Fin de la guerre en Ukraine à l’intégration inévitable de l’Inde, du Pakistan au Conseil de sécurité – Le Plan B américain

 

  par Medjdoub Hamed

On peut se poser la question à juste raison pourquoi, le 20 septembre 2022, le président français, dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, a demandé la réforme du Conseil de sécurité ; il a insisté sur la nécessité de prévenir une logique de « blocs » alertant sur un risque de « division du monde ». Quelques points essentiels de son discours à l’ONU :

 

« J’appelle à cette tribune les membres des Nations unies à agir pour que la Russie renonce au choix de la guerre, en mesure le coût pour elle-même et pour nous tous et mette un terme à son agression. Il ne s’agit pas ici de choisir un camp entre l’Est et l’Ouest, ni entre le Nord et le Sud. Il s’agit de la responsabilité de tous ceux qui sont attachés au respect de la Charte et à notre bien le plus précieux, la paix, car au-delà de la guerre, c’est un risque de division du monde qui se joue en raison des conséquences directes et indirectes du conflit. […]

 

La première par principe, et je viens de l’évoquer. Notre organisation porte des valeurs universelles, ne laissons pas s’installer l’idée sourde qu’il y aurait dans les valeurs de la charte quelque chose de régional, d’adaptable. Notre organisation a bien des valeurs universelles et la division face à la guerre en Ukraine est simple : êtes-vous pour ou contre la loi du plus fort, le non-respect de l’intégrité territoriale des pays et de la souveraineté nationale ? Êtes-vous pour ou contre l’impunité ? […]

 

Notre responsabilité commune est plutôt d’œuvrer pour aider les plus fragiles, les plus touchés à faire face à tous ces défis. Narendra MODI, le Premier ministre de l’Inde, a eu raison de le dire : l’heure n’est pas à la guerre. Elle n’est ni à la revanche contre l’Occident, ni à l’opposition de l’Ouest contre le reste. Elle est au sursaut collectif de nos pays souverains et égaux face aux défis contemporains. C’est pourquoi il est urgent de bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud, un contrat efficace et respectueux pour l’alimentation, pour le climat et la biodiversité, pour l’éducation. Le temps n’est plus aux logiques de blocs, mais à la construction de coalitions d’actions concrètes permettant de concilier intérêt légitime et bien commun. […]

 

Les membres du P5 ne sont plus les seuls à avoir leur mot à dire. Et s’ils l’ont, et ils l’ont incontestablement, cela ne peut désormais fonctionner que si nous sommes capables d’œuvrer plus largement au consensus international nécessaire à la paix. C’est pourquoi je souhaite que nous engagions enfin la réforme du Conseil de sécurité afin qu’il soit plus représentatif, accueille de nouveaux membres permanents et reste capable de jouer tout son rôle en limitant le recours au droit de veto en cas de crimes de masse. Ce qu’il nous faut faire ensemble, c’est bâtir la paix et l’ordre international contemporain au service des objectifs de notre Charte. Sur ce chemin, les Nations unies pourront indéfectiblement compter sur la France. Sur ce chemin, chaque pays ici présent pourra indéfectiblement compter sur la France. » (1)

 

Dans ce discours, on retient la proposition du président français d’élargir le « privilège » du droit de veto à d’autres membres ; les seuls pays qui détiennent le droit de véto sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, la Russie et la Chine que l’on désigne parfois en P5 ; et depuis la création du Conseil de sécurité, le 17 janvier 1946.

Le jour suivant, le 21 septembre 2022, c’est au tour du président américain Joe Biden de s’exprimer. Dans un discours très attendu à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président américain a prononcé une ferme condamnation de la Russie, accusant Moscou d’avoir « violé de manière éhontée les principes de la Charte des Nations unies » en envahissant l’Ukraine.

 

« Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, chers dirigeants. Au cours de l’année écoulée, notre monde a connu de grands bouleversements : une crise croissante de l’insécurité alimentaire ; des records de chaleur, d’incendies, d’inondations et de sécheresses ; la COVID-19 ; l’inflation ; et une guerre brutale, inutile. Une guerre qui est le choix d’un seul homme, pour dire les choses telles qu’elles sont.

 

Parlons clairement. Un membre permanent du Conseil de sécurité a envahi son voisin et tenté de rayer un État souverain de la carte.

 

La Russie a violé sans vergogne les principes fondamentaux de la charte des Nations unies. Aucun n’est plus important que l’interdiction claire intimée aux pays de prendre de force le territoire de leur voisin.

 

Une fois de plus, pas plus tard qu’aujourd’hui, le président Poutine a ouvertement proféré des menaces nucléaires contre l’Europe, au mépris irresponsable des obligations qui découlent du régime de non-prolifération.

 

Maintenant la Russie appelle de nouveaux soldats à prendre part au combat. Et le Kremlin organise des simulacres de référendum pour tenter d’annexer des parties de l’Ukraine, une violation extrêmement grave de la charte des Nations unies.

 

Le monde doit voir ces actes scandaleux pour ce qu’ils sont. Poutine prétend qu’il était forcé d’agir parce que la Russie était menacée. Mais personne ne menaçait la Russie. Personne, sauf la Russie, ne recherchait un conflit.

 

En fait, nous avions prévenu qu’il se profilait, et avec beaucoup d’entre vous, nous avons cherché à l’éviter. […]

 

Cette guerre vise à supprimer le droit de l’Ukraine à exister en tant qu’État, tout simplement, et le droit des Ukrainiens à exister en tant que peuple. Qui que vous soyez, où que vous viviez, quelles que soient vos convictions, cela devrait vous glacer le sang. […]

 

Je crois aussi que le temps est venu où cette institution doit devenir plus inclusive afin de mieux répondre aux besoins du monde d’aujourd’hui.

 

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis y compris, doivent systématiquement soutenir et défendre la charte des Nations unies, et s’abstenir de faire usage de leur droit de veto, sauf dans des situations rares et extraordinaires, afin de garantir que le Conseil reste crédible et efficace.

 

C’est aussi pourquoi les États-Unis soutiennent l’augmentation du nombre de représentants permanents et non permanents du Conseil. Cela implique des sièges permanents pour des nations que nous soutenons depuis longtemps et des sièges permanents pour des pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes. […]

 

Permettez-moi d’être direct concernant la concurrence entre les États-Unis et la Chine. Face à l’évolution des tendances géopolitiques, les États-Unis se conduiront en chef de file responsable. Nous ne voulons pas de conflit. Nous ne voulons pas de guerre froide. Nous ne demandons à aucun pays de choisir entre les États-Unis ou tout autre partenaire.

 

Mais les États-Unis feront sans complexe la promotion de leur conception d’un monde libre, ouvert, sûr et prospère… » (2)

 

Que peut-on dire de ces deux discours le 20 et 21 septembre 2022, à l’Assemblée des Nations unis, d’abord par le président français le premier jour suivi du président américain ? Il est évident que pour vouloir réformer le Conseil de sécurité, et c’est le président de la première puissance du monde en personne qui le demande, et il est aidé par son allié ; et il y a des motifs très forts qui les poussent. Qu’en est-il de ces motifs ?

 

Pour comprendre ces motifs, il faut d’abord dire que la guerre en Ukraine pose un grand problème à la puissance américaine, et le président américain le souligne dans son discours à l’ONU et il le dit : « Face à l’évolution des tendances géopolitiques, les États-Unis se conduiront en chef de file responsable. » Le message est donc clair et il est adressé au monde entier, en particulier à la Russie et à la Chine ; et peu importe l’évolution de la guerre en Ukraine, et ce qui résultera de cette guerre, les États-Unis « s’interposerons » obligatoirement dans ce qui découlera dans l’après-guerre « si le dénouement ne leur sera pas favorable ».

 

Aussi, que le président français et le président américain souhaitent que le Conseil de sécurité soit plus représentatif, et qu’il accueille de nouveaux membres permanents, c’est que cette question a été déjà débattue entre les États-Unis et leurs alliés européens, dont les deux membres du Conseil de sécurité : le Royaume-Uni et la France.

