Le 27 février dernier, le peuple du Sahara Occidental fêtait le 47e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique. 47 ans d’oppression du régime colonial marocain sur le peuple sahraoui, 47 ans de pillage des richesses sahraouies avec la complicité des pays, notamment européens, comme l’Espagne et la France, et d’autres encore, tout le monde s’empiffrant sans scrupule du festin. Mais ce sont aussi 47 années de résistance des Sahraouis contre le régime féodal du Maroc qui sont venues s’ajouter à toutes celles consacrées à la lutte contre l’Espagne pour recouvrer leur droit légitime à la pleine jouissance de leur territoire. La résistance est une lutte de chaque instant et les dizaines de menaces que subissent quotidiennement les militants sahraouis, hommes ou femmes, en sont la preuve. Les militants qui sortent de prison après dix, quinze, ou vingt ans de détention sont épuisés par les années de torture et d’isolement, sans parler de ceux qui disparaissent et que l’on ne retrouve jamais. Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, ce n’est pas par hasard si l’entité voyou du Maroc s’entend si bien avec l’entité sioniste d’Israël : elles ont été créées artificiellement par la volonté des puissances impérialistes et fonctionnent exactement de la même manière, en opprimant les populations dont elles occupent indûment le territoire pour le piller.
Parlement européen, le roi de la tomate et du poulpe…
On a vu dans nos articles précédents que des entreprises étrangères participaient sans état d’âme au vol des ressources du territoire sahraoui par le Maroc. On a vu aussi avec le scandale de corruption du Marocgate que certains élus du Parlement européen achetés par le Makhzen influençaient les votes et pesaient sur les accords de partenariat avec le régime féodal du roi de la tomate et du poulpe. Bien que le Tribunal de l’Union européenne ait annulé plusieurs fois les accords commerciaux – la dernière annulation étant en septembre 2021 – concernant les produits agricoles en territoire sahraoui et la pêche dans ses eaux territoriales, la Commission européenne n’en a cure et les exportations de légumes cultivés à Dakhla inondent le marché européen malgré le fait que ces produits agricoles ne respectent pas la législation européenne en matière phytosanitaire : 65 700 tonnes sur une production totale de 77 000 tonnes ont été exportées en Europe en 2021. La valeur de ces exportations était de 77,5 millions d’euros : 66,3 millions d’euros pour les tomates et 11,2 millions d’euros pour les melons. Quant aux produits de la pêche, en 2021, l’UE a importé 147 000 tonnes de produits de la pêche transformés pour une valeur de 604 millions d’euros. Les principaux produits importés sont les sardines, les calamars, les seiches et les coquillages congelés. La télévision italienne Rai 3 a consacré un reportage à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=aQ9bkhwYObU
Sable noir, clinker, Mont Tropic… ce pillage qui profite à l’Europe
Toutes les ressources sahraouies sont pillées sans relâche. Ainsi, les plages des Canaries, des Baléares ou de Madère sont alimentées avec le sable du Sahara Occidental. Les premières exportations de sable sahraoui vers les Canaries ont eu lieu lorsque le Sahara Occidental était encore sous la domination de l’Espagne. Mais le Maroc a pris la relève depuis, le sable étant aussi utilisé pour la construction. Le sable volcanique noir a servi pour les premières couches du brise-lames de Las Teresitas, l’une des plages artificielles les plus célèbres située sur l’île de Tenerife, aux Canaries. Le sable volcanique étant rare et, par conséquent, très cher, la ville de Santa Cruz de Tenerife a préféré importer du sable du Sahara Occidental à moindre coût. Depuis 1955, première date connue de l’exportation du sable, ce sont des centaines de milliers de tonnes qui ont été volées au peuple sahraoui. Il faut savoir que le sable est aussi transformé en mortier ou ciment pour l’exportation en Europe, les importateurs impliqués dans le trafic de sable camouflant son origine. Le gouvernement des îles Canaries n’effectuant aucun contrôle de traçabilité sur les importations de matières premières provenant du Sahara Occidental occupé permet une totale impunité aux trafiquants. En outre, le Maroc a construit une usine de ciment à Laâyoune qui importe du clinker et produit du ciment. Et puis, il y a le sel qui est exporté vers l’Europe afin de dégivrer les routes en hiver. Le site de production est à Oum Dbaa, au sud de Tarfaya.
