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Alors que le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky tient des propos de plus en plus outranciers envers les russophones et russes ethniques vivant en Ukraine, creusant ainsi encore plus le fossé entre les différentes ethnies, les politologues ukrainiens préparent la population à la scission inévitable du pays et à la perte de nouveaux territoires.
Zelensky veut l’épuration ethnique des Russes du Donbass
Lors de plusieurs déclarations faites à la chaîne en langue russe « Dom » (« maison » en russe), qui est censée aider l’Ukraine à reconquérir le coeur et l’âme des habitants de la Crimée et du Donbass, le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a tenu des propos outranciers, qui ont plus choqué que rallié les habitants des deux régions à la cause de Kiev.
La première déclaration, faite le 3 août, concernant le fait que la Crimée ne sera jamais un territoire russe, car la Russie ne l’aimera prétendument jamais comme l’Ukraine aime la péninsule, a fait bondir tout le monde de Sébastopol à Moscou. Déjà parce que la Crimée est déjà un territoire russe en l’état actuel des choses, que cela plaise ou non à Zelensky.
Il a d’ailleurs tellement peu convaincu que même le chef des Tatars de Crimée, Eïvaz Oumerov, a répondu à Zelensky du tac au tac, en lui disant que « la Crimée est et sera un territoire russe », et que « la péninsule ne deviendra jamais un territoire ukrainien ».
Et deuxièmement, pour rappel, l’Ukraine a coupé l’approvisionnement en eau et en électricité de la Crimée après sa réintégration au sein de la fédération de Russie. Si ça c’est de « l’amour », alors il s’agit d’amour vache, parce qu’il est difficile de qualifier autrement le fait de rendre invivables les conditions de vie de la population de la péninsule. Si c’est cela que Zelensky entend par le mot « amour », alors effectivement la Russie « n’aimera » jamais la Crimée comme l’Ukraine le fait, et tant mieux pour la population de Crimée !
Quant à l’affirmation de Zelensky que la Crimée est « sa terre » et pas « leur terre », sachant que ce clown est né à Krivoï Rog (c’est-à-dire pas en Crimée), j’aimerais qu’il m’explique en quoi il a plus de droits sur la péninsule que ceux qui y sont nés et y vivent depuis des générations ! C’est comme s’il prétendait que la Turquie est « sa terre » sous prétexte qu’il y a passé ses vacances étant enfant et qu’il y a des superbes souvenirs (c’est exactement la justification qu’il a avancée pour prétendre que la Crimée est « sa terre », non ce n’est pas une blague).
Et au lieu de s’arrêter là après s’être fait ridiculiser par tous les politiciens et commentateurs concernant sa déclaration complètement à côté de la plaque, Zelensky en a rajouté une couche deux jours plus tard, toujours sur la chaîne Dom.
Cette fois c’est le Donbass qui s’est vu prédire qu’il ne sera jamais un territoire russe, par le Président ukrainien.
« Les habitants du Donbass et de la Crimée occupés doivent absolument comprendre. Il ne s’agit pas de mettre quelqu’un à la porte quelque part. Je veux juste être compris. Je pense que si vous vivez aujourd’hui dans le Donbass temporairement occupé et que vous pensez que « notre cause est juste – nous allons en Russie, nous sommes des Russes », c’est une grosse erreur de rester vivre dans le Donbass. Ce ne sera jamais un territoire russe », a déclaré Zelensky.
Comme pour la Crimée, cette déclaration à la fois débile et ignoble à plus d’un titre. Comme la péninsule, le Donbass a fait partie de la Russie pendant plusieurs siècles, bien avant que l’Ukraine n’existe même en tant que pays ! Le Donbass était un territoire russe, qui a été rattaché de force à la RSS d’Ukraine par l’URSS !
Encore une fois ce n’est pas parce qu’à la création de l’Ukraine, tous les habitants des territoires de l’empire russe intégrés à cette mosaïque se sont tous vu affublés de la citoyenneté ukrainienne que cela change le fait qu’ils étaient et sont restés majoritairement russes tant ethniquement, linguistiquement, culturellement que religieusement ! Vous pouvez appeler un chat un chien il n’aboiera pas pour autant !