 

On peut se poser la question pourquoi précisément en 2022, alors qu’ils n’ont jamais émis par le passé d’élargir le Conseil de sécurité à de nouveaux membres ; la même question se pose pour la Russie et la Chine. Les Cinq membres du Conseil de sécurité, mis à part la France, du temps de Jacques Chirac, n’ont pas émis l’idée d’élargir le conseil à de nouveaux membres permanents avec les mêmes droits que ceux qui y siègent déjà.

 

Ne perdons pas de vue que le contexte de la situation mondiale a changé, il y a une guerre en cours en Europe qui va certainement rebattre les cartes géostratégiques du monde ; un enjeu qui remettra en cause l’équilibre géostratégique et géopolitique mondial où l’Occident comme la Russie et même la Chine sont tous concernés dans cette guerre.

 

Il faut aussi dire que la Russie qui a annexé les quatre régions ukrainiennes (Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Kherson et Zaporijjia) et la Crimée en 2014, amputant le territoire ukrainien d’environ 20% de sa superficie, ne reculera ni n’abandonnera ces régions. Précisément les États-Unis et leurs alliés européens ont déjà anticipé et intégré cette donne dans leurs plans futurs au cas où la Russie sortira victorieuse ; ils sont forcés d’étudier tous les cas de figure qui peuvent résulter de cette guerre, et préparer une riposte au moins au niveau de ce qui résultera, au cas où l’Ukraine sera forcé de négocier et accepter les conditions russes.

 

Et une victoire de la Russie qui serait aussi, dans un certain sens, une victoire pour la Chine qui est son premier allié ; mais pour l’Occident, ce serait un véritable désastre ; tous les moyens financiers nécessaires accordés à l’Ukraine, les armements massifs livrés à son armée, les sanctions économiques et financières tout azimut contre la Russie, durant toute la guerre, n’auraient à la fin servi à rien ; ils auraient été vains ; ce serait un retournement total pour l’Occident, une situation extrêmement difficile pour les États-Unis et les pays d’Europe face à leurs peuples qu’au reste du monde.

 

Le « doute » va forcément s’installer sur la réalité de la puissance occidentale, d’autant plus que les États-Unis avaient déjà essuyé un grave revers en Afghanistan ; le monde entier a suivi sur les chaînes télévisées les événements catastrophiques qui ont eu lieu à l’aéroport de Kaboul lors du retrait chaotique des forces américaines en 2021.

 

Et une défaite de l’Ukraine avec la Russie serait pire, ce qui explique pourquoi des plans de l’après-guerre ont déjà été élaborés, en particulier u plan B que l’on aura à « détailler » même si nous ne sommes dans le secret des « commissions », groupes de réflexion des états-majors du Pentagone, de l’Otan et des puissances européennes qui l’ont tracé noir sur blanc ; en fait le plan B est une ligne de conduite que s’est tracée pour l’Occident qui, conscient des périls que cette guerre pourrait lui entraîner, n’aura pas de cesse de l’appliquer quelles que soient les conséquences qu’il aura avec les puissances adverses.

 

Et si aujourd’hui les présidents français et américaine parlent de réforme du Conseil de sécurité, c’est qu’il y a un objectif éminemment géostratégique vital pour l’Occident. En clair, le Conseil de sécurité à cinq membres ne peut plus répondre aux grands problèmes du monde qui ont beaucoup évolué, il n’assure pas réellement la paix mondiale. Il existe un déséquilibre flagrant dans le Conseil de sécurité et cette guerre l’a montré avec d’un côté la Russie et la Chine qui sont des alliées et ils le clament, ils le déclarent dans leurs discours.

 

C’est pourquoi les trois puissances occidentales, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni appuient l’Ukraine en guerre avec la Russie, mais n’ont pas la certitude que l’Ukraine va l’emporter sur la Russie. D’autre part, c’est l’Ukraine qui en paie le lourd tribut en souffrances, destructions et morts d’hommes ; une guerre inégale, presque impossible avec la Russie. Alors que l’Occident n’agit que par pays interposé, en fait une guerre par procuration.

 

Et, aujourd’hui, le Conseil de sécurité qui est réellement immobilisé n’offre plus un espace d’entente entre les grandes puissances pour mettre fin à la guerre ; de plus, l’Occident qui s’oppose à la Russie, n’est soutenu ni par les pays émergents ni par les pays du reste du monde ; ces pays n’oublient pas l’arrogance de l’Occident et la colonisation que celui-ci a mené les siècles passés.

 

Cependant, avant de débattre ce qui va se passer en 2024 ou 2025, certainement le confit armé Ukraine-Russie va se trouver très avancé, et la fin de la guerre de plus en plus se préciser, avec l’usure, une situation désespérée, sans espoir, sans but, obligeant une partie arrivée à ses limites à négocier pour sortir de l’impasse qui sera très contreproductive pour elle, il est bon de faire un récapitulatif des demandes d’élargissement par les autres nations. Prenons les plus récentes, celles de 2005, d’autant plus que l’idée de réforme du Conseil de sécurité avancée par la France et les États-Unis, en 2022, est étayée par ces demandes d’élargissement des autres nations auxquelles les Cinq membres permanents, faut-il rappeler, n’y ont pas répondu favorablement.

 

Aussi les premiers pays qui ont présenté une proposition de réforme du Conseil de sécurité ont été l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon (G4) ; ils ont déposé, le 16 mai 2005, simultanément une candidature pour un siège permanent, doté d’un droit de veto. Le journal Le Monde du 17 mai 2005 écrit :

 

« L’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon, surnommés le G4, ont présenté, lundi 16, un projet de résolution prévoyant l’élargissement du Conseil, principal organe de décision de l’ONU, qui passerait à 25 membres, dont 6 permanents, contre 15 actuellement.

 

Une telle mesure est du ressort de l’Assemblée générale et doit recueillir au moins les deux tiers des voix des 191 Etats membres.

 

Réuni à la mission allemande auprès de l’ONU, le G4 a fait circuler ce texte auprès de pays amis, dont certains sont susceptibles d’apporter leur coparrainage, selon un diplomate d’un pays du G4. Il s’agit d’une première étape, destinée à tester le texte, avant de le soumettre au vote de l’Assemblée générale, dès que les quatre seront assurés d’un nombre suffisant de voix.

Le projet de résolution prévoit la création de six nouveaux sièges permanents et de quatre non permanents, sans désigner encore les pays devant en bénéficier. Il se contente de les attribuer par zone géographique : un nouveau siège permanent pour l’Amérique latine, deux pour l’Afrique, deux pour l’Asie, un pour l’Europe occidentale. Il prévoit de donner un nouveau siège non permanent à l’Afrique, un autre à l’Amérique latine, un à l’Asie et un dernier à l’Europe de l’Est. Il souhaite ainsi que la nouvelle majorité au Conseil élargi pour l’adoption d’une résolution sera de 14 voix sur 25, au lieu de 9 sur 15 actuellement.

 

Enfin, il revendique le droit de veto pour les futurs titulaires des nouveaux sièges permanents, au motif que « tous les membres permanents devraient avoir les mêmes responsabilités et les mêmes droits ».

 

Mais, dans un texte explicatif annexé au projet, le G4 affirme que « la question du veto ne doit pas être une cause de blocage d’une réforme du Conseil », signifiant par-là que les quatre seraient prêts éventuellement à renoncer au droit de veto.

 

Actuellement, le Conseil de sécurité compte cinq membres permanents dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et dix non permanents élus pour des périodes de deux ans.

 

PRESSION AMÉRICAINE

 

Le New York Times avait affirmé, dimanche, que Washington avait averti le Japon, l’Inde, l’Allemagne et le Brésil que les Etats-Unis n’appuieraient pas leur démarche en vue de devenir membres permanents s’ils ne renonçaient pas au droit de veto. Selon des diplomates cités par le journal, les Etats-Unis craignent que l’octroi d’un tel droit aux membres du G4 finisse par paralyser le Conseil.

