L’Assemblée générale de l’ONU : l’absence des dirigeants de 4 pays membres permanents intrigue les médias

 

 

Ce mardi 19 septembre débute à New York l’Assemblée générale de l’ONU. Le sujet du conflit en Ukraine reste toujours central, mais l’attention des pays participants se tourne de plus en plus vers la résolution des problèmes des pays du Sud. L’absence du président français, Emmanuel Macron, et du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, à l’événement a intrigué les médias. L’ONU a commencé à prédire son effondrement imminent. Volodymyr Zelensky, le president ukrainien, doit y tenir un discours, cependant. 

L’ONU en état de mort cérébrale. La tribune de l’ONU est la «scène» traditionnelle pour les représentants de tous les chefs d’État et de gouvernement. Les dirigeants des pays cherchent généralement à profiter de l’occasion pour prendre la parole en personne lors d’une réunion afin d’exprimer leur position sur une question particulière. Mais pas cette année. «L’ONU va mal, très mal, plongée dans une crise qui est à la fois le symptôme et la conséquence d’une fragmentation croissante du monde qu’elle ne peut endiguer», fait remarquer Challenges qui annonce qu’ «Emmanuel Macron ne fera pas le voyage à l’Assemblée générale de l’ONU».  «Pour sortir l’ONU de la mort cérébrale, il est urgent de la réformer», affirme le magazine hebdomadaire français.

Absence de la France à l’ONU avec Volodymyr Zelensky. Le président français Emmanuel Macron manquera l’événement en raison d’un «calendrier diplomatique chargé», rapporte Politico. Selon plusieurs responsables français, le chef de la Ve République s’apprête à accueillir le roi Charles III (la visite du monarque britannique avait été reportée en raison des émeutes dans le pays). Par ailleurs, le chef du Parti travailliste britannique, Keir Starmer, prévoit, également, de rencontrer Macron ce mardi à Paris. Et, le week-end prochain, le président français rencontrera le pape François à Marseille.

Politico qualifie l’absence de Rishi Sunak d’ «encore plus surprenante» que celle d’Emmanuel Macron car cela aurait été sa première Assemblée générale à l’ONU en tant que Premier ministre britannique. Rishi Sunak et son parti conservateur ont récemment subi une défaite dans les sondages. Il serait probablement tout à fait logique de déplacer l’attention de la politique étrangère vers la politique intérieure. C’est ce qu’il a fait, mais au détriment de la rencontre de New York.

«Outre les absences du président chinois, Xi Jinping, et du président russe, Vladimir Poutine, le Premier ministre indien, Narendra Modi, ne participera pas non plus au rassemblement à New York la semaine prochaine», constate Politico. Le seul dirigeant d’un pays (ayant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU) qui sera présent à New York est le président américain Joe Biden. Son discours à l’ouverture des débats à la tribune de l’ONU ce 19 septembre devrait attirer beaucoup plus d’attention dans la presse occidentale que les années précédentes.

Mais, voilà, des questions se posent sur l’absence de Rishi Sunak et d’Emmanuel Macron, surtout que ces derniers ont montré un soutien solide au président ukrainien Volodymyr Zelensky depuis le début du conflit en février dernier.

Les sujets que les pays entendent aborder ne sont pas non plus un secret. L’Ukraine reste toujours centrale. A la tribune de l’ONU, Volodymyr Zelensky espère obtenir, à nouveau, un soutien pour son «plan de paix en 10 points». Mais, les choses ne se sont pas avérées si simples.

The Guardian qualifie la présence du président ukrainien au sommet de l’ONU de «plus grand drame géopolitique de la semaine» surtout qu’il va s’adresser personnellement à l’Assemblée générale pour la première fois.

Richard Gowen, directeur du groupe de réflexion International Crisis Group de l’Organisation, a qualifié la décision de Volodymyr Zelensky de pari à un moment où il y a une pression croissante, notamment de la part des États du G77, pour convenir d’un cessez-le-feu. «Nous ne devrions pas sous-estimer l’élément de risque», a déclaré Richard Gowen. «Si [Volodymyr] Zelensky se rend à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité et insiste sur le fait que l’Ukraine doit continuer à se battre et que ce n’est pas le moment de faire preuve de diplomatie, je pense qu’il subira de nombreuses réactions négatives», a-t-il continué.

Le deuxième sujet (et presque le principal) reste la discussion sur les problèmes des pays du Sud. Pour Reuters plusieurs sommets organisés pendant l’Assemblée générale se concentrent sur les priorités des pays en développement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. En particulier, les thèmes du climat, de la santé, du financement et des moyens d’atteindre les objectifs de développement durable relèveront du «focus diplomatique».

The Guardian martèle que «l’absence de dirigeants mondiaux survient à un moment où l’organisation s’est révélée impuissante à mettre fin aux conflits majeurs en Ukraine et au Soudan, et où la communauté internationale est bien en deçà des objectifs fixés par l’ONU pour lutter contre la pauvreté, la maladie, la famine et le changement climatique catastrophique». Pour Richard Gowen, «la situation de l’ONU est actuellement sombre et je pense qu’elle est nettement plus sombre que lors de la semaine de haut niveau de 2022». « Un an plus tard, nous avons l’impression d’être beaucoup plus près du bord de la falaise», a-t-il conclu.

Les diplomates européens, s’adressant aux journalistes étrangers sous couvert d’anonymat, sont unanimes sur le fait que les tensions géopolitiques pourraient éloigner davantage de pays en développement des efforts menés par l’Occident et se rapprocher du groupe des BRICS. Cela leur donne l’espoir d’une «meilleure réalisation de certains des intérêts du monde en développement».

«L’absence du président français envoie un signal négatif au monde compte tenu du soutien déclaré de la France au multilatéralisme et de l’enthousiasme du président pour la diplomatie».  «Cet été, [Emmanuel] Macron a tenté d’obtenir une invitation au sommet des BRICS en Afrique du Sud et ces dernières années, la France a investi de plus en plus dans les forums asiatiques comme l’APEC ou l’ASEAN», rappelle Politico.

Pierre Duval


 

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