Des personnes marchent devant le siège des Nations Unies à New York le 3 mars 2023
Les Etats membres de l’ONU se sont enfin mis d’accord le 4 mars 2023 sur le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à contrecarrer les menaces qui pèsent sur des écosystèmes vitaux pour l’humanité.
« C’est un jour historique »
« Le navire a atteint le rivage« , a annoncé la présidente de la conférence Rena Lee, au siège de l’ONU à New York samedi peu avant 21h30 (02h30 GMT), sous les applaudissements nourris et prolongés des délégués. Après plus de 15 ans de discussions, dont quatre années de négociations formelles, la troisième « dernière » session à New York a finalement été la bonne, ou presque.
Les délégués ont finalisé le texte au contenu désormais gelé sur le fond, mais il sera formellement adopté à une date ultérieure après avoir été passé au crible par les services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l’ONU. Le contenu exact du texte n’a pas été publié dans l’immédiat mais les militants l’ont salué comme étant un tournant décisif pour la protection de la biodiversité. « C’est un jour historique pour la conservation et le signe que dans un monde divisé la protection de la nature et des personnes peut triompher sur la géopolitique« , a déclaré Laura Meller, de Greenpeace.
Après deux semaines d’intenses discussions, dont une session marathon dans la nuit de vendredi à samedi, les délégués ont finalisé un texte qui ne peut désormais plus être modifié de manière significative. « Il n’y aura pas de réouverture ni de discussions de fond » sur ce dossier, a affirmé Mme Lee aux négociateurs.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a félicité les délégués, saluant une « victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd’hui et pour les générations à venir« .
L’Union européenne s’est également réjouie de cette « étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et les générations à venir« , par la voix du commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, qui s’est dit « très fier » de ce résultat. La France a de son côté salué un « accord historique« , qui « ouvre la voie à des avancées essentielles et inédites« , dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Aires marines protégées
La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n’est donc sous la juridiction d’aucun Etat. Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.
Avec les progrès de la science, la preuve a été faite de l’importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d’une biodiversité souvent microscopique, qui fournit aussi la moitié de l’oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines. Mais les océans s’affaiblissent, victimes de ces émissions (réchauffement, acidification de l’eau…), des pollutions en tout genre et de la surpêche.
Alors le nouveau traité, quand il entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, signé puis ratifié par suffisamment de pays, permettra de créer des aires marines protégées dans ces eaux internationales. Environ 1% seulement de la haute mer fait l’objet de mesures de conservation, et cet outil emblématique est jugé indispensable pour espérer protéger d’ici 2030 30% des terres et des océans de la planète, comme s’y sont engagés l’ensemble des gouvernements de la planète en décembre.
« Les zones de haute mer protégées peuvent jouer un rôle essentiel pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique« , a déclaré Liz Karan, de l’ONG Pew Charitable Trusts qui a qualifié cet accord de « réalisation capitale« .
Le traité sur « la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale » introduit également l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement des activités envisagées en haute mer.
Partage des bénéfices
Enfin, chapitre hautement sensible qui a cristallisé les tensions jusqu’à la dernière minute, le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer. Les pays en développement qui n’ont pas les moyens de financer de très coûteuses expéditions et recherches se sont battus pour ne pas être exclus de l’accès aux ressources marines génétiques et du partage des bénéfices anticipés de la commercialisation de ces ressources – qui n’appartiennent à personne – dont entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques espèrent tirer des molécules miracles.
Comme dans d’autres forums internationaux, notamment les négociations climat, le débat a fini par se résumer à une question d’équité Nord-Sud, ont commenté des observateurs. Avec une annonce vue comme un geste pour renforcer la confiance Nord-Sud, l’Union européenne a promis, à New York, 40 millions d’euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale.
Au-delà, elle s’est engagé à consacrer plus de 800 millions d’euros à la protection des océans en général pour 2023 lors de la conférence « Notre Océan » qui s’est achevée vendredi à Panama. Au total, la ministre panaméenne des Affaires étrangères Janaina Tewaney a annoncé que « 341 nouveaux engagements« , d’un montant de près de 20 milliards de dollars – dont près de 6 milliards des Etats-Unis -, avaient été pris lors de cette conférence pour protéger les mers.
Lors de la 5e session de la Conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, la délégation vietnamienne a apporté de nombreuses propositions dans l’intérêt commun des pays en matière de conservation de la biodiversité marine.
Vân Long, dans la province de Ninh Binh, est la plus importante zone humide classée Réserve naturelle du Nord du Vietnam. |
Photo » VNA/CVN |
–La délégation vietnamienne a apporté de nombreuses propositions dans l’intérêt commun des pays en développement lors de la 5e session de la Conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.
Le succès de la 5e session de la Conférence intergouvernementale qui s’est clôturée le 5 mars (heure vietnamien), a démontré la volonté politique des pays à parvenir à un document visant à conserver la biodiversité marine en haute mer.
Il s’agit d’une étape historique dans les efforts de la communauté internationale pour protéger le milieu marin, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2030, en particulier l’Objectif de développement durable 14 (ODD 14) sur la conservation et l’utilisation durable de la mer et des ressources marines.
La délégation vietnamienne, conduite par l’ambassadeur Dang Hoàng Giang, chef de la Mission permanente du Vietnam auprès des Nations unis, a participé activement et apporté des contributions substantielles au processus de négociation lors de la conférence.
La délégation vietnamienne a fait de nombreuses propositions dans l’intérêt commun des pays en développement et notamment relatives à la réglementation sur le renforcement des capacités et au transfert de technologies marines. Elle a également promu des contenus du projet de document, conformes aux dispositions du droit international de la mer, protégeant les droits et les intérêts du Vietnam.
Le document discuté lors de la 5e session de la Conférence intergouvernementale revête une signification importante dans l’ajustement des activités liées à la biodiversité dans un large éventail d’océans. Dans le contexte de l’écart entre pays développés et pays en développement en matière d’accès et d’exploitation des ressources génétiques marines, ce document marque un compromis entre des groupes de pays ayant des intérêts différents dans la promotion des activités de conservation et d’exploitation durable des ressources génétiques marines des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, le renforcement des capacités et le transfert de technologies, tout en assurant un partage équitable des avantages de l’exploitation et de l’utilisation durable des ressources génétiques marines riches.
VNA/CVN