 

De leur côté, l’Italie, le Mexique, le Canada, la Corée du Sud et d’autres pays de taille moyenne sont partisans de sièges semi-permanents et ils font campagne contre les quatre candidats à des sièges permanents.

L’octroi d’un siège permanent à l’Allemagne ferait de l’Italie la seule grande nation d’Europe

occidentale n’en disposant pas. L’Allemagne est le troisième contributeur au budget des

Nations unies, après le Japon et les Etats-Unis.

 

La proposition du G4 diffère légèrement de celle du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui, dans ses propres recommandations de réforme, prévoyait un Conseil de sécurité à 24 membres, et non 25. La différence porte sur un seul siège non permanent, celui dévolu à l’Europe de l’Est.

 

« Il s’agit d’un point de départ pour une réforme profonde de l’ONU », a déclaré un diplomate du G4. C’est un projet concret, sur lequel les délégations vont pouvoir travailler. »

Les « quatre », qui font cause commune depuis septembre, avaient annoncé leur volonté d’aller de l’avant en vue d’un élargissement du Conseil, dans le court laps de temps qui reste avant le sommet mondial de septembre à New York, où ils espèrent voir la réforme entérinée.

Ils ont adopté une stratégie en trois étapes, correspondant à trois projets de résolution, l’un sur le principe de l’élargissement, le deuxième qui identifiera les destinataires des nouveaux sièges et le troisième qui proposera un amendement à la Charte des Nations unies, point de passage obligé d’une telle réforme.

 

Ils ont fixé un calendrier pour ces trois étapes : adoption de la première résolution en juin, élection des candidats aux nouveaux sièges permanents à la mi-juillet et amendement de la Charte deux semaines après. » (3)

 

Le 13 juillet 2005, les États-Unis ont répondu non, ils s’opposaient catégoriquement à la proposition du groupe du G4 visant à élargir le Conseil de sécurité à 25 membres contre 15 actuellement, présentée lundi à l’Assemblée générale qui débattait de la réforme du Conseil de sécurité. Sur la dépêche des Nations Unies, titrée « Les États-Unis opposés à un élargissement du Conseil de sécurité », on lit :

 

« Les États-Unis se sont catégoriquement opposés hier à la proposition du G-4 – Allemagne, Brésil, Inde, Japon – visant à élargir le Conseil de sécurité à 25 membres contre 15 actuellement, présentée lundi à l’Assemblée générale qui débattait de la réforme du Conseil de sécurité

« Les États-Unis ne pensent pas qu’une proposition pour élargir le Conseil de sécurité devrait être votée pour l’heure », a déclaré hier la représentante des États-Unis à l’Assemblée générale qui tenait une séance plénière sur la réforme du Conseil et qui examinait notamment le projet de résolution du G-4 qui consiste à ajouter dix sièges au Conseil de sécurité – six permanents et quatre non permanents contre cinq permanents actuellement et 10 non permanents.

Les États-Unis ont cependant reconnu le droit du Japon à prétendre à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité.

Si plusieurs délégations dont les 25 coauteurs de la proposition du G-4 ont répondu favorablement à l’appel du Secrétaire général visant à ce que l’Assemblée générale se prononce sur la réforme du Conseil avant le sommet de septembre, de nombreuses autres dont celles des États-Unis, de la Fédération de Russie, après la Chine, ont mis en garde contre toute « décision prématurée ».

 

Compte tenu du manque de consensus, les Etats-Unis ont dit craindre une division inutile des membres de l’Assemblée générale face à une réforme du Conseil.

 

Ils estiment par ailleurs que la recherche d’un consensus sur la question devrait être basée sur un accord sur les critères d’élargissement. La représentante des Etats-Unis a suggéré à ce propos l’économie, la population, la puissance militaire, l’engagement en faveur des droits de l’homme et contre le terrorisme, l’équilibre géographique et la capacité à contribuer financièrement à l’ONU.

 

Enfin, les Etats-Unis ont dit craindre qu’un élargissement du Conseil n’affecte son efficacité.

Curieuse approche de la démocratie, a ironisé le représentant de l’Allemagne, aux côtés de celui de l’Inde qui a argué, avec son homologue, que le principe « un membre, une voix » est le signe plus tangible de l’égalité souveraine entre les États. » (4)

 

Le 18 juillet 2005, c’est l’Union africaine, à la suite du G4, qui présente une proposition de réforme du Conseil de sécurité. Le site des Nations Unies en donnent les grandes lignes :

« Après le G-4, l’Union africaine soumet à l’Assemblée générale sa proposition d’un Conseil de sécurité élargi : 26 membres dont six nouveaux sièges permanents dotés du droit de veto.

La question de la réforme du Conseil de sécurité a repris, cet après-midi, le devant de la scène de l’Assemblée générale. Après le débat consacré à la proposition du G-4 -Allemagne, Brésil, Inde, Japon-, les 11 et 12 juillet derniers, les membres de l’Assemblée se sont penchés sur celle de l’Union africaine. Au projet du G-4 visant un Conseil de 25 membres, dont six nouveaux sièges permanents sans droit de veto avant au moins 15 ans, le Nigéria, l’Égypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Burkina Faso ont opposé l’idée d’un Conseil de 26 membres dont six nouveaux membres permanents dotés du droit de veto.

 

Au nom de l’Union africaine dont son pays assume la présidence, le représentant du Nigéria a estimé que la redistribution proposée des sièges tient compte d’une meilleure représentativité des pays en développement, tout en reconnaissant le rôle des acteurs clefs et de leurs contributions aux buts et objectifs des Nations Unies. […]

 

Dans son projet de résolution, l’Union africaine se réserve deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires, en même temps qu’elle attribue deux sièges permanents et un siège non permanent supplémentaire au Groupe des États d’Asie ainsi qu’un autre siège non permanent au Groupe des États d’Europe orientale. Les États d’Amérique latine et des Caraïbes hériteraient d’un siège permanent et d’un nouveau siège non permanent, alors que le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États se verrait octroyer un autre siège permanent. […]

 

Si dès 1976, l’Afrique s’est prononcée pour l’élimination du droit de veto, elle considère néanmoins qu’aussi longtemps que les membres permanents actuels en disposeront, elle devrait pouvoir en faire de même. On ne peut se satisfaire, a insisté le représentant algérien, aux côtés de son homologue de l’Égypte, d’un Conseil à trois vitesses avec des sièges permanents au rabais incapables de peser sur le cours des évènements ni de modifier le rapport de force. » (5)

 

A la proposition de l’Union africaine, un autre groupe, le 27 juillet 2005, présente, à l’Assemblée des Nations Unies, un autre plan de réforme du Conseil de sécurité. Le site des Nations Unies, ONUInfo :

 

« Présentant hier une alternative aux projets du G-4 et de l’Union africaine, le groupe « Unis pour le consensus » a défendu une réforme du Conseil de sécurité « plus démocratique », qui prévoit l’élargissement à 25 membres sans nouveau détenteur du droit de veto, à charge pour chaque groupe régional de décider de la rotation de ses membres élus.

 

« Dans un système démocratique, l’électorat, en l’occurrence, les États Membres, doivent avoir le droit de choisir leurs représentants. Dans aucune démocratie, une seule élection ne suffit à élire, une fois pour toutes, le titulaire d’une charge élective », a déclaré hier le représentant du Canada, Allan Rock, venu présenter à l’Assemblée générale un nouveau projet de réforme du Conseil de sécurité, au nom des 12 pays « Unis pour le Consensus », soutenu également par le Pakistan, l’Italie et la Colombie.

 

Ce projet se présente comme une alternative, moins « extrême » entre celle du G-4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon) et l’Union africaine (UA).