De plus, comme l’a souligné la ministre des Affaires étrangères de la RPD, Natalia Nikonorova, il semble que Zelensky est tellement inculte que non seulement il ne connaît pas l’histoire de la région, mais en prime il ne sait pas la différence entre l’adjectif « русский» (qui signifie « russe » d’un point de vue ethnique), qu’il a utilisé concernant l’appartenance territoriale du Donbass, et l’adjectif « российский » (qui signifie « russe » dans le sens, qui appartient à la Russie).
Or d’un point de vue purement ethnique, comme l’a souligné la ministre, le Donbass est russe depuis des siècles ! Si Zelensky voulait dire que le Donbass ne serait jamais un territoire faisant partie de la Russie, c’est l’adjectif « российский » qu’il aurait dû utiliser. Il faut d’ailleurs souligner qu’il a fait la même faute dans sa déclaration concernant la Crimée !
De plus son appel aux habitants du Donbass qui se sentent Russes de partir n’est ni plus ni moins qu’un appel à l’épuration ethnique de la région ! Il a beau s’en défendre en disant qu’il ne s’agit pas « de mettre quelqu’un à la porte », c’est en fait exactement ça. Car appeler plusieurs millions de personnes à quitter leur terre natale, qui est aussi celle de leurs ancêtres, parce qu’ils revendiquent être ce qu’ils sont ethniquement, ça s’appelle une épuration ethnique ! Je rappelle que ceci est un crime contre l’humanité !
Et quand il prétend dans la même interview que l’Ukraine aime le Donbass et qu’elle ne le laissera pas tomber, alors que l’armée ukrainienne continue d’augmenter ses bombardements avec des armes lourdes contre les zones résidentielles, endommageant 17 habitations en à peine 24 h en RPD (République Populaire de Donetsk) entre le 4 et le 5 août 2021, on se dit définitivement qu’il se fout de la gueule du monde (pour rester poli).
Surtout qu’il continue de prétendre que l’armée ukrainienne ne bombarde pas les civils du Donbass, que ce sont des mensonges de dire cela. Il prétend aussi que ce sont les milices populaires qui tirent sur les civils. Sauf que les chiffres de l’OSCE et de l’ONU, et les témoignages des civils bombardés disent le contraire de ce que Zelensky raconte.
L’écrasante majorité (plus des 3/4) des victimes civiles de bombardements et tirs se trouvent en RPD et RPL (République Populaire de Lougansk), c’est-à-dire que l’écrasante majorité des victimes civiles sont dues à des tirs de l’armée ukrainienne ! Et les habitants touchés par les bombardements disent ouvertement face caméra que c’est l’armée ukrainienne qui les a bombardés !
Si c’est en racontant autant de mensonges et de bêtises à la seconde que Zelensky espère reconquérir les cœurs et les âmes des habitants du Donbass et de la Crimée, j’ai le regret de lui annoncer que ces derniers ne sont pas débiles et que ce type de discours les met plus en colère qu’autre chose.
La scission de l’Ukraine est inévitable
Alors que Zelensky agrandit de plus en plus la fracture ethnique entre les différentes populations qui forment l’Ukraine, de plus en plus de politiciens et de politologues avertissent que la scission du pays est inévitable, semblant ainsi préparer psychologiquement la population à l’éclatement futur de cette mosaïque ethnique.
Pour le politologue Kost Bondarenko, la scission à venir de l’Ukraine n’est que la phase finale du processus de désintégration de l’empire russe et de son successeur, l’URSS. Selon l’expert, si l’Ukraine déclare renoncer à son passé soviétique, elle ne peut pas non plus revendiquer les frontières de la RSS d’Ukraine.
« Quand on dit que pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire russe s’est effondré, en fait, cet effondrement était un phénomène plutôt temporaire qui s’est étiré dans le temps jusqu’en 1991. Et on ne sait pas comment cela va se poursuivre. En outre, nous avons déjà dit que les frontières de la République socialiste soviétique d’Ukraine ont été définies de manière tout à fait relative. Elles ne coïncident pas avec les frontières ethniques, elles ne coïncident pas avec les frontières politiques, car plusieurs organismes politiques se sont formés sur le territoire de l’Ukraine, qui étaient constamment en concurrence les uns avec les autres au sein d’un seul État », a déclaré l’expert.
