire spécial des Nations Unies urge afin de relancer le processus de règlement de ce conflit vieux de 46 ans.
Brahim Taouchichet
Sur le front
Poursuite des attaques contre les garnisons marocaines
Les attaques menées par les forces de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent, pour le 121e jour consécutif, contre les retranchements des soldats de l’occupation marocaine le long du mur de sable, selon le communiqué militaire du ministère sahraoui de la Défense.
Les journées de mardi et de mercredi derniers ont connu le lancement de nouvelles attaques lourdes, menées par les unités de l’Armée sahraouie, ciblant des points distincts tout au long du «mur marocain de la honte». «Mercredi dernier, les combattants de l’APLS ont ciblé, par un bombardement intense, les positions de retranchement des soldats de l’occupation dans la zone d’Oudi El-Dhemrane (secteur de Mahbès), ainsi qu’un bombardement violent ciblant les positions des soldats de l’occupation dans la zone d’Akkarara Farsik dans le même secteur», a affirmé la Défense sahraouie.
R. I.
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