 

Contrairement au G-4 qui prône un Conseil de 25 membres dont six nouveaux sièges permanents sans droit de veto avant au moins 15 ans, et à l’UA qui préconise un Conseil de 26 membres avec le même nombre de nouveaux sièges permanents mais, cette fois, dotés du droit de veto, le groupe « Unis pour le Consensus » renonce d’emblée, dans son projet de résolution, à ce « privilège ».

 

« L’ajout de membres permanents au Conseil de sécurité ne servirait pas les intérêts supérieurs de l’ONU, ni ceux de la grande majorité de ses États Membres », a déclaré Allan Rock, pour qui « l’élargissement du cercle permanent pour y admettre le petit nombre d’États qui revendiquent un statut spécial rendrait le Conseil moins redevable de sa conduite, plus éloigné du reste des Etats Membres de l’ONU et moins représentatif des diverses régions du monde ».

Il a proposé un Conseil de sécurité composé des cinq membres permanents actuels et de 20 membres non permanents qui seraient élus pour un mandat de deux ans et seraient immédiatement rééligibles, sur décisions de leurs groupes géographiques respectifs.

Six sièges iraient au Groupe des États d’Afrique, cinq au Groupe des États d’Asie, quatre à celui des États d’Amérique latine et des Caraïbes, trois au Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, et deux au Groupe des États d’Europe orientale.

 

De plus, a poursuivi le représentant, la formule du groupe permet aux régions d’attribuer en toute souplesse les sièges dont elles disposent au sein du Conseil.

 

Le texte prévoit que chacun des groupes régionaux pourra modifier l’attribution à ses États Membres des sièges, et cela, en fonction des besoins et selon la capacité de certains de ses Membres à œuvrer dans l’intérêt de tous.

 

S’agissant de la souplesse, le projet de résolution présente un autre avantage, a estimé le représentant. Il permettra à chaque région de prévoir des mandats de durée variable qu’il serait possible de renouveler dans l’attribution des différents sièges électifs permanents dont elle disposerait au Conseil.

 

« La formule du groupe oblige, en outre, le Conseil à rendre des comptes aux États Membres de l’ONU. Le statut permanent est l’exact opposé de la responsabilité puisqu’il transforme le mandat effectif en droit acquis », a conclu Allan Rock.

 

Le groupe « Unis pour le Consensus » n’a donc pas répondu à l’appel du Secrétaire général visant à ce que l’Assemblée générale se prononce sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, fusse-t-il par un vote, avant le Sommet de septembre.

 

Le groupe s’écarte ainsi de la position du G-4, qui a dit son intention de mettre son texte aux voix dans un avenir proche. « Unis pour le consensus » rejoint, en revanche, l’UA qui avait demandé qu’on laisse du temps aux négociations.

 

Aujourd’hui, la représentante de la Colombie a regretté le manque de communication, l’absence de négociations, la défiance et les divisions profondes entre les tenants des différents votes qui conduisent les délégations à envisager le vote.

 

Le processus de dialogue et de consultations doit être relancé entre les tenants des trois différents textes, a souhaité pour sa part le Coordonnateur du projet, Munir Akram, représentant du Pakistan lequel, craignant qu’un vote n’exacerbe les tensions, a demandé au Président de l’Assemblée générale de déclarer son incompatibilité avec les modalités adoptées pour les préparatifs du Sommet de septembre.

 

Dans une déclaration à la presse le 13 juillet dernier, le Secrétaire général avait déploré le « déficit démocratique » dans la gouvernance de l’ONU. « Nous parcourons le monde à donner des leçons de démocratie, il est temps qu’on applique ce principe à nous-mêmes », avait-il estimé. » (6)

 

Après cette présentation de demandes de réformes du Conseil de sécurité par les autres nations qui, il faut dire, n’ont pas été retenues du fait que les cinq membres permanents se sont opposés à tout élargissement du Conseil de sécurité – on peut penser que le P5, gardant jalousement ce « privilège » a sommet de l’humanité, ne veulent pas partager, et c’est compréhensible du fait de la nature humaine –, la question se pose néanmoins pourquoi ce revirement de la France et des États-Unis, en 2022, en pleine guerre en Ukraine ?

 

Il est évident que cela a trait au « plan B » des USA, comme on l’a mentionné supra, qui est déjà élaboré par les stratèges occidentaux sur le futur de la guerre en Ukraine, et rien n’indique que la Russie va reculer après avoir annexé la Crimée et les quatre régions ukrainiennes à l’Est de l’Ukraine. Dès lors des interrogations se posent sur le futur de la guerre en Ukraine.

 

La première question est la base même du sens du conflit Ukraine-Occident-Russie : « Qui sortira victorieux de la guerre ? L’Ukraine et avec elle l’Occident qui aura atteint ses objectifs ? Ou la Russie qui aura agrandi son territoire de la Crimée et des régions de l’est de l’Ukraine ? » Et en amont : « Qui vraisemblablement a les moyens de l’emporter : la Russie ou l’Ukraine ? » Une question de fond.

 

La deuxième question : « Y aura-t-il escalade dans la guerre, et la Russie, arrivée à ses dernières limites, utilisera-t-elle l’arme nucléaire pour arriver à ses objectifs ? » Et donc elle ne perdra pas la face dans cette guerre. L’Occident sera-t-il amené soit à répondre directement par l’arme nucléaire à la Russie, ou indirectement en armant l’Ukraine d’armes nucléaires, en réponse à des frappes nucléaires russes ?

 

La troisième question : « En cas de défaite de l’Ukraine et qu’un plan B existe en amont et qu’il répond à cette situation, en quoi consiste-t-il ce plan et que représenterait-il pour les États-Unis face à la Russie qui sort victorieuse ? Et les conséquences qui ne sauraient manquer pour tout l’Occident.

 

A ces questions, répondons en premier à la deuxième question « de l’escalade à l’emploi d’armes nucléaires ». Le président russe Vladimir Poutine a menacé plusieurs fois, au début du conflit, d’employer l’arme nucléaire en cas de cobelligérance. Au début, certes les Occidentaux, s’accordant autour d’une poursuite de la livraison de matériel défensif à destination de Kiev et de l’accroissement des sanctions contre la Fédération de Russie, se sont tous efforcés à ne pas s’exposer à devenir cobelligérants, et donc en dehors de l’aide en matériels militaires défensifs, il n’était pas question de livrer des équipements comme des avions, des chars ; en fait ils se sont tracés une ligne rouge qui consistait à ne pas devenir cobelligérants.

 

Mais, après le retrait des forces russes, en avril 2022, de la région de Kiev, et leur positionnement à l’est de l’Ukraine, au fil des mois de guerres, la situation concernant l’aide occidentale s’est détendue. L’Occident a fourni tous types d’armes à l’Ukraine, défensives et offensives. Des chars allemands et US, des hélicoptères et avions de fabrication européennes et américaine, des systèmes de défense anti-aérienne anglais et américain (Patriot), des drones, etc.

 

Le président Vladimir Poutine, en décembre 2022, a reconnu que le conflit en Ukraine était « long » et a relativisé le risque d’un recours à l’arme nucléaire. Comme l’écrit Euronews, le 8 décembre 2022 :

 

« Alors que la menace nucléaire russe plane depuis le premier jour sur la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a relativisé le risque d’un recours à cette arme de destruction massive.

 

Ce mercredi, le dirigeant russe a reconnu l’arme nucléaire « comme un moyen de défense », et a affirmé qu’il ne l’utiliserait qu’en « réponse » à une attaque de ce type.

«  Nous ne sommes pas devenus fous, nous savons ce que sont les armes nucléaires  », a déclaré M. Poutine, s’exprimant en visio-conférence devant son Conseil des droits de l’homme, une organisation entièrement soumise au Kremlin. » (7)

 

La réponse n’est pas seulement «  Nous ne sommes pas devenus fous, nous savons ce que sont les armes nucléaires », mais réside dans le sens même de la guerre elle-même et l’opportunité ou non d’utiliser des armes nucléaires. Le président russe a menacé d’utiliser des armes nucléaires en cas de cobelligrance de la part de l’Occident ; mais qu’a-t-il fait l’Occident ? Il n’a fait que soutenir l’Ukraine d’armes conventionnelles, au départ prudemment, puis a haussé le ton face à la menace nucléaire russe et a livré des armes offensives à l’armée ukrainienne, des armes conventionnelles.

