Est-ce que Gaza sera la tombe de la politique de Netanyahou?

 

  Selon Maximiliano Korstanje «la peur, et non la banalité du mal, fait renoncer l’homme à sa volonté critique, mais il est important de ne pas perdre de vue que dans cet acte le sujet reste éthiquement responsable de son renoncement», c’est pourquoi les commandants et les soldats israéliens se rendraient complices des atteintes aux droits humains commises dans la bande de Gaza en suivant les ordres de Benjamin Netanyahou.

Netanyahou a-t-il affaibli la défense d’Israël? Les protestations contre la réforme juridique de Benjamin Netanyahou qui annulait la séparation des pouvoirs auraient eu pour effet collatéral l’apparition de fissures dans les domaines de la défense et du renseignement israéliens, en raison du refus d’un nombre important de réservistes d’accéder à des postes vitaux pour la défense israélienne. Beaucoup d’entre eux sont regroupés dans le bloc «Frères et Sœurs d’Armes».

Ainsi, profitant des prétendues failles de sécurité dans la défense israélienne provoquées par le schisme entre les réservistes et Benjamin Netanyahou, la branche armée du groupe islamiste Hamas, a lancé la plus grande offensive militaire depuis 2007 avec l’infiltration de dizaines de ses membres dans les villes israéliennes et le lancement de milliers de projectiles contre de vastes zones, notamment Tel-Aviv et Jérusalem, faisant provisoirement près de 1.500 victimes israéliennes.

Benjamin Netanyahou a profité de l’occasion pour déclarer l’état de guerre (défense de la sécurité d’Israël) et déclencher une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qui lui permettra d’augmenter la popularité perdue en raison de son projet de réforme juridique et de contourner le procédure judiciaire dans laquelle il est accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance, mais sa myopie politique l’a empêché de pressentir qu’une nouvelle punition asymétrique à Gaza mettrait fin à l’entente entre les États-Unis, Israël, les Émirats arabes unis et Arabie Saoudite.

Le Hamas est-il une création d’Israël? Le terme Hamas fait référence au sigle du «Mouvement de résistance islamique» et a été dirigé en 1987 par l’imán Ahmed Yassin pour créer un État islamique qui englobera Jérusalem, Gaza et la Cisjordanie et en face le chef de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, partisan d’un état laïque.

Ainsi, le Hamas a refusé de faire partie de la nouvelle autorité nationale palestinienne, créée en 1994, et a lancé une campagne d’attaques sanglantes qui ont amené la société israélienne à rejeter les accords adoptés à Oslo, un processus qui s’est terminé par l’assassinat d’Isaac Rabin aux mains de l’ultranationaliste Yigal Amir.

Dès le début, le Hamas a été nourri et dirigé par le Mossad israélien tout en étant financé par les gouvernements juifs successifs. Le journaliste israélien Amnon Abramovich a reproché à Benjamin Netanyahou à la télévision de «fermer les yeux sur le Hamas dans la poursuite de ses propres gains politiques jusqu’à ce que la vague l’ait dépassé».

En effet, selon le journal juif Haaretz, en 2019, l’actuel Premier ministre israélien a déclaré aux membres de son parti à la Knesset que «favoriser le groupe terroriste était une torpille à la création d’un État palestinien potentiel dans le futur». De même, il a ajouté que «quiconque veut bloquer la création d’un Etat palestinien doit soutenir la croissance du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie: isoler les Palestiniens de Gaza des Palestiniens de Cisjordanie», ce qui est venu corroborer les soupçons selon lesquels le Hamas était une monstruosité d’Israël contrôlée par le Mossad.

Le déclin politique de Netanyahu approche-t-il? Le quotidien Haaretz, dans un éditorial du 8 octobre, a directement accusé Benjamin Netanyahou d’être «responsable de cette guerre entre Israël et Gaza» et de même, l’opinion publique israélienne le tiendrait déjà pour responsable de l’échec retentissant de la sécurité israélienne en sous-estimant les informations égyptiennes.

Ainsi, selon des sources égyptiennes, dix jours plus tôt, ils auraient averti Benjamin Netanyahou que le Hamas préparait une offensive majeure qui aurait fait près de 1.500 victimes israéliennes et, selon une enquête du Jerusalem Post, 80% des personnes interrogées affirment que «le gouvernement est le responsables de l’infiltration de militants palestinien» et 56% pensent que «Benjamin Netanyahou devrait démissionner à la fin de la guerre actuelle», mais la deuxième Nakba palestinienne sera inévitable si les États-Unis n’interviennent pas et ne forcent pas le gouvernement Netanyahou à mettre fin à la punition asymétrique sur la population civile de la bande de Gaza, sous la forme de bombardements continus et en coupant l’approvisionnement en électricité et en eau de la population gazaouie.

Benjamin Netanyahou serait déjà acculé par le rejet de la communauté internationale face à la violation flagrante des droits de l’homme à Gaza et par la désaffection croissante envers son gouvernement au sein de la société israélienne qui ne peut pardonner les échecs sécuritaires de la défense israélienne qui auraient conduit à l’assassinat de 1.400 Israéliens et l’enlèvement de 220 personnes par le Hamas. Ainsi, selon une enquête du Jerusalem Post, 80% des personnes interrogées affirment que «le gouvernement est le principal responsable de l’infiltration des miliciens palestiniens» et 56% estiment que «Benjamin Netanyahou devrait démissionner à la fin de la guerre actuelle». Tout cela pourrait conduire à la démission de son gouvernement et à la convocation ultérieure de nouvelles élections qui faciliteraient la formation d’un nouveau gouvernement israélien de salut dont la tâche principale serait de tenter de rééditer les accords d’Oslo qui permettent la coexistence pacifique de deux peuples en deux États.

Dans le cas où la société israélienne ne réagirait pas contre la barbarie de Benjamin Netanyahou et n’exigerait pas sa démission et l’ouverture d’un procès pénal pour sa gestion négligente, nous assisterions au renforcement de la figure politique de Netanyahou, ce qui serait le prélude à une dérive totalitaire ultérieure. Cette involution pourrait culminer avec l’instauration dans l’État israélien d’un régime théocratico-militaire à l’horizon des cinq prochaines années, ce qui signifierait que de larges pans de la jeunesse israélienne laïque et urbaine devront choisir de rejoindre la liste des colons contrôlés à distance par les Haredim ou émigrer vers l’Ouest pour échapper à la dystopie théocratico-militaire.


Germán Gorraiz López, analyste politique.


 

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