« Mais le fait que ces unités administratives, qui ont été formées sur la base des anciennes républiques soviétiques, soient constamment fébriles est une conséquence du fait que nous poursuivons le processus d’effondrement de l’Union soviétique et de révision de ce qui s’est passé en 1991. Si nous nous éloignons complètement de l’héritage de l’Union soviétique, si nous rayons complètement l’héritage de l’Union soviétique et si nous disons que ce qui s’est passé avant 1991 doit être oublié ou montré uniquement sous un jour négatif, alors nous pouvons dire que l’héritage territorial de l’Union soviétique deviendra également vulnérable, il sera également très difficile de le maintenir », a déclaré M. Bondarenko.
Pour l’ancien député ukrainien Evgueni Mouraev, la scission de l’Ukraine pourrait avoir lieu dans un avenir proche. Il a ainsi déclaré que les radicaux ukrainiens sont actuellement regroupés pour être ensuite utilisés comme outil pour organiser des provocations à Kiev dès cet automne et faire ainsi basculer la situation dans une guerre civile totale.
« Je ne veux jamais faire peur, mais je pense que nous sommes préparés à la partition. Une guerre civile généralisée se prépare. […] Ils vont jouer la carte de l’extrême-droite », a noté Mouraev.
L’ancien député affirme que le financement des radicaux passe par la fondation internationale de George Soros, Renaissance, et que Petro Porochenko est également impliqué dans cette affaire. Quant à Zelensky, il ne comprend pas ce qui se passe réellement en raison d’une « pensée enfantine », estime Mouraev.
« Savoir qui va le renverser ne m’intéresse même pas. En cas de conflit généralisé, nous serons tous « sauvés ». Les Polonais « sauveront » la Galicie, les Hongrois « sauveront » la Transcarpatie, et les Roumains « sauveront » la Bessarabie et la Bucovine », a suggéré l’homme politique.
M. Mouraev a également suggéré qu’une partie du territoire du sud-est de l’Ukraine serait récupéré par la Russie. En conséquence, a-t-il conclu, il ne resterait du pays qu’un « petit morceau » de son territoire actuel.
Si Bondarenko a absous les autorités ukrainiennes actuelles et post-Maïdan de la responsabilité de l’éclatement du pays, en pointant l’Histoire comme seule responsable de la situation, en réalité les gouvernements ukrainiens sont responsables de l’accélération du phénomène, à cause de leur volonté de faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN et l’UE.
En effet, comme l’a déclaré l’ancien Vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Alexandre Tchaly, Kiev a une chance de préserver ses frontières issues de la RSS d’Ukraine seulement si elle reste neutre, comme le prévoyait le mémorandum de Budapest. Comme il l’a souligné, l’Ukraine s’est assise sur le mémorandum, entamant dès le milieu des années 1990 son rapprochement avec l’OTAN, violant ainsi la neutralité qui était exigée du pays.
Dès lors, pour Tchaly, si l’Ukraine veut intégrer l’OTAN, elle ne pourra pas le faire avec la totalité de ses territoires actuels. En clair, l’Ukraine devra renoncer à ses régions pro-russes si elle veut espérer faire partie de l’OTAN, non pas pour des raisons de loi internationale, mais pour une raison d’équilibre des pouvoir et de géopolitique.
Ces déclarations venant de plusieurs experts et politiciens ukrainiens, dans un court laps de temps, ressemble fort à la préparation psychologique de la population ukrainienne pour la scission de l’Ukraine. Que le prétexte officiel avancé pour justifier cette nouvelle perte de territoires soit l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ou autre conte de fée n’a aucune importance. La scission de l’Ukraine est désormais inévitable. L’Histoire couplée à l’incompétence des autorités ukrainiennes a généré des forces centrifuges qui vont provoquer l’éclatement du pays.
Il sera trop tard après pour venir pleurer des larmes de crocodile concernant les territoires perdus sur les plateaux TV, comme le fait Zelensky avec le Donbass et la Crimée. À force de réécrire l’Histoire et de jouer sur les lignes de fracture ethnique d’un pays multi-ethnique comme l’Ukraine on ne peut arriver qu’à la scission du pays le long de ces lignes de fracture.
Christelle Néant