 

En fait, trois points ressortent clairement dans la réponse à la troisième question, dont un majeur qui signe désormais la prolifération de l’armement nucléaire à l’échelle mondiale.

 

Pour le premier, l’Ukraine n’est pas une puissance nucléaire et la guerre qui l’oppose à la Russie, qui est non seulement une puissance nucléaire mondiale mais, par le nombre d’ogives et de puissance, elle est le numéro1 mondial. Combien même l’Ukraine est aidée par l’Occident, l’aide occidentale reste au niveau de l’armement conventionnel. Or, une puissance militaire mondiale comme elle l’est la Russie, qui se targue de ne pas faire la guerre à l’Ukraine mais mène seulement une opération militaire spéciale pour venir en aide aux populations ukrainiennes d’origine russe, n’a puisé qu’en partie sur les formidables réserves d’armements conventionnels qu’elle possède.

 

D’autre part, la Russie n’a pas décrété la mobilisation générale, la population russe forte de près de 150 millions de russes alors que l’Ukraine a décrété la mobilisation générale et la loi martiale, sa population moins de 40 millions, si on soustrait les populations du Donbass, de Kherson, Zaporijjia et la Crimée.

 

Donc, que la Russie utilise l’arme nucléaire contre l’Ukraine ou contre un pays de l’OTAN dénote simplement un signe de faiblesse de la puissance de la Russie, et aussi un signe qui n’est pas mature de la part du gouvernement russe qui lance une attaque nucléaire sachant que les puissances adverses peuvent riposter.

 

Pour le second point, il va de soi, le monde entier viendra à condamner l’attaque nucléaire russe ; non seulement la Russie a agressé un pays souverain mais ensuite a continué l’escalade jusqu’à provoquer une guerre nucléaire.

 

Enfin le troisième point, et celui-ci est sans appel, qu’une guerre nucléaire éclate entre la Russie et l’Ukraine ou avec l’OTAN, et désormais le Conseil de sécurité n’est plus l’espace qui défendrait la paix mondiale ; tous les pays du monde vont chercher obligatoirement à se prémunir contre les puissances nucléaires actuelles et chercheraient par tous les moyens à se doter d’armes nucléaires pour se défendre ou pour dissuader tout agresseur potentiel. Les centres de recherches nucléaires secrets vont pulluler dans le monde ; le Conseil de sécurité sera incapable de mettre de l’ordre dans le monde puisque cet ordre a été bafoué par un des membres. Le mot d’ordre pour chaque nation serait : « Tu me nucléarise, je te nucléarise. » Si l’Ukraine était une puissance nucléaire comme le Pakistan, elle n’aurait jamais été envahie compte tenu des conséquences nucléaires qui surviendraient.

 

On comprend donc pourquoi l’escalade s’est arrêtée et « le dirigeant russe a reconnu l’arme nucléaire « comme un moyen de défense », et a affirmé qu’il ne l’utiliserait qu’en « réponse » à une attaque de ce type. » Donc ici c’est clair que seulement « si la Russie est attaquée par une arme nucléaire. »

 

La deuxième question sur l’escalade et le risque d’emploi d’armes nucléaires étant explicitée, il reste à analyser la première question qui est la question de la guerre en Ukraine, ce qui est en puissance dans cette guerre, et ce qui en ressortira en 2024 ou 2025. C’est une question de fond, puisque c’est elle qui va déterminer le futur de la guerre.

 

Tout d’abord la contre-offensive en cours, qu’en est-il ? Il faudra souligner que c’est la deuxième contre-offensive ; en 2022, il y a eu une première contre-offensive qui a eu quelques succès sur la ligne de front ; en revanche, la contre-offensive de l’été 2023, mis à part quelques dizaines de km2 de libérés, elle n’a pas évolué positivement. Le journal Le monde du 28 septembre 2023 résume la situation en Ukraine et dans le monde :

 

« La rentrée s’annonçait compliquée sur le front militaire pour Volodymyr Zelensky, elle l’est aussi sur le front diplomatique. Tandis que la contre-offensive engagée en juin contre l’agresseur russe reste laborieuse sur le terrain, en dépit des percées revendiquées par ses troupes, le président ukrainien se démène pour plaider la cause de son pays envers et contre tout. Mais plusieurs déconvenues survenues ces dernières semaines viennent démontrer que la bataille diplomatique engagée en marge des combats contre les forces russes, qui s’enlisent, est tout autant semée d’embûches.

 

Plus la guerre dure, plus il est d’ailleurs difficile pour Volodymyr Zelensky de faire la distinction entre les deux fronts qui le mobilisent jour et nuit. La contre-offensive doit permettre de récupérer un maximum de territoires occupés, et mettre Kiev, à en croire ses alliés, en position de force avant une éventuelle négociation avec Moscou – pour l’instant hors de portée. La lente progression de l’armée ukrainienne face à des forces russes retranchées derrière leurs lignes de défense n’est donc, a contrario, pas à son avantage. « Les Ukrainiens ont peut-être perdu de l’élan diplomatique, car la contre-offensive va moins vite qu’espérée », constate un diplomate occidental.

Dans un monde fracturé comme jamais, le sommet du G20, les 9 et 10 septembre, et l’Assemblée générale de l’ONU, du 19 au 26 septembre, ont montré toute la difficulté de rallier les pays émergents à la cause ukrainienne. De passage à New York, le président ukrainien a certes pu, pour la première fois en présentiel, défendre l’idée d’un sommet pour la paix à la tribune des Nations unies, comme lors d’une session extraordinaire du Conseil de sécurité.

Face à l’obstruction du représentant russe, qui contestait son intervention, le président de séance, le premier ministre albanais, Edi Rama, a manié l’ironie : « Si vous êtes d’accord, vous arrêtez la guerre et Zelensky ne prendra pas la parole. » Le chef d’Etat ukrainien a cependant dû renoncer à une discussion spécifique sur le plan de paix qu’il porte depuis près d’un an, lors d’une réunion semblable à celles survenues dans les mois précédents à Copenhague, au Danemark, puis à Djedda, en Arabie saoudite.

En réalité, Kiev et ses alliés occidentaux constatent qu’en dépit de leurs efforts rien ne semble convaincre les grands émergents de choisir leur camp entre la Russie, soutenue par la Chine. » (8)

Que peut-on dire de ce blocage à tous les niveaux ? La seule réponse qui paraît évidente, la guerre va certainement se poursuivre en 2023 et en 2024, les combats entre russes et ukrainiens ne vont donc pas cesser. Cependant, compte tenu de la situation et de l’hiver qui va venir, la situation sera encore plus difficile pour l’armée ukrainienne. On peut penser qu’il y aura encore une troisième contre-offensive, dans les mois à venir, avant 2024, ou au printemps 2024, une contre-offensive qui va s’étirer jusqu’à l’été 2024, mais lorsque l’on regarde « ligne Sourovikine » dans le sud de l’Ukraine, fortifiée par des dizaines de milliers de « dents de dragon », de mines et les défenses érigées par les Russes qui atteignent un demi-kilomètre de profondeur, auxquels s’ajoute la présence permanente de drones au-dessus des zones de combat, qu’ils soient d’observation ou tactiques – destinés à frapper –, c’est dire que c’est presque impossible à traverser.

L’auteur de ses lignes, lorsqu’il a étudié à St-Petersburg (ex-Leningrad), a vu ces dents de dragons que les forces soviétiques ont érigées face à l’armée allemande, dans la grande guerre patriotique, lors du siège de près de 900 jours (septembre 1941-janvier 1944) imposé à la ville de Leningrad par la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des cônes en béton de près d’un demi-mètre ; ils sont impressionnants, entrelacés, proches entre eux, ce qui rend impossible les chars, quels qu’ils soient, de traverser ces lignes ; ni les chars de combat lourds américains Abrams ni les Panzer allemands 1, 2 ou plus ne le pourront, et ce sans compter les champs de mines et les drones.

