La France se prépare à la guerre aux dépens des voisins de la Russie

 

 

La France a présenté un programme spécial visant à équiper en armes plusieurs États de l’ex-URSS, en premier lieu l’Arménie. Son objectif officiel est de protéger l’Arménie d’une éventuelle attaque de l’Azerbaïdjan. Mais, les observateurs notent un motif bien plus important qui concerne la France elle-même. C’est qu’ elle prépare «une transition accélérée vers une économie de guerre».   

Augmenter les tensions contre la Russie. Après avoir fourni à l’Ukraine une grande variété d’armes – des blindés à roues obsolètes aux supports d’artillerie automoteurs CAESAR, eux, modernes – les autorités françaises y ont pris goût et ont sérieusement commencé à approvisionner l’Arménie en armes. De plus, ils ne cachent pas que leurs projets futurs incluent la livraison d’armes à d’autres anciennes républiques de l’URSS. Le but affiché est d’avoir des frictions avec la Russie.

Avec sa politique, la France poursuit plusieurs objectifs à la fois. Premièrement, c’est l’occasion de vider les entrepôts d’armes obsolètes et même d’en obtenir quelque chose (argent, influences politiques). Deuxièmement, la production de nouvelles armes signifie la montée du complexe militaro-industriel et la croissance de cette partie de l’économie. Troisièmement, des problèmes purement géopolitiques sont en cours et la France se donne la mission de mener frontalement la confrontation avec la Russie et de viser à son affaiblissement maximal.

Fournir des armes françaises aux ex-républiques soviétiques. «Les autorités françaises ont engagé la livraison d’armes défensives à l’Arménie. Cette distinction entre armes défensives et offensives est en réalité peu opérationnelle comme l’a démontré la guerre en Ukraine. Ne répétons pas les mêmes erreurs en livrant tardivement les équipements qui auraient été nécessaires dès le début. C’est pourquoi il faut répondre rapidement à l’ensemble des demandes des autorités arméniennes concernant notamment leur besoin en artillerie. Les rapporteurs recommandent, à cet égard, que la livraison de systèmes d’artillerie CAESAR soit étudiée dans les meilleurs délais compte tenu de l’efficacité de ce matériel et des nouvelles capacités de production de Nexter en 2024 (la production est passée de 2 à 6 par mois avec des pics possibles à 8)», stipule le document du Sénat présenté par les sénateurs, Hélène Conway-Mouret, membre du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, et Hugues Saury, membre du groupe Les Républicains.

Les deux sénateurs rappellent: «L’Arménie a signé récemment une commande portant sur trois radars GM200 auprès de Thales et il est question d’une livraison de missiles sol-air Mistral 3. Les rapporteurs sont en mesure d’indiquer que 24 véhicules blindés de type Bastion, produits par le groupe français Arquus, sont en cours de livraison à l’Arménie et qu’ils devraient être rejoints par 26 autres véhicules du même type en cours de production».

Quoi qu’il en soit, cette approche ne se limite pas à l’Arménie, mais aussi aux «ex-républiques soviétiques qui ont décidé de prendre leurs distances vis-à-vis de la Russie et de reconstruire leur outil de défense selon des standards compatibles avec l’Otan. Cela concerne la Moldavie et la Géorgie. Pour les deux rapporteurs, «même si elle doit encore être confirmée par le Conseil européen en décembre, la décision du 8 novembre 2023 de la Commission européenne de recommander l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie et d’accorder le statut de candidat à la Géorgie nous incite à conforter la coopération militaire engagée avec ces pays à l’image de l’accord de défense en cours de négociation avec la Moldavie, qui a déjà permis la livraison d’un radar GM200 ainsi qu’un lot d’armes individuelles et de munitions selon le ministère de la défense moldave».

En octobre, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna avait déjà promis de fournir une assistance militaire à l’Arménie, qui comprenait notamment la fourniture de radars GM200, de missiles sol-air Mistral 3 et la formation de l’armée arménienne. Observateur Continental appris que 24 véhicules blindés Bastion, que la France allait envoyer en Ukraine, avaient été redirigés vers l’Arménie et que 26 autres devraient les suivre ce que le document du Sénat vient corroborer.