D’autres matériaux suscitent également l’intérêt de l’occupant prédateur, tel que l’étain, l’or et les diamants. L’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) appartenant à la famille royale avait lancé, en 2021, un appel d’offres visant à l’exploration minière au sud de Dakhla afin de dénicher des métaux précieux. L’appel d’offres proposait de creuser 2 400 mètres cubes de sol sous forme de tranchées de 800 m de long. La société canadienne Metalex a été impliquée dans cette prospection au cours de laquelle elle a rapporté l’existence d’une grande quantité d’or ainsi que de l’uranium et des gisements de diamants. L’ONHYM a aussi entrepris des recherches de gisements de terres rares telles que le niobium, tantale, molybdène et or de Twihinate et Lamlaga, l’or-cuivre de Chenna, l’or d’Alwarma, de fer et uranium de Glibat Lafhouda, de Drag Al Farnan et de Lahjeyra. Par ailleurs, la découverte du Mont Tropic, en 2016, est encore une autre source d’exploitation pour les métaux rares. Le Mont Tropic est un mont sous-marin du Crétacé situé dans les eaux territoriales du Sahara Occidental qui regorge de cobalt et de tellure, ce dernier étant un matériau très rare utilisé dans la fabrication des batteries de voitures électriques. Le tellure du Mont Tropic est l’un des plus importants dépôts découverts à ce jour et les réserves du cobalt sont équivalentes aux réserves du Congo. Il est également riche en fer, manganèse, mais aussi en cobalt, nickel, plomb, vanadium et plusieurs éléments de terres rares comme le cérium.
Américains et Israéliens : «A nous le pétrole du Sahara Occidental»
Mais ce n’est pas tout. Il y a en plus l’exploration pétrolière au large du Sahara Occidental menée par la compagnie israélienne Delek Group Limited qui a déjà prospecté dans les territoires palestiniens. Parmi les actionnaires du Groupe Delek, on trouve Yitzhak Tshuva, l’un des hommes les plus riches d’Israël qui détient 50.2% des actions, ensuite le fonds de pension du gouvernement norvégien avec 2.94%, la Deutsche Bank qui détient 0.49 % des actions, viennent ensuite 6 sociétés financières américaines qui sont Dimensional Holdings (1,17% des parts), Vanguard Group (1,07%), BlackRock (0,59%), Grantham Mayo van Otterloo & Co (0,46%), The Charles Schwab Corporation (0,16%), et Finance empirique (0,11%). Ce qu’il reste est partagé entre 9 autres personnes et entreprises israéliennes.
On comprend au vu de toutes ces richesses que le Maroc s’accroche au territoire sahraoui comme un bouledogue à son os et que le Makhzen ait graissé la patte pendant des années de certains élus du Parlement européen, en distribuant cadeaux, enveloppes, en offrant des séjours à la Mamounia, bref en soudoyant tous ceux qui étaient susceptibles d’influencer les votes en faveur du Maroc dans sa politique de colonisation du territoire sahraoui avec son «plan d’autonomie» fallacieux. Mais le refus de la Commission européenne de prendre en compte les décisions de justice de la Cour européenne annulant les accords commerciaux avec le Maroc concernant les produits issus du Sahara Occidental apportent un nouvel éclairage sur l’ampleur du Marocgate. Car, pendant que la justice belge continue d’investiguer sur celui-ci, et nous en profitons pour dire que malgré la demande de leur libération par leurs avocats respectifs, Tarabella rempile pour un mois en prison et Eva Kaili prolonge son séjour en cellule pendant deux mois supplémentaires, et pendant que le Makhzen recourt à des entourloupes sur les réseaux sociaux, comme il en est coutumier, pour faire diversion par rapport au scandale qui l’a mis à nu devant la planète entière, le vol et la rapine n’en continuent pas moins dans les territoires occupés.
L’Europe à la rescousse du Fonds d’investissement Mohammed-VI
Et l’on apprend que la Commission européenne allonge des millions d’euros au régime colonial marocain, puisque le commissaire européen à la Politique de voisinage, le Hongrois Olivér Várhelyi, s’est rendu au Maroc ce jeudi 2 mars avec 5 programmes de partenariat. L’Europe versera tout de suite un demi-milliard d’euros d’argent des contribuables européens pour le nouveau Fonds d’investissement Mohammed-VI. 2,1 milliards d’euros sont déjà prêts sur la table et 6,6 milliards arriveront dans les prochaines années pour l’économie marocaine. Dans la foulée, un futur partenariat tripartite avec l’entité sioniste d’Israël a été annoncé, le tout enrobé de guimauve pour vanter les «réformes ambitieuses» du royaume féodal du Maroc qui reflètent «les valeurs européennes», nous prouvant une fois de plus que ces fameuses «valeurs européennes», que l’on voit notamment à l’œuvre en Ukraine, sont à l’exact opposé de la justice et de l’intérêt des peuples. C’est également une manière de vérifier l’exactitude du dicton «qui se ressemble s’assemble».
Accords d’Abraham et le nouvel Israël au Maroc
Est-il normal que la Commission européenne distribue des millions d’euros au Maroc alors que la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, les eurodéputés Marc Tarabella et Antonio Panzeri dorment en prison tandis qu’Andrea Cozzolino et Francesco Giorgi sont assignés à résidence avec un bracelet électronique ? Non, bien sûr. On voit au contraire que la Commission est elle aussi gangrenée par l’argent du Makhzen. Certaines de nos sources nous affirment d’ailleurs que le comportement suspect de la Commission européenne va entraîner de nouvelles enquêtes. Nous sommes véritablement face à une corruption structurelle qui touche toutes les institutions européennes et nous verrons bientôt beaucoup de monde dans le bureau du juge Claise. On n’a pas cessé de dire que l’oligarchie qui dirige l’Europe est une bande d’amateurs incompétents, et la preuve en est qu’ils ne peuvent pas attendre la fin du Marocgate avant de signer des accords avec le Maroc. Ainsi, au moment où l’Europe vit un séisme appelé le Marocgate, la Commission nous démontre que ce n’est pas seulement le Parlement européen qui reçoit des enveloppes du Makhzen mais qu’elle est aussi impliquée dans cette corruption endémique. Dure sera la chute d’Ursula von der Leyen, déjà menacée par la bulle du Pfizergate qui risque de lui exploser en pleine figure d’un jour à l’autre.