Sur BFM, on lit : « C’est actuellement le plus grand champ de mines du monde. Non seulement, il rend les déplacements difficiles pour les gens, mais il provoque également des perturbations majeures dans l’agriculture, qui est l’une de nos principales industries », a-t-il en effet déclaré.

 

Le chef du gouvernement ukrainien a même livré une estimation plus précise de la superficie piégée : 250.000 km2, une zone minée excédant la surface de la péninsule coréenne prise dans son ensemble (221.000 km2 d’après le décompte de Yonhap), de la Roumanie (238.000 km2), et même du Royaume-Uni (244.000 km2). « Au moins 50 ans » de déminage à prévoir. » (9)

 

« Les autorités ukrainiennes estiment le déminage de ces champs de la mort à 35 milliards de dollars. »

La Russie a une supériorité des forces aériennes écrasantes sur l’Ukraine, certes l’aide occidentale apportée aux forces ukrainiennes contrecarrent, dans une certaine mesure, les attaques russes, mais elles restent très insuffisantes pour inverser le rapport des forces ; ce qui est d’ailleurs logique, une puissance moyenne qui cherche à rivaliser, malgré tout le soutien occidental, avec une grande puissance, est extrêmement difficile.

Si c’était comme en Irak face aux Américains, ou encore l’Union soviétique qui a envahi l’Afghanistan, la guérilla irakienne ou afghane, soutenue de l’extérieur et aidée avec le temps, peut faire reculer l’agresseur et à la fin obliger la puissance envahissante à se retirer. Et c’est ce qui s’est passé, à la fin, la guérilla irakienne a obligé les États-Unis à retirer toutes leurs forces US d’Irak, à la fin décembre 2011 ; l’URSS aussi, d’Afghanistan, le 15 février 1989.

Or, ici ce n’est pas le cas, les populations des régions ukrainiennes annexées par la Russie ont demandé à être intégrées au territoire russe ; pourquoi ? Parce qu’elles sont d’origine russe et il n’y a pas de guérilla interne ; le seul combat de cette population se fait contre le pouvoir central à Kiev, depuis 2014 ; d’où, à la fin, a été ordonnée l’opération militaire spéciale par la Russie, le 24 février 2022. On comprend pourquoi, après 17 mois de guerre, la guerre est en train de s’acheminer à une guerre d’usure ; on peut même dire qu’elle est déjà entrée dans une phase d’usure.

L’offensive de l’armée ukrainienne contre les forces russes s’enlise ; une troisième contre-offensive, une quatrième contre-offensive ne changeront pas le rapport des forces. Et l’Occident le sait très bien, mais il ne peut arrêter les combats et demander au pouvoir de Kiev de négocier avec la Russie selon les conditions russes qui mettent en avant dans tout accord l’acceptation des régions ukrainiennes annexées. Ce qui est ni plus ni point une « reddition » et que toutes les aides de l’Occident fournies à l’Ukraine n’auraient servi à rien ; les sanctions économiques et financières aussi. En clair, la Russie serait non seulement victorieuse, mais aurait gagné sur toute la ligne.

On comprend dès lors que la guerre en Ukraine va se poursuivre ; cependant, malgré tout, elle ne va pas s’éterniser. Pourquoi ? Pour deux raisons, en fait, qui convergent vers le même but.

La première raison, elle est naturelle, comme ce qui s’est passé en Irak, en Afghanistan. Il n’y a la guerre que s’il y a vraiment motivation et espoir pour inverser les donnes ; l’Occident, ne l’oublions pas, est engagé dans une guerre qui est une guerre par procuration donnée à l’Ukraine pour faire reculer la Russie ; si la Russie recule, la motivation est entretenue et avec elle l’espoir de la victoire ; si la Russie ne recule pas, mais l’armée de l’Ukraine s’enlise dans la guerre et s’épuise, et pour cela, il faut se rappeler l’enlisement des armées française lors de la Première Guerre mondiale, les mutineries qui ont éclaté, et ce n’est qu’avec l’entrée en guerre de l’Amérique au côté des alliés que la situation s’est corrigée pour les pays d’Europe, et l’espoir est revenu pour les troupes alliées. En 1918, l’armée allemande épuisée ne pouvait plus tenir ses lignes de défense, résultat : l’Allemagne a demandé l’armistice ; elle a perdu la guerre ; les réparations, conditions qui scellaient la fin de la guerre, imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles en 1919, étaient draconiennes.

Le même processus peut se prévaloir pour l’armée ukrainienne, bien sûr sans réparations puisque c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine. Si contre-offensive après contre-offensive et toujours des pertes humaines, forcément il apparaîtra pour le gouvernement ukrainien de ne pas trop tirer sur la corde sachant que l’épuisement de ses forces armées a une limite, qu’il peut y avoir des troubles au sein même de ses forces qui ne voudront plus aller à l’abattoir. En clair, se faire tuer pour rien, puisque tout montre qu’elles ne parviendront pas à changer le rapport des forces.

Les forces armées russes s’épuisent aussi, mais la situation est complètement différente ; elles ne cherchent pas l’offensive, ou si elles procèdent à l’offensive, c’est une offensive tactique pour épuiser l’armée ukrainienne. La Russie a plutôt intérêt à fortifier et défendre les régions qu’elle a annexées et qui font désormais partie de ses territoires ; et la population de ces régions annexées est avec eux.

Le sentiment dans le combat est complètement autre ; il n’y a pour ainsi dire pas d’usure ; leur objectif est précisément de provoquer l’enlisement des forces adverses qui, de plus en plus, la motivation les abandonnant, la prise de conscience de leur faiblesse et de l’impossibilité de changer le cours de la guerre, sera une réalité. Une situation qui ne manquera pas de venir, qui n’est qu’une question de temps, poussera les chefs militaires et le pouvoir de Kiev comme le soutien des États-Unis et des pays d’Europe qui, eux aussi, seront gagnés par la lassitude, à regarder la réalité en face, ce qui les obligera à demander des pourparlers avec la Russie pour mettre fin à la guerre.

Donc, pour se répéter encore, l’enlisement et l’usure sera fatale aux forces armées ukrainiennes comme d’ailleurs pour les pays occidentaux qui les soutiennent ; il est certain qu’ils ne demanderont pas l’arrêt des combats tant qu’il y a espoir, cependant les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, suivent de très près l’évolution des combats ; si la situation commence à devenir très difficile, voire critique, les forces ukrainiennes qui dans la ligne de front font du surplace, et aucune évolution dans le temps, les États-Unis et leurs alliés européens forcément viendront à anticiper et conseiller au gouvernement de Kiev de négocier la paix avec la Russie. Et c’est ce que le gouvernement fera non seulement parce qu’il dépend de l’aide militaire et financière de l’Occident, mais aussi du marasme psychologique qui va gagner les forces armées, et avec eux le peuple ukrainien

La seconde raison, pour contrecarrer l’enlisement et l’usure, ce sont les menaces qui pèsent la centrale nucléaire de Zaporijjia ; il y a certes un risque qu’une partie bombarde, et qu’un grave accident nucléaire survienne et touche la région ; un nuage radioactif va alors se propager et créer la panique comme lors de l’accident nucléaire majeur survenu à Tchernobyl, en 1986. Mais le bombardement de la centrale nucléaire ne va pas changer les donnes si ce n’est qu’il est un acte désespéré. Cependant que cet accident survienne, il ne peut qu’accélérer les événements et pousser les deux parties avec l’Occident à négocier. Mais le résultat sur la fin de la guerre serait le même.