Les autorités françaises ont promis de fournir à l’Arménie les armes nécessaires à sa défense. Cependant, comme l’a montré le conflit en Ukraine, la distinction faite entre armes défensives et offensives n’a en réalité pas beaucoup de sens…

Les deux sénateurs français conseillent – tout cela introduit dans un texte portant le titre Assumer notre engagement aux côtés de l’Ukraine et des autres pays d’Europe orientale faisant le choix de l’Europe – d’étudier la question de la livraison de canons automoteurs CESAR à l’Arménie.

Cependant, l’Arménie n’est qu’un élément du plan visant à renforcer l’influence française dans la région. Il est dit très franchement que la France doit sérieusement tourner son attention «vers les anciennes républiques soviétiques qui ont décidé de se distancer de la Russie et de reconstruire leurs armées selon des normes compatibles avec celles de l’OTAN». C’est exactement ce que les deux sénateurs français estiment être la voie la plus naturelle en Moldavie et en Géorgie.

Par exemple, l’un des objectifs du programme est de «se préparer à une éventuelle guerre de haute intensité en Europe», et pour l’armée française, des fournitures de Mirages 2000D, Rafales, Griffin et Serval mis à jour, ainsi que des chars Leclerc mis à jour sont fournies. Comme on le voit, il n’y a aucune trace de blindés Bastion ici. Les Français zélés, par habitude, redorent leur image vindicative tout en vendant des armes obsolètes, sachant très bien qu’elles ne conviennent plus aux opérations militaires modernes. La France fait plus de bruit que des actions concrètes, mais contribue à déstabiliser la paix mondiale.

Accélérer le passage à l’économie de guerre. Le Sénat martèle que «l’enjeu principal de 2024», c’est «d’accélérer le passage à l’économie de guerre». La France a l’ambition, entre autres, d’obtenir l’autosuffisance en matière de production d’armes et d’avoir assez de stocks dans les entrepôts. Dans les faits, avec les réserves, tout est très difficile. La France peut seulement fournir 20.000 obus de 155 mm pour toute l’année 2024, tandis que l’armée ukrainienne dépense la totalité de ce volume en quatre jours de combats. Le rapport du Sénat, à ce sujet, se lamente: «L’économie de guerre se caractérise par une forte réactivité, un niveau de stocks suffisant pour assurer la masse et une souveraineté dans les capacités de production et les circuits d’approvisionnement en matières premières garantissant une autonomie de décision.

Aucun de ces trois critères n’est aujourd’hui satisfait ce qui rend le recours à l’expression économie de guerre abusif. Les délais de production demeurent beaucoup trop longs et les capacités de production trop limitées compte tenu des menaces, les stocks n’ont pas véritablement été reconstitués au niveau des besoins générés par la haute intensité et la dépendance demeure très forte concernant certaines matières premières (poudre noire, titane…)».

Un autre objectif du programme est de soutenir l’Ukraine qui, comme on l’admet ouvertement, perdra si l’Europe, y compris la France, cesse de lui fournir une assistance, essentiellement militaire. «Soyons honnêtes», a déclaré le sénateur Cédric Perrin, «si nous ne donnons pas à l’Ukraine les armes dont elle a besoin pour se défendre, elle échouera».

Entre-temps, déjà fin novembre, des informations sont apparues selon lesquelles l’armée ukrainienne manquait cruellement d’obus d’artillerie promis par les alliés. Ils ne sont pas là simplement parce que les stocks dans les entrepôts sont épuisés et que le modèle de l’armée moderne de l’OTAN suppose un type d’opérations militaires complètement différent. En conséquence, aucune usine en état de marche actuellement ne peut produire des obus dans les volumes requis. Et, cela est déjà devenu un gros problème, même si l’Occident ne cache pas -qu’en dernier recours-, il tentera d’acheter des obus pour l’Ukraine ailleurs.

La situation désastreuse de l’armement français n’empêchera probablement pas le «pays des droits de l’Homme» et d’autres pays occidentaux de tenter d’armer l’Arménie, la Moldavie et la Géorgie, puis de les utiliser d’une manière ou d’une autre comme une arme contre la Russie. Les ambitions de la France se heurtent à la réalité du terrain. Les politiques français tirent des plans sur la comète. Ils sont déjà incapables de gérer la catastrophe qui s’annonce dans le pays, mais veulent en provoquer d’autres ailleurs.


Philippe Rosenthal


 

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