Durant son court séjour, le commissaire Olivér Várhelyi n’a pas cessé d’inonder son compte Twitter de messages dithyrambiques vantant son voyage au Maroc et félicitant celui-ci pour son implication, tant politique que matérielle, dans la guerre en Ukraine en envoyant 30 vieux chars russes T-72. Mais un tweet en particulier a attiré notre attention. Celui dans lequel il s’est félicité d’avoir rencontré des dirigeants de la communauté juive afin de discuter de la façon de reconstruire la vie et la culture juives, ce qui laisse subodorer que les Accords d’Abraham ne sont qu’un stratagème visant à travestir le projet d’établir un nouvel Israël au Maroc, la richesse des territoires sahraouis offrant tous les avantages nécessaires à cet établissement. Dans cet esprit, l’UE a institué le premier dialogue sur les projets de coopération trilatérale, UE-Maroc-Israël, en matière d’eau par le biais d’un nouveau programme d’investissement de 3 milliards d’euros. Sachant que le projet straussien du nouvel Israël en Ukraine a échoué, on peut se questionner sur le sens de cette coopération trilatérale. Une chose est sûre, la servilité des Européens à l’égard de l’empire et de l’entité sioniste les conduira à leur perte. Nous y reviendrons. Quoi qu’il en soit, on retrouve la main d’Israël dans la propagande anti-algérienne et celle consistant à dire que le Hezbollah est impliqué dans l’encadrement du Polisario et dans la classification de celui-ci comme groupe terroriste, ou dans la soi-disant influence de l’Iran dans la région.
Le Makhzen veut s’approprier des territoires algériens
Par ailleurs, il y a une propagande effrénée actuellement concernant des revendications marocaines sur le Sahara oriental, c’est-à-dire sur une partie du territoire algérien. Les délires mégalomaniaques du Makhzen n’ont décidément aucune limite et nous rappelons à ces tartufes que nos frontières datent de la période numide lorsque la Numidie a été unifiée par Massinissa au IIe siècle avant J.-C. Nous frappions la monnaie pendant que vous tapiez sur des bendirs pour charmer les serpents. Où était donc le Maroc à cette époque ? C’est plutôt nous qui devrions revendiquer notre territoire jusqu’à Oued Moulouya. Notre terre, ce n’est pas Lyautey qui nous l’a donnée et notre hymne national a été composé dans une cellule de prison par un Algérien et non par un capitaine français. Votre sultan a vendu Ceuta et Melilla contre une bicyclette sans freins avec laquelle il s’est cassé la figure. Montrez-nous donc une seule bataille que vous avez faite. Il n’y en a pas. Notre peuple a bataillé pendant des siècles contre tous les envahisseurs et notre sol est gorgé du sang des millions de martyrs. Notre patrie s’est construite sur une révolution et nous avons chassé la France et l’OTAN de nos terres. L’Algérie, pendant que votre peuple errant de fumeurs de haschisch se prosterne devant un roi pervers et décadent, se prépare à rejoindre les BRICS. Vous n’êtes décidément ni crédibles ni sérieux et vous ne fonctionnez que par le mensonge. Mais on voit bien qui vous servez et à qui vous obéissez.
Autant mettre les points sur les i tout de suite, si Israël veut pousser le Maroc dans une guerre avec l’Algérie, notre armée et notre peuple sont prêts à défendre notre patrie. Les sionistes criminels nous connaissent très bien pour avoir ramassé une raclée lors de la bataille d’Al-Adabiya, et le Maroc a reçu une déculottée lors de la Guerre des Sables et à Amgala 2. Nous sommes fatigués de vous donner des leçons d’histoire. Les guerres ne se gagnent pas sur YouTube ou sur tiktok, mais sur le terrain, et si l’on touche à un grain de sable de notre sol arrosé par le sang de nos martyrs, la riposte sera foudroyante. De la stabilité de l’Algérie dépend la stabilité du monde, tout le bassin méditerranéen et l’Europe seraient un champ de bataille. La grande Algérie n’a pas besoin de montrer ses biceps, elle a déjà fait ses preuves. Elle n’occupe le territoire de personne et ne cherche pas à s’ingérer dans les affaires des autres pays, mais elle défendra toujours la cause des peuples opprimés : le peuple sahraoui et le peuple palestinien. Elle évolue, souveraine, dans les limites de ses frontières, mais qu’on se le dise : pas touche à l’Algérie.
Mohsen Abdelmoumen