Aussi quel que soit l’événement d’ordre nucléaire (centrale nucléaire de Zaporijjia bombardée ou autre) qui peut survenir et amener les deux parties à s’accuser mutuellement, on peut dire que ni l’Occident n’a intérêt à pousser l’Ukraine dans cette voie, ni l’Ukraine à opter dans cet acte désespéré qui ne mène à rien ni la Russie qui occupe cette centrale à le mener. En clair, un recours au nucléaire civil ne serait que contre-productif ; il ne donnera aucun avantage à la partie qui l’aura provoqué.

Forcément la guerre va se terminer ; le processus de la guerre est déjà balisé par la situation même des parties dans le champ de bataille ; tout laisse penser que l’Ukraine ne peut venir à bout de la Russie ; l’Ukraine comme l’Occident son soutien et conseil, devant l’absence de perspective dans cette guerre, ne pourra que se diriger vers des négociations avec la Russie.

Le grand problème est que l’Occident et l’Ukraine vont perdre la guerre. Précisément, les États-Unis, en tant que première puissance mondiale, pilier de l’Occident, a pris en compte toutes les situations qui peuvent survenir dans cette guerre. Et là entre la troisième question que l’on a posée plus haut : Que résultera-t-il en cas de défaite de l’Ukraine ? Il est clair que ce sera un véritable désastre pour l’Occident, en particulier pour les États-Unis ; ce n’est pas un désastre, comme le disent certains experts européens et américains, qui est 10 fois pire que celui que les États-Unis ont vécu à Kaboul en 2021, mais 100, 1000 fois pire, il faudrait dire.

Précisément, c’est là où entre le « plan B américain » qui vient rebattre les donnes mondiales ; qu’en fait la guerre en Ukraine et l’invasion russe qui l’a provoquée relèvent de la Providence et non des hommes ; l’auteur sans aucun doute sur cette guerre, malgré les souffrances, les destructions et les morts, dit que cette guerre constitue du pain béni pour l’humanité ; qu’en fait bien que la Russie en sortira victorieuse, elle apprendra à ses dépens comme d’ailleurs la Chine son allié, qu’en fait elle n’est pas victorieuse, c’est l’humanité qui sera sortie victorieuse.

Et comment comprendre cette prédiction de l’auteur qui est basée, logique, et n’est pas une vue de l’esprit ? Elle vient de trois sources, d’abord de la guerre elle-même en Ukraine, des propositions de réformes du Conseil de sécurité faites, en 2005, par le groupe du G4 (Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon), de l’Union africaine et du groupe « Unis pour le consensus » dont on a donné plus haut les grandes lignes et enfin le passage-clé du discours du président américain Joe Biden, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le 21 septembre 2022 :

 

« Je crois aussi que le temps est venu où cette institution doit devenir plus inclusive afin de mieux répondre aux besoins du monde d’aujourd’hui. »

 

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis y compris, doivent systématiquement soutenir et défendre la charte des Nations unies, et s’abstenir de faire usage de leur droit de veto, sauf dans des situations rares et extraordinaires, afin de garantir que le Conseil reste crédible et efficace.

 

C’est aussi pourquoi les États-Unis soutiennent l’augmentation du nombre de représentants permanents et non permanents du Conseil. Cela implique des sièges permanents pour des nations que nous soutenons depuis longtemps et des sièges permanents pour des pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes. » (2)

 

Tout dans le passage-clé du président américain reflète le plan B américain. En clair, le président et avec lui tous les décideurs américains chargés de la marche à suivre de la guerre en Ukraine ont déjà en main les grandes lignes de ce fameux plan B ; l’auteur n’en connaît pas les lignes, mais le désastre qui surviendra à la fin de la guerre parle lui-même de ce plan ; il constituera la riposte américaine pour à la fois mettre un bémol à la victoire russe mais permettre à la première puissance du monde à s’imposer encore sur le plan mondial.

 

Sauf que cette fois-ci, avec la défaite en Ukraine, les États-Unis seront dans le plan B certainement plus constructif, plus positif, à la fois pour l’Occident et pour l’ensemble des pays du monde.

 

La réforme du Conseil de sécurité visée dans le plan B américain ne sera pas seulement d’intégrer de nouvelles puissances comme celui du G4 où l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon veulent un siège au Conseil de sécurité avec ou sans droit de veto, ou de l’Union africaine et de l’autre groupe démocratique « Unis pour le consensus » où, globalement, nombre de ces nations visent à la fois un siège permanent et le droit de veto, d’autres seulement un siège permanent sans droit de veto, d’autres encore des membres non permanents qui seraient élus pour un mandat de deux ans et seraient immédiatement rééligibles sur décisions de leurs groupes géographiques respectifs.

 

Il est clair que toutes ces propositions qui visent un siège au Conseil de sécurité doivent être corroborées du sens de leur intégration en membres permanents dotés de droit de veto ou non. Quel est le sens d’intégrer de nouvelles nations dotées de droit de veto ? Est-ce seulement pour avoir le « privilège » qu’ont les cinq nations qui constituent actuellement le Conseil de sécurité ? Une telle demande serait sans sens, et combien même les trois pays occidentaux, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, s’ils n’explicitent pas pourquoi, et quel apport serait d’accueillir des membres permanents dotés du droit de veto et non de veto.

 

Par exemple, que serait le rôle des nouveaux membres permanents non dotés de droit de veto ? Sans ce privilège qu’est le droit de veto, ces membres feraient tout au plus de la figuration, ils n’auraient aucun poids dans les grandes décisions à prendre sur les conflits internationaux. De même que constituerait-il, comme le déclare le président américain : «

Cette institution (Conseil de sécurité) doit devenir plus inclusive afin de mieux répondre aux besoins du monde d’aujourd’hui. »

 

D’autre part, certainement, la Fédération de Russie et la Chine pourraient s’interposer à la décision d’élargir le Conseil de sécurité et donc, par leur droit de veto, refuser toute intégration de nouveaux membres. C’est, à toutes ces questions, que le plan B a été préparé pour à la fois éviter toute velléité de refus de la part de la Russie et de la Russie et mettre sur rail un plan qui obligerait tout le monde pour l’accepter parce que ce plan serait non seulement logique et raisonnable ; même si la Russie et la Chine viendrait à perdre de leur primauté comme d’ailleurs les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ce plan de réforme est bénéfique pour le Conseil de sécurité et pour la paix du monde.

 

Un point cependant, dans ce plan s’insèrerait même la possibilité d’’exclure un membre permanent du Conseil de sécurité doté du droit de veto si ce membre s’aviserait d’envahir un pays souverain comme l’a fait la Russie avec l’Ukraine. Cependant, la Russie, à sa demande, peut interdire et par son droit de veto, par exemple que l’Ukraine rejoigne l’OTAN ou l’OTAN intègre l’Ukraine, et là, il faut amender la Charte des nations Unies, amendement par des textes juridiques acceptés par tous les membres.

Par exemple, pour l’attaque de l’armée de l’Azerbaïdjan contre le Haut Karabakh, c’est au Conseil de sécurité élargi qui tranchera et au vote si l’Azerbaïdjan a droit ou non au territoire où la minorité arménienne s’est autoproclamée une république. De même, pour la région du Donbass, pour Taïwan, et pour d’autres régions du monde, un Conseil de sécurité élargi, pourrait mettre fin aux dysfonctionnements aux conflits et guerres internationaux.

 

Aussi, l’auteur donne les grandes lignes que sera ce plan, il le détaillera dans un autre article, aussi, selon la pensée de l’auteur, combien même il ne connaît pas les éléments qui structurent le plan B américain, les pays qui seront choisis pour être intégrés seront l’Inde et le Pakistan, avec droit de veto. Combien même, la Chine et la Russie pourraient ne pas accepter parce que cela vient des États-Unis, ils seront forcés d’accepter.

 

Pourquoi l’Inde et le Pakistan ? Parce que tous deux sont des puissances nucléaires et sont rivaux ; ils peuvent provoquer une guerre nucléaire ; en revanche, l’Allemagne, le Japon et le Brésil ne sont pas des puissances nucléaires ; leur octroyer le droit de veto n’a pas de sens ; le droit de veto doit inspirer la crainte aux autres membres s’ils prennent une décision qui va contre les intérêts de ce membre.

 

De plus, si on regarde le Conseil de sécurité à 7, nous avons toutes les cultures du monde représentées ; trois pays (États-Unis, France, Grande-Bretagne) de religion chrétienne et islamique, un pays (Pakistan) de religion de l’islam, un pays (Russie) d’origine slave, de religion chrétienne et islamique, un pays (Chine) de religion bouddhiste et islamique et un pays (Inde) de religion hindouiste et islamique.

 

En revanche, pour l’élargissement de membres permanents sans droit de veto, deux pour l’Occident (Allemagne, Japon), deux (Brésil, Argentine) pour l’Amérique du Sud, et trois pour l’Afrique (Afrique du Sud, Égypte, Algérie).

 

Le Conseil de sécurité sera constitué de 14 membres, sept dotés de droit de veto, et sept sans droit de veto. Pourquoi Sept membres du Conseil de sécurité dotés du droit de veto et Sept non ? Pour la simple raison que le droit de veto doit faire l’objet d’un amendement ; le droit de veto ne doit plus être un droit de blocage.

 

Certes les cinq membres ont bénéficié de la fin de la Deuxième Guerre mondiale ; ils ont été victorieux à la fin de la guerre ; et, par cet état, ils ont adhéré tacitement en tant que membres sans élection. La Chine continentale n’est devenue membre que lorsque la guerre du Vietnam allait se terminer avec les États-Unis, qui ont compris qu’il faut aller à la détente ; la Chine a alors remplacé Taïwan.

 

Dans les décisions prises par le Conseil de sécurité, certes le droit de veto est toujours en vigueur, cependant le veto qu’oppose une puissance doit être confirmé par un double vote, celui des membres permanents dotés du droit de veto et ceux des membres permanents non dotés du droit de vote ; le droit de veto du membre qui a émis un veto n’est entériné que s’il obtient la majorité simple (4 oui sur 7) pour être retenu, sinon il est rejeté.

 

Par exemple, si la France demande à l’Azerbaïdjan de retirer ses troupes du Haut Karabakh, et si la Russie et le Pakistan s’opposent par leur droit de veto, ce sera alors au vote des deux groupes permanents pour décider si la résolution que demande la France sera votée ou non. Toujours dans l’exemple, France, Grande-Bretagne, États-Unis, Inde votent oui, Chine, Russie, Pakistan votent non, de même pour l’autre groupe, Allemagne, Japon, Brésil, Argentine votent oui, Afrique du Sud, Égypte, Algérie votent non, la Résolution du Conseil de sécurité demandée par la France est votée, et l’Azerbaïdjan sera obligée de quitter le Haut du Karabakh ; si l’Azerbaïdjan ne le quitte pas, ce sera alors, comme en Lybie en 2011, le recours à la force voté par le Conseil de sécurité. Et il en va pour tous les conflits du monde.

 

Si, par exemple, c’est une des trois grandes puissances (États-Unis, la Russie, Chine) des Sept qui siègent au Conseil de sécurité, et qui voudrait envahir ou a envahi un pays souverain, là aussi, un des membres du conseil de sécurité s’oppose en levant son veto, de même un vote s’opèrerait pour les deux groupes ; s’il est négatif, la puissance qui a envahi n’est pas inquiétée, s’il est positif, donc pour la résolution votée qui ordonnera à la puissance de mettre fin à l’invasion. Si cette puissance ne s’exécute pas, et donc refuse d’appliquer la Résolution du Conseil de sécurité, une procédure d’exclusion sera soumise à son encontre au Conseil de sécurité, et cette puissance, parmi les trois plus grandes puissances du monde, ne serait pas à l’abri ; elle risque d’être traitée en pays paria.

 

Évidemment, une telle situation ne pourrait à l’avenir survenir pour aucune des grandes nations nucléaires du monde. Pourquoi ? Pour la simple raison que les amendements qui ne manqueraient pas d’être ajoutés à la Charte des Nations Unies, et qui seraient votées, protègeraient les populations d’ethnie différente du pouvoir central par la force. Que ce soit au sein d’un pays dans une de ses régions où cette ethnie est majoritaire, comme par exemple, dans la région du Donbass et en Crimée, ou si cette population est une nation combien même d’une même ethnie mais d’idéologie différente, elle a aussi droit à l’existence en tant que nations souveraine, comme, par exemple, Taïwan. Donc tout dépend des quatorze membres permanents du Conseil de sécurité s’il venait à s’élargir sous cette forme.

 

Enfin, pour conclure, le problème des droits des peuples est complexe, et l’auteur, dans un autre article, précisera sa pensée ; il essaiera, même s’il ne connaît pas le plan américain, et cela va de soi il est top secret, mais il ne peut être secret pour la pensée qui le pense dans son contexte de guerre en Ukraine, qui est réellement un tournant pour l’Europe, pour l’OTAN et pour les États-Unis et bien sûr pour l’ensemble des pays du monde. Une nouvelle ère pourrait se lever pour l’humanité. 

 

Enfin, un dernier mot, tout ce qui arrive à l’humanité de positif ou de négatif s’incorpore dans la marche «  ordonnée » du monde ; rien ne vient sans cause, rien ne vient sans but. La guerre en Ukraine s’inscrit dans cette perspective.

 

Medjdoub Hamed
Auteur, chercheur en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
Note :

1. Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur le conflit en Ukraine et les défis en matière de relations internationales, à New York le 20 septembre 2022.
https://www.vie-publique.fr/discours/286370-emmanuel-macron-20092022

2. « Discours du président Biden à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies », Traductions en français. September 21, 2022
https://www.state.gov/translations/french/discours-du-president-biden-a-la-77e-session-de-lassemblee-generale-des-nations-unies/

3. « Le G4 propose un élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU », par le Journal Le Monde. Le 17 mai 2005
https://www.lemonde.fr/international/article/2005/05/17/le-g4-propose-un-elargissement-du-conseil-de-securite-de-l-onu_650549_3210.html

4. « Les États-Unis opposés à un élargissement du Conseil de sécurité », par le site des Nations Unies, ONUInfo. Le 13 juillet 2005
https://news.un.org/fr/story/2005/07/76242

5. « APRÈS LE G-4, L’UNION AFRICAINE SOUMET À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SA PROPOSITION D’UN CONSEIL DE SÉCURITÉ ÉLARGI : 26 MEMBRES DONT SIX NOUVEAUX SIÈGES PERMANENTS DOTÉS DU DROIT DE VETO », par le site des Nations Unies. Le 18/07/2005
https://press.un.org/fr/2005/ag10370.doc.htm

6. « Réforme du Conseil de sécurité : le groupe « Unis pour le consensus » propose une voie « plus démocratique » », par le site des Nations Unies. Le 27 juillet 2005
https://news.un.org/fr/story/2005/07/76882

7. « « Nous ne sommes pas devenus fous », Vladimir Poutine relativise le recours à l’arme nucléaire », par euronews. Le 8 décembre 2022
https://fr.euronews.com/2022/12/08/nous-ne-sommes-pas-devenus-fous-vladimir-poutine-relativise-le-recours-a-larme-nucleaire

8. « La bataille diplomatique contre la Russie engagée par Volodymyr Zelensky est aussi semée d’embûches », par le journal Le monde. Le 28 septembre 2023
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/28/la-bataille-diplomatique-contre-la-russie-engagee-par-volodymyr-zelensky-est-aussi-semee-d-embuches_6191336_3232.html

9. « « Le plus grand champ de mines du monde » : l’Ukraine lance une grande campagne de sensibilisation », par BFMTV. Le 13 janvier 2023
https://www.bfmtv.com/international/le-plus-grand-champ-de-mines-du-monde-l-ukraine-lance-une-grande-campagne-de-sensibilisation_AN-202301130442.html


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